Lalanne, Arnault. "Système sylvicole, exploitation forestière : impacts respectifs sur l'état de conservation d'habitats forestiers planitiaires atlantiques." Paris, Muséum national d'histoire naturelle, 2006. http://www.theses.fr/2006MNHN0009.
Abstract:
La directive européenne « Habitats, Faune, Flore » exige des états membres de l’union européenne de faire une évaluation de l’état de conservation des habitats inscrits à l’annexe I de cette directive et présents au sein de leurs sites, constituant le réseau Natura 2000. En France, le premier gestionnaire de sites du réseau Natura 2000 se trouve être l’Office National des Forêts, qui a en charge 20% des sites Natura 2000. Or se pose pour cet organisme la question de savoir si la gestion forestière qu’il pratique est compatible avec les exigences de la directive, à savoir maintenir dans un bon état de conservation les habitats présents dans les sites dont il a la charge. L’objectif de cette thèse est dans un premier temps de définir en quoi consiste un bon état de conservation puis de voir, au travers de quelques exemples pris dans des forêts du Bassin parisien, l’impact de la gestion forestière sur l’état de conservation des habitats forestiers. Les indicateurs utilisés sont la flore herbacée et la flore bryophytique humo-terricole, au travers de l’approche phytosociologique sigmatiste, et les formes d’humus par le biais du « Humus Index » et de l’épaisseur des différents horizons holorganiques. L’échantillonnage a été effectué dans différentes unités de gestion décrivant des cycles sylvicoles (approche synchronique) en conditions stationnelles homogènes. Pour l’habitat « Hêtraie-Chênaie atlantique acidiphile » (DH 9120), nous présentons un exemple de conversion de taillis-sous-futaie en futaie régulière, avec comme essence objectif le chêne sessile, et un exemple de hêtraie acidiphile dont la sylviculture est dynamisée. Pour l’habitat « Hêtraie de l’Asperulo-Fagion » (DH 9130), le travail est réalisé sur un ensemble de trois massifs forestiers relevant du même syntaxon mais appartenant à trois régions forestières naturelles différentes. On mesure également dans ce cas les effets de la dynamisation de la sylviculture. D’une manière générale, si la richesse spécifique augmente sous l’influence des nouvelles pratiques sylvicoles, cet accroissement de la biodiversité se fait au détriment des espèces bryophytiques et cormophytiques caractéristiques des habitats forestiers étudiés. Une des explications relève de l’état de surface du sol, fortement affecté par le passage des engins d’exploitation, qui génèrent entre autre le tassement des sols forestiers. Ce tassement est défavorable notamment aux géophytes, qui constituent une part importante du pool des espèces caractéristiques des habitats. Une autre explication tient dans la dynamisation de la sylviculture. Celle-ci se traduit par une diminution du matériel dendrologique sur pied, donc un changement au niveau du micro-climat stationnel (plus de lumière, une hygrométrie de l’air plus faible). Or, les espèces typiques des habitats forestiers sont des hygro-sciaphiles. Un autre résultat important concerne la forme d’humus. Cette dernière indique que les processus d’humification et de minéralisation de l’épisolum humifère sont plus rapides avec les nouveaux modes sylviculturaux. On peut émettre l’hypothèse que l’arrivée plus importante de lumière au sol favorise ces processus biologiques. Enfin, le dernier point qui mérite d’être souligné concerne l’échelle de validité de ces résultats. L’exemple des hêtraies neutroclines indique que l’échelle de validité et de transposition des résultats à d’autres massifs forestiers correspond à celui de la région naturelle<br>The European “Habitats” directive urges EU state members to evaluate the state of conservation of their habitats listed in the Annex I, which form in France the so-called “Natura 2000” network. In France, the “Office National des Forets” is in a leader position, being in charge of 20% of all Natura 2000 sites. However, there is a concern about the compatibility of forest management practices commonly performed by this institution and the protective rules edicted by EU. In particular the maintenance of a good state of conservation of forest habitats can be questioned. The purpose of the present thesis was first to define a good state of conservation for forests of the Paris Basin, then to see, through several examples, whether their state of conservation was impacted by forest management. Herbs and humus/soil dwelling mosses were used as indicators, according to the phytosociological approach, as well as humus forms, using Humus Index and depth of holorganic horizons. Sampling was done in different management units, describing the forest cycle (synchronic approach) in homogeneous site conditions. For the habitat “Acidophilic atlantic beech-oak forest” (DH 9120), we showed an example of conversion of coppices-with-standards to full-grown stands, with sessile oak as a target timber species, and an example of an acidophilic beech forest where sylviculture was made more dynamic. For the habitat “Beech forest of the Asperulo-Fagion type” (DH 9130), our study was performed in three forests belonging to the same phytosociological syntaxon but located in three different climatic regions. In this case, too, we measured the effects of a more dynamic sylviculture. As a general rule, species richness increases under the influence of new sylvicultural practices. However, such an increase was not shown by mosses as well as by higher plants typically living in woodland. One explanation is the surface state of forest soils, which is strongly affected by exploitation traffic, mainly through soil compaction. Soil compaction disfavours geophytes, which are the main component of typical forest vegetation. Another explanation lies in the more dynamic sylviculture. The decreasing standing crop imposes a change in climate conditions, with more light and less humidity. This disfavours typical forest species, which commonly live in a shady and moist environment. Another important result concerns changes in humus forms under the new sylviculture. The Humus Index indicates a more rapid humification and mineralisation of topsoil organic matter. We hypothesize that soil biological processes are activated by more light arriving at the ground surface. At last, we want to highlight the importance of the geograhical range over which our results can be considered valid. The example of neutrocline beech forests shows that the appropriate scale for extrapolating our results is that of the natural (climatic) region