Razanamandimby, Lalaina Raymonde. "Histoire et mémoire à Lazaina Avaradrano, village princier de l'Imerina (Hautes Terres Centrales de Madagascar) de 1861 à nos jours." Paris 7, 2011. http://www.theses.fr/2011PA070051.
Abstract:
Dans les pays occidentaux, de 1960 à 1965 se sont tenus plusieurs colloques d'histoire sociale proposant une direction nouvelle à l'époque : le passé comme « histoire des masses » ou du « plus grand nombre ». Puis, dans les années 80, l'œuvre monumentale Lieux de mémoire en France, dirigée par Pierre Nora, évoque le concept de « mémoire » et a permis son « exportation » d'abord en Europe, et ensuite hors d'Europe. Enfin, dans les années 90, on s'intéresse de nouveau à l'histoire sociale en recourant à de nouvelles méthodes qui privilégient la microhistoire par rapport à la macrohistoire. Histoire des masses, microhistoire, mémoire : ces trois notions ont donné lieu à des rencontres scientifiques sur « l'histoire et la mémoire » en particulier en Europe occidentale. Aujourd'hui, on parle souvent de mémoire ou encore de mémoire collective. En ce qui concerne Madagascar dominé par les traditions orales, les connaissances sur le sujet restent encore limitées, alors que la mémoire collective prédomine dans l'histoire, aussi bien nationale que régionale ou encore familiale. La démarche s'inscrit dans l'étude des représentations du passé vues dans le présent, aspect particulièrement sensible sur les Hautes Terres centrales de Madagascar, où la mémoire utilise comme supports des éléments matériels (stèles, maisons ancestrales, tombeaux familiaux. . . ), des manifestations rituelles, familiales (à l'instar dufamadihana, retournement des morts) ou collectives (comme les réunions de la diaspora). La mémoire influe sur la vie socio-culturelle présente par la transmission des valeurs sociales aux générations futures par le biais des récits oraux ou écrits. Elle s'incarne ici généralement dans les traditions orales, qui restent bien vivantes et continuent d'imprégner le comportement quotidien. Ce travail nous offre l'exemple d'une manipulation de l'histoire et de la mémoire locale au profit d'un groupe autrefois « aristocratique » constitué à'Andriana (descendants du groupe princier) appelés Zanadralambo amin'Andrianjaka. La question qui a guidé notre réflexion tient au constat suivant : d'après eux, Lazaina est un site princier entouré de villages rattachés à des groupes Hova (roturiers, libres). Ce sont ces Andriana qui le contrôlent jusqu'à nos jours ; pour cela, ils considèrent que Lazaina leur appartient. La terre mais aussi les biens meubles, collectifs ou privés, faisant partie de leur patrimoine ne peuvent être cédés. Ainsi, le temple de Lazaina qui porte le nom de Ranivo, une martyre andriana, est l'exemple type du fiangonan-drazana (litt. « temple-des-ancêtres »), attaché par excellence à un groupement de lignages. Plusieurs cas similaires existent dans les villages princiers de Plmerina/Ce groupe considéré comme « blanc » (au sens symbolique) et tompon-tany marginalise les autres groupes en particulier les Mainty (noir) et les « étrangers » qui ont pu s'installer dans la localité et qui ont acquis le statut de tompon-tanàna. Notre étude consiste à analyser les problèmes de dichotomie « blanc/noir » et tompon-tany/tompo-tanàna, les permanences et les mutations qui touchent la mémoire de la communauté, puis à comparer et à confronter les témoignages et les traditions historiques recueillis à Lazaina et dans ses villages voisins, à écrire de l'histoire locale et l'inscrire dans l'histoire générale de Madagascar<br>OBetween 1960 and 1965 several colloquia on social history held in the west introduced the concept of the history of the masses or of the common people. From 1984 to 1992 the magnum opus "Sites of Memory" ("Lieux de mémoire''), edited by Pierre Nora, focused on the concept of "Memory" developed first in Europe and then in many parts of the world. As a result, from the 90s on, social history saw the appearance of new methods such as "micro-history", "History of the masses" and "memory". Several scholarly meetings have since taken place in western Europe. As far as Madagascar is concerned, a country where oral traditions till prevail, the topic "collective Memory" has, as yet, been rarely studied in spite of its importance at the national, regional and individual levels. Our purpose is to analyse the representations of the past in Madagascar's central highlands a place where Memory also relies on material objects such as standing stones, ancestral houses, family tombs as well as family rituals such as the famadihana (the exhumation of dead) or diaspora reunions. Memory of the past is continually present in socio-cultural life and it is transmitted to future generations through oral and written stories. It is mostly incarnated in living oral traditions and it impregnates everyday life. The thesis shows how the local history and memory of a group of former aristocratic Andriana (heirs to a princely group called Zanadralambo amin'andrianjaka) is manipulated. According to them Lazaina is a princely site surrounded by villages inhabited by Hova groups free commoners). Until recently theAndriana were in control of Lazaina through the fact that hey pretended to be the owners of everything, whether public or private. The Lazaina church s named Ranivo after anAndriana martyr. It offers a typical example of an ancestral church attached to a descent group. The group in question is considered "white" in a symbolic sense and tompon-tany, and dominates the other groups especially the Mainty (black) and foreigners" who were able to settle down in the village and acquired the status of tompon-tanàna. The purpose of this study was to analyse the problems raised by the opposition : white/black » and « tompon-tany/tompon-tanàna », what remains and what has been hanged in local memory and then to compare and confront testimonials and historical traditions gathered in Lazaina so as to integrate this local history into the wider History of Madagascar