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1

Turcotte, Diane. « Pragmatique et esthétique du film de mémoire. L’exemple de Strass Café ». Articles divers 6, no 2-3 (28 février 2011) : 199–214. http://dx.doi.org/10.7202/1000980ar.

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À partir de l’exemple de Strass Café (Léa Pool, Québec, 1980), cet article étudie l’organisation structurelle d’un film de mémoire eu égard à l’instance de réception. Cette approche insiste sut le rôle joué par le spectateur dans la compréhension et l’interprétation du film et les manières dont le texte prévoit une telle participation. Deux aspects sont ainsi privilégiés : la dimension esthétique, par l’analyse des figures mémorielles, et la dimension pragmatique, par l’étude des différents modes de collaboration du spectateur. L’analyse de Strass Café nous permet de mettre de l’avant le concept de « dérive spectatorielle », qui explique la façon singulière dont le film de mémoire interpelle l’actant-lecteur.
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2

Gérard, Raymond, et Hidetoshi Tahara. « Solutions holomorphes et singulières d'équations aux dérivées partielles singulières non linéaires ». Publications of the Research Institute for Mathematical Sciences 29, no 1 (1993) : 121–51. http://dx.doi.org/10.2977/prims/1195167545.

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3

Morello, André-Alain. « Îles à la dérive : Hemingway entre enfer et paradis ». Géographie sensible 89 (2024) : 105–20. http://dx.doi.org/10.4000/121zo.

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Îles à la dérive est ce qui reste d’un projet de Hemingway de composer un « Livre de la mer » qui intégrerait à ses souvenirs de sa vie à Cuba, en présence de ses enfants, ses navigations dans les Keys, de 1942 à 1944, à la recherche des sous-marins allemands. Tel qu’il a été publié en 1970, ce roman offre un singulier portrait d’artiste, à la fois un peintre fasciné par le monde naturel, un père qui va perdre tous ses enfants, un combattant qui se bat aussi contre ses démons, le roman passant en revue tous les « palliatifs » qui sont à la disposition de l’artiste. Livre informe ? Oui, comme la mer.
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Le Couédic, Daniel, et Lionel Prigent. « L’urbanisation profuse saisie par la longue durée. Le cas de la Bretagne ». Cahiers de géographie du Québec 58, no 165 (14 septembre 2015) : 491–508. http://dx.doi.org/10.7202/1033015ar.

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L’acculturation en France du concept américain d’urban sprawl advint tardivement, au terme d’un cheminement cahoteux qui a fait de l’expression – comme de sa cadette, la périurbanisation – un épouvantail visant à bannir toute pratique considérée comme indûment centrifuge eu égard à la conception dominante de la ville durable. Cette culpabilisation fait généralement litière de la longue durée de l’occupation et du façonnage des territoires, qui leur confère pourtant de fortes particularités imposant la nuance. Le trajet et les raisons de cette dérive sont exposés, en préalable à une démonstration appuyée sur le cas singulier de la Bretagne, prouvant que l’usage inapproprié de l’expression comme du concept fait porter un opprobre largement injustifié sur « les villes invisibles » qui caractérisent désormais cette région.
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Alfandary, Isabelle. « « Il faut sauver la psychanalyse » (Bernard Stiegler) ». Le Portique 48-49 (2024) : 131–40. https://doi.org/10.4000/1302e.

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Résumé :
L’article tente de ressaisir dans ses grandes lignes la relation complexe et intense, décomplexée et soucieuse d’efficacité sociale et thérapeutique que l’œuvre de Bernard Stiegler entretient avec la psychanalyse. Stiegler la considère, à la différence de la plupart des philosophes de sa génération, comme capable d’un soin singulier et puissant qu’il est urgent de démocratiser et de mettre au service des maux contemporains. La psychanalyse permet de panser autant que de penser, de remédier par exemple aux errements et aux dérives technologiques et médiatisées contemporains de la relation même la plus archaïque qui soit : la relation mère enfant.
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Cronk, Nicholas. « Voltaire, penseur de la modernité ? » Lumen 42 (2023) : 1–14. https://doi.org/10.7202/1116568ar.

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Résumé :
Le récit de l’empirisme triomphant mis en circulation par Voltaire est à réexaminer. C’est dans ses Lettres sur les Anglais (1733) que Voltaire construit une histoire de la pensée empirique qui oppose Locke à Descartes, et qui culmine dans la pensée de Locke et de Newton. Inutile d’insister sur les simplifications évidentes de ce récit novateur. Premièrement, Voltaire innove en présentant les idées clés de Newton. Deuxièmement, il suggère, de façon audacieuse, que Newton et Locke sont des hérétiques, proches de l’athéisme. Troisièmement, il insiste sur le rôle du doute et cherche à aligner leur pensée avec le courant du scepticisme qui dérive de Montaigne et de Bayle. En suggérant que Bacon a été le précurseur de Newton et de Locke, Voltaire ne fait qu’adopter la position de la Royal Society à Londres, qui, dès sa fondation en 1660, avait érigé Bacon en père fondateur. Cette histoire voltairienne de l’empirisme s’implante vite en France. Dans l’Encyclopédie, par exemple, D’Alembert reprend les thèses essentielles de Voltaire dans son « Discours préliminaire » (1751). La narration triomphale de l’histoire de l’empirisme qui dérive des Lettres sur les Anglais se trouve ainsi peu à peu absorbée dans le discours quotidien des philosophes, et atteint son apogée chez Condorcet dans son Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (1795). Les Lettres sur les Anglais nous sont devenues tellement familières que nous risquons de rester insensibles à leur profonde étrangeté. Le récit de l’empirisme triomphant élaboré par Voltaire dans ce livre est particulièrement singulier : il s’agit d’une fiction voltairienne qui a eu longue vie.
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Robova, Antoaneta. « Thématisation et dimensions ludiques des pratiques de lecture dans les nouvelles d’Éric-Emmanuel Schmitt ». Quêtes littéraires, no 13 (30 décembre 2023) : 173–83. http://dx.doi.org/10.31743/ql.16869.

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Résumé :
Le jeu, dans ses formes et catégories multiples, constitue un fil conducteur dans la poétique d’Éric-Emmanuel Schmitt. L’objectif de cet article est d’étudier les modalités ludiques des pratiques de lecture représentées dans les nouvelles de l’écrivain-philosophe. Les analyses de la thématisation d’expériences de jeu et de lecture sont menées au prisme des théories de la réception et du jeu. Les cas significatifs de lecteurs aux tendances psychotiques ou (post)bovariques, expérimentés ou débutants, sont révélateurs de divers effets et usages de la lecture-jeu et de ses dérives possibles. Les pratiques lectrices, pathologiques ou bénéfiques, associées à différents profils de lecteurs in fabula, sont étudiées dans le but de dégager les dispositifs ludiques de cet art nouvellistique empreint d’un esprit d’enfance singulier.
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Leichtnam, Éric. « Construction de solutions singulières pour des équations aux dérivées partielles non linéaires ». Annales scientifiques de l'École normale supérieure 20, no 2 (1987) : 137–70. http://dx.doi.org/10.24033/asens.1526.

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Lecerf, Éric. « Une ombre dans le regard ». Devenir-Bergson, no 3 (9 août 2011) : 31–49. http://dx.doi.org/10.7202/1005467ar.

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L’une des caractéristiques essentielles de la philosophie d’Henri Bergson tient dans son refus d’entrer dans ce mode de systématisation de la pensée qu’est la dialectique. Au delà de son apport déterminant sur une ontologie dérivée de la durée, ou encore sur l’inscription de l’intuition comme sens initial propre à dé-substantialiser toute forme de dualisme, cet apport singulier permet de comprendre l’intérêt renouvelé pour cette oeuvre qui, de façon exemplaire, réintroduit du mouvement dans un être-pour-la-liberté auquel nulle négativité ne vient conférer sa raison d’exister. Cet article propose de retrouver comment Henri Bergson entreprend de se situer hors de la dialectique en interrogeant le renversement, tout à la fois discret et démiurgique, qu’il effectue du thème de l’ombre. À travers cette réfutation implicite du mythe fondateur de la caverne, nous le voyons ainsi conférer à la vie mécanique sa pleine valeur de vie aliénée.
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Bédard, Mylène. « L’intime dans les interstices de la confrontation et du silence. Réflexions sur l’éthos amical dans la correspondance de Jeanne Lapointe1 ». Études françaises 59, no 3 (2023) : 69–82. http://dx.doi.org/10.7202/1113532ar.

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Si, étymologiquement, le mot « intime » signifie « ce qu’il y a de plus intérieur », son évolution sémantique le conduit progressivement à caractériser des relations de grande proximité et des écrits personnels rédigés pour soi ou pour un cercle très restreint, ce qui fait de l’intime une réalité fuyante, parfois insaisissable, en raison des enjeux relatifs à la confidentialité et à la complicité des individus. Les lettres intimes peuvent en effet être allusives au point de paraître cryptées pour un tiers, puisqu’elles reposent sur la connaissance préalable du destinataire, capable de percer les silences. Comment rendre compte de l’intime lorsque celui-ci se dérobe, ne se manifeste ni par la confession ni par la confidence, ni même par un discours sur soi ? Pour penser l’éthos intime de l’écrivain, le cas de Jeanne Lapointe (1915-2006) s’impose en raison de l’éthique singulière de l’amitié qui caractérise sa correspondance avec des écrivaines et journalistes telles que Gabrielle Roy, Marie-Claire Blais, Béatrix Beck, Judith Jasmin, et qui se fonde sur une résistance à la confidence intime et sur une propension au débat d’idées, voire au dissensus.
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Martineau, Jonathan, et Justin Rosenberg. « Pourquoi n’y a-t-il pas de sociologie historique internationale ? » Cahiers de recherche sociologique, no 52 (17 juillet 2013) : 51–86. http://dx.doi.org/10.7202/1017277ar.

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Les études de sociologie historique font face à un défi similaire à celui examiné par Martin Wight dans son article intitulé « Why is There noInternational Theory ? ». Les théories sociales classiques ont conceptualisé la « société » au singulier ontologique, léguant à leurs successeurs le problème de l’analogie domestique qui a opiniâtrement résisté aux tentatives de fournir une théorie sociale des Relations Internationales. Pour surmonter ce problème, il faut étendre les prémisses de la théorie sociale pour y incorporer les éléments généraux de la réalité sociale qui génèrent le phénomène de l’« international ». Il est possible de mener cette extension à bon port grâce à l’idée de développement inégal et combiné mise de l’avant par Leon Trotsky. Plus spécifiquement, l’existence de l’« international » émerge ultimement de l’inégalité de l’existence sociohistorique humaine ; on peut dériver ses caractéristiques distinctives de l’analyse de la condition résultante de « développement combiné » ; et sa signification, bien que sociologiquement redéfinie, amène une reconceptualisation du « développement » même – une reconceptualisation qui libère la sociologie historique du problème de l’analogie domestique.
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Folch-Mateu, Pere, et Josep Oriol Esteve. « Multiplicité de la psyché dans les groupes ». Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe 18, no 1 (1992) : 39–51. http://dx.doi.org/10.3406/rppg.1992.1143.

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Résumé :
Dans le présent travail, il s'agit d'une comparaison dans l'usage de modèles que le psychanalyste emploie au cours de la cure type et de l'analyse du groupe. Aussi bien dans l'une que dans l'autre technique, on constate une situation croisée des lignes interprétatives. Tandis que, dans le traitement individuel, la présence concrète et actuelle de l'analysé dérive, dans la pensée de l’analyste, en un groupe composé d'objets internalisés et de parties du Self, dans la thérapie du groupe, par contre, la factualité de ses membres se rapporte à l'unité du groupe, ce que l'on tâche d'illustrer et de réaffirmer à chaque interprétation. On étudie le processus thérapeutique chez l'individu dans le groupe sur la base de l'introjection de la psyché multiple, incarnée par la factualité du groupe, psyché multiple qui commence par être vécue comme une hypothèse conjecturale de l'analyste de groupe. Cette conjecture serait ranimée à chaque interprétation. L' hypothèse rencontre la conviction de l'individu au groupe à partir des transferts collatéraux entre les différents membres. On suggère que ces transferts équivaudraient aux transferts intrapsychiques (des imagos inconscientes au préconscient ) que Freud (1900) a décrit pour la première fois au chapitre vu de sa Traumdeutung. Ces transferts collatéraux se développeraient, comme on le sait bien, en même temps que le transfert du groupe (au singulier) vis-à-vis de l'analyste.
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Brémaud, Nicolas. « Les néologismes psychotiques ». Perspectives Psy 61, no 1 (janvier 2022) : 74–83. http://dx.doi.org/10.1051/ppsy/2022611074.

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Depuis Snell (1852) de très nombreux psychiatres et psychanalystes se sont interrogés sur les néologismes psychotiques. Classiquement ils sont subdivisés en néologismes passifs et en néologismes actifs (Lefèvre, Séglas), suivant en cela un processus « automatique » ou un processus « volontaire ». Le mot inventé, selon Séglas, « dit tout », autrement dit, « dit tout » de la pensée délirante du sujet, comme s’il en venait condenser, synthétiser les éléments, s’imposant dès lors comme une évidence. Aussi le néologisme aurait-il un « poids » suffisant qui permettrait au sujet de s’en contenter et de n’avoir plus rien à expliquer. Au-delà de cette singularité du langage, au-delà du seul aspect sémiologique et de son intérêt pour le diagnostic différentiel, nous verrons que le néologisme s’impose en quelque sorte de l’« extérieur », et s’impose parfois comme une nécessité. C’est dire qu’il ne peut simplement être un « signe » pour le clinicien, et qu’il ne peut endosser le vêtement du déficit. Bien au contraire, cette création, cette invention même, doit bien avoir une fonction pour le sujet. Ce sont des mots ou expressions qui sortent du langage commun, qui se séparent de la langue dite « maternelle », qui doivent être distingués du mot d’esprit, et qui mettent en relief le rapport singulier du sujet à son Autre, qui ont en certains cas (schizophrénie) une fonction de régulation dans le rapport à l’Autre, à la jouissance, et à la pensée même du délirant, dont la réalité, le rapport au monde, pourrait sans ce soutien partir à la dérive.
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Breuillard, Jean. « La dérivation diminutive des prénoms russes ». Slovo 30, no 1 (2004) : 177–209. https://doi.org/10.3406/slovo.2004.1327.

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La dérivation diminutive des prénoms russes a été étudiée principalement par E. Stankiewicz, O. D. Mitrofanova, V. I. Čemyšev, et, pour la partie lexicographique, par N. A. Petrovskij et M. Benson. Il apparaît cependant que les mécanismes de dérivation peuvent, à plusieurs égards, être réexaminés et complétés. Le présent article s’intéresse à un aspect particulier de la diminutivation, à savoir la réduction de la forme d’origine (FO) à un monosyllabe (base monosyllabique de dérivation ou BMD) intégré à la lre déclinaison des substantifs (à désinence -/a/ au nominatif singulier). L’article s’intéresse plus particulièrement au phénomène de l’effacement de phonèmes et au statut morphologique des consonnes qui commutent, dans les monosyllabes dérivés, avec la consonne d’origine. Il souligne enfin le fonctionnement particulier des suffixes accentués [u + consonne], [a + consonne] et (plus rare) [o + consonne] et examine l’alternance dure/molle de la consonne finale des BMD.
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Legrand, Marine. « En terre-ventre. Une approche organique de la métropolisation. » Ecozon@ : European Journal of Literature, Culture and Environment 10, no 2 (10 octobre 2019) : 111–30. http://dx.doi.org/10.37536/ecozona.2019.10.2.3082.

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Prenant la forme d’une navigation en dérive au travers de la métropole parisienne, ce texte propose un essai à propos des linéaments qui se tissent entre le ventre humain et la terre, en contexte urbain. Il s’intéresse à la circulation, au sein de ce territoire, de certaines des matières qui le façonnent : des transports en commun dans les sous-sols, à l’excavation des sols et des roches, en passant par l’assimilation des nutriments au sein des corps des citadins. La terre est ici considérée du sol sous nos pieds à la planète elle-même, comme entité multiple, qui à la fois dévore, avale, et se voit digérée par la métropole qui s’étend en surface. Dans le même temps et comme en miroir, cette proposition revient également à explorer ce que le ventre humain, lieu et milieu, cache et passe sous silence, et ce qu’il recèle aussi, en puissance. Les personnages convoqués, tour à tour contenus et contenants, déplacent ainsi la lecture d’une échelle à l’autre, de la plus petite cellule du corps d’un organisme singulier jusqu’à la substance de la région entière. Cette proposition fait partie d'une série d'expérimentations textuelles qui s'appuient sur une approche poétique pour aborder la complexité des phénomènes écologiques et des imaginaires qui leur sont associés. En laissant une place au chaos, l’objectif est de les présenter tels qu’ils traversent les contrées humaines, intimes, en glissant d’une dimension à l’autre, du grand au petit, du symbolique au matériel, du scientifique au sensible. Tourné vers les fonctions alimentaires et digestives, cet essai vise à explorer le dialogue qui s’installe entre la terre et le ventre humain de façon à nous permettre de puiser dans les racines de la figure de la Terre Mère pour la réactualiser sans en revenir à une féminité essentialisée. In fine il s'agit de pouvoir aborder les questions environnementales contemporaines via une approche renouvelée du corps considéré comme une matrice relationnelle.
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Martinant de Préneuf, Jean de, et Thomas Vaisset. « Mieux vaut une avarie qu’une avanie. Les officiers de marine face à la honte d’une expérience combattante jugée indigne (été 1914-hiver 1915) ». Bellica. Guerre, histoire et sociétés 1 (1 décembre 2024) : 79–93. https://doi.org/10.70958/bellica.v1i1.2728.

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En août 1914, les officiers de marine français, qui baignent dans une mystique de l’offensive fondée sur l’exaltation du courage viril face au feu adverse, entrent dans la guerre avec pour horizon d’attente une bataille décisive qui serait livrée escadre contre escadre. Mais l’ennemi se dérobe et refuse l’affrontement. Ces conditions opérationnelles très déstabilisantes des premiers mois de guerre sont à l’origine, chez les officiers, d’un sentiment de honte dont les manifestations et les ressorts peuvent être saisis dans leurs correspondances privées. Ces marins sont en effet convaincus d’être privés de l’opportunité de vivre une expérience combattante conforme à un système de valeurs qui participe d’une éthique chevaleresque, héroïque et viriliste alors même que la réalité quotidienne des opérations invite à nuancer le topos de l’inaction de l’Armée navale. Cet article entend questionner l’expérience sensible de la honte au sein d’une catégorie singulière et peu connue des combattants des débuts de la Grande Guerre pour ensuite étudier la manière dont ces hommes s’efforcent de s’en accommoder et de la dépasser. Cela passe par des attitudes visant à demeurer en phase avec le système de valeurs traditionnel. Mais aussi par des tentatives pour réagencer le code de l’honneur propre aux officiers et redéfinir l’éthos combattant dans l’écriture de soi en va-lorisant de nouvelles pratiques guerrières liées à la guerre d’usure qui s’impose en mer. In August 1914, French naval officers, steeped in a mys-tique of the offensive based on the exaltation of virile courage in the face of enemy fire, entered the war with the expectation of a decisive battle to be fought fleet against fleet. But the enemy evaded them and refused to engage. These very destabilizing operational conditions in the early months of the war gave rise among officers to a sense of shame whose manifestations and underlying causes can be grasped in their private correspondence. These sailors were indeed convinced of being deprived of the opportunity to experience combat according to a system of values that partook of a chivalric, heroic, and virile ethic, even as the daily reality of operations invited a nuanced view of the perceived inaction of the naval forces. This article aims to question the sensitive experience of shame within a singular and little-known category of combatants in the early days of the Great War, and then to study how these men sought to come to terms with it and overcome it. This involved attitudes aimed at remaining in harmony with the traditional value system. But also attempts to rearrange the code of honor specific to officers and to redefine the combat ethos in self-writing by valorizing new warfare practices linked to the grinding war that was imposed at sea.
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Perko, Gregor. « Présentation ». Linguistica 51, no 1 (31 décembre 2011) : 3–4. http://dx.doi.org/10.4312/linguistica.51.1.3-4.

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Au cours des dernières décennies où l’on assiste à une refondation de la morphologie, la discipline s’intéresse de plus en plus à des phénomènes « périphériques », « marginaux », « irréguliers » ou « extragrammaticaux », à des phénomènes n’appartenant pas aux « régions nodales » de la morphologie. Le présent numéro de Linguistica, premier numéro thématique de notre revue, réunit des études qui s’intéres- sent aux frontières internes et externes de la morphologie. La diversité et la richesse des thèmes abordés et des approches proposées témoignent d’un intérêt croissant que les linguistes, non pas uniquement les morphologues, portent à cette thématique.Les articles proposés s’articulent autour de cinq axes majeurs.Un premier axe rassemble les articles qui étudient les frontières entre différentes composantes de la morphologie. L’étude de Michel Roché examine les contraintes lexicales et morphophonologiques sur le paradigme des dérivés en –aie. Les résultats de son analyse remettent en question la notion de « règle de construction des lexèmes ». Irena Stramljič Breznik et Ines Voršič se penchent sur les néologismes de sport en slovène et essaient d’évaluer la productivité ou la créativité des procédés morphologiques en jeu. Dans une étude d’inspiration cognitiviste, Alexandra Bagasheva aborde l’hétérogénéité des verbes composés en anglais. En s’appuyant sur les données fournies par les para- digmes verbaux du maltais, Maris Camilleri examine la complexité du phénomène de classes flexionnelles basées sur les radicaux. Trois travaux concernent des procédés typiquement « extragrammaticaux » servant à former le plus souvent des occasionnalismes: Arnaud Léturgie tente de dégager des propriétés prototypiques de l’amalgamation lexicale en français, notamment celles de la création des mots-valises; Silvia Cacchiani analyse, à l’intérieur du cadre de la morphologie naturelle, les mots-valises formés à partir de noms propres et de substantifs, phénomène relativement récent en ita- lien ; Thomas Schwaiger, se fondant sur les données tirées de la base « Graz Database on Reduplication », traite des constructions rédupliquées dans une perspective universelle. Deux articles adoptent une perspective contrastive: celui d’Eva Sicherl et Andreja Žele étudie la productivité des diminutifs nominaux en slovène et en anglais ; celui de Marie-Anne Berron et Marie Mouton propose une analyse détaillée de l’importance quantificative et qualificative des procédés de la morphologie marginale dans le slam en France et en Allemagne. Géraldine Walther présente un nouveau modèle général, inscrit dans une approche réalisationnelle, qui permet d’évaluer et de formaliser la (non-)canonicité de phénomènes flexionnels.Un deuxième axe se situe sur la frontière séparant la morphologie dérivationnelle de la morphologie flexionnelle. Tatjana Marvin se penche sur le problème de la préservation de l’accent dans les dérivés anglais, mettant en comparaison les approches de Chomsky et de Marantz avec celle de la théorie de l’Optimalité. L’article de Patrizia Cordin explore la façon dont les constructions locatives verbales dans les langues et les dialectes romans, notamment dans le dialecte trentin, ont perdu en partie leur sens spatial au profit d’un sens grammatical plus abstrait (aspect, résultat, intensité etc.). Se focalisant sur la langue indigène d’Australie kayerdild, Erich Round insiste sur l’utilité de la notion de « morphome » qui permet d’instaurer un niveau de représentation linguistique intermédiaire entre les niveaux lexical, morphosyntaxique et morphophonologique. La contribution de Varja Cvetko Orešnik, qui adopte le cadre théorique de l’école ljubljanaise de la syntaxe naturelle, apporte quelques données nouvelles sur la morphophonologie et la morphosyntaxe du verbe en ancien indien.Les deux articles suivants examinent des questions d’ordre morphologique aux- quelles se heurtent les langues entrant en contact : Georgia Zellou traite du cas du cir- confixe /ta...-t/ que l’arabe marocain a emprunté au berbère, tandis que Chikako Shigemori Bučar analyse le sort réservé aux emprunts japonais en slovène.L’axe diachronique est exploré principalement par les articles de Douglas Lightfoot, de Javier E. Díaz Vera et de Metka Furlan. D. Lightfoot examine la perti- nence de la notion d’affixoïde et evalue la « suffixoïdité » de l’élément germanique « -mann ». J. E. Díaz Vera décrit la lexicalisation, voire la grammaticalisation des verbes causatifs en ancien anglais. Metka Furlan se penche sur une relation « morpho- logique » archaïque rattachant le nom protoslave pol’e à l’adjectif hittite palhi-.Autour du dernier axe se réunissent les contributions qui examinent la frontière entre la morphologie et les disciplines linguistiques voisines, telles que la phonologie ou la syntaxe. Marc Plénat étudie en détail les contraintes morphologiques, syntaxiques et phonologiques pesant sur la liaison de l’adjectif au masculin singulier sur le nom en français. Janez Orešnik, fondateur de l’école ljubljanaise de la syntaxe naturelle, explore le comportement morphologique de l’impératif dans une perspective universelle. Mojca Schlamberger Brezar propose une étude contrastive, à partir des don- nées tirées de corpus monolingues et parallèles, de la grammaticalisation du gérondif et du participe en français et en slovène. L’article de Gašper Ilc applique la notionde« cycle de Jespersen » à la négation dans le slovène standard et dans les dialectes pannoniens. Mojca Smolej propose une étude fouillée de l’émergence des articles défini et indéfini dans le slovène parlé spontané.
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BERTHOMÉ, Lucile. « Crise de la ville : le potentiel de la dérive urbaine ». Fédérer Langues, Altérités, Marginalités, Médias, Éthique, 8 mars 2023. http://dx.doi.org/10.25965/flamme.672.

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La ville n’est plus ; l’urbain ne cesse de croître. Cette crise, théorisée dès 1968 par Lefebvre dans le Droit à la ville n’est pas nouvelle. Toutefois, elle semble avoir pris, depuis les années 1980, période où fut votée la loi de décentralisation en France, et période de globalisation au niveau mondial, une dimension nouvelle. En effet, le citybranding, à travers une profusion de signes graphiques et narratifs, utilisés à la fois pour stabiliser la substance de la ville face à l’infiltration de l’urbain, et pour la rendre lisible et singulière dans un monde entré en coopétition généralisée, a paradoxalement mené cette dernière à une perte de sens (Lussault, 1997). En imposant une signification labellisée de la ville, excluant certaines zones, certaines lectures, les marketeurs, n’ont-ils pas enfermé les usagers dans le rôle de « lecteurs modèles » (Eco, 1985), rendant difficile, voire impossible, l’expérience de l’urbain ? Au fond, la crise de l’urbain ne serait-elle pas avant tout une crise de la signification ? Si tel est le cas, la dérive contemporaine ne posséderait-elle pas des potentialités intéressantes à explorer ?
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Mencé-Caster, Corinne. « Symboliques de la nuit et conceptualisations linguistiques dans l’Occident médiéval ». HispanismeS Hors-série 7 (2024). https://doi.org/10.4000/13hs7.

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L’étymon latin NOX a joui d’une bonne productivité dans les langues romanes, et en particulier, en espagnol. L’objet de la présente étude consiste à montrer comment le développement, en français et en castillan, de certains termes dérivés de cet étymon latin permet de mettre en évidence le caractère inouï de la nuit par rapport au jour et les symboliques singulières qui lui sont attachées dans l’Occident médiéval.
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Desrivières, Jean-Durosier. « La poétique du Mystère dans la composition dramatique et la prose poétique de Faubert Bolivar. Lecture de La Flambeau et de Sainte Dérivée des trottoirs ». Archipélies 5 (2018). https://doi.org/10.4000/12wfb.

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La Flambeau (pièce de théâtre) et Sainte Dérivée des trottoirs (prose poétique) de Faubert Bolivar diffèrent d’un point de vue formel et générique. Néanmoins, les deux créations présentent des thèmes majeurs convergents comme la folie, les expressions singulières de l’intime, de l’extime et du religieux, traduisant ainsi le possible extrême de certaines réalités haïtiennes. Les relations entre personnages, langage (langaj), objets et espaces, dans les deux textes, semblent marquer une certaine rupture avec le réalisme, pour composer parfois avec une impression surréaliste, voire absurde. On relève une poétique de l’ordre du Mystère qui se manifeste dans l’expression de l’indicible à travers la variation du langage, la stratégie de construction et de déconstruction de l’espace réel, imaginaire et symbolique, les traits quasi insaisissables d’une culture syncrétique, individuelle et collective, l’intrusion des invisibles (esprits vodous) et du délire, dans les espaces réels et imaginaires, intimes et extimes. Notre réflexion montre que cette poétique s’inscrit à la fois dans la marge et dans le prolongement de la littérature haïtienne contemporaine.
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Bourel, Etienne. « Forêt ». Anthropen, 2016. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.012.

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Dans l’histoire de l’anthropologie, la forêt occupe une place singulière. Son étymologie latine la rattachant au sauvage, elle prend place dans la dialectique topographique construisant le civilisé. À l’heure de l’anthropocène et de la crise environnementale, tandis que l’on s’interroge sur l’opportunité de payer des « services environnementaux » et de rétribuer le stockage du carbone, c’est à partir des savoirs issus du monde forestier que se réenvisage l’oikos : l’idée de durabilité a, en effet, été élaborée en vue de gérer les forêts européennes (alors en voie de disparition) il y a maintenant trois siècles. Ainsi, comme formes du politique, sont à envisager les multiples modalités que des groupes humains peuvent entretenir avec la « forêt » et les variations des imaginaires les ayant habitées. Dans son Anthropologie de la forêt (2007), Paulin Kialo oppose deux principaux modèles de relation à l’espace forestier au Gabon : le premier, « pro-forêt », synthétise les liens qu’entretiennent les populations pové à leur environnement (conçu comme totalité et matrice de vie) tandis que le second, « anti-forêt », renvoie aux perspectives minières et lucratives des exploitants industriels (européens, en premier lieu). Il parait toutefois important de mettre en avant les nuances dans ces relations car l’auteur introduit subrepticement un troisième groupe, les Babongo (groupe dit « Pygmée »), dont les considérations existentielles font passer les Pové du côté des « anti-forêts » - quand ils pratiquent cette forme d’agriculture (sur brûlis), consistant à « manger la forêt » en pays Gar (Condominas 1982). Comme d’autres sociétés agricoles (Obadia 2008), ils ne sont donc pas « par nature » respectueux de l’environnement (forestier, en l’occurrence). L’appréciation des forêts est bien affaire d’interprétation. Les imaginaires dont elles relèvent varient et, comme entités distinctes, elle font l’objet de projections (Harrison 1992). Les savoirs scientifiques et techniques n’échappant pas à la règle (Paré 2014), elles conservent des dimensions poétiques et sensibles y compris dans les sociétés industrielles (Arnould 2014). En somme, elles permettent de penser l’imbrication de la territorialité dans les différentes sphères du social, à chaque fois selon des perceptions, systèmes de pensée et des valeurs se modulant dans l’espace et le temps (Michon 2003). La longue réflexion de James Frazer (1981[1890]) sur le cycle de la germination avait déjà pour ressort une investigation relative aux rituels dans le bois de Némi. De fait, les forêts sacrées se retrouvent sous de nombreuses latitudes et selon des appréciations différenciées, tantôt clairières pour l’initiation, tantôt groupement d’arbres réservé aux « dieux » (Cartry 1993). Si les « peaux de la terre » dont parle Danouta Liberski-Bagnoud (2002) contribuent à tisser généalogie et paysage, les sanctuaires boisés se présentent dorénavant comme des ressources pour penser les questions contemporaines tant écologiques, sociales que symboliques. Toutefois, la biodiversité locale qu’ils contribuent à préserver n’est, en tant que telle, qu’une conséquence dérivée de leur dimension religieuse (Juhé-Beaulaton 2010). La forêt comme lieu ressource du politique, Émile Zola l’envisageait dans Germinal, quand le coron s’y réunissait et décidait de prolonger la grève. Nakaé Chomin interrogeait la vie de la Cité depuis la forêt, tout comme Davi Kopenawa s’appuie sur les conceptions yanomamis pour fustiger les logiques urbaines (Kopenawa et Albert 2010). Et c’est encore au fond de la forêt que les néo-ruraux cévenols ou ariégeois, désappointés, retrouvent l’État (Hervieu-Léger et Hervieu 2005). Dans les petites sociétés sylvestres en Iakoutie, les chamanes nouent des alliances avec les esprits pour permettre le bon déroulement de la chasse (Hamayon 1990). Le long du fleuve colombien Chocó, communautés noires et indiennes se répartissent le travail magico-thérapeutique après le diagnostic d’une infortune (Losonczy 1997). Finalement, c’est peut-être en se demandant comment les forêts pensent (Kohn 2013) ou en procédant à l’analyse de leurs vies sociales (Hecht, Morrison et Padoch 2014) que les relations humains-forêts sont restituées dans l’épaisseur de leurs dynamiques et de leurs complexités
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Fougeyrollas, Patrick. « Handicap ». Anthropen, 2016. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.013.

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Handicap : nom commun d’origine anglo-saxonne dont l’étymologie proviendrait de Hand in Cap, une pratique populaire pour fixer la valeur d'échange d’un bien. Dans le domaine des courses de chevaux, le handicap vise à ajouter du poids aux concurrents les plus puissants pour égaliser les chances de gagner la course pour tous les participants. Il apparait dans le dictionnaire de l’Académie française dans les années 1920 dans le sens de mettre en état d’infériorité. Son utilisation pour désigner les infirmes et invalides est tardive, après les années 1950 et se généralise au début des années 1970. Par un glissement de sens, le terme devient un substantif qualifiant l’infériorité intrinsèque des corps différentiés par leurs atteintes anatomiques, fonctionnelles, comportementales et leur inaptitude au travail. Les handicapés constituent une catégorisation sociale administrative aux frontières floues créée pour désigner la population-cible de traitements socio-politiques visant l’égalisation des chances non plus en intervenant sur les plus forts mais bien sur les plus faibles, par des mesures de réadaptation, de compensation, de normalisation visant l’intégration sociale des handicapés physiques et mentaux. Ceci rejoint les infirmes moteurs, les amputés, les sourds, les aveugles, les malades mentaux, les déficients mentaux, les invalides de guerre, les accidentés du travail, de la route, domestiques et par extension tous ceux que le destin a doté d’un corps différent de la normalité instituée socio-culturellement dans un contexte donné, ce que les francophones européens nomment les valides. Dans une perspective anthropologique, l’existence de corps différents est une composante de toute société humaine (Stiker 2005; Fougeyrollas 2010; Gardou 2010). Toutefois l’identification de ce qu’est une différence signifiante pour le groupe culturel est extrêmement variée et analogue aux modèles d’interprétation proposés par François Laplantine (1993) dans son anthropologie de la maladie. Ainsi le handicap peut être conçu comme altération, lésion ou comme relationnel, fonctionnel, en déséquilibre. Le plus souvent le corps différent est un corps mauvais, marqueur symbolique culturel du malheur lié à la transgression d’interdits visant à maintenir l’équilibre vital de la collectivité. La responsabilité de la transgression peut être endogène, héréditaire, intrinsèque aux actes de la personne, de ses parents, de ses ancêtres, ou exogène, due aux attaques de microbes, de virus, de puissances malveillantes, génies, sorts, divinités, destin. Plus rarement, le handicap peut être un marqueur symbolique de l’élection, comme porteur d’un pouvoir bénéfique singulier ou d’un truchement avec des entités ambiantes. Toutefois être handicapé, au-delà du corps porteur de différences signifiantes, n’implique pas que l’on soit malade. Avec la médicalisation des sociétés développées, une fragmentation extrême du handicap est liée au pouvoir biomédical d’attribuer des diagnostics attestant du handicap, comme garde-barrière de l’accès aux traitements médicaux, aux technologies, à la réadaptation, aux programmes sociaux, de compensation ou d’indemnisation, à l’éducation et au travail protégé ou spécial. Les avancées thérapeutiques et de santé publique diminuent la mortalité et entrainent une croissance continue de la morbidité depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les populations vivant avec des conséquences chroniques de maladies, de traumatismes ou d’atteintes à l’intégrité du développement humain augmentent sans cesse. Ceci amène l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à s’intéresser non plus aux diagnostics du langage international médical, la Classification internationale des maladies, mais au développement d’une nosologie de la chronicité : la Classification internationale des déficiences, des incapacités et des handicaps qui officialise une perspective tridimensionnelle du handicap (WHO 1980). Cette conceptualisation biomédicale positiviste situe le handicap comme une caractéristique intrinsèque, endogène à l’individu, soit une déficience anatomique ou physiologique entrainant des incapacités dans les activités humaines normales et en conséquence des désavantages sociaux par rapport aux individus ne présentant pas de déficiences. Le modèle biomédical ou individuel définit le handicap comme un manque, un dysfonctionnement appelant à intervenir sur la personne pour l’éduquer, la réparer, l’appareiller par des orthèses, des prothèses, la rétablir par des médicaments, lui enseigner des techniques, des savoirs pratiques pour compenser ses limitations et éventuellement lui donner accès à des subsides ou services visant à minimiser les désavantages sociaux, principalement la désaffiliation sociale et économique inhérente au statut de citoyen non performant ( Castel 1991; Foucault 1972). À la fin des années 1970 se produit une transformation radicale de la conception du handicap. Elle est étroitement associée à la prise de parole des personnes concernées elles-mêmes, dénonçant l’oppression et l’exclusion sociale dues aux institutions spéciales caritatives, privées ou publiques, aux administrateurs et professionnels qui gèrent leur vie. C’est l’émergence du modèle social du handicap. Dans sa tendance sociopolitique néomarxiste radicale, il fait rupture avec le modèle individuel en situant la production structurelle du handicap dans l’environnement socio-économique, idéologique et matériel (Oliver 1990). La société est désignée responsable des déficiences de son organisation conçue sur la performance, la norme et la productivité entrainant un traitement social discriminatoire des personnes ayant des déficiences et l’impossibilité d’exercer leurs droits humains. Handicaper signifie opprimer, minoriser, infantiliser, discriminer, dévaloriser, exclure sur la base de la différence corporelle, fonctionnelle ou comportementale au même titre que d’autres différences comme le genre, l’orientation sexuelle, l’appartenance raciale, ethnique ou religieuse. Selon le modèle social, ce sont les acteurs sociaux détenant le pouvoir dans l’environnement social, économique, culturel, technologique qui sont responsables des handicaps vécus par les corps différents. Les années 1990 et 2000 ont été marquées par un mouvement de rééquilibrage dans la construction du sens du handicap. Réintroduisant le corps sur la base de la valorisation de ses différences sur les plans expérientiels, identitaires et de la créativité, revendiquant des modes singuliers d’être humain parmi la diversité des êtres humains (Shakespeare et Watson 2002; French et Swain 2004), les modèles interactionnistes : personne, environnement, agir, invalident les relations de cause à effet unidirectionnelles propres aux modèles individuels et sociaux. Épousant la mouvance de la temporalité, la conception du handicap est une variation historiquement et spatialement située du développement humain comme phénomène de construction culturelle. Une construction bio-socio-culturelle ouverte des possibilités de participation sociale ou d’exercice effectif des droits humains sur la base de la Déclaration des droits de l’Homme, des Conventions internationales de l’Organisation des Nations-Unies (femmes, enfants, torture et maltraitance) et en l’occurrence de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) (ONU 2006; Quinn et Degener 2002; Saillant 2007). Par personnes handicapées, on entend des personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres. (CDPH, Art 1, P.4). Fruit de plusieurs décennies de luttes et de transformations de la conception du handicap, cette définition représente une avancée historique remarquable autant au sein du dernier des mouvements sociaux des droits civiques, le mouvement international de défense des droits des personnes handicapées, que de la part des États qui l’ont ratifiée. Malgré le fait que l’on utilise encore le terme personne handicapée, le handicap ne peut plus être considéré comme une caractéristique de la personne ni comme un statut figé dans le temps ni comme un contexte oppressif. Il est le résultat d’une relation dont il est nécessaire de décrire les trois composantes anthropologiques de l’être incarné : soi, les autres et l’action ou l’habitus pour en comprendre le processus de construction singulier. Le handicap est situationnel et relatif , sujet à changement, puisqu’il s’inscrit dans une dynamique interactive temporelle entre les facteurs organiques, fonctionnels, identitaires d’une part et les facteurs contextuels sociaux, technologiques et physiques d’autre part, déterminant ce que les personnes ont la possibilité de réaliser dans les habitudes de vie de leurs choix ou culturellement attendues dans leurs collectivités. Les situations de handicap ne peuvent être prédites à l’avance sur la base d’une évaluation organique, fonctionnelle, comportementale, identitaire ou de la connaissance de paramètres environnementaux pris séparément sans réintroduire leurs relations complexes avec l’action d’un sujet définissant le sens ou mieux incarnant la conscience vécue de cette situation de vie. Suite au succès de l’expression personne en situation du handicap en francophonie, on remarque une tendance à voir cette nouvelle appellation remplacer celle de personne handicapée. Ceci est généralement interprété comme une pénétration de la compréhension du modèle interactionniste et socio constructiviste. Toutefois il est inquiétant de voir poindre des dénominations comme personnes en situation de handicap physique, mental, visuel, auditif, intellectuel, moteur. Cette dérive démontre un profond enracinement ontologique du modèle individuel. Il est également le signe d’une tendance à recréer un statut de personne en situation de handicap pour remplacer celui de personne handicapée. Ceci nécessite une explication de la notion de situation de handicap en lien avec le concept de participation sociale. Une personne peut vivre à la fois des situations de handicap et des situations de participation sociale selon les activités qu’elle désire réaliser, ses habitudes de vie. Par exemple une personne ayant des limitations intellectuelles peut vivre une situation de handicap en classe régulière et avoir besoin du soutien d’un éducateur spécialisé mais elle ne sera pas en situation de handicap pour prendre l’autobus scolaire pour se rendre à ses cours. L’expression personne vivant des situations de handicap semble moins propice à la dérive essentialiste que personne en situation de handicap. Le phénomène du handicap est un domaine encore largement négligé mais en visibilité croissante en anthropologie. Au-delà des transformations de sens donné au terme de handicap comme catégorie sociale, utile à la définition de cibles d’intervention, de traitements sociaux, de problématiques sociales pour l’élaboration de politiques et de programmes, les définitions et les modèles présentés permettent de décrire le phénomène, de mieux le comprendre mais plus rarement de formuler des explications éclairantes sur le statut du handicap d’un point de vue anthropologique. Henri-Jacques Stiker identifie, en synthèse, cinq théories du handicap co-existantes dans le champ contemporain des sciences sociales (2005). La théorie du stigmate (Goffman 1975). Le fait du marquage sur le corps pour indiquer une défaveur, une disgrâce, un discrédit profond, constitue une manière de voir comment une infirmité donne lieu à l’attribution d’une identité sociale virtuelle, en décalage complet avec l’identité sociale réelle. Le handicap ne peut être pensé en dehors de la sphère psychique, car il renvoie toujours à l’image de soi, chez celui qui en souffre comme celui qui le regarde. Le regard d’autrui construit le regard que l’on porte sur soi mais en résulte également (Stiker 2005 :200). La théorie culturaliste qui met en exergue la spécificité des personnes handicapées, tout en récusant radicalement la notion même de handicap, est enracinée dans le multiculturalisme américain. Les personnes handicapées se constituent en groupes culturels avec leurs traits singuliers, à partir de conditions de vie, d’une histoire (Stiker 2005). Par exemple au sein des Disability Studies ou Études sur le handicap, il est fréquent de penser que seuls les corps différents concernés peuvent véritablement les pratiquer et en comprendre les fondements identitaires et expérientiels. L’exemple le plus probant est celui de la culture sourde qui se définit comme minorité ethno-linguistique autour de la langue des signes et de la figure identitaire du Sourd. On fera référence ici au Deaf Studies (Gaucher 2009). La théorie de l’oppression (Oliver 1990). Elle affirme que le handicap est produit par les barrières sociales en termes de déterminants sociologiques et politiques inhérents au système capitaliste ou productiviste. Les personnes sont handicapées non par leurs déficiences mais par l’oppression de l’idéologie biomédicale, essentialiste, individualiste construite pour empêcher l’intégration et l’égalité. Ce courant des Disability Studies s’inscrit dans une mouvance de luttes émancipatoires des personnes opprimées elles-mêmes (Stiker 2005 : 210; Boucher 2003) La théorie de la liminalité (Murphy 1990). Par cette différence dont ils sont les porteurs, les corps s’écartent de la normalité attendue par la collectivité et sont placés dans une situation liminale, un entre-deux qu’aucun rite de passage ne semble en mesure d’effacer, de métamorphoser pour accéder au monde des corps normaux. Cette théorie attribue un statut anthropologique spécifique au corps handicapé sans faire référence obligatoire à l’oppression, à l’exclusion, à la faute, ou au pouvoir. Marqués de façon indélébile, ils demeurent sur le seuil de la validité, de l’égalité, des droits, de l’humanité. La théorie de l’infirmité comme double, la liminalité récurrente de Stiker (2005). L’infirmité ne déclenche pas seulement la liminalité mais en référant à la psychanalyse, elle est un véritable double. La déficience est là, nous rappelant ce que nous n’aimons pas et ne voulons pas être, mais elle est notre ombre. Nous avons besoin de l’infirmité, comme de ceux qui la portent pour nous consoler d’être vulnérable et mortel tout autant que nous ne devons pas être confondus avec elle et eux pour continuer à nous estimer. Ils sont, devant nous, notre normalité, mais aussi notre espoir d’immortalité (Stiker 2005 : 223)
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Tremon, Anne-christine. « Tribut ». Anthropen, 2020. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.129.

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Le tribut peut être défini comme le prélèvement d’un surplus par une entité, le plus souvent étatique, détentrice du pouvoir. Il en est le socle, puisque son prélèvement finance les infrastructures (routes, canaux, ou encore systèmes d’irrigation), mais aussi l’appareil administratif et militaire. La forme la plus générale du tribut est celle de la taxation, mais le prélèvement peut aussi en prendre d’autres : corvées, monopoles étatiques sur certains biens, nationalisations, et même cadeau offert par un citoyen à un fonctionnaire d’État (Yan 1996), ou encore par un État tributaire à une puissance hégémonique. Par ces prélèvements, des richesses privées sont généralement transformées (ou sont censées l’être) en biens et services procurés par la puissance extractrice. L’attention réduite versée par l’anthropologie économique au tribut tient probablement à ce qu’il échappe aux grandes dichotomies que celle-ci a échafaudées, et qui continuent à la préoccuper, même si c’est dans le but de les dépasser. Sa singularité le place hors du radar du sous-champ de l’anthropologie en raison de la focalisation de celle-ci sur deux statuts des choses et des transactions, présentés comme étant plus ou moins étanches : le don et la marchandise. Il ne relève pas du domaine des marchandises, puisque les mécanismes d’extraction du tribut ne s’inscrivent pas dans les rapports de production capitalistes. Il n’appartient pas non plus à la sphère du don contre-don maussien, caractérisée par la réciprocité. Parce qu’il échappe aux logiques du marché et qu’il permet l’existence d’une économie redistributive (l’État-providence), le tribut s’apparente pourtant à l’économie du don plutôt qu’à l’économie marchande. La distinction proposée par Alain Testart (2007) entre don et échange (marchand et non marchand) permet d’affiner la définition du tribut. Selon Testart, le don est un transfert non exigible impliquant la renonciation à tout droit sur le bien transféré et sans attente de contrepartie autre que morale, alors que l’échange est un transfert dont la contrepartie est juridiquement exigible. Or les corvées, amendes et taxes de toutes sortes sont dépourvues de la contrainte de contrepartie, mais elles sont exigibles. Alain Testart nomme ce type de prestation « transfert du troisième type, t3t »; il se distingue du don en ce qu’il est exigible, et de l’échange en ce qu’il est dépourvu de contrepartie juridiquement exigible. Le tribut en est un, et probablement le principal (la plupart des t3t correspondent au tribut, à l’exception de certains transferts spécifiques tels que le versement d’une pension alimentaire). On pourrait donc, en amendant l’appellation de Testart, avancer que le tribut est un « t3t » c’est-à-dire un transfert du troisième type en direction ascendante dans la hiérarchie. La clarification conceptuelle opérée par Testart et son prolongement par François Athané (2011) sont importantes et nécessaires. Il paraît toutefois judicieux d’intégrer le brouillage habituel des catégories à l’analyse de la notion, puisqu’il est en lui-même significatif. En effet, si le tribut n’est pas un don selon la définition de Testart, il peut en prendre l’apparence, être présenté comme un abandon librement consenti. Et s’il ne donne pas lieu à une contrepartie exigible, il est néanmoins souvent justifié au nom d’une contrepartie rendue sous forme de services. Les manipulations et justifications morales et idéologiques dont il fait l’objet doivent donc être intégrées à sa définition. On y reviendra après avoir examiné la place qu’a tenu le tribut dans les écrits des anthropologues. Outre son statut particulier au regard des autres formes de prestation qui ont davantage été au cœur de leurs préoccupations, le don ainsi que les échanges non marchands, la centralité de la notion de réciprocité a relégué à l’arrière-plan les « dons » hiérarchiques ainsi que toutes les formes de transferts unilatéraux obligatoires. C’est sans doute de la part des anthropologues travaillant avec le concept marxiste de mode de production que le tribut a reçu le plus de considération. Samir Amin a résumé dans une formule efficace ce qui distingue le mode tributaire du mode capitaliste : dans le second, le pouvoir est mis au service de l’accumulation de richesses, tandis que dans le premier, ce sont les richesses qui sont mises au service de l’accumulation de pouvoir (Amin 2011). Eric Wolf (1982) a déployé ce distinguo pour examiner comment le mode de production capitaliste s’est étendu sur la surface du globe avec l’expansion impériale européenne, entrant en contact avec des modes de production « basés sur la parenté » ou « tributaires » qui prévalaient chez les populations non européennes. Les anthropologues ont abandonné les approches en termes de mode de production pour deux ensembles de raisons. La première est l’économicisme sous-jacent à la caractérisation typologique de sociétés selon leur mode de production dominant, qui réduit ainsi « des sociétés entières à de simples réserves de main d’œuvre » et ignorant leurs « formes de vie » (Friedman 1987, 84). Wolf entendait pourtant précisément éviter une telle dérive typologisante, entendant en faire un outil pour « révéler les relations politico-économiques qui sous-tendent, orientent et contraignent l’interaction » (1982, 76). L’emploi qu’en fait Emmanuel Terray (1995) dans son étude de la genèse du royaume abron met d’ailleurs en relief l’articulation entre modes de production tributaire, esclavagiste, capitalistique et domestique d’une manière qui n’a rien d’évolutionniste. La seconde raison est l’eurocentrisme qui conduit à faire du mode de production capitaliste un facteur déterminant de la trajectoire singulière de l’Europe et explicatif de sa domination sur le reste du monde. Ce dernier n’aurait su résister à l’agression européenne parce que son mode d’organisation économique, qu’il soit basé sur la parenté ou sur le tribut, aurait provoqué un retard et une faiblesse qui l’auraient rendu vulnérable aux incursions de l’impérialisme capitaliste européen. Cette thèse s’applique tout particulièrement à la Chine. C’est dans un sens à la fois non évolutionniste et non eurocentrique que Hill Gates (1996) a proposé une lecture de l’histoire de la Chine sur une durée d’un millénaire basée sur l’idée d’une articulation entre modes de production tributaire (MPT) et « capitalistique ». Le MPT est le mode de production de l’État impérial chinois, dont la classe des fonctionnaires lettrés prélève un surplus sur les classes productives (paysans, petits capitalistes, travailleurs) à travers des taxes et des corvées. Contrairement à ce qu’avait pu écrire Marx à propos du « mode de production asiatique », l’État chinois n’était pas inerte ni immobile mais animé par la tension entre des tendances, plus ou moins affirmées selon les époques, à l’accumulation capitalistique, ainsi que les réponses en provenance de la classe dirigeante qui cherchait à les contenir à l’intérieur du cadre de la puissance tributaire (Gates1996 : 273). Les lignages des propriétaires terriens qui produisaient en partie pour le marché, ou les marchands, tout particulièrement ceux qui participaient au commerce étranger, agissaient en tant que capitalistes; « toutefois, leur influence n’a jamais été suffisante pour désarçonner le pouvoir tributaire et permettre à une véritable classe capitaliste d’émerger (Gates1996 : 112). Dans le dernier chapitre de son ouvrage, Gates suggère que la Chine contemporaine demeure caractérisée par un mode tributaire, maintenu par les révolutionnaires communistes et qui continue à modeler les relations entre citoyens ordinaires et officiels chinois (1996 : 269). Ellen Hertz (1998) s’appuie sur les propositions de Gates pour interpréter la fièvre qui s’est emparée de la première bourse ouverte à Shanghai au début des années 1990, signe de la transition chinoise vers le capitalisme initiée dix ans plus tôt, et qui a vu s’opposer le pouvoir « des masses » au pouvoir étatique. Cette opposition peut être expliquée par la tension entre un mode de production capitalistique (les petits porteurs) et le mode de production tributaire (l’État). Ce dernier, agissant à la manière d’un seigneur tributaire, a cherché à canaliser l’épargne de ses citoyens de façon à soutenir son économie en transition. Gates concilie le sens élargi de la notion de tribut tel que présenté en introduction et le sens restreint que lui confèrent les historiens mais aussi ceux d’entre les anthropologues qui se sont intéressés à sa dimension cosmologique et civilisationnelle. En effet, le système tributaire a été constitutif de l’empire chinois, qui était conçu sur le plan cosmologique comme un « royaume territorial bordé de suzerains tributaires » (Feuchtwang 1992 :26, cf. également Sahlins 1994). Les origines des fengshan, désignation officielle des cérémonies au cours desquelles le tribut était versé, sont incertaines. Ils seraient apparus sous les Zhou orientaux (771-256 av. J-C.), c’est-à-dire durant la période des Printemps et Automnes, suivie par celle des Royaumes combattants. C’est à partir de la dynastie Tang (618-907) que le système tributaire s’est renforcé, et il s’est maintenu jusqu’au Qing. En échange du tribut (gong), les tributaires recevaient les faveurs (enci) de l’empereur au même titre que les vassaux internes. Wang Mingming souligne que la relation à l’État engagée dans le « mode de production » selon Gates est la même que celle qui relie la cour impériale au monde extérieur (2012 : 345). Réciproquement, Gates indique que le mode tributaire est inséparable de la totalité de la cosmologie civilisationnelle chinoise (1996 : 21). Ce sont précisément ces dimensions idéologiques et cosmologiques du tribut qui rendent compte de l’ambiguïté relative à son caractère volontaire ou contraint. De fait, c’est précisément l’existence d’un ordre hiérarchique dicté par les impératifs catégoriques de la cosmologie impériale, qui permet de comprendre non seulement le consentement au paiement du tribut mais même son caractère désirable, et qu’il fait qu’il peut prendre l’apparence d’un don, ou être présenté comme tel par le contributeur (cf Trémon 2019 pour un cas contemporain chinois). C’est aussi cette dimension cosmologique qui explique sa grande proximité avec le sacrifice. Tribut et sacrifice se distinguent par le fait que l’un constitue un transfert direct et le second un transfert indirect (Werbner 1990 : 272) à une entité supérieure. Robertson Smith, dont les écrits ont inspiré ceux de Durkheim et Mauss sur le sacrifice, avait suggéré que le sacrifice aux divinités ou aux ancêtres serait apparu chez les tribus nomadiques du désert du Sinaï sous la forme de la consommation sacrificielle de l’animal totémique, mais que ce sacrifice primitif aurait ensuite, avec la sédentarisation et sous l’action de l’État, suivi le modèle du tribut versé au chef ou au roi dans les sociétés hiérarchisées (Robertson Smith 1889 : 266-267 cité in Scubla 2005 : 147). Si cette proposition relève de la pure spéculation, normative qui plus est puisqu’elle est avancée par Robertson Smith dans un souci de démonstration de la supériorité du sacrifice chrétien, la distinction ainsi esquissée offre matière à penser : le sacrifice originel n’aurait rien d’un don, n’ayant pris cette forme que dans les sociétés à pouvoir centralisé, et le tribut le serait bien davantage, mais il serait dépourvu de l’idée de violence expiatoire associée au sacrifice. C’est pourquoi l’on ne saurait entièrement suivre la définition par David Graeber du tribut, placé dans la troisième catégorie d’une tripartition entre « communisme », « échange » et « hiérarchie » (dans une discussion précédente des modes de production (2006), il avait ignoré le mode tributaire). Celle-ci correspond d’assez près à celle proposée par Alain Testart (don, échange et t3t). Cependant, la façon dont il caractérise le tribut comme relevant de la pure contrainte violente exercée par l’État (2014 : 74) paraît insatisfaisante. Ceci tient en partie à ce que, à la différence de Testart, il établit les distinctions sur les bases de « modes de moralité », qu’il entend substituer aux « modes de production ». S’en tenant uniquement à une acception historiquement lointaine du « tribut » (il n’aborde pas l’impôt moderne), la définition morale qu’il en donne ne rend paradoxalement pas compte du consentement à l’impôt (elle n’explique que la résistance). Le tribut obéit selon lui à la logique du précédent, puisqu’un don offert à une puissance pour la première fois devient ensuite exigible d’année en année. Le tribut est donc un échange devenu transfert en raison des (fausses) promesses de contrepartie qui ont conduit à l’institutionnalisation du système. Cependant, ce qui fait toute la complexité du tribut est qu’il s’agit en effet d’un transfert exigible sans contrepartie exigible, mais qu’une contrepartie n’en est pas moins attendue. Nous pensons à la contrepartie de ce que nous versons à l’État. François Athané déconsidère cette façon de penser, qu’il juge inévitable et légitime, mais qui n’est qu’une « façon de penser et de parler » (2011 : 190) dont il conviendrait de ne pas tenir compte parce qu’elle viendrait polluer l’analyse. La contrepartie n’est jamais exigible dans le double sens où elle ne saurait pas toujours être appuyée par le droit, et où elle ne serait de toute manière pas mesurable (comment calculer la part de ce que je reçois en retour pour mes impôts?). Il n’en demeure pas moins que sans cette attente de réciprocité, les révoltes fiscales seraient bien plus nombreuses. C’est pourtant une façon de penser et de parler qui est chargée de sens et lourde de conséquences. C’est bien parce que des services et biens publics sont produits au moyen des prélèvements que la relation tributaire est rarement remise en cause, et réciproquement, que des révoltes fiscales apparaissent lorsque les services et biens publics ne paraissent pas remplir l’attente de contrepartie. Ces services et biens étant généralement essentiels à la reproduction sociale (au sens des anthropologues, cf. entre autres Weiner 1980), on pourrait réactualiser la notion en substituant à « modes de production » la notion de « modes de reproduction » (marchande, tributaire, etc.) (Trémon 2019 : chap. V). De même, la notion de « relation tributaire » à l’État inclut à la fois le tribut en tant que type de transfert (par contraste avec le don et l’échange) et la relation morale et idéologique qu’elle engage avec le destinataire du tribut. La notion de tribut est ainsi élargie au-delà des contextes historiques spécifiques des systèmes tributaires interétatiques centrés sur un hégémon, et dépouillée de ses relents eurocentriques et évolutionnistes – comme l’a souligné Jack Goody (2006 : 121), qui invitait dans son dernier livre à réactualiser le programme de recherche lancé par Eric Wolf, les États tributaires se trouvant « à l’ouest comme à l’est », et peut-on ajouter, au nord comme au sud
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Roy, Bernard. « Santé ». Anthropen, 2018. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.079.

Texte intégral
Résumé :
De nombreux anthropologues appréhendent la santé comme une « construction sociale » qui varie considérablement d’une société à une autre, d’une époque à une autre. Dans toutes les sociétés, les anthropologues constatent que le concept santé s’exprime en des termes et des mots variés généralement associés à la notion de « bien-être ». Chez les Tzeltal et Tzotzil Maya des hautes terres du Chiapas, le concept de santé s’exprime par les mots « vital warmth » (chaleur vitale) (Groark 2005). Chez les vieux Innus (Montagnais), la santé réfère à la qualité de vie tandis que chez les Inuits, la santé serait conçue comme un ordre harmonieux dans lequel la personne est intégrée dans un environnement social, temporel, spirituel et non empirique (Therrien et Laugrand 2001). Et si cette notion de qualité de vie/santé varie d’un peuple à l’autre, elle fluctue également d’une classe ou d’un groupe social à un autre. Les anthropologues du début du XXe siècle ne parlaient pas d’ethnomédecine et encore moins d’anthropologie médicale, d’anthropologie de la santé ou d’anthropologie de la maladie, mais plutôt, de médecine primitive, archaïque ou traditionnelle. Presque toutes les monographies ethnologiques anciennes proposent des sections portant sur la maladie, les médecines indigènes ou les pratiques et croyances médicales. Dès le XVIIIe siècle, le missionnaire jésuite, Joseph-François Lafitau, qualifié par William N. Fenton et Elizabeth L. Moore de « premier éclat de lumière sur la route de l'anthropologie scientifique » (Fenton et Moore 1969) documenta, dans son œuvre Mœurs des sauvages américains comparées aux mœurs des premiers temps (Lafitau 1983), les pratiques médicales, les maladies ainsi que la santé des Iroquois. Au début du XXe siècle, les anthropologues décrivirent et analysèrent les us et coutumes de peuples vivants à l’écart de la modernité (Massé 1995). Les nombreuses monographies publiées à la suite de longs terrains contribuèrent aux développements de connaissances concernant les représentations sociales de la santé et de la maladie chez les praticiens et les peuples éloignés et isolés d’une modernité qui s’imposait tout autour de la planète. Constatant l’accroissement du nombre d’anthropologues travaillant au sein des structures médicales et sur des questions de santé et de maladie, Normand Scotch crée, au début des années 1960, le terme Medical anthropology (Scotch 1963 cité par Walter 1981). Peu à peu, cette nouvelle discipline se distingue à la fois aux niveaux théoriques et de l’application. Cherchant à comprendre les phénomènes de la santé/maladie dans différents contextes culturels, l’anthropologie médicale prend comme objet d’analyse les façons dont les acteurs sociaux reconnaissent et définissent leur santé, nomment les maladies, traitent leurs malades (Massé 1995). Les premiers travaux des anthropologues médicaux répondent surtout aux demandes d’une médecine qui cherche à comprendre comment la culture intervient dans l’avènement des maladies et comment contrer les résistances des populations aux entreprises déployées pour améliorer la santé depuis une perspective biomédicale. « Quand on fait appel à l’anthropologue dans une étude épidémiologique, c’est souvent afin qu’il trouve les bonnes formulations pour cerner les “facteurs culturels” qui influencent les pratiques sanitaires... » (Fassin 2001 :183). Rapidement, ce nouveau champ de l’anthropologie fait l’objet de critiques. Qualifiée de discipline bioculturelle, l’anthropologie médicale est critiquée en raison de ses thèmes de recherche dictés par la santé publique et de la domination des professionnels de la santé dans le dialogue avec les anthropologues impliqués dans les milieux de la santé. Byron Good (1994) estimait pour sa part que les travaux des anthropologues médicaux, dans les années 1950-1960, contribuèrent au développement d’une critique de la naïveté culturelle soutenant le regard porté par les instances de santé publique internationales sur le complexe santé/maladie. Toutefois, quelques chercheurs s’intéressent spécifiquement à la notion de santé en dehors de l’axe santé/maladie et proposent celui de santé/vie. Au début des années 1970, Alexander Alland formule une théorie anthropologique médico-écologique qui se base sur le principe de l’adaptation culturelle à l’environnement. Cette théorie postule que la santé résulte de l’adaptation biologique et culturelle d’un groupe d’individus dans un environnement donné. Un peu moins de dix années plus tard, McElroy et Towsend (1979) élaborent un cadre écologique qui affine cette première proposition. Pour McElroy et Towsend, la santé des individus et des collectivités résulte de l’équilibre établi entre les éléments biotiques, abiotiques et culturels d’un écosystème. Cette conception de la santé proposée par le courant écologique fera l’objet de nombreuses critiques du fait, entre autres, du nivèlement de la culture sur la nature qu’elle soutenait. Parallèlement aux courants écologique et bioculturaliste se développe une tendance phénoménologique (Laplante 2004). Délaissant les catégories objectives de la médecine, Kleinman (1980) et Good (1994) proposent d’appréhender la santé et la maladie sur les bases de l’expérience humaine. Tandis que Kleinman s’intéresse à la manière dont les gens expriment leur notion de la maladie à partir de leur expérience (Illness) qu’il articule autour de modèles explicatifs indissociables des systèmes culturels, Good s’intéresse aux réseaux sémantiques qui permettent à la personne de réorganiser en permanence son expérience en fonction du contexte et des circonstances. La maladie, et par extension la santé, ne correspondent plus à une chose en soi ou à sa représentation. L’une et l’autre résulteraient, plutôt, d’interactions qui permettent de synthétiser des significations multiples. D’autres anthropologues estimeront que la santé et la maladie sont des résultantes de l’histoire propre aux communautés humaines. Ces anthropologues proposent un recadrage radical de toute démarche visant à identifier les problèmes de santé et leurs dynamiques d’émergence dans une communauté humaine. Cette anthropologie considère d’emblée la communauté comme unité centrale d’analyse et s’intéresse « à la manière dont un contexte social et culturel informe les perceptions, valeurs et comportements des personnes » dans les dynamiques productrices de santé et de maladies. (Corin, Bibeau, Martin,et Laplante 1990 : 43). Dans ces contextes il reviendra aux anthropologues de participer à l’élaboration de politiques de santé adaptées aux diversités culturelles. Dès les années 1960, des anthropologues développent une critique de la médecine et de la santé internationale. Ils proposent de porter davantage attention aux conditions macrosociétales de production de la santé et de la maladie. En 1983, lors de la réunion annuelle de l’American Anthroplogical Association des anthropologues soulèvent l’importance pour l’anthropologie médicale de porter son attention sur les conditions sociales, économiques et politiques de production de la santé et de la maladie (Baer, Singer et Johnsen 1986). Pour ces anthropologues, la santé constitue un produit social et politique qui révèle l’incorporation de l’ordre social et des inégalités dans les corps (Fainzang 2005). Leurs recherches s’orienteront, du coup, autour de l’idée selon laquelle les inégalités sociales, les rouages du pouvoir et de l’exploitation, constituent les tout premiers facteurs de détermination de la santé et, par conséquent, de la maladie. La santé n’est plus ici considérée comme une réalité dérivée de définitions biologiques, médicales. Elle apparait comme une notion et un espace définis par les rapports entre le corps physique et le corps social. La santé ne correspond plus à la reconnaissance d’une norme physiologique, moyenne ou idéale. Elle est une construction culturelle qui ne peut être appréhendée que de manière relationnelle, comme un produit du monde social (Fassin 1996). Si les travaux des anthropologues ont davantage porté sur les phénomènes entourant la maladie et non sur ceux concernant la santé, ils ont toutefois largement contribué à la distinction analytique de la maladie dans ses dimensions médicales (disease), personnelles/expérientielles (illness), sociale(sickness) et, plus tard, en évoquant le concept de la souffrance sociale. Mais un constat s’impose. Les réflexions et recherches menées à l’endroit du concept de la santé par les sciences de la santé et les sciences sociales sont généralement moins développées que celles portant sur la notion de maladie. La perspective anthropologique impose d’appréhender le concept de santé comme un objet socialement et culturellement construit dans un espace-temps indissociable du global. Loin de se référer à une simple absence de pathologie, la santé se développe, se révèle dans le rapport entretenu par le sujet à lui-même et aux autres. Pour l’anthropologie, il y a d’abord l’intérêt à situer la santé dans l’expérience vécue d’un sujet en lien avec les autres. Acteur et créateur, il est également assujetti aux forces du contexte socioéconomique, politique et historique (Fainzang 2005). La santé se révèle ainsi comme une notion polysémique et un objet complexe qui se situe dans une trame d’interactions collectivement partagée du vivant avec son milieu s’incarnant dans les expériences singulières de l’être-au-monde (Massé 2010). Toutefois les propos de l’anthropologue Gilles Bibeau demeurent pertinents. « La santé continue d’être sous-conceptualisée et appréhendée de manière encore trop souvent inadéquate. […] Se pourrait-il que le surplus d’interventions de santé nous expédie hors du champ de la santé? » (Bibeau 2006 : 82, 84).
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