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Journal articles on the topic 'Orientation des étudiants – Sénégal'

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Beaud, Olivier, and François Vatin. "« Orientation et réussite des étudiants »." Commentaire Numéro163, no. 3 (2018): 687. http://dx.doi.org/10.3917/comm.163.0687.

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Kabbanji, Lama, Antonina Levatino, and Fofo Ametepe. "Migrations internationales étudiantes ghanéennes et sénégalaises : caractéristiques et déterminants." Articles 42, no. 2 (December 2, 2013): 303–33. http://dx.doi.org/10.7202/1020611ar.

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Abstract:
Dans cet article, nous nous intéressons aux migrations internationales étudiantes ghanéennes et sénégalaises. L’utilisation de données d’enquêtes quantitatives sociodémographiques rétrospectives, collectées dans le cadre du projet Migrations entre l’Afrique et l’Europe (MAFE), nous permet de comparer les caractéristiques sociodémographiques et les profils scolaires, professionnels et migratoires des étudiants du supérieur, nationaux et internationaux. Les typologies des parcours nous indiquent que les étudiants du supérieur ne constituent pas un groupe homogène et que les étudiants internationaux sont composés de deux groupes aux parcours distincts. L’analyse biographique en temps discret permet de montrer que les individus qui accèdent à l’éducation supérieure, au Ghana comme au Sénégal, sont fortement sélectionnés selon le genre et le niveau d’éducation du père. Si les déterminants de l’accès à l’éducation supérieure à l’étranger sont différents pour les Ghanéens et les Sénégalais, ils ont en commun d’être liés à certaines caractéristiques socioculturelles et familiales des individus.
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Diouf, Coumba Ndoffène, and Mohamed El Bachir Wade. "La crise du financement de la petite ou moyenne entreprise (PME) au Sénégal." Revue internationale P.M.E. 5, no. 3-4 (February 16, 2012): 49–60. http://dx.doi.org/10.7202/1008154ar.

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Abstract:
La question du financement de la petite ou moyenne entreprise (PME) a fait l’objet d'un débat passionné entre entrepreneurs et banquiers au Sénégal. Celui-ci découle d’une série de procédures de saisie-arrêt (portant sur des biens appartenant à des « opérateurs économiques » sénégalais) qui suscita beaucoup d’émotion dans l’opinion publique. Cet article, basé sur un travail mené par des étudiants de troisième cycle entre 1986 et 1987 à Dakar, tente d’éclairer ce débat d’une part, à partir d’une double enquête auprès des protagonistes et, d’autre part, par l’analyse des bilans d’un échantillon de 32 entreprises sur une période de cinq ans correspondant au paroxysme de la crise.
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Guèye, Mamour, Philippe Marc Moreira, Diago Anta Dia, Mame Diarra Ndiaye-Guèye, Serigne Modou Kane-Guèye, Magatte Mbaye, and Jean-Charles Moreau. "Le syndrome d’épuisement professionnel chez les étudiants en spécialisation au Centre hospitalier universitaire de Dakar (Sénégal)." Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique 174, no. 7 (September 2016): 551–56. http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2014.07.016.

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L’équipe du journal Psycause. "Éditorial." Psycause : revue scientifique étudiante de l'École de psychologie de l'Université Laval 7, no. 2 (September 19, 2019): 2. http://dx.doi.org/10.51656/psycause.v7i2.20119.

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Abstract:
Chère lectrice, cher lecteur, Vous tenez entre vos mains (ou lisez sur votre écran) la première édition de la nouvelle orientation du Journal Psycause. Depuis près d’un an, toute l’équipe du journal travaille à ce changement de direction majeur. Désormais, le journal a comme mission de rendre accessible l’univers de la recherche aux étudiants de l’École de psychologie de façon rigoureuse et intéressante.
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6

Marty, Stéphanie, and Katia Vasquez. "Le "projet Up" : Un dispositif innovant d’aide à la réussite universitaire par l’apprentissage collaboratif en mode hybride." Médiations et médiatisations, no. 5 (January 29, 2021): 90–117. http://dx.doi.org/10.52358/mm.vi5.173.

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Abstract:
Dans la présente contribution, nous étudions un dispositif d’aide à la réussite, impulsé par la loi ORE (Orientation et Réussite des Étudiants) et centré sur la réussite et l’intégration des étudiants en première année de Licence. Nous initions une réflexion sur ce dispositif et - plus largement - sur les dispositifs pédagogiques, en engageant un dialogue alimenté par nos parcours et statuts respectifs de Maître de Conférences et d’Ingénieure Pédagogique. A travers une approche ethnographique, prenant appui sur des matériaux de terrain (storyboards pédagogiques, journal de bord des séances, comptes rendus des réunions pédagogiques et des séances), nous esquissons l'écosystème de ce dispositif, ancré dans la conduite de projet agile, l’apprentissage collaboratif et l’hybridation. Enfin, nous pointons la fécondité de ces pistes, susceptibles d’être inspirantes, pour d’autres situations d’apprentissage, d’autres dispositifs pédagogiques, d’autres disciplines, voire d’autres types d’établissements.
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Damour, Céline. "Quel masseur-kinésithérapeute devenir ? L’accompagnement des étudiants en stage influence-t-il leur orientation professionnelle ?" Kinésithérapie, la Revue 16, no. 180 (December 2016): 38–45. http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2016.07.005.

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CHENARD, Pierre. "L’utilisation de l’information par les cégépiens du secteur général pour leur orientation vers l’université, une étude de sociologie institutionnelle." Sociologie et sociétés 20, no. 1 (September 30, 2002): 71–82. http://dx.doi.org/10.7202/001135ar.

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Abstract:
Résumé A partir des données d'un sondage mené en 1985 auprès d'un échantillon représentatif de 4000 étudiants et étudiantes francophones des cégeps, cet article évalue un ensemble de médias couramment utilisés par les cégépiens pour le choix d'un programme d'études et d'un établissement universitaires. Chaque médium a été évalué par rapport à quatre critères: la fréquence d'utilisation, le degré d'accessibilité perçu, la quantité d'information perçue pertinente pour la prise de décision et l'importance de la source d'information pour la prise d'une décision.
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Garneau, Stéphanie, Caroline Bouchard, and Annie Pilote. "Enquête sur les carrières scolaires des étudiants francophones du Nouveau-Brunswick : offre locale de formations, orientation scolaire et ressources sociales." Revue des sciences de l’éducation 39, no. 2 (May 28, 2014): 361–85. http://dx.doi.org/10.7202/1025232ar.

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Abstract:
Cet article porte sur la transition à l’université d’étudiants francophones du Nouveau-Brunswick. À partir de 40 entretiens et d’un cadre d’analyse interactionniste, les auteurs dégagent d’abord quelques points de convergence pour l’ensemble des répondants en ce qui a trait à leur passage aux études postsecondaires. Le texte dresse ensuite trois portraits de carrière scolaire qui montrent que les déterminants structurels des transitions doivent être pensés en lien avec la multiplicité des relations d’interdépendance des étudiants. Il interroge finalement les effets conjugués des processus d’orientation scolaire et des stratégies institutionnelles de rétention géographique sur les parcours scolaires.
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Shaw, Jenessa Louise, and Kenneth Cramer. "Relation of Personality to Grades and Grading in Undergraduate Peer Review." Collected Essays on Learning and Teaching 12 (June 9, 2019): 9–22. http://dx.doi.org/10.22329/celt.v12i0.5310.

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Abstract:
Peer reviews offer a unique assessment of post-secondary students’ writing, wherein students grade fellow students’ (or peers’) essay submissions according to a provided rubric. Previous research found that students’ personality dimensions were related to the grades that students both gave and received through peer assessment. The present study examined the association between personality factors on grader leniency and grades received during a peer review assignment in an introductory psychology course. Participants completed an online survey to assess academic entitlement, learning/grade orientation, narcissism, and the 5-factor personality traits; these were later joined to peer review grades received and given. Results showed that rater leniency was negatively related to learning orientation, conscientiousness, and grade orientation. Moreover, the strongest predictors of grades received included academic entitlement, conscientiousness, and narcissism. Implications of these findings, plus directions for future research, are discussed. Keywords: peer review, rater leniency, personality, academic achievement L’évaluation par les pairs constitue un processus exceptionnel d’évaluation de l’écriture d’étudiants de niveau postsecondaire. Des étudiants notent les rédactions de leurs camarades de classe (leurs « pairs ») en utilisant une grille d’évaluation qui leur est fournie. Des recherches ont montré que les aspects de la personnalité des étudiants ont une incidence sur les notes que ceux-ci donnent ou reçoivent. La présente étude examine le lien entre, d’une part, les facteurs liés à la personnalité et, d’autre part, la clémence des évaluateurs et les notes reçues au cours d’une évaluation par les pairs dans un cours d’introduction à la psychologie. Les participants ont rempli un sondage en ligne pour mesurer leurs attentes en matière de notes, leur intérêt pour l’apprentissage ou pour les notes, leur narcissisme et les cinq traits centraux de la personnalité. Les réponses au sondage ont ensuite été combinées aux évaluations par les pairs que les participants ont rendues et reçues. Les résultats montrent que la clémence de l’évaluateur est liée de façon négative à l’intérêt en matière d’apprentissage, au caractère consciencieux et à l’intérêt pour les notes. Qui plus est, les principaux indicateurs des notes reçues comprennent l’attente de recevoir de bonnes notes, le caractère consciencieux et le narcissisme. L’article examine les conséquences de ces résultats et indique la direction à prendre pour des recherches à venir. Mots clés : évaluation par les pairs, clémence de l’évaluateur, personnalité, rendement universitaire
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Eddo, Marie-Line, Émilie El Hayeck, Maha Hoyeck, Élie Khoury, and Joseph Ghoubril. "La reproductibilité de la position d'équilibre naturel sur photographie." L'Orthodontie Française 88, no. 4 (December 2017): 377–82. http://dx.doi.org/10.1051/orthodfr/2017025.

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Abstract:
Introduction : Cette étude a pour objectif d'évaluer la reproductibilité de la position d'équilibre naturel en fonction du temps sur des photographies de profil. Matériels et Méthodes : L'échantillon est de 96 étudiants de la faculté de médecine dentaire de l'université Saint-Joseph de Beyrouth, âgés de 20 à 30 ans. Deux photographies de profil ont été prises pour chaque sujet dans sa position d'équilibre naturel, à intervalle d'une semaine. L'angle formé par la tangente à la columelle du nez passant par le point sous-nasal et la vraie verticale a été mesuré. Résultats : Il n'y a pas eu de différence significative entre T0 et T1 (E = 1,065°). Discussion : D'autres études confirment cette reproductibilité avec le temps. La position d'équilibre naturel peut donc être adoptée comme orientation au niveau des photographies de profil en orthodontie.
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Boccanfuso, Dorothée, François Cabral, Fatou Cissé, Abdoulaye Diagne, and Luc Savard. "Stratégies de réduction de la pauvreté au Sénégal : une analyse par la modélisation en équilibre général calculable microsimulé*." Articles 83, no. 4 (November 18, 2008): 483–528. http://dx.doi.org/10.7202/019390ar.

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Abstract:
RésuméLa nouvelle orientation de la politique économique au Sénégal vise à accroître les revenus des pauvres et à attaquer la pauvreté là où elle est principalement localisée. La stratégie de réduction de la pauvreté va être mise en oeuvre dans un contexte de libéralisation des échanges commerciaux internationaux notamment dans le secteur agricole. Dans ce contexte, nous avons développé un modèle d’équilibre général calculable microsimulé multiménages intégrés permettant d’évaluer l’impact de politiques au niveau des ménages. Nous avons établi le lien entre ces réformes économiques, la pauvreté et la distribution de revenu. Ce modèle offre beaucoup de flexibilité et permet d’introduire des mécanismes de transmission entre les politiques et les indices d’inégalité et pauvreté. Les impacts négatifs obtenus sur la pauvreté suite à l’augmentation du prix des importations agricoles se révèlent importants. De plus, les résultats mitigés obtenus pour les pauvres en milieu rural devraient amener le gouvernement à s’interroger sur la stratégie d’aide à la productivité agricole, afin de prévenir de tels résultats. Nos résultats montrent ainsi que cette approche est un outil riche permettant d’évaluer l’impact de politiques économiques ou de chocs externes sur la pauvreté et la distribution de revenu.
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Blum, Françoise. "Années 68 postcoloniales ?" French Historical Studies 41, no. 2 (April 1, 2018): 193–218. http://dx.doi.org/10.1215/00161071-4322918.

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Abstract:
PrécisCet article met en évidence les liens entre le Mai français et les mouvements politiques et sociaux intervenus en Guinée, au Congo, au Sénégal ou à Madagascar. Il s'intéresse à la nature commune de ces différents mouvements : rôle de la jeunesse, alliance des étudiants avec les ouvriers et le « petit peuple », en interrogeant une même situation postcoloniale. Il s'attache à décrire les connexions ainsi que les communautés d'habitus entre des mondes, africain et européen, en devenir : échanges de pratiques et savoirs en matière de contestation et de répression, échanges universitaires, culture et lectures communes, et ainsi de suite. Il s'agit ici de penser les circulations des « années 68 » non seulement du Nord vers le Sud mais aussi du Sud vers le Nord, et d'intégrer Mai dans une configuration plus générale : celle des espoirs suscités et/ou déçus par la fin d'un empire.This article focuses on connections between France's May ’68 and political and social movements in Francophone Africa: Guinea, the Congo, Senegal, and Madagascar. As participants challenged their common postcolonial situation, these movements converged around the importance of youth and alliances between students, workers, and “the masses.” The article describes the emergence of French and African activist communities defined by a common habitus constituted by shared techniques of protest and responses to repression, academic exchanges, common interests, and reading. The purpose of the article is to examine the circulation of ideas and people through the “long 1968”—from South to North and vice versa—and to situate May ’68 within the broad range of expectations that the end of empire both raised and often disappointed.
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Amand, Marion, Isabelle Richard, Nicolas Lerolle, Adeline Alves de Sousa, Sabine Mallet, Jean-Paul Saint-André, and Catherine Passirani. "PluriPASS, première année commune aux études de santé (PACES) adaptée de l’Université d’Angers : caractérisation et suivi de la population étudiante sur les trois semestres du dispositif." Pédagogie Médicale 21, no. 3 (2020): 131–41. http://dx.doi.org/10.1051/pmed/2020039.

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Abstract:
Contexte : En France, les assises de l’enseignement supérieur et de la recherche en 2013 ont permis de mettre en lumière les carences de la première année commune aux études de santé (PACES). L’Université d’Angers a souhaité expérimenter un nouveau mode d’admission dans les études de santé, dénommé PluriPASS. Ce parcours pluridisciplinaire, en tant qu’alternative à la PACES classique, a pour volonté d’une part de garantir un recrutement efficace dans six filières contingentées de santé et d’autre part de favoriser une orientation progressive vers une quinzaine de licences des Universités d’Angers et du Mans pour ceux qui n’auraient pas été recrutés dans la filière de santé souhaitée. But : Cet article vise à identifier les caractéristiques des étudiants admis ou non admis en filière de santé, en fonction des choix qu’ils ont faits au fur et à mesure de leur parcours. Méthodes : Les données mobilisées pour répondre à cet objectif sont celles relatives aux inscriptions et aux examens, issues des bases de données administratives des deux universités, auxquelles on applique des traitements statistiques afin de dégager les caractéristiques les plus significatives. Résultats : Dans le cas d’une non admission en filière santé, trois fois plus d’étudiants en moyenne, par rapport à la PACES classique, poursuivent et réussissent leurs études de licence. Conclusion : À travers une voie d’accès pluridisciplinaire commune à un ensemble de formations et par une orientation progressive, PluriPASS offre la possibilité à une majorité d’étudiants de poursuivre des études longues, y compris hors santé.
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Hammad, Manar. "L'Université de Vilnius: exploration sémiotique de l’architecture et des plans." Semiotika 10 (December 22, 2014): 9–115. http://dx.doi.org/10.15388/semiotika.2014.16756.

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Abstract:
Cette étude sémiotique de l’Université de Vilnius s’articule en deux composantes intimement liées: l’objet d’étude d’une part, la méthode mise en oeuvre d’autre part. L’image qui se dégage de l’objet dépend de la méthode descriptive, et la méthode descriptive a été adaptée pour la prise en compte de certains caractères spécifiques de l’objet donné. Par commodité, ces deux composantes seront abordées séparément dans ce résumé.L’objet d’étude est constitué par l’Université de Vilnius, considérée d’un point de vue spatial. Si l’état actuel des bâtiments est directement accessible à l’observation, plusieurs états antérieurs sont décrits par une collection de plans conservés dans les archives du département de l’héritage culturel du Ministère de la Culture Lituanien. La Bibliothèque Nationale de France conserve en outre une collection de projets dessinés pour l’Université de Vilnius au sein de la Compagnie de Jésus. L’analyse sémiotique de ce corpus syncrétique (bâtiments, plans techniques, projets) impose la prise en compte d’acteurs sociaux (enseignants, étudiants, techniciens) et d’acteurs environnementaux (froid, feu, intempéries, vieillissement) dont les interactions avec les lieux sont productrices de sens.Le caractère spécifique d’un tel corpus pourrait laisser croire que l’analyse n’aurait d’intérêt que pour des lecteurs lituaniens motivés par des liens affectifs locaux. Sans remettre en cause les qualités indéniables du corpus retenu, l’utilisation de la méthode sémiotique donne à l’analyse un intérêt méthodologique dont la généralité ne se restreint pas au cas considéré. Pour l’étude des plans de l’Université de Vilnius, l’approche sémiotique est amenée à effectuer un bond qualitatif par rapport aux études initiées en 1974 par le Groupe 107, et l’approche discursive Greimassienne remplace une approche linguistique trop attachée au modèle Hjelmslevien. La consécution diachronique des plans permet de reconnaître plusieurs transformations de l’espace universitaire, chacune d’entre elles distinguant un avant d’un après. L’aménagement des cours autour desquelles se déploient les salles, la concaténation des cours, leur orientation, leurs degrés d’ouverture, permettent de reconnaître des effets de sens successifs qui informent l’opération globale par laquelle l’Université tend à occuper la totalité de l’îlot urbain dans lequel elle est inscrite, et dont elle n’occupait initialement qu’une partie réduite. L’apparition des portiques au dix-septième siècle, leur mode d’implantation, leur organisation modifient profondément l’espace universitaire, tant dans son allure visuelle que dans son fonctionnement pragmatique. La substitution des voûtes aux plafonds change l’allure de l’intérieur des locaux, tout en assurant une meilleure résistance aux éventuels incendies, dont l’occurrence répétée est notée par les archives.L’analyse discursive de l’espace impose la prise en compte d’acteurs sociaux qui agissent sur l’espace ou dans son cadre. Une première distinction différencie les Enseignants des Enseignés. Lors de la fondation de l’Université en 1586, l’enseignement est confié à la Société de Jésus, dont la fondation en 1540 était relativement récente, et dont la vocation à l’enseignement s’affirmait avec force non seulement en Europe, mais aussi au Nouveau Monde récemment découvert. La dissolution de l’Ordre Jésuite en 1772 eut des répercussions directes sur l’Université de Vilnius, en particulier sur l’organisation interne des locaux et sur leur attribution fonctionnelle (on peut noter que la différenciation fonctionnelle des lieux est inscrite sur les plans qui remontent au début du dix-septième siècle). Les espaces dévolus aux étudiants permettent de distinguer un groupe résidant (les internes) et un groupe non résidant (les externes) parmi une population que l’on suppose locale et régionale, car la situation géographique de la Lituanie était relativement périphérique par rapports aux centres du savoir qu’étaient Rome et Paris à la fin du seizième siècle et au début du dix-septième siècle. L’élaboration parisienne des plans pour l’Université de Vilnius témoigne du fait que l’on pensait l’espace comme un moyen d’action (que la sémiotique identifie, selon les cas, comme acte d’énonciation spatiale, ou comme acte de manipulation, au sens technique du terme).Différentes expressions matérielles (alignement des bâtiments sur les directions cardinales, allure italianisante des cours à portiques) véhiculent les valeurs profondes universelles du programme de base de l’Université, qui est celui de la diffusion (transmission) de valeurs abstraites d’un centre vers une périphérie. L’enseignement réservait un large part à la religion catholique, universelle par définition (c’est le Père de l’Église Clément d’Alexandrie qui promeut l’usage du terme grec Katholikos -universel- pour qualifier le Christianisme). Dans l’Italie de la Renaissance, les théoriciens Alberti et Vasari opposent les valeurs universelles de l’Humanisme, tirées de l’Antiquité Classique, aux valeurs particulières caractérisant la production de l’Europe « gothique » du Moyen-Âge, ce dernier étant défini négativement comme ce qui a séparé l’Antiquité de la Renaissance.Considérée comme énoncé spatial, l’architecture apparaît comme un dispositif matériel chargé de modalités destinées à réguler l’action des acteurs qui y accomplissent leurs programmes d’usage. La circulation physique des personnes s’avère jouer un rôle central parmi les actions reconnaissables. Le circuit des visites guidées, opposé à la latitude donnée aux étudiants et aux enseignants, permet de définir un secteur public (moderne) de l’Université, centré sur la bibliothèque, et opposable à un secteur privé centré sur le rectorat. Les portiques, installés aux différents étages pour résoudre des questions de circulation humaine, remplissent simultanément des fonctions d’éclairage et d’isolation thermique. En reconnaissant de telles superpositions fonctionnelles, l’analyse impose la reconnaissance d’acteurs sémiotiques non matériels tels que la lumière et le froid. La poursuite de la même logique d’analyse mène à la reconnaissance du feu et du temps comme acteurs jouant un rôle dans la détermination des formes architecturales, et donc dans la formation de l’énoncé spatial qu’est l’Université.Opposable aux processus évoqués ci-dessus, l’action qui coordonne l’homogénéisation de l’allure de la Grande Cour et celle de la Cour de l’Observatoire ne relève pas de l’énoncé spatial interne, mais d’une énonciation externe: elle témoigne d’une pensée plastique, géométrique, qui poursuit une fin identitaire: son action donne à l’Université, à un moment de son existence, une allure cohérente qui participe à la définition de son identité. Une démarche énonciative comparable est repérable, à l’époque récente, dans la mise en espace de deux espaces garnis de fresques: le vestibule balte et le vestibule grec. Par de tels actes énonciatifs, la direction de l’Université s’adresse à la communauté universitaire, définie ainsi comme un destinataire interne, pour lui transmettre des messages dont les valeurs profondes sont reconnaissables comme l’identité, la cohérence, l’universel, le particulier. D’autres transformations architecturales, en particulier celles qui sont menées au début du dix-neuvième siècle sur la cour de la bibliothèque, développent vis à vis du public extérieur à l’Université, un discours relatif aux savoirs qu’elle développe et diffuse dans la société. Le caractère diachronique du corpus impose de reconnaître des transformations, mettant dès lors l’accent sur des actes énonciatifs spatiaux, puisque tout acte de construction est interprétable comme un acte énonciatif. Ce qui fait beaucoup de place, dans l’analyse, aux effets de sens énonciatifs, aux dépens des effets de sens énoncifs. D’un point de vue méthodologique, ceci apporte la preuve, par l’exemple, de la pertinence de l’utilisation du concept d’énonciation pour une expression spatiale et non verbale.
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Ilieva, Vessela, and Bengu Erguner-Tekinalp. "Computer Applications in Counselor Education: Developing Cultural Competencies Through Online Collaboration of Future School Counselors / L’informatique dans l’éducation des orienteurs : le développement du savoir-faire culturel par la collaboration en." Canadian Journal of Learning and Technology / La revue canadienne de l’apprentissage et de la technologie 38, no. 2 (July 13, 2012). http://dx.doi.org/10.21432/t2w303.

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Abstract:
This study examined the applications of computer-mediated student collaboration in a graduate multicultural counseling course. The course work included a reflective cultural competency building assignment that utilized online communication and collaboration using a wiki to extend and improve students’ multicultural counseling and social justice advocacy skills. The online assignment design was aligned with the current call for utilizing technology in the counseling profession. It further considered the needs of the future counselors, the current levels of exposure to and experience with available technology of the class members, and the opportunities for utilization of a variety of online-based tools to extend in-class and out-of-class discussions. Students’ response to this new form of class work and communication confirmed the potential of the online component to other aspects of counselor preparation, and the data analysis showed that the computer-mediated assignment was a valuable addition to developing students’ skills as multiculturally competent professionals. Cette étude a examiné les applications de la collaboration entre étudiants par l’entremise de l’informatique dans le cadre d’un cours d’études supérieures sur l’orientation en contexte multiculturel. Les travaux du cours comprenaient un travail de réflexion pour renforcer le savoir-faire culturel grâce à la communication et à la collaboration en ligne, en utilisant un wiki pour accroître et améliorer les aptitudes des étudiants en orientation en contexte multiculturel et en défense de la justice sociale. La conception du travail en ligne s’alignait sur la tendance actuelle pour une utilisation accrue de la technologie dans le métier de conseiller en orientation. On y tenait également compte des besoins des futurs conseillers, de leur degré d’exposition à la technologie et de leur expérience avec celle-ci, ainsi que des occasions pour l’utilisation d’une variété d’outils en ligne pour accroître la portée des discussions en classe et hors de la classe. La réaction des étudiants à cette nouvelle forme de travaux scolaires et de communication a confirmé le potentiel de la composante en ligne pour les autres aspects de la formation des conseillers. L’analyse des données a démontré que le travail réalisé par l’entremise de l’informatique a constitué un ajout précieux pour développer les aptitudes des étudiants comme professionnels compétents en contexte multiculturel.
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Ullyot, Michael, and Kate E. O'Neill. "Collaborative Work and the Future of Humanities Teaching." Canadian Journal for the Scholarship of Teaching and Learning 7, no. 2 (December 11, 2016). http://dx.doi.org/10.5206/cjsotl-rcacea.2016.2.3.

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Abstract:
This article explores the degree to which student collaborations on research and writing assignments can effectively realize learning outcomes. The assignment, in this case, encouraged students to contribute discrete parts of a research project in order to develop their complementary abilities: researching, consulting, drafting, and revising. The outcomes for students included appreciation for their individual expertise, and experience combining discrete contributions into a result that surpasses the sum of its parts. In the course, we gave students preliminary guidance for establishing team objectives and roles for the duration of this assignment and asked them to evaluate their learning experience at the end. In this paper, we analyze the students’ quantitative and qualitative feedback, and suggest ways to structure and supervise collaborative assignments so that students develop their expertise and complementary skills. We suggest that collaborative work such as this is essential for advanced undergraduates in the humanities, where collaborations are less common than in other disciplines. Moreover, we conclude that future humanities instructors should be open to the benefits of collaborative research and writing. This article will be of interest to instructors who wish to develop collaborative assignments that improve students’ disciplinary expertise, engagement with course materials, and outreach to audiences beyond the academy. Cet article explore la mesure dans laquelle le travail en collaboration des étudiants en matière de recherche et de rédaction de devoirs peut aboutir à des résultats d’apprentissage efficaces. Dans le cas présent, le devoir demandé devait encourager les étudiants à contribuer à des sections distinctes d’un projet de recherche afin de développer leurs compétences complémentaires : mener à bien la recherche, consulter, préparer un brouillon et réviser. Pour les étudiants, les résultats comprenaient l’appréciation de leur expertise individuelle et l’expérience d’incorporer des contributions distinctes à un résultat qui dépassait la somme de ses parties. Dans le cours, nous avons fourni aux étudiants une orientation préliminaire pour établir les objectifs et les rôles du groupe pour la durée de ce devoir et nous leur avons demandé à la fin d’évaluer leur expérience d’apprentissage. Dans cet article, nous analysons la rétroaction qualitative et quantitative des étudiants et suggérons des manières de structurer et de superviser les devoirs en collaboration afin de permettre aux étudiants de développer leur expertise et leurs compétences complémentaires. Nous suggérons que le travail en collaboration tel que celui présenté ici est essentiel pour les étudiants de niveau avancé au premier cycle en sciences humaines, où le travail en collaboration est moins commun que dans d’autres disciplines. De plus, nous concluons que les futurs instructeurs en sciences humaines devraient se montrer ouverts aux avantages de la recherche et de la rédaction en collaboration. Cet article intéressera les instructeurs qui désirent créer des devoirs en collaboration pour améliorer l’expertise disciplinaire des étudiants, leur intérêt dans la matière enseignée et les activités de rayonnement pour des auditoires au-delà de l’université.
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Paukovics, Elsa, Pierre-François Coen, Angelika Güsewell, and Valentina Giovannini-Cartulano. "L’e-portfolio pour collecter et gérer les traces de l’activité : exemple d’une formation à l’enseignement instrumental et vocal." Canadian Journal for the Scholarship of Teaching and Learning 9, no. 3 (December 31, 2018). http://dx.doi.org/10.5206/cjsotl-rcacea.2018.3.12.

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Abstract:
Le développement d’une posture d’enseignant-praticien réflexif repose sur la collecte et le traitement de différentes traces de l’activité professionnelle. La nature des traces collectées, leur rôle dans la formation, leur utilisation et leur gestion diffèrent selon les contenus et les dispositifs de formation. Par l’utilisation d’une plateforme électronique d’apprentissage (e-portfolio), le master en pédagogie instrumentale et vocale vise à développer la posture de praticien réflexif des futurs enseignants d’instruments ou de chant. Cette plateforme permet le dépôt, la gestion et le partage de différents types de traces de l’activité. La présente recherche vise à capter la nature des traces collectées ainsi que leur utilisation pour la rédaction d’un bilan de compétences. Il ressort d’entretiens menés avec les étudiants que les e-portfolios contiennent essentiellement des traces élaborées de l’activité et que ces traces sont peu ou pas utilisées lors de la rédaction du bilan de fin de cursus. Les étudiants mentionnent plutôt l’utilisation de traces immatérielles de type souvenirs, récoltées durant leur pratique en enseignement dans et hors formation. À partir de ces constats, nous sommes amenés à nous questionner sur la compréhension du rôle de la trace par les étudiants et l’orientation de leur apprentissage vers le produit plutôt que vers le processus. The development of a reflexive teacher-practitioner position is based on gathering and processing various artifacts of professional activity. The nature of the artifacts collected, their role in training, their use and their management differ according to the content and the training provisions. By using a digital learning platform (eportfolio), the Haute école de musique Vaud Valais Fribourg’s master’s program in instrumental and vocal pedagogy intends to develop the reflexive practitioner position of future teachers in this field. Different types of artifacts of the activity can be deposited, managed, and shared on this platform. The aim of this research is to define the nature of the artifacts gathered and use them to write a skills report. It highlights the interviews conducted with students and the fact that eportfolios essentially contain artifacts developed from the activity and that these artifacts are hardly or not used in the end-of-course report. Rather, students mention the use of intangible artifacts such as memories, collected during their teaching practice both in and out of training. Based on these observations, we are led to question students’ understanding of the role of artifacts and the orientation of their learning towards the product rather than the process.
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Wilson, Jay R., and Richard A. Schwier. "Authenticity in the process of learning about Instructional Design." Canadian Journal of Learning and Technology / La revue canadienne de l’apprentissage et de la technologie 35, no. 2 (May 11, 2010). http://dx.doi.org/10.21432/t2ds3s.

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Abstract:
Authentic learning is touted as a powerful learning approach, particularly in the context of problem-based learning (Savery, 2006). Teaching and learning in the area of instructional design appears to offer a strong fit between the tenets of authentic learning and the practice of instructional design. This paper details the efforts to broaden and deepen the understanding of instructional design through a service learning approach to teaching, emphasizing authentic learning and assessment. Students are teamed and assigned to an actual contract with an external client under the supervision of the instructor who acts as project manager for the group. Contracts are negotiated to deliberately offer instructional design services to clients who would not otherwise be able to afford them, such as community-based non-profit groups. The reasons are two fold: first, we want to avoid competing for contracts that would interfere with the business of commercial instructional design groups and contractors; second, we want to impress on our students the idea that instructional design has social importance beyond the profit/loss and cost/effectiveness orientation of many instructional design businesses. In this way, we promote the idea that instructional designers are agents of social change, and their influence crosses interpersonal, professional, institutional and societal dimensions of change (Schwier, Campbell and Kenny, 2007). Résumé : L’apprentissage authentique est présenté comme une approche efficace en apprentissage, en particulier dans le contexte de l’apprentissage par problèmes (Savery, 2006). Enseigner et apprendre la conception pédagogique semble offrir une correspondance étroite entre les principes de l’apprentissage authentique et la pratique de la conception pédagogique. Cet article présente de manière détaillée les efforts visant à élargir et à approfondir la compréhension qu’ont les étudiants de la conception pédagogique par l’utilisation d’une approche de la formation à l’enseignement basée sur l’apprentissage du service qui met l’accent sur l’apprentissage authentique et l’évaluation. Les étudiants sont regroupés en équipes et se voient attribuer à un véritable mandat auprès d’un client externe sous la supervision de l’instructeur qui agit à titre de gestionnaire de projet pour le groupe. Les mandats sont délibérément négociés de manière à offrir des services de conception de matériel pédagogique à des clients qui autrement ne seraient pas en mesure de s’offrir ces services, comme les groupes communautaires sans but lucratif. Les raisons pour ce faire sont de deux ordres : d’une part, lors de l’obtention de mandats, nous voulons éviter d’entrer en concurrence et d’interférer avec les activités de groupes commerciaux et d’entrepreneurs en conception pédagogique; d’autre part, nous voulons transmettre à nos étudiants l’idée que la conception pédagogique revêt une importance sociale qui s’étend bien au-delà des orientations axées sur les couples profits/pertes et coûts/efficacité que de nombreuses entreprises de conception pédagogique adoptent. Ainsi, nous véhiculons l’idée que les concepteurs de matériel pédagogique sont des agents de changement social et que leur influence touche aux facettes interpersonnelle, professionnelle, institutionnelle et sociétale du changement.
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Van Parijs, Philippe. "Numéro 14 - septembre 2003." Regards économiques, October 12, 2018. http://dx.doi.org/10.14428/regardseco.v1i0.16153.

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Abstract:
Les universités sont en crise, avec une baisse du financement par étudiant (hors inflation) proche de 50 % et une baisse du taux d’encadrement de plus de 50 % depuis 1972. En outre, seulement 12 % de la population des 25-64 ans est universitaire et gagne en moyenne 50 % en plus qu’un diplômé de l’enseignement secondaire. On peut donc se poser la question de savoir si la gratuité de l’université est encore possible et désirable. Si non, quel mode de financement avec contributions privées faut-il adopter pour préserver à la fois l’accessibilité et la viabilité du système ? Pour tenter de répondre à ces questions, nous avons confronté le point de vue de deux économistes, Jean Hindriks (UCL, CORE) et Vincent Vandenberghe (UCL, IRES), et les objections d’un philoso­phe, Philippe Van Parijs (UCL, Chaire Hoover). Le point de vue de deux économistes Un refinancement public des universités est peu probable. Il faut rappeler que 90 % du coût d’une formation universitaire est financé par des contribuables qui pour la plupart ne sont jamais allés à l’université et qui pour certains subissent la concurrence des universitaires sur le marché du travail. Même si le besoin d’investir dans le capital humain est économiquement évident, la préférence politi­que s’oriente clairement vers d’autres demandes concurrentes et légitimes que sont les soins de santé et les pensions. Comment pouvons-nous donc assurer la poursuite de l’investissement en capital humain sans recourir à un effort supplémentaire des contribuables ? Mais plus important encore, si comme en Belgique, la dotation publique aux universités est fixe, comment échapper à l’inéluctable choix entre excellence pour un petit nombre ou médiocrité pour un grand nombre ? Notre argument est qu’il est possible de sortir de cette situation. On peut à la fois poursuivre l’expansion de la population étudiante (formation du capital humain) et assurer le développement de la qualité, sans augmenter la contribution publique. Il faut pour cela combiner une gratuité sélective et un financementsélectif basé sur une évaluation des performances. Gratuité sélective et payement différé : Il s’agirait de relever les droits d’inscription mais en offrant voire en imposant aussitôt que ces mon­tants soient commués en prêt remboursable au terme des études. Le remboursement du prêt serait contingent au revenu, tel un montant X au-delà d’un revenu de Y € par tranche de 1000 € empruntés. Le revenu Y à partir duquel interviendrait le paiement devrait logiquement correspondre au revenu moyen d’un individu n’ayant pas fait d’études supérieures. Quant au montant X, il devrait être fixé de manière à assurer l’équilibre financier du système Ce système est depuis peu en application au Royaume-Uni et diffère fondamentalement d’un impôt sur le revenu. Primo, le remboursement est concentré sur les utilisateurs bénéficiaires de l’enseignement supérieur. En Belgique, 12 % de la population des 25-64 ans est universitaire et gagne en moyenne 50 % en plus qu’un diplômé de l’enseignement secondaire supérieur. Il faut donc bien faire ici la dis­tinction avec l’enseignement obligatoire où la participation de tous justifie la gratuité et le financement intégral par l’impôt. Secundo, le remboursement est limité dans le temps. Tertio, le remboursement est nominatif et donc indépendant de la décision de s’expatrier. Ce dernier point est important étant donné la mobilité accrue des plus qualifiés, autant au sein de l’Europe que hors Europe. Plutôt que de décourager l’accès à l’université, ce système pourrait bien avoir l’effet contraire puisque des pays comme l’Australie et le Royaume-Uni qui ont adopté une telle politique ont des taux de par­ticipation nettement plus élevés que le nôtre (respectivement 19 % et 20 % de la population, compara­tivement au taux belge de 12 %). La crainte que l’endettement ne décourage les étudiants défavorisés d’accéder à l’université est aussi contre-dite par une étude américaine récente (NBER) qui montre que la substitution d’un système de prêt au système de bourse n’a pas eu d’effet significatif sur la partici­pation des étudiants pauvres dans les universités américaines. Financement sélectif et évaluation des performances : Il ne suffit pas de proposer une solution de refinancement des universités, il faut également chercher à dépenser mieux ces fonds partout où cela est possible. Cette recherche d’efficience a induit, avec des effets surprenants, la mise en place dans certains pays d’une évaluation de la performance, autant au niveau de l’enseignement que de la recherche. Au Royaume-Uni, l’enseignement est évalué par une agence indépendante. Depuis lors, on observe une amélioration continue de la performance générale telle qu’évaluée par l’agence. Par exemple, 60,5 % des départements avaient reçu une cote excellente en 1998-2000, comparativement à 33,9 % en 1996-98 et 24,8 % en 1995-96. Pour la recherche au Royaume-Uni, l’évaluation est faite par un panel d’experts et d’utilisateurs de la recherche, spécifique à chaque discipline. Cela résulte en un système de financement de la recherche qui est très sélectif. En 2002-2003, près de 75 % des fonds de recherche ont été alloués à 14 % des universités. On note une amélioration significative de la qualité de la recherche. Comparativement à l’évaluation de 1996, en 2001, le pourcentage de départements recevant les cotes les plus élevées a augmenté de 20 % à 39 %, alors que le pourcentage des départements recevant les cotes les plus basses a diminué de 24 % à 6 %. Nous pensons que l’évaluation a plus de chance d’être acceptée si elle n’est pas perçue comme un moyen déguisé de couper les ressources. Pour cela, un refinancement des universités au travers de la gratuité sélective est donc un bon moyen de faire accepter l’évaluation des performances et un finan­cement plus sélectif. Le point de vue du philosophe Est-il juste que l’Université soit gratuite ? D’un côté, bien sûr que oui. En effet, à condition de dispo­ser d’un système d’impôt sur le revenu suffisamment performant, mieux vaut offrir l’université gra­tuitement à tous les ménages, non parce que c’est mieux pour les riches (dont les impôts financent de toutes façons les prestations dont ils bénéficient), mais parce que c’est mieux pour les pauvres (facilité administrative, non-stigmatisation des pauvres et incitation au travail). De l’autre, bien sûr que non, car si ce cadeau est égal pour chacun quant à son coût, il est très inégal dans ses effets. A ceux qui sont déjà avantagés par leurs talents initiaux et ce que leur environnement familial et scolaire en a fait, la société a le culot de dire : «Nous vous donnons en outre un gros cadeau supplémentaire sous la forme d’une formation supérieure gratuite» Peut-on réconcilier ces deux intuitions en apparences contradictoires ? Pas trop difficilement. C’est en fait ce que réalise pour l’essentiel le système auquel nous sommes accoutumés : un enseignement supérieur essentiellement gratuit quant à son coût explicite, mais avec une récupération différée non ciblée, sous la forme d’une taxation progressive du revenu des personnes physiques. A cette apologie non déguisée du statu quo, on peut faire au moins quatre objections. Objection 1. Le système actuel taxe indifféremment ceux qui doivent leur revenu élevé à des études payées par la collectivité et ceux qui le doivent à d’autres raisons. Réponse. C’est inévitablement approximatif, mais nullement améliorable par un meilleur ciblage du financement. Tenter de repérer la part de revenu que chacun doit à ses études supérieures, c’est, du point de vue de la recherche de la justice, faire preuve d’un souci de précision bien mal placé. En effet, le revenu que le marché nous attribue est certes fonction des efforts consentis, mais sur la toile de fond d’un ensemble vaste et complexe de dons, d’opportunités, de chances qui nous ont été attribués de manière très inégale et éthiquement arbitraire. Objection 2. En faisant payer aux bénéficiaires le vrai coût de leur formation, on se protège contre de graves gaspillages de ressources dans des formations qui sont loin de valoir ce qu’elles coûtent mais n’en rencontrent pas moins un franc succès du fait de leur gratuité. Réponse. Un usage intelligent des ressources rares disponibles exige une régulation de l’offre des formations. Mais la meilleure régulation, dans ce cas, ne passe pas par la vérité des prix et la souverai­neté du consommateur. La gratuité est naturellement combinable avec un numerus clausus explicite ou implicite, global et/ou spécifique à chaque orientation. Objection 3. Plus les étudiants payeront pour leurs études, plus ils seront à la fois motivés à étudier avec zèle et exigeants à l’égard de leurs enseignants, eux-mêmes désormais soucieux de ne pas perdre la clientèle à la source de leurs revenus. Réponse. Dans un système de concurrence implicite comme le nôtre, où la subsidiation de chaque institution dépend fortement de la proportion des étudiants qu’elle parvient à attirer, les enseignants ont la même incitation financière à se préoccuper de la satisfaction de leurs «clients» que si le montant provenant aujourd’hui des subsides avait à être payé par les étudiants. En outre, une soumission trop directe aux exigences de l’étudiant actuel peut handicaper gravement l’efficacité de long terme du système, qui exige à la fois de laisser place à une recherche sans retombée directe sur l’enseignement actuel et d’enseigner aux étudiants ce qu’il est important qu’ils apprennent, plutôt que ce que l’air du temps leur fait souhaiter d’apprendre. Objection 4. Avec la mobilité transnationale des personnes hautement qualifiées et la décentralisation de la souveraineté fiscale à un niveau sub-national, il sera plus difficile de récupérer par l’impôt l’investissement dont jouissent les titulaires d’emplois hautement qualifiés qui choisissent de s’expatrier. Réponse. Face à cette difficulté, le plus efficace est peut-être encore de préserver et développer, parmi les personnes qui ont la chance de pouvoir bénéficier de l’enseignement supérieur de leur pays, un sentiment de gratitude et une attitude de loyauté à l’égard de cette entité collective qui leur a offert ce privilège.
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Hindriks, Jean, Vincent Vandenberghe, and Philippe Van Parijs. "Numéro 14 - septembre 2003." Regards économiques, October 12, 2018. http://dx.doi.org/10.14428/regardseco2003.09.01.

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Abstract:
Les universités sont en crise, avec une baisse du financement par étudiant (hors inflation) proche de 50 % et une baisse du taux d’encadrement de plus de 50 % depuis 1972. En outre, seulement 12 % de la population des 25-64 ans est universitaire et gagne en moyenne 50 % en plus qu’un diplômé de l’enseignement secondaire. On peut donc se poser la question de savoir si la gratuité de l’université est encore possible et désirable. Si non, quel mode de financement avec contributions privées faut-il adopter pour préserver à la fois l’accessibilité et la viabilité du système ? Pour tenter de répondre à ces questions, nous avons confronté le point de vue de deux économistes, Jean Hindriks (UCL, CORE) et Vincent Vandenberghe (UCL, IRES), et les objections d’un philoso­phe, Philippe Van Parijs (UCL, Chaire Hoover). Le point de vue de deux économistes Un refinancement public des universités est peu probable. Il faut rappeler que 90 % du coût d’une formation universitaire est financé par des contribuables qui pour la plupart ne sont jamais allés à l’université et qui pour certains subissent la concurrence des universitaires sur le marché du travail. Même si le besoin d’investir dans le capital humain est économiquement évident, la préférence politi­que s’oriente clairement vers d’autres demandes concurrentes et légitimes que sont les soins de santé et les pensions. Comment pouvons-nous donc assurer la poursuite de l’investissement en capital humain sans recourir à un effort supplémentaire des contribuables ? Mais plus important encore, si comme en Belgique, la dotation publique aux universités est fixe, comment échapper à l’inéluctable choix entre excellence pour un petit nombre ou médiocrité pour un grand nombre ? Notre argument est qu’il est possible de sortir de cette situation. On peut à la fois poursuivre l’expansion de la population étudiante (formation du capital humain) et assurer le développement de la qualité, sans augmenter la contribution publique. Il faut pour cela combiner une gratuité sélective et un financementsélectif basé sur une évaluation des performances. Gratuité sélective et payement différé : Il s’agirait de relever les droits d’inscription mais en offrant voire en imposant aussitôt que ces mon­tants soient commués en prêt remboursable au terme des études. Le remboursement du prêt serait contingent au revenu, tel un montant X au-delà d’un revenu de Y € par tranche de 1000 € empruntés. Le revenu Y à partir duquel interviendrait le paiement devrait logiquement correspondre au revenu moyen d’un individu n’ayant pas fait d’études supérieures. Quant au montant X, il devrait être fixé de manière à assurer l’équilibre financier du système Ce système est depuis peu en application au Royaume-Uni et diffère fondamentalement d’un impôt sur le revenu. Primo, le remboursement est concentré sur les utilisateurs bénéficiaires de l’enseignement supérieur. En Belgique, 12 % de la population des 25-64 ans est universitaire et gagne en moyenne 50 % en plus qu’un diplômé de l’enseignement secondaire supérieur. Il faut donc bien faire ici la dis­tinction avec l’enseignement obligatoire où la participation de tous justifie la gratuité et le financement intégral par l’impôt. Secundo, le remboursement est limité dans le temps. Tertio, le remboursement est nominatif et donc indépendant de la décision de s’expatrier. Ce dernier point est important étant donné la mobilité accrue des plus qualifiés, autant au sein de l’Europe que hors Europe. Plutôt que de décourager l’accès à l’université, ce système pourrait bien avoir l’effet contraire puisque des pays comme l’Australie et le Royaume-Uni qui ont adopté une telle politique ont des taux de par­ticipation nettement plus élevés que le nôtre (respectivement 19 % et 20 % de la population, compara­tivement au taux belge de 12 %). La crainte que l’endettement ne décourage les étudiants défavorisés d’accéder à l’université est aussi contre-dite par une étude américaine récente (NBER) qui montre que la substitution d’un système de prêt au système de bourse n’a pas eu d’effet significatif sur la partici­pation des étudiants pauvres dans les universités américaines. Financement sélectif et évaluation des performances : Il ne suffit pas de proposer une solution de refinancement des universités, il faut également chercher à dépenser mieux ces fonds partout où cela est possible. Cette recherche d’efficience a induit, avec des effets surprenants, la mise en place dans certains pays d’une évaluation de la performance, autant au niveau de l’enseignement que de la recherche. Au Royaume-Uni, l’enseignement est évalué par une agence indépendante. Depuis lors, on observe une amélioration continue de la performance générale telle qu’évaluée par l’agence. Par exemple, 60,5 % des départements avaient reçu une cote excellente en 1998-2000, comparativement à 33,9 % en 1996-98 et 24,8 % en 1995-96. Pour la recherche au Royaume-Uni, l’évaluation est faite par un panel d’experts et d’utilisateurs de la recherche, spécifique à chaque discipline. Cela résulte en un système de financement de la recherche qui est très sélectif. En 2002-2003, près de 75 % des fonds de recherche ont été alloués à 14 % des universités. On note une amélioration significative de la qualité de la recherche. Comparativement à l’évaluation de 1996, en 2001, le pourcentage de départements recevant les cotes les plus élevées a augmenté de 20 % à 39 %, alors que le pourcentage des départements recevant les cotes les plus basses a diminué de 24 % à 6 %. Nous pensons que l’évaluation a plus de chance d’être acceptée si elle n’est pas perçue comme un moyen déguisé de couper les ressources. Pour cela, un refinancement des universités au travers de la gratuité sélective est donc un bon moyen de faire accepter l’évaluation des performances et un finan­cement plus sélectif. Le point de vue du philosophe Est-il juste que l’Université soit gratuite ? D’un côté, bien sûr que oui. En effet, à condition de dispo­ser d’un système d’impôt sur le revenu suffisamment performant, mieux vaut offrir l’université gra­tuitement à tous les ménages, non parce que c’est mieux pour les riches (dont les impôts financent de toutes façons les prestations dont ils bénéficient), mais parce que c’est mieux pour les pauvres (facilité administrative, non-stigmatisation des pauvres et incitation au travail). De l’autre, bien sûr que non, car si ce cadeau est égal pour chacun quant à son coût, il est très inégal dans ses effets. A ceux qui sont déjà avantagés par leurs talents initiaux et ce que leur environnement familial et scolaire en a fait, la société a le culot de dire : «Nous vous donnons en outre un gros cadeau supplémentaire sous la forme d’une formation supérieure gratuite» Peut-on réconcilier ces deux intuitions en apparences contradictoires ? Pas trop difficilement. C’est en fait ce que réalise pour l’essentiel le système auquel nous sommes accoutumés : un enseignement supérieur essentiellement gratuit quant à son coût explicite, mais avec une récupération différée non ciblée, sous la forme d’une taxation progressive du revenu des personnes physiques. A cette apologie non déguisée du statu quo, on peut faire au moins quatre objections. Objection 1. Le système actuel taxe indifféremment ceux qui doivent leur revenu élevé à des études payées par la collectivité et ceux qui le doivent à d’autres raisons. Réponse. C’est inévitablement approximatif, mais nullement améliorable par un meilleur ciblage du financement. Tenter de repérer la part de revenu que chacun doit à ses études supérieures, c’est, du point de vue de la recherche de la justice, faire preuve d’un souci de précision bien mal placé. En effet, le revenu que le marché nous attribue est certes fonction des efforts consentis, mais sur la toile de fond d’un ensemble vaste et complexe de dons, d’opportunités, de chances qui nous ont été attribués de manière très inégale et éthiquement arbitraire. Objection 2. En faisant payer aux bénéficiaires le vrai coût de leur formation, on se protège contre de graves gaspillages de ressources dans des formations qui sont loin de valoir ce qu’elles coûtent mais n’en rencontrent pas moins un franc succès du fait de leur gratuité. Réponse. Un usage intelligent des ressources rares disponibles exige une régulation de l’offre des formations. Mais la meilleure régulation, dans ce cas, ne passe pas par la vérité des prix et la souverai­neté du consommateur. La gratuité est naturellement combinable avec un numerus clausus explicite ou implicite, global et/ou spécifique à chaque orientation. Objection 3. Plus les étudiants payeront pour leurs études, plus ils seront à la fois motivés à étudier avec zèle et exigeants à l’égard de leurs enseignants, eux-mêmes désormais soucieux de ne pas perdre la clientèle à la source de leurs revenus. Réponse. Dans un système de concurrence implicite comme le nôtre, où la subsidiation de chaque institution dépend fortement de la proportion des étudiants qu’elle parvient à attirer, les enseignants ont la même incitation financière à se préoccuper de la satisfaction de leurs «clients» que si le montant provenant aujourd’hui des subsides avait à être payé par les étudiants. En outre, une soumission trop directe aux exigences de l’étudiant actuel peut handicaper gravement l’efficacité de long terme du système, qui exige à la fois de laisser place à une recherche sans retombée directe sur l’enseignement actuel et d’enseigner aux étudiants ce qu’il est important qu’ils apprennent, plutôt que ce que l’air du temps leur fait souhaiter d’apprendre. Objection 4. Avec la mobilité transnationale des personnes hautement qualifiées et la décentralisation de la souveraineté fiscale à un niveau sub-national, il sera plus difficile de récupérer par l’impôt l’investissement dont jouissent les titulaires d’emplois hautement qualifiés qui choisissent de s’expatrier. Réponse. Face à cette difficulté, le plus efficace est peut-être encore de préserver et développer, parmi les personnes qui ont la chance de pouvoir bénéficier de l’enseignement supérieur de leur pays, un sentiment de gratitude et une attitude de loyauté à l’égard de cette entité collective qui leur a offert ce privilège.
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Gagné, Natacha. "Anthropologie et histoire." Anthropen, 2017. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.060.

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Abstract:
On a longtemps vu l’histoire et l’anthropologie comme deux disciplines très distinctes n’ayant pas grand-chose en partage. Jusqu’au début du XXe siècle, l’histoire fut essentiellement celle des « civilisés », des Européens et donc des colonisateurs. Si les colonisés n’étaient pas complètement absents du tableau, ils étaient, au mieux, des participants mineurs. L’anthropologie, pour sa part, s’est instituée en ayant pour objet la compréhension des populations lointaines, les « petites sociétés », autochtones et colonisées, ces populations vues comme hors du temps et de l’histoire. Cette situation était le produit d’une division traditionnelle (Harkin 2010 : 114) – et coloniale (Naepels 2010 : 878) – du travail entre histoire et anthropologie. Celle-ci se prolongeait dans le choix des méthodes : les historiens travaillaient en archives alors que les anthropologues s’intéressaient aux témoignages oraux et donc, s’adonnaient à l’enquête de terrain. Les deux disciplines divergeaient également quant à la temporalité : « Pour l’histoire, (…) le temps est une sorte de matière première. Les actes s’inscrivent dans le temps, modifient les choses tout autant qu’ils les répètent. (…) Pour l’anthropologue, s’il n’y prend garde, le temps passe en arrière-plan, au profit d’une saisie des phénomènes en synchronie » (Bensa 2010 : 42). Ces distinctions ne sont plus aujourd’hui essentielles, en particulier pour « l’anthropologie historique », champ de recherche dont se revendiquent tant les historiens que les anthropologues, mais il n’en fut pas de tout temps ainsi. Après s’être d’abord intéressés à l’histoire des civilisations dans une perspective évolutionniste et spéculative, au tournant du siècle dernier, les pères de l’anthropologie, tant en France (Émile Durkheim, Marcel Mauss), aux États-Unis (Franz Boas), qu’en Angleterre (Bronislaw Malinowski, Alfred Radcliffe-Brown), prendront fermement leur distance avec cette histoire. Les questions de méthode, comme le développement de l’observation participante, et l’essor de concepts qui devinrent centraux à la discipline tels que « culture » et « fonction » furent déterminants pour sortir de l’idéologie évolutionniste en privilégiant la synchronie plutôt que la diachronie et les généalogies. On se détourna alors des faits uniques pour se concentrer sur ceux qui se répètent (Bensa 2010 : 43). On s’intéressa moins à l’accidentel, à l’individuel pour s’attacher au régulier, au social et au culturel. Sans être nécessairement antihistoriques, ces précepteurs furent largement ahistoriques (Evans-Pritchard 1962 : 172), une exception ayant été Franz Boas – et certains de ses étudiants, tels Robert Lowie ou Melville J. Herskovits – avec son intérêt pour les contacts culturels et les particularismes historiques. Du côté de l’histoire, on priorisait la politique, l’événement et les grands hommes, ce qui donnait lieu à des récits plutôt factuels et athéoriques (Krech 1991 : 349) basés sur les événements « vrais » et uniques qui se démarquaient de la vie « ordinaire ». Les premiers essais pour réformer l’histoire eurent lieu en France, du côté des historiens qui seront associés aux « Annales », un nom qui réfère à la fois à une revue scientifique fondée en 1929 par Marc Bloch et Lucien Febvre et à une École d’historiens français qui renouvela la façon de penser et d’écrire l’histoire, en particulier après la Seconde Guerre mondiale (Krech 1991; Schöttler 2010). L’anthropologie et la sociologie naissantes suscitèrent alors l’intérêt chez ce groupe d’historiens à cause de la variété de leurs domaines d’enquête, mais également par leur capacité à enrichir une histoire qui n’est plus conçue comme un tableau ou un simple inventaire. Les fondateurs de la nouvelle École française des Annales décrivent leur approche comme une « histoire totale », expression qui renvoie à l’idée de totalité développée par les durkheimiens, mais également à l’idée de synthèse du philosophe et historien Henry Berr (Schöttler 2010: 34-37). L’histoire fut dès lors envisagée comme une science sociale à part entière, s’intéressant aux tendances sociales qui orientent les singularités. L’ouvrage fondateur de Marc Bloch, Les rois thaumaturges (1983 [1924]), pose les jalons de ce dépassement du conjoncturel. Il utilise notamment la comparaison avec d’autres formes d’expériences humaines décrites notamment dans Le Rameau d’Or (1998 [1924; 1890 pour l’édition originale en anglais]) de James G. Frazer et explore le folklore européen pour dévoiler les arcanes religieux du pouvoir royal en France et en Angleterre (Bensa 2010; Goody 1997). Il s’agit alors de faire l’histoire des « mentalités », notion qui se rapproche de celle de « représentation collective » chère à Durkheim et Mauss (sur ce rapprochement entre les deux notions et la critique qui en a été faite, voir Lloyd 1994). Les travaux de la deuxième génération des historiens des Annales, marqués par la publication de l’ouvrage de Fernand Braudel La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II en 1949 et de son arrivée en 1956 à la direction de la revue, peuvent encore une fois mieux se comprendre dans l’horizon du dialogue avec l’anthropologie, d’une part, et avec les area studiesqui se développèrent aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, de l’autre (Braudel 1958). Le projet est de rapporter « la spécificité des acteurs singuliers, des dates et des événements à des considérations plus vastes sur la transformation lente des mœurs et des représentations. Le travail ne consiste pas seulement à capter au projet de l’histoire des rubriques chères à l’anthropologie, mais aussi à caractériser une époque [et une région] par sa façon de percevoir et de penser le monde » (Bensa 2010 : 46). Il s’agit alors de faire l’histoire des structures, des conjonctures et des mentalités (Schöttler 2010 : 38). Les travaux de cette deuxième génération des Annales s’inscrivent dans un vif débat avec l’anthropologie structuraliste de Claude Lévi-Strauss. Si tant Braudel que Lévi-Strauss voulaient considérer les choses de façon globale, Lévi-Strauss situait la globalité dans un temps des sociétés des origines, comme si tout s’était joué au départ et comme si l’histoire n’en serait qu’un développement insignifiant. Pour sa part, Braudel, qui s’intéressait à l’histoire sérielle et à la longue durée, situait plutôt la globalité dans un passé qui sert à comprendre le présent et, jusqu’à un certain point, à prévoir ce qui peut se passer dans le futur. Ce qui constitue le fond de leur opposition est que l’un s’intéresse à l’histoire immobile alors que l’autre s’intéresse à l’histoire de longue durée, soit l’histoire quasi immobile selon laquelle, derrière les apparences de la reproduction à l’identique, se produisent toujours des changements, même très minimes. Dans les deux cas, l’ « événementiel » ou ce qui se passe à la « surface » sont à l’opposé de leur intérêt pour la structure et la profondeur, même si ces dernières ne sont pas saisies de la même façon. Pour Braudel, la structure est pleinement dans l’histoire ; elle est réalité concrète et observable qui se décèle notamment dans les réseaux de relations, de marchandises et de capitaux qui se déploient dans l’espace et qui commandent les autres faits dans la longue durée (Dosse 1986 : 89). Les travaux de Braudel et son concept d’ « économie-monde » inspireront plusieurs anthropologues dont un Marshall Sahlins et un Jonathan Friedman à partir du tournant des années 1980. Pour Lévi-Strauss, la structure profonde, celle qui correspond aux enceintes mentales humaines, « ne s’assimile pas à la structure empirique, mais aux modèles construits à partir de celle-ci » (Dosse 1986 : 85). Elle est donc hors de l’histoire. Comme le rappelait François Hartog (2014 [2004] : 287), Lévi-Strauss a souvent dit « rien ne m’intéresse plus que l’histoire. Et depuis fort longtemps! » (1988 : 168; voir d’ailleurs notamment Lévi-Strauss 1958, 1983), tout en ajoutant « l’histoire mène à tout, mais à condition d’en sortir » (Lévi-Strauss 1962 : 348) ! Parallèlement à l’entreprise déhistoricisante de Lévi-Strauss, d’autres anthropologues insistent au contraire à la même époque sur l’importance de réinsérer les institutions étudiées dans le mouvement du temps. Ainsi, Edward E. Evans-Pritchard, dans sa célèbre conférence Marett de 1950 qui sera publiée en 1962 sous le titre « Anthropology and history », dénonce le fait que les généralisations en anthropologie autour des structures sociales, de la religion, de la parenté soient devenues tellement généralisées qu’elles perdent toute valeur. Il insiste sur la nécessité de faire ressortir le caractère unique de toute formation sociale. C’est pour cette raison qu’il souligne l’importance de l’histoire pour l’anthropologie, non pas comme succession d’événements, mais comme liens entre eux dans un contexte où on s’intéresse aux mouvements de masse et aux grands changements sociaux. En invitant notamment les anthropologues à faire un usage critique des sources documentaires et à une prise en considération des traditions orales pour comprendre le passé et donc la nature des institutions étudiées, Evans-Pritchard (1962 : 189) en appelle à une combinaison des points de vue historique et fonctionnaliste. Il faut s’intéresser à l’histoire pour éclairer le présent et comment les institutions en sont venues à être ce qu’elles sont. Les deux disciplines auraient donc été pour lui indissociables (Evans-Pritchard 1962 : 191). Au milieu du XXe siècle, d’autres anthropologues s’intéressaient aux changements sociaux et à une conception dynamique des situations sociales étudiées, ce qui entraîna un intérêt pour l’histoire, tels que ceux de l’École de Manchester, Max Gluckman (1940) en tête. En France, inspiré notamment par ce dernier, Georges Balandier (1951) insista sur la nécessité de penser dans une perspective historique les situations sociales rencontrées par les anthropologues, ce qui inaugura l’étude des situations coloniales puis postcoloniales, mais aussi de l’urbanisation et du développement. Cette importance accordée à l’histoire se retrouva chez les anthropologues africanistes de la génération suivante tels que Jean Bazin, Michel Izard et Emmanuel Terray (Naepels 2010 : 876). Le dialogue entre anthropologie et histoire s’est développé vers la même époque aux États-Unis. Après le passage de l’Indian Claims Commission Act en 1946, qui établit une commission chargée d’examiner les revendications à l’encontre de l’État américain en vue de compensations financières pour des territoires perdus par les nations autochtones à la suite de la violation de traités fédéraux, on assista au développement d’un nouveau champ de recherche, l’ethnohistoire, qui se dota d’une revue en 1954, Ethnohistory. Ce nouveau champ fut surtout investi par des anthropologues qui se familiarisèrent avec les techniques de l’historiographie. La recherche, du moins à ses débuts, avait une orientation empirique et pragmatique puisque les chercheurs étaient amenés à témoigner au tribunal pour ou contre les revendications autochtones (Harkin 2010). Les ethnohistoriens apprirent d’ailleurs à ce moment à travailler pour et avec les autochtones. Les recherches visaient une compréhension plus juste et plus holiste de l’histoire des peuples autochtones et des changements dont ils firent l’expérience. Elles ne manquèrent cependant pas de provoquer un certain scepticisme parmi les anthropologues « de terrain » pour qui rien ne valait la réalité du contact et les sources orales et pour qui les archives, parce qu’étant celles du colonisateur, étaient truffées de mensonges et d’incompréhensions (Trigger 1982 : 5). Ce scepticisme s’estompa à mesure que l’on prit conscience de l’importance d’une compréhension du contexte historique et de l’histoire coloniale plus générale pour pouvoir faire sens des données ethnologiques et archéologiques. L’ethnohistoire a particulièrement fleuri en Amérique du Nord, mais très peu en Europe (Harkin 2010; Trigger 1982). On retrouve une tradition importante d’ethnohistoriens au Québec, qu’on pense aux Bruce Trigger, Toby Morantz, Rémi Savard, François Trudel, Sylvie Vincent. L’idée est de combiner des données d’archives et des données archéologiques avec l’abondante ethnographie. Il s’agit également de prendre au sérieux l’histoire ou la tradition orale et de confronter les analyses historiques à l’interprétation qu’ont les acteurs de l’histoire coloniale et de son impact sur leurs vies. La perspective se fit de plus en plus émique au fil du temps, une attention de plus en plus grande étant portée aux sujets. Le champ de recherche attira graduellement plus d’historiens. La fin des années 1960 fut le moment de la grande rencontre entre l’anthropologie et l’histoire avec la naissance, en France, de l’« anthropologie historique » ou « nouvelle histoire » et, aux États-Unis, de la « New Cutural History ». L’attention passa des structures et des processus aux cultures et aux expériences de vie des gens ordinaires. La troisième génération des Annales fut au cœur de ce rapprochement : tout en prenant ses distances avec la « religion structuraliste » (Burguière 1999), la fascination pour l’anthropologie était toujours présente, produisant un déplacement d’une histoire économique et démographique vers une histoire culturelle et ethnographique. Burguière (1999) décrivait cette histoire comme celle des comportements et des habitudes, marquant un retour au concept de « mentalité » de Bloch. Les inspirations pour élargir le champ des problèmes posés furent multiples, en particulier dans les champs de l’anthropologie de l’imaginaire et de l’idéologique, de la parenté et des mythes (pensons aux travaux de Louis Dumont et de Maurice Godelier, de Claude Lévi-Strauss et de Françoise Héritier). Quant à la méthode, la description dense mise en avant par Clifford Geertz (1973), la microhistoire dans les traces de Carlo Ginzburg (1983) et l’histoire comparée des cultures sous l’influence de Jack Goody (1979 [1977]) permirent un retour de l’événement et du sujet, une attention aux détails qui rejoignit celle qu’y accordait l’ethnographie, une conception plus dynamique des rapports sociaux et une réinterrogation des généralisations sur le long terme (Bensa 2010 : 49 ; Schmitt 2008). Aux États-Unis, la « New Culturel History » qui s’inscrit dans les mêmes tendances inclut les travaux d’historiens comme Robert Darnon, Natalie Zemon Davis, Dominick La Capra (Iggers 1997; Krech 1991; Harkin 2010). L’association de l’histoire et de l’anthropologie est souvent vue comme ayant été pratiquée de manière exemplaire par Nathan Wachtel, historien au sens plein du terme, mais également formé à l’anthropologie, ayant suivi les séminaires de Claude Lévi-Strauss et de Maurice Godelier (Poloni-Simard et Bernand 2014 : 7). Son ouvrage La Vision des vaincus : les Indiens du Pérou devant la Conquête espagnole 1530-1570 qui parut en 1971 est le résultat d’un va-et-vient entre passé et présent, la combinaison d’un travail en archives avec des matériaux peu exploités jusque-là, comme les archives des juges de l’Inquisition et les archives administratives coloniales, et de l’enquête de terrain ethnographique. Cet ouvrage met particulièrement en valeur la capacité d’agir des Autochtones dans leur rapport avec les institutions et la culture du colonisateur. Pour se faire, il appliqua la méthode régressive mise en avant par Marc Bloch, laquelle consiste à « lire l’histoire à rebours », c’est-à-dire à « aller du mieux au moins bien connu » (Bloch 1931 : XII). Du côté des anthropologues, l’anthropologie historique est un champ de recherche en effervescence depuis les années 1980 (voir Goody 1997 et Naepels 2010 pour une recension des principaux travaux). Ce renouveau prit son essor notamment en réponse aux critiques à propos de l’essentialisme, du culturalisme, du primitivisme et de l’ahistoricisme (voir Fabian 2006 [1983]; Thomas 1989; Douglas 1998) de la discipline anthropologique aux prises avec une « crise de la représentation » (Said 1989) dans un contexte plus large de décolonisation qui l’engagea dans un « tournant réflexif » (Geertz 1973; Clifford et Marcus 1986; Fisher et Marcus 1986). Certains se tournèrent vers l’histoire en quête de nouvelles avenues de recherche pour renouveler la connaissance acquise par l’ethnographie en s’intéressant, d’un point de vue historique, aux dynamiques sociales internes, aux régimes d’historicité et aux formes sociales de la mémoire propres aux groupes auprès desquels ils travaillaient (Naepels 2010 : 877). Les anthropologues océanistes participèrent grandement à ce renouveau en discutant de la nécessité et des possibilités d’une anthropologie historiquement située (Biersack 1991; Barofsky 2000; Merle et Naepels 2003) et par la publication de plusieurs monographies portant en particulier sur la période des premiers contacts entre sociétés autochtones et Européens et les débuts de la période coloniale (entre autres, Dening 1980; Sahlins 1981, 1985; Valeri 1985; Thomas 1990). L’ouvrage maintenant classique de Marshall Sahlins, Islands of History (1985), suscita des débats vigoureux qui marquèrent l’histoire de la discipline anthropologique à propos du relativisme en anthropologie, de l’anthropologie comme acteur historique, de l’autorité ethnographique, de la critique des sources archivistiques, des conflits d’interprétation et du traitement de la capacité d’agir des populations autochtones au moment des premiers contacts avec les Européens et, plus largement, dans l’histoire (pour une synthèse, voir Kuper 2000). Pour ce qui est de la situation coloniale, le 50e anniversaire de la publication du texte fondateur de Balandier de 1951, au début des années 2000, fut l’occasion de rétablir, approfondir et, dans certains cas, renouveler le dialogue non seulement entre anthropologues et historiens, mais également, entre chercheurs français et américains. Les nouvelles études coloniales qui sont en plein essor invitent à une analyse méticuleuse des situations coloniales d’un point de vue local de façon à en révéler les complexités concrètes. On y insiste aussi sur l’importance de questionner les dichotomies strictes et souvent artificielles entre colonisateur et colonisé, Occident et Orient, Nord et Sud. Une attention est aussi portée aux convergences d’un théâtre colonial à un autre, ce qui donne une nouvelle impulsion aux analyses comparatives des colonisations (Sibeud 2004: 94) ainsi qu’au besoin de varier les échelles d’analyse en établissant des distinctions entre les dimensions coloniale et impériale (Bayart et Bertrand 2006; Cooper et Stoler 1997; Singaravélou 2013; Stoler, McGranahn et Perdue 2007) et en insérant les histoires locales dans les processus de globalisation, notamment économique et financière, comme l’ont par exemple pratiqué les anthropologues Jean et John Comaroff (2010) sur leur terrain sud-africain. Ce « jeu d’échelles », représente un défi important puisqu’il force les analystes à constamment franchir les divisions persistantes entre aires culturelles (Sibeud 2004: 95). Ce renouveau a également stimulé une réflexion déjà amorcée sur l’usage des archives coloniales ainsi que sur le contexte de production et de conservation d’une archive (Naepels 2011; Stoler 2009), mais également sur les legs coloniaux dans les mondes actuels (Bayart et Bertrand 2006; De l’Estoile 2008; Stoler 2016)
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