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Journal articles on the topic 'Crise économique (1929)'

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Schirmann, Sylvain. "Aspects de la crise économique allemande (1929-1932)." Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande 30, no. 1 (1998): 63–73. http://dx.doi.org/10.3406/reval.1998.4050.

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Abstract:
Die internationale Wirtschaftskrise der Dreissiger Jahre hatte wichtige Konsequenzen in Deutschland. Sie verschärfte aber nur eine deutsche Krise, die sich schon im Sommer 1929 bemerkbar machte. Diese deutsche Krise war eine Folge von Phänomänen, die sich Ende der Zwanziger Jahre verwirklichten, sowie, zum Beispiel, die Erhöhung der Produktionskosten. Dadurch wurde die Arbeitslosenzahl grösser und die Warenherstellung nidrieger. Die Deflationspolitik der Reichsregierungen erhöhte die Rezession. Trotz Zeichen einer Besserung im Sommer 1932 waren die sozialen Konsequenzen zu gross, um die Nazimachtergreifung zu verhindern. Die NSDAP wurde dadurch begünstigt...
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Ben Hamida, Abdesslem. "Les bourgeois tunisiens face à la crise économique de 1929." Cahiers de la Méditerranée 45, no. 1 (1992): 129–36. http://dx.doi.org/10.3406/camed.1992.1083.

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3

Calcan, Gheorghe. "Labour and social protection in the Romanian oil industry during the Interwar." Revue d'Histoire de l'Énergie N° 9, no. 3 (December 23, 2022): 1i—17i. http://dx.doi.org/10.3917/jehrhe.009.0001i.

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Abstract:
Notre communication analyse le problème des besoins des salariés de l’industrie pétrolière roumaine de l’entre-deux-guerres. Trois moments sont au centre de l’attention: la période qui a suivi la Première Guerre mondiale, la crise économique des années 1929-1933 et l’étape ouverte par le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. Nous présentons aussi des repères relatifs aux initiatives des sociétés pétrolières pour assurer le bien-être de leurs employés et des données concernant le nombre de travailleurs de cette industrie.
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4

Angers-Fabre, Stéphanie. "Le versant canadien-français de la génération « non-conformiste » européenne des années trente : la revue La Relève." Recherche 43, no. 1 (November 10, 2004): 133–48. http://dx.doi.org/10.7202/009449ar.

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Abstract:
Cet article aborde l’analyse comparée des sociétés à partir de la génération intellectuelle et du rapport au politique, produisant des parcours parallèles chez des intellectuels connaissant vivant dans des contextes sociopolitiques similaires, consécutifs à la crise économique de 1929 et à la naissance de mouvements de jeunesse. Notre analyse de segments des sociétés française et canadienne-française des années trente s’appuie sur deux groupes d’intellectuels gravitant autour de revues personnalistes : l’équipe montréalaise de La Relève et les collaborateurs français d’Esprit et d’Ordre nouveau, réunis dans cet article au sein d’une même génération non-conformiste.
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Maurin, Max. "J.M. Keynes, le libre-échange et le protectionnisme." L'Actualité économique 86, no. 1 (February 3, 2011): 109–29. http://dx.doi.org/10.7202/045556ar.

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Abstract:
Cet article cherche à réfuter la thèse qui prête à Keynes la défense d’un « protectionnisme circonstanciel ». D’après cette thèse, il n’aurait été un défenseur du système protecteur que dans les circonstances particulières que connut l’économie britannique à la suite de la crise de 1929. Cependant, une relecture et une mise en perspective des écrits de Keynes permet de voir une pensée particulièrement dynamique dans laquelle le « protectionnisme circonstanciel » fait suite à une éducation libre-échangiste, mais ne constitue qu’une étape dans la formation d’une théorie du protectionnisme finalement envisagé comme un garde-fou du système économique.
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Facchini, François. "Histoire doctrinale du corps professoral d’économie politique dans les facultés françaises de 1877 à 1942." Revue d'économie politique Vol. 134, no. 2 (May 13, 2024): 197–251. http://dx.doi.org/10.3917/redp.342.0069.

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Abstract:
Cet article propose une histoire doctrinale du corps des professeurs agrégés des Facultés de droit. Une doctrine est un système qui implique de la part de leurs auteurs un jugement de valeur accompagné d’un programme de reconstruction sociale quand ce jugement résulte en une condamnation totale ou partielle du monde économique actuel. Les professeurs d’économie politique des facultés de droit sont regroupés autour de trois grandes familles doctrinales : les socialistes, les interventionnistes et les libéraux. En 1877 le premier corps des professeurs d’économie politique des Facultés est composé à 75 % d’économistes qui professent et défendent la doctrine libérale. Dès 1897 ils ne sont plus que 41 %. Leur poids ensuite décline jusqu’à 1942 pour atteindre 15 %. L’institutionnalisation de l’économie politique dans les Facultés a ainsi favorisé la formation d’une nouvelle orthodoxie autour de la recherche d’une troisième voie (plus de 70 % du corps des professeurs en 1942) entre le libéralisme et le socialisme. Elle a aussi permis l’installation de la doctrine socialiste dans le corps des économistes des facultés. La Faculté a par ailleurs donné à la France de nombreux hommes politiques. 10 % des Agrégés de sciences économiques de cette période ont occupé des postes de ministre ou des postes équivalents. Outre l’intérêt historique de cette histoire, elle permet d’affirmer que le libéralisme, au moins dans les facultés, a été remis en cause avant la crise de 1929. L’évolution du positionnement doctrinal précède les faits, ici la grande crise. JEL : A11
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Boily, Frédéric. "Une figure du catholicisme social canadien-français de l’entre-deux-guerres : le père Joseph-Papin Archambault, s.j." Mens 1, no. 2 (April 17, 2014): 141–61. http://dx.doi.org/10.7202/1024447ar.

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Abstract:
Le père Joseph-Papin Archambault, s.j. (1880-1966) est avant tout un homme d’action qui s’implique dans de nombreux mouvements comme l’École sociale populaire, dont il est le directeur de 1929 à 1959. Figure centrale du catholicisme social, le père Archambault, un Jésuite, a une conception « offensive » du catholicisme. S’inspirant des encycliques papales, il mène une lutte acharnée contre la doctrine communiste, mais aussi contre le libéralisme et l’individualisme. Ces derniers sont accusés d’avoir plongé la société des années trente dans une grave crise qui serait morale avant d’être économique. Pour la surmonter, Archambault propose une réforme spirituelle, laquelle devrait conduire à celle des institutions ainsi qu’à l’établissement du corporatisme. Enfin, il croit à l’indissolubilité du lien entre le catholicisme et le nationalisme.
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8

Verrette, René. "Le régionalisme mauricien des années trente." Revue d'histoire de l'Amérique française 47, no. 1 (August 26, 2008): 27–52. http://dx.doi.org/10.7202/305181ar.

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Abstract:
RÉSUMÉ Cet article présente le fruit d'une recherche sur les origines du régionalisme en Mauricie qui s'est exprimé avec vigueur durant les années trente. L'idéologie de quatre régionalistes ayant en tête Albert Tessier est mise en contexte avec l'évolution socio-économique de la Mauricie durement affectée par la crise de 1929. Nous cherchons à établir un lien entre les représentations du discours régionaliste et un besoin d'identification à un idéal mobilisateur engendré par une situation collective difficile. Nous cherchons de plus à mesurer jusqu'à quel point ce discours a constitué un élément moteur du développement régional à cette époque. Le discours est présenté en interaction avec les mouvements collectifs qui en découlent et l'ont nourri. Les influences françaises sont mises en relief de même qu'une résistance des élites face à la modernité et à l'américanité.
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9

Elias, Norbert. "Sociologie de l’antisémitisme allemand." Annales. Histoire, Sciences Sociales 71, no. 02 (June 2016): 377–84. http://dx.doi.org/10.1353/ahs.2016.0062.

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Abstract:
Résumé Pour comprendre la montée de l’antisémitisme en Allemagne, il convient de saisir ce phénomène dans des termes sociologiques. Les causes de l’antisémitisme ont toujours été structurelles bien qu’il ait pris des formes différentes selon les époques. L’article retrace la manière dont l’hostilité à l’égard des juifs est un effet des luttes de pouvoir entre groupes, produisant à chaque fois des constellations singulières et des visions du monde où le groupe particulier des juifs apparaît parfois comme le support d’une revendication d’émancipation générale, mais figure aussi comme une extériorité dont la proximité et la concurrence sont redoutées. Revenant sur la conjoncture actuelle de 1929, marquée par une crise économique et politique aiguë, le sociologue constate que l’antisémitisme ne peut que croître, de sorte qu’il ne demeure aux juifs que l’option d’une émigration en Palestine ou, à défaut, de faire face à la situation avec lucidité.
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Le Querrec, Jacques. "Économie marchande et développement de la coopération aux Iles-de-la-Madeleine : enjeux et stratégies à Havre-Aubert." Culture 2, no. 2 (June 22, 2021): 77–98. http://dx.doi.org/10.7202/1078255ar.

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Abstract:
Étude de cas de l’implantation de coopératives de pêcheurs à Havre-Aubert (Iles-de-la-Madeleine, Québec) et répercussions sur l’économie marchande en se souciant de replacer cette innovation dans le cadre historique des conditions sociales, économiques et politiques associées à leur émergence et à leur évolution, non seulement au niveau local et régional, mais aussi dans le contexte international nord-américain et européen du marché du poisson. Si les structures coopératives se sont établies en respectant les structures traditionnelles de la parenté, du voisinage (« rangs-de-pêche ») et du « canton », elles ont bénéficié du contexte éminemment favorable de la crise économique mondiale de 1929 et de l’affaissement momentané de l’économie marchande. Les coopératives ont libéré les pêcheurs des liens de dépendance vis-à-vis de l’économie marchande (de troc) et les ont fait pénétrer dans une économie monétaire à échanges libres et concurrentiels. Avec l’arrivée de la Seconde guerre mondiale, les pêcheurs ont connu une période de prospérité qui s’est accompagnée d’une évolution technique (nécessité d’investissements accrus) et d’une transformation des besoins de consommation (achat à crédit). Afin de concurrencer les marchands, les coopératives ont payé les prises de poisson comptant et ont soutenu l’achat des biens de consommation à crédit. Ce faisant, elles ont compromis leur propre survie (manque de solidité financière suffisante pour soutenir les pratiques courantes d’achat et de vente) et elles ont enfermé les pêcheurs dans un autre système de dépendance qui, bien qu’étant moins rigoureux que celui de l’économie marchande, leur laissait peu de liberté de manoeuvre. Une fausse identification des véritables enjeux coopératifs par les leaders les a conduit à élaborer des stratégies d’action inappropriées. Le succès partiel de l’innovation coopérative s’explique encore par plusieurs autres conditions sociales, économiques et politiques locales et régionales documentées dans cette étude. A ce propos, on accorde une attention particulière aux difficultés associées au processus de régionalisation des coopératives.
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Garbagnati, Lucile. "Dépêche n° 248. Baisse des valeurs sur la bourse de New York. Paul Claudel, analyste des prémices de la crise économique de 1929." Genèses 1, no. 1 (1990): 149–54. http://dx.doi.org/10.3406/genes.1990.1022.

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BĂLĂICAN, Delia. "BIBLIOTECA ION I. C. BRĂTIANU – MOȘTENIREA DE GENERAȚII PENTRU „ÎNĂLȚAREA CULTURALĂ A NEAMULUI ROMÂNESC”." Revista Bibliotecii Academiei Române 8, no. 16 (March 15, 2024): 55–81. http://dx.doi.org/10.59277/rbar.2023.16.04.

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Abstract:
L'article met en évidence l'impact bénéfique que l'inauguration de la bibliothèque Ion I. C. Brătianu - spécialisée dans l'histoire de l'Europe du Sud-Est - a eu sur la société roumaine dans le contexte de la crise économique de l'entre-deux-guerres. L'institution a été créée pour honorer la mémoire du grand homme politique libéral Ion I. C. Brătianu, premier ministre de la Grande Union des Roumains en 1918, réalisant ainsi son souhait à titre posthume. À l'initiative de son épouse Eliza Brătianu, l'acte de fondation de la bibliothèque publique a été signé le 5 juin 1929, par lequel elle a fait don du terrain, des maisons de la place Amzei à Bucarest, des livres de famille, y compris la collection initiale de Florica, avec le consentement des frères et sœurs de Ion I. C. Brătianu. Le contenu de la bibliothèque a suivi l'intérêt du père de Ion C. Brătianu pour l’acquisition des connaissances et la passion pour l'histoire de fils Ion I. C. Brătianu. Ion C. Brătianu a été membre fondateur du Parti national libéral (1875), Premier ministre pendant la guerre pour l'indépendance de la Roumanie (1877-1878). Au fil du temps, l'inventaire de la bibliothèque s'est enrichi d'autres acquisitions de livres parus en Roumanie ou à l’étranger. L'architecte Petre Antonescu a transformé le bâtiment en bibliothèque, avec des salles de lecture, des salles de stockage et des salles d'exposition. Le premier directeur a été George Fotino, qui a coordonné les collections, y compris les notices bibliographiques, les catalogues, les relations avec la presse et les activités d'information. L'ouverture au public s'est faite par étapes : I. G. Duca, le 7 janvier 1931, a inauguré la série de conférences ; l'ouverture aux chercheurs, le 8 janvier 1932, et le 27 novembre 1935, l'ouverture au public de la bibliothèque Ion I. C. Brătianu. Aujourd'hui, une grande partie de la collection Brătianu se trouve dans les fonds de la Bibliothèque nationale de Roumanie.
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Harvey, Fernand. "La politique culturelle d'Athanase David, 1919-1936." Tradition et modernité dans la culture québécoise au XXe siècle, no. 57 (February 29, 2012): 31–83. http://dx.doi.org/10.7202/1008103ar.

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Abstract:
Athanase David fut secrétaire de la province de Québec de 1919 à 1936 à l'époque du gouvernement libéral dirigé par Louis-Alexandre Taschereau. Dès son arrivée à la tête de ce ministère, David fait adopter une série de lois dans le but de favoriser le développement culturel du Québec: création des Bourses d'Europe pour favoriser le perfectionnement des diplômés universitaires et des artistes en France, bonification des Prix d'Europe pour les musiciens, développement d'un service d'archives provinciales, création d'une Commission des monuments historiques, construction du Musée du Québec, mise sur pied d'un enseignement supérieur des beaux-arts à Québec et à Montréal, institutionnalisation des Prix David pour les plus méritants, aide ponctuelle à la vie musicale et à divers organismes culturels et soutien à la création d'une émission de radio éducative et culturelle, « L'heure provinciale ». Profitant d'une conjoncture économique favorable au cours des années 1920 et malgré les difficultés de la crise économique des années 1930, David s'est employé durant 15 ans à soutenir l'émergence de nouvelles élites culturelles et à mettre sur pied les premières institutions culturelles d'État. Il a encouragé l'émergence d'une littérature et d'un art canadien, tout en puisant dans l'expertise française.
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Sills, Myriam. "« Murine, pour vos yeux » : arguments publicitaires, représentations et public cible dans les annonces des magazines au Québec, 1925-1950." Cahiers d'histoire 32, no. 1 (November 26, 2013): 77–98. http://dx.doi.org/10.7202/1020232ar.

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Abstract:
Cet article remonte aux premières années du phénomène de la publicité de masse et se penche sur le sexe du public cible et les arguments de vente dans les publicités pour Murine publiées dans les magazines au Québec entre 1925 et 1950. L’analyse des annonces des gouttes pour les yeux Murine a révélé que les femmes étaient les principales cibles dans les années 1920, ces gouttes étant présentées comme un produit de beauté « féminin ». Le discours et les arguments publicitaires changent cependant au fil des deux décennies suivantes, modifiant les fonctions du produit qui demeure pourtant le même dans ses composantes. Les publicitaires adressent alors leur message à un public cible plus vaste, autant masculin que féminin, ce qui concorde bien avec leurs aspirations marchandes, particulièrement dans le contexte de la crise économique et de la guerre.
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Feiertag, Olivier. "Réguler la mondialisation : Albert Thomas, les débuts du BIT et la crise économique mondiale de 1920-1923." Les cahiers Irice 2, no. 2 (2008): 127. http://dx.doi.org/10.3917/lci.002.0127.

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Hamelin, Jean, and Yves Roby. "L'évolution économique et sociale du Québec, 1851-1896." Articles 10, no. 2-3 (April 12, 2005): 157–69. http://dx.doi.org/10.7202/055459ar.

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Abstract:
Les années 1851-1896 trouvent leur cohérence organique dans les mouvements conjoncturels et les transformations structurelles. Sur le plan conjoncturel, cette période se situe entre deux mouvements à long terme bien caractérisés: une longue période de baisse de prix (1814-1850) et une longue période de hausse de prix (1897-1929). On pourrait la découper en deux phases: un temps d'expansion (1851-1873) et un temps de contraction (1874-1896), toutes sont constituées de mouvements cycliques ponctués de crises financières. Ces mouvements conjoncturels créent des climats particuliers générateurs d'euphorie ou de pessimisme qui conditionnent la vie politique et, jusqu'à un certain point, les idéologies. Entre le contenu et le raidissement des positions idéologiques et les difficultés économiques, le lien est souvent facile à faire. Sur le plan des structures, les années 1851-1896 constituent une période de transition. Une époque a pris fin en 1848: celle du mercantilisme commercial qui s'exprime dans les lois de navigation, les tarifs préférentiels, l'absence d'industrie secondaire. Une autre époque commence au tournant du siècle: celle de l'économie industrielle dominée par le capitalisme financier et tentaculaire, et caractérisée par la vie urbaine, le syndicalisme, la socialisation. Entre ces dates s'effectue le passage d'une économie à une autre. Faute de données quantitatives variées et précises, il est difficile de mesurer les changements économiques. Le tableau 1 donne quelques indices globaux significatifs des orientations nouvelles. Il est plus facile de décrire les forces qui sont en train de façonner une nouvelle économie et, partant, une nouvelle société. Ce sera l'objet de cette étude.
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Plata-Stenger, Véronique. "Diffusion des normes internationales du travail et diplomatie technique : l’assistance technique du BIT au Venezuela (1920-1945)." Monde(s) N° 25, no. 1 (May 28, 2024): 27–48. http://dx.doi.org/10.3917/mond1.225.0027.

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Abstract:
L’Organisation internationale du travail, fondée en 1919, est avant tout une organisation européenne. Créée par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, elle n’exerce qu’une influence limitée sur les pays extra-européens jusque dans les années 1930. La crise économique mondiale et l’entrée des États-Unis en 1934 contribuent à modifier l’équilibre des pouvoirs au sein de l’organisation et l’engagent activement dans une réflexion sur la portée et l’utilité des conventions internationales du travail en dehors de l’Europe. Cette réflexion s’accompagne de nouvelles pratiques de coopération technique, qui annoncent les politiques de développement international de l’après Seconde Guerre mondiale. Cet article interroge l’influence que l’OIT a pu avoir sur le développement du Welfare State en Amérique latine entre 1920 et 1945, en prenant le Venezuela comme cas d’étude. Il s’intéresse en particulier aux missions d’assistance technique organisées à partir des années 1930 et cherche à évaluer leur efficacité dans la diffusion des normes internationales du travail.
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Thane, P. M. "The debate on the declining birth-rate in Britain: the ‘menace’ of an ageing population, 1920s–1950s." Continuity and Change 5, no. 2 (August 1990): 283–305. http://dx.doi.org/10.1017/s026841600000401x.

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Abstract:
Entre les années 1920 et 1930 ce sont surtout les politiciens, les démographies et les économistes qui, en la Grande Bretagne, ont exprimé leurs soucis quant aux conséquences possibles du déclin de la natalité. L'article étudie essentiellement la crainte des effects du vieillissement de la population qui en résulteraient. Ces soucis culminèrent du milieu des années 1930 à la fin des années 1940, puis ils prirent une tournure plus optimiste grâce au plein-emploi de l'après-guerre succédant à la crise économique de l'avant-guerre. Les principales sources de l'époque sont les publications des plus importants protagonistes et les enquêtes officielles, semiofficielles et académiques.
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Louis, Marieke. "Le parent pauvre de la gouvernance économique mondiale ? L’OIT face aux crises de 1929 et de 2008." Le Mouvement Social 263, no. 2 (2018): 45. http://dx.doi.org/10.3917/lms.263.0045.

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Gaudreau, Guy, and Micheline Tremblay. "Technique de mise en pages, crise économique et journalisme d’opinion : Le Courrier de Saint-Hyacinthe de 1920 à 1938." Scientia Canadensis 36, no. 2 (October 22, 2014): 37–62. http://dx.doi.org/10.7202/1027021ar.

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Abstract:
Cet article, richement illustré, examine l’évolution de la technique de mise en pages du Courrier de Saint-Hyacinthe entre 1920 et 1938, en la comparant avec celle d’un journal concurrent, Le Clairon. Excluant l’analyse de contenu des articles, ce texte s’intéresse à la composition et à l’évolution de la une, à l’ordre et à l’emplacement des chroniques des pages intérieures, ainsi qu’aux facteurs ayant mené à leurs transformations. Outre la crise, qui pèse lourdement sur les finances des entreprises de presse, divers développements technologiques peuvent aussi influer sur l’évolution de la mise en page. L’utilisation faite de la photographie dans la composition du Courrier, le fait que celui-ci est un hebdomadaire plutôt qu’un quotidien, et sa vocation comme journal d’opinion laissent toutefois présager que les choix techniques dépendent de plusieurs facteurs qui ne sont pas que technologiques.
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Seillier, Laurent. "Crise et prospérité. La vie économique du port de Boulogne-sur-Mer entre les deux guerres, 1919-1938." Revue du Nord 72, no. 288 (1990): 1047–51. http://dx.doi.org/10.3406/rnord.1990.4605.

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Lamonde, Yvan. "La Relève (1934-1939)." Les Cahiers des dix, no. 62 (September 24, 2009): 153–94. http://dx.doi.org/10.7202/038124ar.

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Abstract:
La Relève porte son nom parce qu’au cœur de la Crise économique ET spirituelle des années 1930 elle a repensé deux composantes fondamentales de la vie du Canada français, la religion et le nationalisme. En élargissant le religieux au spirituel et en désolidarisant le christianisme de ses rapports aux pouvoirs, les rédacteurs de la revue ont conjugué la pensée de Maritain (surtout) et de Mounier en faisant comprendre que la primauté du spirituel et celle de l’esprit qui donne son nom à la revue fondée en 1932 constituent un seul et même programme. Au nationalisme traditionnel dont Maritain avait fait la critique au temps de la condamnation (1926) de L’Action française de Paris, La Relève oppose d’abord une conquête de soi et personnelle et une nation culturelle où la créativité symbolique est garante d’une véritable spécificité. La revue pose un question de fond : la catholicité peut-elle façonner quelque forme de modernité ?
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Béfort, Nicolas, and Martino Nieddu. "Bioéconomie : un retour historique sur deux problématisations de l’usage des ressources renouvelables." Natures Sciences Sociétés 28, no. 3-4 (July 2020): 216–25. http://dx.doi.org/10.1051/nss/2021011.

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Abstract:
La définition d’une bioéconomie fondée sur l’usage des ressources renouvelables passe aujourd’hui par un intense travail institutionnel de construction de « visions du futur ». Elles portent sur la problématisation des formes de l’industrie envisagée, de ses rapports au « reste du monde » et sur la régulation du changement. Elles sont des grands récits à vocation performative portant sur les promesses technico-économiques et la nécessité de participer à d’inévitables ruptures schumpétériennes. Une façon de les discuter est d’explorer dans l’Histoire des moments identiques. Nous en avons retenu deux : (1) Les années 1920-1930 aux États-Unis, où certains acteurs s’allient pour donner naissance à une chemurgy créant des produits industriels sur substrat agricole. (2) Les années 1976-1980, où la crise de la chimie à base de pétrole conduit à envisager un renouveau à partir d’une chimie des sucres.
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Saffroy, Fréderic. "Défense des bases navales et crises économiques : le Parlement au soutien de la Marine (1919-1931)." Revue d'histoire maritime, no. 22-23 (July 6, 2017): 213–31. https://doi.org/10.70551/vgoh5406.

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Bellavance, Claude, Normand Brouillette, and Pierre Lanthier. "Financement et industrie en Mauricie, 1900-1950." Revue d'histoire de l'Amérique française 40, no. 1 (August 20, 2008): 29–50. http://dx.doi.org/10.7202/304423ar.

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Abstract:
RÉSUMÉ Posant l'hypothèse que des changements dans le financement des grandes entreprises peuvent contribuer à la stagnation industrielle des régions périphériques ou semi-périphériques où elles se sont développées, les auteurs étudient l'évolution financière de trois groupes industriels qui ont exercé un rôle prédominant dans le développement de la Mauricie avant 1950. Après une brève présentation du contexte économique et technologique dans lequel s'inscrit l'essor industriel mauricien, ainsi que des causes déjà connues du plafonnement survenu à la fin des années cinquante, suit un examen détaillé des stratégies de financement de chacun des groupes. A l'analyse, surgissent des différences qui tiennent à la nature, à la taille et à la maturité des firmes. Au-delà de cette diversité, se dégage une similitude de politique selon les périodes considérées : ainsi, les liaisons personnelles entre les entrepreneurs et les investisseurs furent déterminantes initialement ; durant les années 1910 et 1920, les sources d'investissement se dépersonnalisèrent tant par l'augmentation du nombre d'actionnaires que par la présence accrue d'institutions financières ; la crise des années 1930, bloquant le financement extérieur, incita le recours à des pratiques amplifiant l'autonomie financière des firmes. Cette évolution n'est cependant pas étrangère au processus de maturation des sociétés qui apparaît en définitive comme un des facteurs décisifs de l'évolution industrielle de la Mauricie. Ce n'est donc qu'indirectement que les stratégies financières auront pu provoquer le blocage industriel de la région. Dans cette perspective, la méfiance, si elle existait, des milieux d'affaires canadiens à l'endroit de l'industrie, de même que les motivations de pouvoir des investisseurs prennent peu d'importance comme facteurs explicatifs.
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Tia, Lazare, and Dohouri Rose Dago. "Morcellement d’une aire protégée en agglomération urbaine : le cas du parc national du Banco (Côte d’Ivoire)." Cahiers de géographie du Québec 59, no. 168 (August 10, 2016): 349–76. http://dx.doi.org/10.7202/1037254ar.

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Abstract:
La volonté de préserver et de conserver les ressources forestières en leur état naturel est à l’origine de la création des parcs nationaux et réserves naturelles, en Côte d’Ivoire. Ce processus fut entamé avec le parc national (PN) du Banco, qui est passé du statut de station forestière, en 1926, à celui de parc national, en 1953. De par sa situation géographique, le PN du Banco est classé parmi les parcs urbains du monde. Ce riche patrimoine naturel est l’objet de dégradations et pollutions diverses. Les résultats d’une enquête exhaustive montrent que la conjugaison de plusieurs facteurs a contribué au morcellement du parc dans sa partie nord-est, connue comme le Triangle de Sagbé (52 ha). Parmi ces facteurs on note les fortes pressions démographique et foncière urbaine, ainsi que les crises socioéconomiques et politicomilitaires doublées d’une faiblesse institutionnelle. Au total, 1134 acteurs économiques informels s’y sont installés par vagues successives, de 1987 à 2013. La quasi totalité des exploitants (95,6 %) des sites du Triangle de Sagbé sont bien disposés à libérer les lieux, mais ils s’y maintiennent à la faveur de la passivité et de la réduction du rôle régalien de l’État dans la protection des aires protégées. Pour garantir une conservation durable du parc, des mesures coercitives de déguerpissement, la construction d’au moins 14,2 km de clôture et l’application du système de gestion participative sont nécessaires.
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Fontanel, Jacques. "Les États-Unis sanctuaire du capitalisme, un siècle de leadership américain en question." Paix et sécurité européenne et internationale Numéro 7 (July 22, 2017). http://dx.doi.org/10.61953/psei.979.

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Soumission à Epi-revel Les États-Unis ont obtenu le leadership sur l’économie de marché et le capitalisme à la fin de la Première guerre mondiale, laquelle accouchera, avec l’URSS, d’un système économique antagonique. Malgré la crise économique de 1929, la deuxième guerre mondiale va donner à Washington l’occasion de réorganiser l’économie mondiale et d’être le leader politique, économique, militaire et moral incontesté des pays développés occidentaux face à l’économie planifiée de l’Union Soviétique. Après l’effondrement de celle-ci, la période 1990-2014 va être marquée par le passage de l’hyperpuissance de la fin du XXe siècle à l’émergence de situations de crises économiques, politiques et morales mondiales favorisées par la spéculation financière, l’endettement international ou les débats sur le changement de climat, mais aussi soutenues par l’essor d’un terrorisme international contestataire des valeurs libérales et les conflits armés. Au moment où D. Trump s’installe à la Maison Blanche, le leadership de Washington est en question car plusieurs axes constitutifs de la puissance américaine, ne recueillent plus l’adhésion de ses alliés et le système économique globalisé conduit à l’essor de nouvelles inégalités qui deviennent des facteurs importants de contestation sociale et sociétale. The United States obtained the leadership on the market economy and capitalism at the end of the World War I, which will give birth, with the USSR, to an antagonistic economic system. In spite of the economic crisis of 1929, the World War II is going to give in Washington the opportunity to reorganize the global economy and to be the undisputed political, economic, military and moral leader of the western developed countries in the face of the planned economy of Soviet Union. After the collapse of this one, the period 1990-2014 is going to be marked by the passage of the hyperpower of the end of the XXth century in the emergence of world economic, political and moral crisis situations favored by the financial speculation, the international debts or the debates on climate change, but also supported by the rise of a confrontational international terrorism and armed conflicts. At the time D. Trump settled in the White House, the Washington leadership is in question because several constituent lines of American power, collecting less the support of its allies and the globalized economic system led to expansion new inequalities which become important in social protest and social factors. International audience
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Laval, Thibaud. "Les bouleversements de la vie économique de Najaf et leurs incidences sociales (1923-1958)." Les Cahiers d’EMAM 35 (2024). https://doi.org/10.4000/11uaq.

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En retraçant les principaux bouleversements de l’histoire économique de la ville sainte chiite de Najaf, en Irak, entre 1923 et 1958, cet article analyse leurs effets immédiats sur les développements sociaux et urbains de la ville et sur le déplacement de ses frontières visibles et invisibles. Parmi les principales crises économiques qui affectent Najaf figurent l’interruption du pèlerinage, la grande dépression de 1929, l’occupation britannique de l’Irak en 1941 ou encore des aléas climatiques. L’article se concentre notamment sur le développement de la surpopulation, du chômage, de la faim et de la criminalité à Najaf ainsi que les moyens employés par les autorités pour répondre à ces enjeux sociaux. Il s’agit notamment de montrer que l’expansion urbaine et la modernisation des infrastructures contribuent à transformer les pratiques sociales traditionnelles de cette cité sainte et modifient profondément ses frontières internes.
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Brouard, Joëlle. "Le monde du vin : un monde de crises ?" Les mondes du vin de Robert Tinlot, no. 12 (February 15, 2021). http://dx.doi.org/10.58335/territoiresduvin.1928.

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En 2005, face à une situation de crises : crise politique, crise syndicale, crise économique, crise de gouvernance, crise marketing et communicationnelle, Robert Tinlot est appelé à jouer le rôle de médiateur et de diplomate dans le vignoble de Cahors. Il réussit rapidement à remettre tout le monde autour de la table et à convaincre de la nécessité de mettre en place une nouvelle stratégie marketing. A partir de 2007, s’ouvre une nouvelle ère : celle de la stratégie Cahors Malbec. Cette stratégie, en phase avec les tendances mondiales de l’époque, a permis une évolution ou une révolution dans le vignoble. A travers le cas de Cahors, exemple d’une situation que de nombreux vignobles traversent, nous nous interrogerons sur les crises qui nourrissent l’évolution d’une appellation pouvant la faire grandir ou la fragiliser. Nous analyserons donc la stratégie de Cahors entre 2007 et 2017 dans le contexte général de l’évolution des marchés et des problématiques vigneronnes sur un niveau collectif mais aussi individuel. Par-delà le cas de Cahors, nous essayerons de poser les pistes de réflexions pouvant alimenter la stratégie actuelle d’un vignoble.
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Gagné, Natacha. "Anthropologie et histoire." Anthropen, 2017. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.060.

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Abstract:
On a longtemps vu l’histoire et l’anthropologie comme deux disciplines très distinctes n’ayant pas grand-chose en partage. Jusqu’au début du XXe siècle, l’histoire fut essentiellement celle des « civilisés », des Européens et donc des colonisateurs. Si les colonisés n’étaient pas complètement absents du tableau, ils étaient, au mieux, des participants mineurs. L’anthropologie, pour sa part, s’est instituée en ayant pour objet la compréhension des populations lointaines, les « petites sociétés », autochtones et colonisées, ces populations vues comme hors du temps et de l’histoire. Cette situation était le produit d’une division traditionnelle (Harkin 2010 : 114) – et coloniale (Naepels 2010 : 878) – du travail entre histoire et anthropologie. Celle-ci se prolongeait dans le choix des méthodes : les historiens travaillaient en archives alors que les anthropologues s’intéressaient aux témoignages oraux et donc, s’adonnaient à l’enquête de terrain. Les deux disciplines divergeaient également quant à la temporalité : « Pour l’histoire, (…) le temps est une sorte de matière première. Les actes s’inscrivent dans le temps, modifient les choses tout autant qu’ils les répètent. (…) Pour l’anthropologue, s’il n’y prend garde, le temps passe en arrière-plan, au profit d’une saisie des phénomènes en synchronie » (Bensa 2010 : 42). Ces distinctions ne sont plus aujourd’hui essentielles, en particulier pour « l’anthropologie historique », champ de recherche dont se revendiquent tant les historiens que les anthropologues, mais il n’en fut pas de tout temps ainsi. Après s’être d’abord intéressés à l’histoire des civilisations dans une perspective évolutionniste et spéculative, au tournant du siècle dernier, les pères de l’anthropologie, tant en France (Émile Durkheim, Marcel Mauss), aux États-Unis (Franz Boas), qu’en Angleterre (Bronislaw Malinowski, Alfred Radcliffe-Brown), prendront fermement leur distance avec cette histoire. Les questions de méthode, comme le développement de l’observation participante, et l’essor de concepts qui devinrent centraux à la discipline tels que « culture » et « fonction » furent déterminants pour sortir de l’idéologie évolutionniste en privilégiant la synchronie plutôt que la diachronie et les généalogies. On se détourna alors des faits uniques pour se concentrer sur ceux qui se répètent (Bensa 2010 : 43). On s’intéressa moins à l’accidentel, à l’individuel pour s’attacher au régulier, au social et au culturel. Sans être nécessairement antihistoriques, ces précepteurs furent largement ahistoriques (Evans-Pritchard 1962 : 172), une exception ayant été Franz Boas – et certains de ses étudiants, tels Robert Lowie ou Melville J. Herskovits – avec son intérêt pour les contacts culturels et les particularismes historiques. Du côté de l’histoire, on priorisait la politique, l’événement et les grands hommes, ce qui donnait lieu à des récits plutôt factuels et athéoriques (Krech 1991 : 349) basés sur les événements « vrais » et uniques qui se démarquaient de la vie « ordinaire ». Les premiers essais pour réformer l’histoire eurent lieu en France, du côté des historiens qui seront associés aux « Annales », un nom qui réfère à la fois à une revue scientifique fondée en 1929 par Marc Bloch et Lucien Febvre et à une École d’historiens français qui renouvela la façon de penser et d’écrire l’histoire, en particulier après la Seconde Guerre mondiale (Krech 1991; Schöttler 2010). L’anthropologie et la sociologie naissantes suscitèrent alors l’intérêt chez ce groupe d’historiens à cause de la variété de leurs domaines d’enquête, mais également par leur capacité à enrichir une histoire qui n’est plus conçue comme un tableau ou un simple inventaire. Les fondateurs de la nouvelle École française des Annales décrivent leur approche comme une « histoire totale », expression qui renvoie à l’idée de totalité développée par les durkheimiens, mais également à l’idée de synthèse du philosophe et historien Henry Berr (Schöttler 2010: 34-37). L’histoire fut dès lors envisagée comme une science sociale à part entière, s’intéressant aux tendances sociales qui orientent les singularités. L’ouvrage fondateur de Marc Bloch, Les rois thaumaturges (1983 [1924]), pose les jalons de ce dépassement du conjoncturel. Il utilise notamment la comparaison avec d’autres formes d’expériences humaines décrites notamment dans Le Rameau d’Or (1998 [1924; 1890 pour l’édition originale en anglais]) de James G. Frazer et explore le folklore européen pour dévoiler les arcanes religieux du pouvoir royal en France et en Angleterre (Bensa 2010; Goody 1997). Il s’agit alors de faire l’histoire des « mentalités », notion qui se rapproche de celle de « représentation collective » chère à Durkheim et Mauss (sur ce rapprochement entre les deux notions et la critique qui en a été faite, voir Lloyd 1994). Les travaux de la deuxième génération des historiens des Annales, marqués par la publication de l’ouvrage de Fernand Braudel La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II en 1949 et de son arrivée en 1956 à la direction de la revue, peuvent encore une fois mieux se comprendre dans l’horizon du dialogue avec l’anthropologie, d’une part, et avec les area studiesqui se développèrent aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, de l’autre (Braudel 1958). Le projet est de rapporter « la spécificité des acteurs singuliers, des dates et des événements à des considérations plus vastes sur la transformation lente des mœurs et des représentations. Le travail ne consiste pas seulement à capter au projet de l’histoire des rubriques chères à l’anthropologie, mais aussi à caractériser une époque [et une région] par sa façon de percevoir et de penser le monde » (Bensa 2010 : 46). Il s’agit alors de faire l’histoire des structures, des conjonctures et des mentalités (Schöttler 2010 : 38). Les travaux de cette deuxième génération des Annales s’inscrivent dans un vif débat avec l’anthropologie structuraliste de Claude Lévi-Strauss. Si tant Braudel que Lévi-Strauss voulaient considérer les choses de façon globale, Lévi-Strauss situait la globalité dans un temps des sociétés des origines, comme si tout s’était joué au départ et comme si l’histoire n’en serait qu’un développement insignifiant. Pour sa part, Braudel, qui s’intéressait à l’histoire sérielle et à la longue durée, situait plutôt la globalité dans un passé qui sert à comprendre le présent et, jusqu’à un certain point, à prévoir ce qui peut se passer dans le futur. Ce qui constitue le fond de leur opposition est que l’un s’intéresse à l’histoire immobile alors que l’autre s’intéresse à l’histoire de longue durée, soit l’histoire quasi immobile selon laquelle, derrière les apparences de la reproduction à l’identique, se produisent toujours des changements, même très minimes. Dans les deux cas, l’ « événementiel » ou ce qui se passe à la « surface » sont à l’opposé de leur intérêt pour la structure et la profondeur, même si ces dernières ne sont pas saisies de la même façon. Pour Braudel, la structure est pleinement dans l’histoire ; elle est réalité concrète et observable qui se décèle notamment dans les réseaux de relations, de marchandises et de capitaux qui se déploient dans l’espace et qui commandent les autres faits dans la longue durée (Dosse 1986 : 89). Les travaux de Braudel et son concept d’ « économie-monde » inspireront plusieurs anthropologues dont un Marshall Sahlins et un Jonathan Friedman à partir du tournant des années 1980. Pour Lévi-Strauss, la structure profonde, celle qui correspond aux enceintes mentales humaines, « ne s’assimile pas à la structure empirique, mais aux modèles construits à partir de celle-ci » (Dosse 1986 : 85). Elle est donc hors de l’histoire. Comme le rappelait François Hartog (2014 [2004] : 287), Lévi-Strauss a souvent dit « rien ne m’intéresse plus que l’histoire. Et depuis fort longtemps! » (1988 : 168; voir d’ailleurs notamment Lévi-Strauss 1958, 1983), tout en ajoutant « l’histoire mène à tout, mais à condition d’en sortir » (Lévi-Strauss 1962 : 348) ! Parallèlement à l’entreprise déhistoricisante de Lévi-Strauss, d’autres anthropologues insistent au contraire à la même époque sur l’importance de réinsérer les institutions étudiées dans le mouvement du temps. Ainsi, Edward E. Evans-Pritchard, dans sa célèbre conférence Marett de 1950 qui sera publiée en 1962 sous le titre « Anthropology and history », dénonce le fait que les généralisations en anthropologie autour des structures sociales, de la religion, de la parenté soient devenues tellement généralisées qu’elles perdent toute valeur. Il insiste sur la nécessité de faire ressortir le caractère unique de toute formation sociale. C’est pour cette raison qu’il souligne l’importance de l’histoire pour l’anthropologie, non pas comme succession d’événements, mais comme liens entre eux dans un contexte où on s’intéresse aux mouvements de masse et aux grands changements sociaux. En invitant notamment les anthropologues à faire un usage critique des sources documentaires et à une prise en considération des traditions orales pour comprendre le passé et donc la nature des institutions étudiées, Evans-Pritchard (1962 : 189) en appelle à une combinaison des points de vue historique et fonctionnaliste. Il faut s’intéresser à l’histoire pour éclairer le présent et comment les institutions en sont venues à être ce qu’elles sont. Les deux disciplines auraient donc été pour lui indissociables (Evans-Pritchard 1962 : 191). Au milieu du XXe siècle, d’autres anthropologues s’intéressaient aux changements sociaux et à une conception dynamique des situations sociales étudiées, ce qui entraîna un intérêt pour l’histoire, tels que ceux de l’École de Manchester, Max Gluckman (1940) en tête. En France, inspiré notamment par ce dernier, Georges Balandier (1951) insista sur la nécessité de penser dans une perspective historique les situations sociales rencontrées par les anthropologues, ce qui inaugura l’étude des situations coloniales puis postcoloniales, mais aussi de l’urbanisation et du développement. Cette importance accordée à l’histoire se retrouva chez les anthropologues africanistes de la génération suivante tels que Jean Bazin, Michel Izard et Emmanuel Terray (Naepels 2010 : 876). Le dialogue entre anthropologie et histoire s’est développé vers la même époque aux États-Unis. Après le passage de l’Indian Claims Commission Act en 1946, qui établit une commission chargée d’examiner les revendications à l’encontre de l’État américain en vue de compensations financières pour des territoires perdus par les nations autochtones à la suite de la violation de traités fédéraux, on assista au développement d’un nouveau champ de recherche, l’ethnohistoire, qui se dota d’une revue en 1954, Ethnohistory. Ce nouveau champ fut surtout investi par des anthropologues qui se familiarisèrent avec les techniques de l’historiographie. La recherche, du moins à ses débuts, avait une orientation empirique et pragmatique puisque les chercheurs étaient amenés à témoigner au tribunal pour ou contre les revendications autochtones (Harkin 2010). Les ethnohistoriens apprirent d’ailleurs à ce moment à travailler pour et avec les autochtones. Les recherches visaient une compréhension plus juste et plus holiste de l’histoire des peuples autochtones et des changements dont ils firent l’expérience. Elles ne manquèrent cependant pas de provoquer un certain scepticisme parmi les anthropologues « de terrain » pour qui rien ne valait la réalité du contact et les sources orales et pour qui les archives, parce qu’étant celles du colonisateur, étaient truffées de mensonges et d’incompréhensions (Trigger 1982 : 5). Ce scepticisme s’estompa à mesure que l’on prit conscience de l’importance d’une compréhension du contexte historique et de l’histoire coloniale plus générale pour pouvoir faire sens des données ethnologiques et archéologiques. L’ethnohistoire a particulièrement fleuri en Amérique du Nord, mais très peu en Europe (Harkin 2010; Trigger 1982). On retrouve une tradition importante d’ethnohistoriens au Québec, qu’on pense aux Bruce Trigger, Toby Morantz, Rémi Savard, François Trudel, Sylvie Vincent. L’idée est de combiner des données d’archives et des données archéologiques avec l’abondante ethnographie. Il s’agit également de prendre au sérieux l’histoire ou la tradition orale et de confronter les analyses historiques à l’interprétation qu’ont les acteurs de l’histoire coloniale et de son impact sur leurs vies. La perspective se fit de plus en plus émique au fil du temps, une attention de plus en plus grande étant portée aux sujets. Le champ de recherche attira graduellement plus d’historiens. La fin des années 1960 fut le moment de la grande rencontre entre l’anthropologie et l’histoire avec la naissance, en France, de l’« anthropologie historique » ou « nouvelle histoire » et, aux États-Unis, de la « New Cutural History ». L’attention passa des structures et des processus aux cultures et aux expériences de vie des gens ordinaires. La troisième génération des Annales fut au cœur de ce rapprochement : tout en prenant ses distances avec la « religion structuraliste » (Burguière 1999), la fascination pour l’anthropologie était toujours présente, produisant un déplacement d’une histoire économique et démographique vers une histoire culturelle et ethnographique. Burguière (1999) décrivait cette histoire comme celle des comportements et des habitudes, marquant un retour au concept de « mentalité » de Bloch. Les inspirations pour élargir le champ des problèmes posés furent multiples, en particulier dans les champs de l’anthropologie de l’imaginaire et de l’idéologique, de la parenté et des mythes (pensons aux travaux de Louis Dumont et de Maurice Godelier, de Claude Lévi-Strauss et de Françoise Héritier). Quant à la méthode, la description dense mise en avant par Clifford Geertz (1973), la microhistoire dans les traces de Carlo Ginzburg (1983) et l’histoire comparée des cultures sous l’influence de Jack Goody (1979 [1977]) permirent un retour de l’événement et du sujet, une attention aux détails qui rejoignit celle qu’y accordait l’ethnographie, une conception plus dynamique des rapports sociaux et une réinterrogation des généralisations sur le long terme (Bensa 2010 : 49 ; Schmitt 2008). Aux États-Unis, la « New Culturel History » qui s’inscrit dans les mêmes tendances inclut les travaux d’historiens comme Robert Darnon, Natalie Zemon Davis, Dominick La Capra (Iggers 1997; Krech 1991; Harkin 2010). L’association de l’histoire et de l’anthropologie est souvent vue comme ayant été pratiquée de manière exemplaire par Nathan Wachtel, historien au sens plein du terme, mais également formé à l’anthropologie, ayant suivi les séminaires de Claude Lévi-Strauss et de Maurice Godelier (Poloni-Simard et Bernand 2014 : 7). Son ouvrage La Vision des vaincus : les Indiens du Pérou devant la Conquête espagnole 1530-1570 qui parut en 1971 est le résultat d’un va-et-vient entre passé et présent, la combinaison d’un travail en archives avec des matériaux peu exploités jusque-là, comme les archives des juges de l’Inquisition et les archives administratives coloniales, et de l’enquête de terrain ethnographique. Cet ouvrage met particulièrement en valeur la capacité d’agir des Autochtones dans leur rapport avec les institutions et la culture du colonisateur. Pour se faire, il appliqua la méthode régressive mise en avant par Marc Bloch, laquelle consiste à « lire l’histoire à rebours », c’est-à-dire à « aller du mieux au moins bien connu » (Bloch 1931 : XII). Du côté des anthropologues, l’anthropologie historique est un champ de recherche en effervescence depuis les années 1980 (voir Goody 1997 et Naepels 2010 pour une recension des principaux travaux). Ce renouveau prit son essor notamment en réponse aux critiques à propos de l’essentialisme, du culturalisme, du primitivisme et de l’ahistoricisme (voir Fabian 2006 [1983]; Thomas 1989; Douglas 1998) de la discipline anthropologique aux prises avec une « crise de la représentation » (Said 1989) dans un contexte plus large de décolonisation qui l’engagea dans un « tournant réflexif » (Geertz 1973; Clifford et Marcus 1986; Fisher et Marcus 1986). Certains se tournèrent vers l’histoire en quête de nouvelles avenues de recherche pour renouveler la connaissance acquise par l’ethnographie en s’intéressant, d’un point de vue historique, aux dynamiques sociales internes, aux régimes d’historicité et aux formes sociales de la mémoire propres aux groupes auprès desquels ils travaillaient (Naepels 2010 : 877). Les anthropologues océanistes participèrent grandement à ce renouveau en discutant de la nécessité et des possibilités d’une anthropologie historiquement située (Biersack 1991; Barofsky 2000; Merle et Naepels 2003) et par la publication de plusieurs monographies portant en particulier sur la période des premiers contacts entre sociétés autochtones et Européens et les débuts de la période coloniale (entre autres, Dening 1980; Sahlins 1981, 1985; Valeri 1985; Thomas 1990). L’ouvrage maintenant classique de Marshall Sahlins, Islands of History (1985), suscita des débats vigoureux qui marquèrent l’histoire de la discipline anthropologique à propos du relativisme en anthropologie, de l’anthropologie comme acteur historique, de l’autorité ethnographique, de la critique des sources archivistiques, des conflits d’interprétation et du traitement de la capacité d’agir des populations autochtones au moment des premiers contacts avec les Européens et, plus largement, dans l’histoire (pour une synthèse, voir Kuper 2000). Pour ce qui est de la situation coloniale, le 50e anniversaire de la publication du texte fondateur de Balandier de 1951, au début des années 2000, fut l’occasion de rétablir, approfondir et, dans certains cas, renouveler le dialogue non seulement entre anthropologues et historiens, mais également, entre chercheurs français et américains. Les nouvelles études coloniales qui sont en plein essor invitent à une analyse méticuleuse des situations coloniales d’un point de vue local de façon à en révéler les complexités concrètes. On y insiste aussi sur l’importance de questionner les dichotomies strictes et souvent artificielles entre colonisateur et colonisé, Occident et Orient, Nord et Sud. Une attention est aussi portée aux convergences d’un théâtre colonial à un autre, ce qui donne une nouvelle impulsion aux analyses comparatives des colonisations (Sibeud 2004: 94) ainsi qu’au besoin de varier les échelles d’analyse en établissant des distinctions entre les dimensions coloniale et impériale (Bayart et Bertrand 2006; Cooper et Stoler 1997; Singaravélou 2013; Stoler, McGranahn et Perdue 2007) et en insérant les histoires locales dans les processus de globalisation, notamment économique et financière, comme l’ont par exemple pratiqué les anthropologues Jean et John Comaroff (2010) sur leur terrain sud-africain. Ce « jeu d’échelles », représente un défi important puisqu’il force les analystes à constamment franchir les divisions persistantes entre aires culturelles (Sibeud 2004: 95). Ce renouveau a également stimulé une réflexion déjà amorcée sur l’usage des archives coloniales ainsi que sur le contexte de production et de conservation d’une archive (Naepels 2011; Stoler 2009), mais également sur les legs coloniaux dans les mondes actuels (Bayart et Bertrand 2006; De l’Estoile 2008; Stoler 2016)
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Goodale, Mark. "Droits humains." Anthropen, 2019. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.093.

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Abstract:
En tant que sous-domaine émergeant de l'anthropologie sociale et culturelle, l'anthropologie des droits humains a contribué à la théorie et à la méthodologie de diverses manières. Il a également apporté des contributions en dehors de la discipline puisque les juristes internationaux, les responsables politiques et les représentants du gouvernement se réfèrent à l'anthropologie des droits humains comme source d'informations et d'idées au sujet des droits humains dans les documents politiques, les rapports aux agences gouvernementales et dans les principaux discours publics (voir par ex. Higgins 2012, 2013). Culture En tant que catégorie d'organisation de la différence, la culture était dès le départ problématique pour les droits humains. Dans sa Déclaration sur les droits de l'homme de 1947, Melville Herskovits craignait que la diversité et la richesse culturelles ne soient incompatibles avec les droits humains, en affirmant des modèles transculturels de croyances et de pratiques normatives contredisant les preuves anthropologiques et en menaçant d'ignorer la culture au sein de l'économie politique de l'ordre de l’après-guerre. En dépit de ces préoccupations, la diversité culturelle n'a pas été affectée par la promulgation de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948. Ceci, en grande partie, est dû à l'influence plus large des droits humains, sans parler de la transformation globale imaginée par Herskovits, qui a immédiatement été bloquée par la Guerre froide. Même Eleanor Roosevelt a reconnu que le projet des droits humains prendrait des années, voire des décennies, et que les modèles culturels ne commenceraient à changer que lorsque ce qu'elle appelait une «vigne curieuse» prendra racine puis se répandra dans des lieux où « les gouvernements ne l’attendent pas » (cité dans Korey 1998). Au moment où ce genre de changement à grande échelle a commencé, les anthropologues des droits humains ont observé que l'impact sur la culture défiait la dichotomie entre particularisme et universalisme et que la culture elle-même facilitait la transnationalisation des normes des droits humains. Dans le volume novateur Culture and Rights (« Culture et Droits ») (2001), les anthropologues qui se sont penchés sur une décennie de recherche ethnographique après la fin de la Guerre froide ont remarqué deux phénomènes clés à l'œuvre. Dans la première, les pratiques culturelles et les modes de compréhension normatifs existants ont servi de mécanismes à ce que Sally Engle Merry (2006a) décrira plus tard comme la «vernacularisation», à savoir l’application de normes internationales des droits humains de plus en plus hégémoniques dans des formes de pratique éthique et politique ancrées dans le particulier. Et dans la seconde, les spécialistes de Culture et Droits ont décrit et théorisé l'émergence d'une culture transnationale des droits humains. Ici, un compte rendu anthropologique de la culture s'est avéré utile pour comprendre la formation de nouvelles catégories d'action collective au sein des agences internationales, des ONG transnationales et des mouvements politiques et sociaux façonnés par les logiques des droits humains. Dans les deux cas, l'utilisation par les anthropologues du concept de culture pour comprendre la pratique des droits humains a évolué à contre-courant de la théorie anthropologique et sociale, sceptique sur l'utilité analytique de la culture face à l'hybridation supposée de la mondialisation. Pouvoir Les droits humains, comme Burke aurait pu le dire, agissant à travers les gens, c'est du pouvoir; et «les gens prévenants, avant qu'ils ne se déclarent, observeront l'usage qui est fait du pouvoir; et surtout d'éprouver quelque chose comme l’exercice d’un nouveau pouvoir sur des personnes nouvelles, dont les principes, les colères et les dispositions ont peu ou pas d'expérience »(Burke 1919 [1790]: 7, souligné par l’auteur). Les anthropologues des droits humains ont été très attentifs à un autre problème initialement identifié par Herskovits: la manière dont un projet global de droits humains crée des tensions accrues au sein des conflits d’intérêts existants en éliminant toutes formes alternatives de changement social et de résolution des conflits. Bien sûr, du point de vue des défenseurs des droits humains, c'est un pouvoir exercé pour le bien; en effet, comme l'expriment avec force les traités internationaux comme la CEDAW, le projet des droits humains d'après-guerre exige le changement, le remplacement, voire la suppression des modes de pratique culturelle qui restent inexplicables et donc illégitimes. Comme le stipule l'article 5 souvent cité par le CEDAW, les États parties à la charte internationale des droits des femmes doivent «modifier les comportements sociaux et culturels des hommes et des femmes en vue d'éliminer les préjugés et autres pratiques coutumières» qui sont basées sur les théories locales de l'inégalité de genre. Mais, comme l'ont montré les anthropologues, les droits humains tendent souvent à mettre entre guillemets et à marginaliser les autres logiques culturelles de justice sociale, de développement, de transformation des conflits et d'éthique publique. Et cette extension du pouvoir peut avoir des conséquences inattendues. L'un des exemples les plus complets de la façon dont les anthropologues ont exploré les implications du pouvoir imprévisible des droits humains est l'ethnographie du développement de Harri Englund (2006) au Malawi. Comme il l'explique, le concept des droits humains a été officiellement traduit dans la langue locale avec une phrase qui signifiait «la liberté avec laquelle on est né» (2006: 51). Au fil du temps, les gens ont mis l'accent sur la liberté de contester les normes culturelles existantes en matière de mode, d'obéissance dans les écoles publiques et de comportement sexuel, plutôt que sur les conditions structurelles économiques et politiques qui renforçaient un héritage d'inégalité et de corruption publique. Le résultat, selon Englund, fut que les Malawiens finissaient par être «privés de la traduction». Le discours sur les droits humains a saturé tous les aspects de la vie publique au Malawi, comme le voulaient les fonctionnaires et les travailleurs humanitaires transnationaux. Mais puisque les droits humains étaient mal traduits dans une langue vernaculaire locale, ils ont été transformés au point d'être méconnaissables, ce qui a empêché leur utilisation comme langage d'un changement social pourtant nécessaire. Épistémologie Quand Herskovits affirmait que l'anthropologie n'était pas capable de faire des affirmations définitives sur les droits humains universels parce qu'elle était une «science de l'humanité» et ne s'intéressait donc qu'aux questions empiriques du comportement humain exprimées par des «modèles de culture», il ne pouvait prévoir les innovations épistémologiques dans la discipline qui élargiraient ses objets de connaissance et transformeraient ses domaines d'investigation. Cela ne veut toutefois pas dire que, dans les décennies qui ont suivi, les anthropologues ont écarté les premiers arguments de Herskovits pour confronter les problèmes ontologiques et philosophiques fondamentaux qui restaient essentiels aux droits humains. Une grande partie du travail intellectuel consacré aux droits humains restait dans des sphères telles que les études juridiques critiques, la théorie politique et la philosophie morale. Au contraire, les anthropologues ont utilisé la recherche ethnographique pour étayer de manière subversive l'élargissement des bases sur lesquelles les questions fondamentales morales et théoriques des droits humains pouvaient être posées et résolues. Ceci, à son tour, a eu des implications importantes pour l'épistémologie des droits humains, en particulier dans l'après-Guerre froide, lorsque le discours sur les droits humains s'est de plus en plus intégré dans les pratiques juridiques, politiques et sociales. Les anthropologues ont très tôt observé que les idées sur les droits humains étaient fondamentales dans leur mise en pratique. Les acteurs sociaux, souvent pris dans des moments de crise ou de dislocation, n'ont jamais été capables d'exploiter simplement les droits humains ou de corrompre leurs imaginaires de justice comme s'il s'agissait d'une boîte à outils normative attendant d'être ouverte. Au lieu de cela, les logiques de défense des droits humains exigeaient autant de considération de soi que de changement social; les gens étaient invités, encouragés, obligés de se repenser en tant que citoyens d'un univers moral différent. La théorisation éthique en termes de cet univers moral souvent radicalement différent est devenue une forme distincte de pratique sociale et l'anthropologue est devenu à la fois témoin et participant de cette transformation dans le cadre de la rencontre ethnographique (voir Goodale 2006). Ce qui en résulta fut un enregistrement ethnographique de modèles de droits humains innovants et potentiellement transformateurs, profondément ancrés dans les circonstances de leur création. Le meilleur exemple que nous ayons d'un compte rendu local des droits humains parfaitement articulé est l'ethnographie de Shannon Speed ??sur les conséquences de la rébellion zapatiste au Chiapas (2007). Pendant et après la violence, des organisations internationales et transnationales de défense des droits humains ont envahi la région du Chiapas. Ceux qui défendent les droits des peuples autochtones en tant que droits humains ont été particulièrement influents dans la façon dont la résistance zapatiste s’est exprimée. Les leaders politiques indigènes ont formé des «conseils de bonne gouvernance» dans lesquels les idées sur les droits humains ont été longuement débattues, remaniées et ensuite utilisées pour représenter les valeurs morales zapatistes en tant qu'action politique zapatiste enracinée. Plaidoyer transnational Les réseaux transnationaux des droits humains qui ont émergé après la fin de la Guerre froide ont fait ce qu'Eleanor Roosevelt attendait d'eux: ils ont défié la souveraineté de l'Etat et ont permis de créer de nouvelles sphères publiques à la fois translocales et ancrées dans les sites de contestation intime. Des chercheurs comme Annelise Riles (2000) ont étudié ces réseaux de l'intérieur et ont contribué à la compréhension plus large des assemblages mondiaux qui modifiaient l'ontologie des relations sociales à une époque de transformation économique géopolitique et mondiale. Mais les anthropologues ont également montré à quel point les réseaux de défense des droits humains sont façonnés par les économies politiques des conflits locaux de manière à changer leur valence normative et à les rendre incapables de remplir leur mandat plus large de changement social et de transformation morale. Par exemple, l'ethnographie de longue durée de Winifred Tate (2007) du conflit historique entre l'État colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) montre comment les défenseurs des droits humains luttent pour traduire la langue et les logiques morales des droits humains universels en une catégorie instrumentale de l'action pouvant répondre aux défis du traumatisme historique, des récits multiples et ambigus de la culpabilité pour les atrocités commises, de l'héritage de la violence structurelle, et des modèles durables d'inégalité économique ayant des racines dans la période coloniale. Et l'étude de Sally Engle Merry (2006b) sur les institutions qui surveillent la conformité nationale à la CEDAW illustre en détail la façon dont les défenseurs des droits humains doivent eux-mêmes naviguer entre des cultures multiples de défense et de résistance. Les représentants des ministères nationaux des droits humains se trouvent souvent obligés de défendre à la fois le respect d'un traité international des droits humains et l'intégrité et la légitimité des pratiques culturelles qui semblent violer ce même traité. Néanmoins, ces dichotomies n'annulent pas la portée du droit international des droits humains dans les conflits nationaux et locaux. Au contraire, comme le souligne Merry, elles reflètent la façon dont la pratique des droits humains crée ses propres catégories d'identités et de pouvoirs contestés avec des implications incertaines pour la défense transnationale des droits humains et la promotion du patrimoine national(-iste). Critique et engagement Enfin, l'anthropologie des droits humains, peut-être plus que d'autres orientations académiques s’intéressant aux droits humains, se heurte avec difficultés au dilemme de développer un compte rendu rigoureux et ethnographique des droits humains qui soit à la fois critique et éthiquement conforme aux conditions de vulnérabilité qui mènent aux abus et à l’exploitation. Cette tension s'est exprimée de différentes manières pour chaque anthropologue. Certains (comme Winifred Tate et Shannon Speed, par exemple) ont commencé leur carrière en tant qu'activistes des droits humains avant de faire de la recherche et de mener une réflexion ethnographique sur les processus sociaux et politiques pour lesquels ils s’étaient engagés. Mais la tension entre la critique et l'engagement, le scepticisme et le plaidoyer, et la résistance et l'engagement, n'est pas seulement un défi pour les anthropologues des droits humains. Comme l'a démontré la recherche ethnographique, c'est un fait social et moral fondamental pour la pratique des droits humains elle-même. Ceci en partie parce que la théorie de la pratique sociale et du changement politique que propose les droits humains exige une forme d'autoréflexion et d'auto-constitution destinée à semer le doute sur les pratiques culturelles existantes, sur les théories populaires de l’individu, et sur les hiérarchies du pouvoir. Pourtant, la transition de l'ancien à l’actuel devenu tout à coup illégitime au nouveau et maintenant soudainement authentique est lourde de dérapage moral et de conséquences imprévues. Un exemple récent d'ethnographie de la pratique des droits humains est l'étude de Lori Allen (2013), portant sur le rôle du discours sur les droits humains dans la politique de résistance palestinienne à l'occupation israélienne de la Cisjordanie. Bien que le langage des droits humains ait été utilisé dès la fin des années 1970 en Palestine comme stratégie rhétorique populaire pour défendre les victimes de l'occupation auprès d'une audience internationale, un cercle professionnel d'activistes et d'ONG finit par restreindre l'utilisation des droits humains dans des espaces sociaux et politiques étroitement contrôlés. Dans le même temps, l'ensemble des griefs palestiniens sont restés sans réponse pendant des décennies, comme la violation des droits humains continuelle, l'incapacité à obtenir l'indépendance politique et à influencer favorablement l'opinion politique en Israël. Le résultat fut que les Palestiniens en vinrent à considérer les droits humains avec cynisme et même suspicion. Mais plutôt que de rejeter entièrement les droits humains, ils ont formulé une critique organique des droits humains dans un discours critique et émancipateur plus large promouvant l'autonomie palestinienne, l'anti-impérialisme et l’activisme associatif (par opposition à l'interventionnisme). Après des décennies d'engagement pour les droits humains dans l'histoire de la lutte palestinienne contre l'occupation, les militants ont pu s'approprier ou rejeter les logiques et les attentes des droits humains avec un haut degré de conscience contextuelle et de réalisme politique. Orientations futures L'anthropologie des droits humains est maintenant bien établie en tant que domaine de recherche distinct et source de théorie anthropologique. Sur le plan institutionnel, les universitaires et les étudiants diplômés qui travaillent dans le domaine de l'anthropologie des droits humains viennent généralement, mais pas exclusivement, des rangs de l'anthropologie juridique et politique. Parce que les droits humains sont devenus un mode de plus en plus omniprésent du monde contemporain, les anthropologues rencontrent des traces de cette influence à travers un large éventail de pratiques culturelles, de mouvements politiques et de projets moraux. Cela ne veut cependant pas dire que le statut des droits humains n'est pas contesté, bien au contraire. Alors que la période liminaire de l'après-Guerre froide cède la place à la redifférenciation culturelle, à l'établissement de nouvelles hiérarchies et au rétrécissement des espaces d'expérimentation politique et sociale, les droits humains continueront à bousculer les formes alternatives de pratiques morales et de constitution personnelle et collective. Alors que le projet des droits humains d'après-guerre mûrit en se transformant en processus presque banal de réforme constitutionnelle, de bonne gouvernance et de restructuration économique néo-libérale, son potentiel de catalyseur de transformation radicale et de bouleversement moral diminuera probablement. L'anthropologie des droits humains deviendra moins l'étude d'un discours politique et moral à une époque de transition souvent vertigineuse et de possibilités apparemment illimitées, que celle d'un universalisme séculaire contemporain établi parmi une foule de perspectives concurrentes.
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Fassin, Didier. "Châtiment." Anthropen, 2019. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.103.

Full text
Abstract:
Le châtiment est généralement considéré comme la réponse à une violation des lois ou des normes. Plus spécifiquement, dans le langage juridique, on parle de peine. On se réfère alors à la définition qui en a été donnée par le philosophe du droit britannique H. L. A. Hart (1959), selon lequel il s’agit de l’infliction d’une souffrance ou d’un équivalent à l’auteur réel ou supposé d’une infraction à l’encontre des règles légales, la décision et l’exécution en revenant à des êtres humains autres que le contrevenant qui agissent dans le cadre d’une autorité instituée. Ces cinq critères sont typiquement présents lorsqu’une personne accusée d’un crime ou d’un délit est jugée par un tribunal et, au terme du procès, se voit condamnée à une sanction telle qu’un emprisonnement. Cette situation est celle qu’étudie David Garland (1990). Deux faits méritent toutefois d’être relevés à propos de cette définition. D’une part, elle produit implicitement une légitimation du châtiment, qui est à la fois morale, puisqu’il punit l’auteur d’une infraction, et légale, puisqu’il procède d’une pure application de la loi. D’autre part, elle suppose un travail de normalisation et une forme de publicité, excluant notamment les punitions dans le cadre familial ou scolaire. Face à cette lecture normative, l’anthropologue s’interroge : qu’en est-il dans les faits ? Comme l’a établi Bronislaw Malinowski (1926) dans le cas des sociétés qu’on appelait alors primitives, ce déplacement ethnographique a une fonction critique, dans la mesure où il soulève des questions qui vont à l’encontre du sens commun et dévoilent des faits inattendus. Il convient d’abord de se demander avec Nietzsche (1993 [1887]) dans une perspective généalogique comment il se fait qu’une équivalence soit ainsi établie entre la commission d’une infraction et l’infliction d’une souffrance. Cette interrogation conduit à une autre : en a-t-il été ainsi toujours et partout ? Le philologue s’avère ici d’un certain secours, puisqu’Émile Benveniste (1969) note que le verbe punir provient du latin pœna et du grec poin?, lequel correspond à la dette que l’on doit payer pour réparer un crime, la connotation doloriste du mot n’étant apparue que dans le latin tardif. Au départ, donc, la réponse à l’infraction commise procédait d’une logique de réparation. Il fallait indemniser la violation de la loi ou de la norme par un paiement, par exemple à la famille de la victime s’il s’agissait de violence ou de meurtre. Les études historiques confirment que tel était bien le cas dans les sociétés anciennes, et Georg Simmel (1997 [1907]) montre notamment que, dans l’Angleterre anglo-saxonne, le montant de la somme due pour la compensation d’un meurtre, appelée wergeld, était établi en fonction du statut de la personne tuée et que le châtiment dans ces cas est intervenu tardivement. Les données ethnologiques vont dans le même sens, et par exemple l’enquête conduite par Kalervo Oberg (1934) parmi les Tlingit d’Alaska révèle que le meurtre du membre d’un clan était réparé par la mise à mort d’un membre du clan de l’auteur du crime de rang égal, cette réparation se réduisant toutefois à une simple somme d’argent lorsque la victime était de statut inférieur. Quand cette logique de la dette et de sa restitution s’est-elle éteinte ? Dans le monde occidental, le fait essentiel a été le passage de l’ancien droit germanique au droit romain et de la réparation à la peine. Comme l’analyse Michel Foucault (2015 [1971]), cette évolution s’est faite en France sous la double influence de la Royauté, qui affaiblit ainsi les structures féodales, et de l’Église, qui introduit les notions de péché et de pénitence. Dans les sociétés précoloniales, c’est précisément la colonisation qui introduit ce changement, et Leopold Pospisil (1981) raconte la douloureuse rencontre des deux mondes dans le cas des Kapauku de Papouasie-Nouvelle Guinée, brutalement passés d’une situation où le paiement de dommages réparait une transgression de la norme à un paradigme juridique dans lequel l’emprisonnement était la réponse à la violation de la loi. L’imposition de cette sanction, qui n’était pas comprise par des populations dont la liberté était vue comme un bien supérieur, a donné lieu à des suicides et des révoltes. Un élément essentiel de cette transformation de la signification du châtiment, relevé par E. E. Evans-Pritchard (1972 [1937]), est son individualisation. Dans les sociétés sous le régime de la réparation, le collectif, qu’il s’agisse de la famille ou du clan, doit répondre de l’acte commis. Dans les sociétés sous le régime de la peine, c’est l’individu qui doit en rendre compte. Au principe d’échange entre des groupes se substitue un principe de responsabilité de la personne. D’une manière générale, on peut donc dire, au regard de cette analyse généalogique, que l’évolution s’est opérée, dans le long terme, d’une économie de la dette à une morale de la souffrance. Pour autant, la première n’a pas totalement disparu au bénéfice de la seconde. Il en existe de nombreuses illustrations contemporaines, dont la plus manifeste concerne le monde musulman. En effet, selon la loi islamique, pour autant qu’un crime n’ait pas été commis contre Dieu, le juge propose à la famille de la victime une alternative : soit la qisas, châtiment imposé sur la base de la loi du talion, impliquant donc la mort en cas de meurtre ; soit la diyya, réparation par une somme d’argent déterminée par le magistrat. Comme le montre Arzoo Osanloo (2012) à propos de l’Iran contemporain, la seconde formule est bien plus souvent utilisée que la première, mais le juge ajoute souvent au paiement du dommage une peine d’emprisonnement. Au regard de l’évolution qui vient d’être décrite, une autre question se pose, dont John Rawls (1955) souligne combien elle est débattue : comment justifie-t-on l’infliction d’une souffrance ? La philosophie morale et le droit ont en effet une double réponse. La première, utilitariste, dans la suite de Jeremy Bentham (2011 [1780]), pose que la souffrance de l’auteur d’un crime ne se justifie que pour autant qu’elle augmente le bonheur dans la société, autrement dit, qu’elle diminue la criminalité. Ce peut être par effet de neutralisation (l’exécution, l’emprisonnement, l’exil), dissuasion (pour l’individu et la collectivité) et réhabilitation (par la réforme morale ou la réinsertion sociale). La seconde, rétributiviste, héritière d’Emmanuel Kant (2011 [1795]), affirme que la souffrance ne se justifie qu’en tant qu’elle expie l’acte répréhensible commis, indépendamment de toute conséquence sociale, positive ou négative. La peine ainsi infligée doit en principe être équivalente de la violation de la loi ou de la norme (allant donc jusqu’à l’exécution en cas de meurtre). Le tournant punitif des dernières décennies dans la plupart des pays manifeste un glissement de la première justification vers la seconde. Ces deux théories, qui ont donné lieu, au cours des deux derniers siècles à une considérable littérature visant à contester ou affiner l’une ou l’autre, énoncent ce qui devrait justifier le châtiment, mais est-ce bien ainsi que les choses se passent dans le monde réel ? Rien n’est moins sûr, et nombre de travaux de sciences sociales le montrent. On peut trouver une justification au châtiment d’une personne, même possiblement innocente, pour faire un exemple, pour humilier un adversaire, pour pacifier un mécontentement populaire, pour satisfaire le désir de vengeance des proches d’une victime, pour instituer un ordre social inégal fondé sur la peur, pour simplifier des procédures judiciaires grâce au plaider coupable, et pour bien d’autres raisons encore. Mais quand bien même on a énuméré ces justifications rationnelles, on n’a pas épuisé les fondements de l’acte de punir car il demeure une forme de jouissance dans l’administration de la souffrance, qu’en paraphrasant Georges Bataille (1949), on peut appeler la part maudite du châtiment. Cette dimension affective se manifeste à travers les gestes de cruauté constatés dans les métiers de la répression et les excès de tourment habituels dans les institutions carcérales qui, comme l’analyse Everett Hughes (1962), ne sont pas seulement le fait d’individus ou même de professions. C’est la société qui leur délègue ce qu’elle considère comme ses basses œuvres, sans guère chercher à les réguler ou à en sanctionner les abus. On se souvient que Claude Lévi-Strauss (1955) établissait un parallèle entre l’anthropophagie, qui semble une pratique barbare aux yeux des Occidentaux, et les formes contemporaines du châtiment, notamment la prison, qui paraîtraient tout aussi choquantes aux Amérindiens. Comment expliquer que le châtiment tel qu’il existe dans les sociétés modernes non seulement se maintienne mais plus encore se développe considérablement ? Pour répondre à cette question, il faut probablement prendre en considération une dimension à laquelle la philosophie morale et le droit ont rarement prêté attention : c’est la manière dont le châtiment est réparti dans la société. Les théories normatives supposent en effet que l’on punisse de façon juste, ce qui implique à la fois que plus une infraction est grave et plus elle est lourdement sanctionnée et que pour une même infraction deux individus soient également sanctionnés. Est-ce le cas ? Les travaux menés par des chercheurs, à l’instar de Bruce Western (2006), sur la distribution du châtiment dans la société révèlent que les classes populaires et les minorités ethnoraciales sont très surreprésentées dans les prisons et plus largement dans l’ensemble de l’appareil punitif. Est-ce parce que leurs membres commettent plus de violations de la loi ou que ces violations sont plus graves ? Les études montrent que la sévérité du système pénal, depuis le niveau législatif de fabrication des lois jusqu’au niveau judiciaire de leur application, n’est pas principalement lié aux conséquences néfastes des actes commis mais tient à des choix opérés en fonction de ceux qui les commettent. Ainsi le vol à la tire est-il souvent plus durement réprimé que l’abus de biens sociaux et, plus généralement, la petite délinquance que la criminalité financière, même lorsque cette dernière a des effets désastreux en termes de paupérisation et de surmortalité des segments les plus fragiles de la société. Ce qui conduit Émile Durkheim (1996 [1893]) à inverser la définition habituelle du châtiment, en affirmant qu’on ne condamne pas un acte parce qu’il est criminel, mais qu’il est criminel parce qu’on le condamne. À quoi sert donc le châtiment si ce qui détermine sa sévérité est moins la gravité de l’acte que les caractéristiques sociales de son auteur ? En prolongeant la réflexion de Michel Foucault (1975), on peut penser que le châtiment n’a peut-être pas pour vocation première de sanctionner les transgressions de la loi, de protéger la société de leurs auteurs et in fine de réduire la délinquance et la criminalité, mais que sa fonction sociale principale est plutôt d’opérer des différenciations entre ceux que l’on peut punir et ceux que l’on veut épargner. Ainsi relève-t-il tout autant d’une politique de la justice, au sens du droit, que d’une politique de l’injustice, dans un sens moral. Dans un contexte où la population carcérale atteint des niveaux records dans le monde et où les pratiques punitives participent de la reproduction des inégalités (Fassin 2017), la réflexion anthropologique sur le châtiment est assurément une tâche essentielle.
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