Academic literature on the topic 'Perception olfactive – Sociologie'

Les odeurs sont au centre des préoccupations sociales, scientifiques et littéraires de la France de la seconde moitié du XIXe siècle. Sous l'influence d'un contexte intellectuel tiraillé entre un sensualisme scientifique hérité des Lumières et une tradition néo-platonicienne dénigrant les sens, les représentations culturelles de l'olfaction relèvent à la fois d'anciennes inquiétudes liées aux fonctions méprisées de la corporalité et d'usages épistémologiques considérant les perceptions sensorielles comme le point de départ de toute entreprise intellectuelle. Dans ce contexte unique, la production littéraire de l'époque se fait acteur et témoin d'un imaginaire des odeurs plus complexe qu'il n'y paraît. La construction des savoirs les plus abstraits n'est en effet plus nécessairement séparée des fonctions les plus communes, voire triviales, de la corporalité. La thèse va donc explorer les connotations immatérielles, abstraites, voire spirituelles et métaphysiques, souvent attribuées aux odeurs dans les textes littéraires de langue française de 1857 à 1914. Grâce aux apports récents de certaines réflexions en sciences cognitives, et à des perspectives théoriques issues (entre autres) de l'épistémocritique, de la poétique, de l'histoire des sciences et de l'histoire de la parfumerie, la thèse utilise la riche culture olfactive des textes de cette époque pour montrer comment les odeurs et les parfums peuvent être à la fois objets et sources de savoirs tout aussi divers que complexes<br>Smells are at the center of social, scientific and literary concerns in France during the second half of the 19th century. Under the influence of an intellectual context torn between empiricism and neo-Platonic idealism, cultural representations of olfaction reflect both ancient concerns associated with a negative view of corporeality and epistemological practices that consider sensory input as the basis for all thought. Cultural and literary productions of the time reflect these ambivalent beliefs surrounding olfaction: while still deeply linked to corporeality, smells are often used to represent mysterious phenomena and complex scientific notions. As such, the construction of knowledge is no longer necessarily separated from the most common, even trivial, functions of the body. This study will therefore explore the immaterial, abstract, and even spiritual or metaphysical connotations associated with olfaction in French texts published from 1857 to 1914. Thanks to the theoretical input of cognitive studies, epistemocritics, poetics, the history of science and the history of perfumery, the thesis analyzes the rich olfactory culture of late 19th century France to show how odors and perfumes can be thought of as both objects and sources of complex, and even abstract, knowledge

Cette recherche se propose d'explorer les ambiances olfactives dans l'espace construit, de façon à se donner des moyens pour en tenir compte dans la conception architecturale. Il s'agit de mieux comprendre les modes d'apparition, de transition ou de disparition de l'odeur dans l'espace, si possible dans leurs rapports à des dispositifs techniques et/ ou spatiaux. La démarche de conception du bâti implique une anticipation des ambiances des futurs espaces. Après une première exploration des propriétés essentielles de l'espace olfactif humain, une enquête (de type sociologique) a permis de dégager certaines propriétés de l'interprétation olfactive située, qui apparaît le plus souvent comme la résultante d'une combinaison de facteurs physico-chimiques, physiologiques et socioculturels. Le paradigme d'effet odorant, proposé à la suite de cette enquête, est un outil de description, voire de conception de cette combinaison dans de nombreuses situations. Une enquête de terrain a ensuite permis d'approfondir ces premières inférences, en les confrontant à la réalité olfactive et matérielle d'un site précis. Pour analyser l'environnement odorant il a été nécessaire d'adapter une méthode pluridisciplinaire jusque là utilisée pour aborder d'autres modalités sensorielles. Cette méthode dite " des parcours commentés " est basée sur la confrontation des descriptions d'ambiances de passants, enregistrés in situ, lors de trajets dans le lieu étudié, couplés avec des relevés métrologiques et ethnographiques. Pour l'adapter à l'approche des ambiances olfactives, il a entre autres fallu faire appel à un jury d'évaluateurs formés dans le cadre de ce travail pour décrire l'odeur de façon " normalisée " (à travers un référentiel de 45 molécules odorantes). Une synthèse de l'ensemble des analyses et données recueillies permet de pointer certaines interactions entre le bâti (ses particularités spatiales et techniques), les odeurs et les interprétations des usagers. Ces configurations olfactives peuvent être considérées comme des modèles pour une prise en compte de l'odeur dans la conception architecturale et urbaine.