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Traoré, Yaya, and Jean Moreau. "Situation politique et culturelle au Mali." Humanisme N° 299, no. 2 (April 1, 2013): 102–6. http://dx.doi.org/10.3917/huma.299.0102.

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Harvey, Fernand. "Le gouvernement de Robert Bourassa et la culture, 1970-1976." Les Cahiers des Dix, no. 72 (February 28, 2019): 291–326. http://dx.doi.org/10.7202/1056419ar.

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Abstract:
Slogan électoral ou politique culturelle? La souveraineté culturelle mise de l’avant par le premier ministre Robert Bourassa a suscité d’importants débats à caractère politique, social et culturel au cours des deux mandats du gouvernement libéral, de 1970 à 1976. Ce débat met à l’avant-scène différents acteurs: deux ministres du gouvernement Bourassa – Jean-Paul L’Allier aux Communications et Denis Hardy aux Affaires culturelles –, des membres de l’opposition à Québec, le ministre Gérard Pelletier au niveau fédéral et un regroupement issu de la société civile, le Tribunal de la culture, présidé par l’anthropologue Marcel Rioux. En relation avec ce débat se profile un élargissement de la notion même de culture qui ne se limite plus aux arts, aux lettres et au patrimoine. La recherche d’une politique culturelle pour le Québec est ainsi étroitement liée à l’affirmation d’une politique des communications, laquelle soulève des obstacles constitutionnels avec le gouvernement fédéral.
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Bock, Michel. "« Jeter les bases d’une “politique franco-ontarienne” » : le Comité franco-ontarien d’enquête culturelle à l’heure des grandes ruptures (1967-1970)." Cahiers Charlevoix 9 (April 10, 2017): 61–106. http://dx.doi.org/10.7202/1039313ar.

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Abstract:
Michel Bock se penche sur le Rapport Saint-Denis, fruit du Comité franco-ontarien d’enquête culturelle mis sur pied en mai 1967 par le premier ministre John Robarts afin de faire le bilan de la situation culturelle des Franco-Ontariens. Déposé en janvier 1969, une vingtaine de mois plus tard, La Vie culturelle des Franco-Ontariens livrait le résultat de ses délibérations, « un portrait riche et complexe de l’Ontario français qui débordait largement le domaine strict des arts et de la culture », avec une série de 107 recommandations. Selon Michel Bock, l’analyse des travaux du comité présidé par Roger Saint-Denis « permet au chercheur de jeter un regard probant sur la nature et l’ampleur des bouleversements qu’a connus l’Ontario français à la fin des années 1960 et de jauger l’importance relative des éléments de rupture et de continuité qui se sont exercés, à un moment précis, sur la redéfinition de sa référence identitaire ». À la fois reflet et catalyseur des enjeux débattus au sein de l’élite intellectuelle franco-ontarienne, le Rapport Saint-Denis contribua par exemple au virage de l’Acféo, l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario, dont le nom modifié en Association canadienne-française de l’Ontario (Acfo) en mars 1969 manifestait son ouverture à l’égard de toutes les facettes de la vie culturelle des Franco-Ontariens, et non plus seulement aux revendications linguistiques et scolaires. « L’acceptation par l’élite franco-ontarienne de la nécessité d’une intervention étatique musclée représentait un élément de rupture substantiel par rapport au nationalisme canadien-français traditionaliste », note l’auteur. Le programme de développement proposé, notamment par la création d’un Conseil franco-ontarien d’orientation culturelle, devait amener l’État à prendre ses responsabilités face à sa minorité culturelle, conformément à la thèse des deux peuples fondateurs du Canada, qui continuait, en revanche, de guider l’action de l’élite franco-ontarienne. En ce sens, la logique du Rapport Saint-Denis demeurait très proche, somme toute, de celle du projet national canadien-français. Même si le sort de ce rapport ne fut pas entièrement à la mesure des attentes du Comité franco-ontarien d’enquête culturelle, son impact reste majeur sur le rayonnement des arts en Ontario français.
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4

Bondaz, Julien. "Politique des objets de musée en Afrique de l’Ouest." Anthropologie et Sociétés 38, no. 3 (March 11, 2015): 95–111. http://dx.doi.org/10.7202/1029020ar.

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Abstract:
Cet article montre comment les objets exposés dans les musées nationaux d’Afrique fonctionnent comme des supports de discours identitaires ou comme des moyens de reconnaissance et de revendications politiques. Le paradigme ethnique hérité de la période coloniale donne lieu à des aménagements et à des actualisations, qui visent à rendre compte à la fois de la diversité culturelle et de l’unité nationale des différents pays concernés. Les relations des visiteurs aux collections muséales sont parfois l’occasion de processus de subjectivation et d’appropriation, dont l’observation permet de décentrer les débats sur les publics des institutions patrimoniales. Sur la base d’exemples concernant les musées nationaux du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Sénégal, il s’agit ainsi de mieux comprendre pourquoi les usages politiques des objets de musée posent non seulement des problèmes muséographiques, mais aussi des questions plus importantes au sujet de la fabrique des communautés en Afrique de l’Ouest.
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5

Harvey, Fernand. "La vie culturelle à Québec (1791-2008)." Les Cahiers des dix, no. 62 (September 24, 2009): 251–81. http://dx.doi.org/10.7202/038127ar.

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Abstract:
Entreprendre l’analyse de la vie culturelle d’une ville équivaut à dégager les paramètres de son identité. Au fil des décennies, les arts et les lettres connaissent des périodes de créativité et de stagnation, compte tenu du dynamisme des acteurs culturels. À quoi s’ajoute le contexte économique et politique qui conditionne, pour une bonne part, l’ampleur et la qualité de cette vie culturelle. Le cas de Québec est ici examiné sur une période de deux siècles, soit de 1791, au moment où la ville devient la capitale du Bas-Canada, jusqu’à 2008, année du 400e anniversaire de sa fondation. Quatre sous périodes sont identifiées : la ville coloniale du régime anglais où les influences étrangères et locales façonnent la nouvelle personnalité culturelle de Québec (1791-1866), la capitale culturelle du Canada français et la valorisation du régionalisme (1867-1945), la ville qui cherche sa voie entre la tradition et la modernité (1946-1969), et finalement Québec comme second pôle culturel du Québec (1970-2008).
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Friedman, Jonathan. "Culture et politique de la culture1." Anthropologie et Sociétés 28, no. 1 (November 19, 2004): 23–43. http://dx.doi.org/10.7202/008569ar.

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Abstract:
RésuméCet article traite de ce qui détermine les politiques de la culture. L’argument central est que les formes de culture résultent de l’expérience socialement construite – ce que j’appelle le substrat expérientiel de la culture – et que celui-ci voit le jour dans le contexte d’une existence sociale qui est elle-même reliée à des processus globaux. En abordant l’histoire du concept de culture dans ces termes, je montre que l’émergence des politiques identitaires depuis le milieu des années 1970 est en rapport avec ce processus plus large qu’est le déclin de l’hégémonie occidentale. De ce point de vue, les nouvelles politiques de la culture révèlent une véritable fragmentation politique et culturelle. Mais ce déclin constitue la base de la globalisation politico-économique et grâce à lui émergent des élites cosmopolites qui deviennent les hérauts du discours de globalisation. Ce discours fait à son tour partie de la polarisation de classe qui voit s’affirmer les nouvelles élites cosmopolites « hybrides » alors que s’éclipsent les pouvoirs locaux indigènes.
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Cezar Miskulin, Sílvia. "A POLÍTICA CULTURAL NA REVOLUÇÃO CUBANA: as disputas intelectuais nos anos 1960 e 1970." Caderno CRH 32, no. 87 (December 31, 2019): 537. http://dx.doi.org/10.9771/ccrh.v32i87.31027.

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Abstract:
<p>A Revolução Cubana promoveu grandes transformações na sociedade da ilha. Novas publicações, instituições culturais e manifestações artísticas acompanharam a efervescência política e cultural ao longo dos anos 60. Esta pesquisa analisou o suplemento cultural Lunes de Revolución, a editora El Puente e o suplemento cultural El Caimán Barbudo, com o objetivo de mostrar o surgimento das novas publicações e manifestações culturais em Cuba após o triunfo da Revolução. O trabalho demonstra que o surgimento de uma política cultural acarretou a normatização e o controle das produções culturais pelo governo cubano desde os anos 1960, e mais ainda após 1971, quando se acentuou o fechamento e o endurecimento no meio cultural cubano.</p><p> </p><p>CULTURAL POLICY IN THE CUBAN REVOLUTION: intellectual disputes in the 1960s and 1970s</p><p>The Cuban Revolution promoted great transformations in the society of the island. New publications, cultural institutions and artistic manifestations accompanied the political and cultural effervescence throughout the 1960s.This research analyzed the cultural supplement Lunes de Revolución, the El Puente publishing house and the El Caimán Barbudo cultural supplement, with the aim of showing the emergence of new publications and cultural manifestations in Cuba after the triumph of the Revolution. However, the emergence of a cultural policy has led to the normalization and control of cultural productions by the Cuban government since the 1960s, and especially after 1971, when the closing and hardening of the Cuban cultural milieu became more pronounced.</p><p>Key words: Cuba. Revolution. Culture. History. Intellectual.</p><p> </p><p>LA POLITIQUE CULTURELLE DANS LA REVOLUTION CUBAINE: controverses intellectuelles dans les annees 1960 et 1970</p><p>La révolution cubaine a promu de grandes transformations dans la société de l’île. De nouvelles publications, des institutions culturelles et des manifestations artistiques ont accompagné l’effervescence politique et culturelle tout au long des années 1960.Cette recherche a analysé le supplément culturel Lunes de Revolución, la maison d’édition El Puente et le supplément culturel El Caimán Barbudo, dans le but de montrer l’émergence de nouvelles publications et manifestations culturelles à Cuba après le triomphe de la Révolution. Cependant, l’émergence d’une politique culturelle a conduit à la normalisation et au contrôle des productions culturelles par le gouvernement cubain depuis les années 1960, et encore plus après 1971, lorsque la fermeture et l’endurcissement du milieu culturel cubain se sont accentués.</p><p>Mots clés: Cuba. Révolution. Culture. Histoire. Intellectuel.</p>
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Dalle-Nazébi, Sophie, and Nathalie Lachance. "France et Québec devant la diversité culturelle. Les politiques à l’épreuve de la surdité." III L’État et les identités, no. 53 (November 4, 2005): 143–53. http://dx.doi.org/10.7202/011652ar.

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Abstract:
Cet article porte sur les constructions identitaires des personnes sourdes en France et au Québec, cadres politiques de traditions différentes dans la gestion des différences culturelles. Les personnes sourdes ont développé historiquement des espaces permettant l’apparition d’une vie collective, le partage de manières de dire et de penser leur rapport au monde, ainsi qu’une transmission linguistique et culturelle. La mise en place d’une politique d’intégration scolaire dans les années 1970 en France et au Québec a bouleversé ces repères traditionnels. Les sourds ont alors voulu affirmer publiquement leur existence culturelle spécifique, revendiquant le droit de s’exprimer en langues des signes. Ils souhaitent, au nom d’une meilleure participation sociale individuelle, que leur existence collective soit reconnue. Les réponses institutionnelles des gouvernements français et québécois à ces nouvelles revendications sont analysées.
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Harvey, Fernand. "Le ministère des Affaires culturelles sous Jean-Noël Tremblay : turbulences et réalisations (1966 –1970)." Zone libre, no. 70 (January 26, 2017): 289–342. http://dx.doi.org/10.7202/1038751ar.

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Abstract:
Cet article s’inscrit dans la suite des recherches de l’auteur sur l’histoire des politiques culturelles du Québec. Les années 1966-1970, ici considérées, correspondent à une période passablement agitée de l’histoire du Québec sur le plan politique, constitutionnel, social, culturel et linguistique. Le ministère des Affaires culturelles et son titulaire, Jean-Noël Tremblay, doivent faire face à des défis nouveaux : la présence concurrente de plus en plus marquée du gouvernement fédéral et de ses politiques culturelles, les exigences d’un milieu culturel et artistique en pleine croissance, les inquiétudes formulées par les intellectuels quant à l’avenir de la culture québécoise. Pour répondre à ces défis, l’action politique du ministère met l’accent sur la préservation du patrimoine, la promotion de l’activité culturelle en région – hors Montréal et Québec - et l’appui à la culture d’élite, notamment en soutenant la musique et le théâtre. Mais l’absence d’une vision d’ensemble de la culture a empêché le Ministère d’intégrer la culture de masse et l’audiovisuel dans ses politiques.
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Santini, Sylvano. "La « bâtardise » de Patrick Straram. La gauche culturelle au Québec dans les années 1970 et ses suites." Globe 14, no. 1 (September 27, 2011): 53–75. http://dx.doi.org/10.7202/1005986ar.

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Abstract:
Écrivain marginal et animateur culturel coloré, Patrick Straram est surtout connu comme l’une des figures importantes de la contre-culture au Québec dans les années 1970. Cette association apparaît si évidente aujourd’hui qu’elle scelle le rôle qu’il aurait joué dans l’histoire culturelle québécoise. Straram était pourtant engagé à la même époque dans la lutte pour l’avènement du socialisme sur le plan culturel. Il a participé à la fondation de Chroniques en 1975, revue dont l’une des principales cibles était la contre-culture. Straram n’était pas à une contradiction près. L’attention qu’il portait à lui-même dans ses « écritures » (son individualisme) et sa sensibilité pour l’émancipation politique (son collectivisme) le plaçaient dans un rapport équivoque autant avec les camarades de l’extrême gauche qu’avec la communauté contre-culturelle. Occupant un lieu mal défini entre deux mouvements majeurs de l’époque, il se considérait comme un « bâtard ». J’aimerais revenir, dans cet article, sur la bâtardise de Straram, car elle représente, sur le plan culturel, une voie médiane et originale qui répond aux limites de l’engagement révolutionnaire au milieu des années 1970 et qui anticipe un certain esprit de la gauche qui s’est manifesté plus explicitement à partir des années 1980.
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Meunier, E. Martin. "Jacques Grand’Maison et la Révolution tranquille." Mens 3, no. 2 (April 25, 2014): 149–91. http://dx.doi.org/10.7202/1024642ar.

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Abstract:
Cet article porte essentiellement sur la part sociale et politique de l’œuvre et de l’engagement du chanoine Jacques Grand’Maison, de la Révolution tranquille à nos jours. De la critique du cléricalisme et du bossisme de la « Grande Noirceur » dans les années 1950 à la libération culturelle des années 1960-1970, de la critique de la nouvelle classe fin 1970 et début 1980 à celle de la culture de masse dite thérapeutique des années 1980-1990, Jacques Grand’Maison a toujours cherché à établir le dialogue avec les générations qui ont marqué le Québec contemporain. Par l’analyse de l’itinéraire intellectuel parfois sinueux de Grand’Maison, cet article tente de repérer les événements référentiels qui ont contribué à façonner une part de la spécificité de l’histoire intellectuelle du Québec depuis la Révolution tranquille.
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Charrasse, David, and Gérard Noiriel. "Lorraine du Nord et anthropologie industrielle en France : bilan provisoire." Anthropologie et Sociétés 10, no. 1 (September 10, 2003): 11–31. http://dx.doi.org/10.7202/006318ar.

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Abstract:
Résumé RÉSUMÉ/SUMMARY Lorraine du Nord et anthropologie industrielle en France : bilan provisoire Pour des raisons à la fois politiques et relevant de l'histoire des sciences sociales, l'anthropologie industrielle n'en est encore en France, et tout particulièrement en Lorraine, qu'à ses débuts. La crise des années 1970 a développé l'intérêt pour ce type d'approche, mais ce n'est qu'avec la nouvelle politique culturelle appliquée après 1981 que l'anthropologie industrielle a connu un véritable " démarrage ". Cet article illustre à partir d'une expérience concrète combien cette discipline est riche de potentialités pour la recherche scientifique, mais aussi traversée d'ambigui'tés.
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Dakhlia, Jocelyne. "La «culture nébuleuse» ou l’Islam à l’épreuve de la comparaison." Annales. Histoire, Sciences Sociales 56, no. 6 (December 2001): 1177–99. http://dx.doi.org/10.1017/s0395264900033941.

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Abstract:
RésuméLa faible présence théorique en France des sciences sociales du Maghreb et, plus généralement, du monde arabe et de l’Islam conduit à s’interroger d’une part sur la chronologie de cet effacement, à partir du cas d’un débat sur l’anthropologie culturelle lancé par l’historien marocain Abdallah Laroui dans les années 1970, d’autre part sur les raisons ou les effets d’une opacité de l’Islam en regard d’autres aires culturelles extra-européennes dans l’échange comparatiste. L’article tend à remettre en cause une certaine forme de comparatisme, trop axé sur le principe de la cohérence culturelle des sociétés envisagées et qui postule le plus souvent la spécificité irréductible de chacune d’entre elles. Il conteste également le principe de parité, inhérent à l’opération comparatiste, qui s’avère illusoire et trompeur lorsqu’il met en présence des contextes de production scientifique asymétriques. Dans le cas du Maghreb, la formulation même de la comparaison est encore aggravée par la subordination politique.
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Gunter, Christopher. "La nouvelle muséologie comme mouvement politique." Culture and Local Governance 6, no. 1 (December 4, 2019): 50–63. http://dx.doi.org/10.18192/clg-cgl.v6i1.4556.

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Abstract:
Développée par des chercheurs et muséologues français depuis le début des années 1970, la nouvelle muséologie a été étroitement étudiée dans le contexte de la pratique muséale comme un tournant du renouvèlement des pratiques professionnelles. Plus qu’un instrument du renouveau professionnel, la nouvelle muséologie a été porteuse d’un projet politique souvent occulté dans la littérature sur le patrimoine et la culture. Or, la nouvelle muséologie avait pour objectif de mobiliser le musée afin de favoriser l’intégration sociale des populations et d’utiliser cette institution dans le cadre de projets communautaires. La nouvelle muséologie prétendait que le musée pourrait transformer la société et participer aux politiques publiques. En revisitant ce débat sous l’angle des politiques publiques, cet article cherche à repositionner la notion et l’histoire de la nouvelle muséologie en la resituant dans son contexte politique en s’appuyant sur les cas de la France et du Québec. En s’appuyant sur des études de cas d’institutions muséales québécoises s’inscrivant dans la mouvance de la nouvelle muséologie, cet article illustre les stratégies et la contribution de ces musées dans le développement de nouvelles formes de participations publiques qui ont émergé comme un défi aux mécanismes politiques traditionnels qui prévalent. Ultimement, cet article tente de mettre en évidence les dynamiques transnationales à l’œuvre dans la circulation des modèles de l’action publique culturelle.
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Robert, Marc-André. "Une semaine dans la vie de camarades (1976) : manifeste cinématographique de la contre-culture québécoise1." Revue d’histoire de l’Amérique française 67, no. 2 (December 2, 2014): 193–221. http://dx.doi.org/10.7202/1027647ar.

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Abstract:
En avril 1975 s’ouvre la Rencontre internationale de la contre-culture (RIC) de Montréal. Événement phare de la contre-culture québécoise, elle donne lieu à la production d’un long-métrage documentaire de quatre heures empruntant à l’esthétique du cinéma direct : Une semaine dans la vie de camarades (1976), des cinéastes Jean Gagné et Serge Gagné, deux acteurs de premier plan de la mouvance contre-culturelle au Québec. Portrait social et politique de la culture québécoise, ce film propose une série d’entrevues avec des « travailleurs culturels » à travers un voyage aux quatre coins du Québec. Critique de la culture institutionnalisée des années 1970, Une semaine dans la vie de camarades explore les différentes manifestations culturelles populaires en sol québécois. À partir d’une analyse historique des représentations de la contre-culture dans ce film, cet article vise à comprendre les composantes du discours politique associé à ce phénomène. En ressort la prédominance d’une prise de parole collective dans l’espace public. Manifeste à l’endroit des pouvoirs politique et économique, elle expose les clivages entre le peuple et les élites en regard à la culture.
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Hotte, Lucie. "Les Arts au service de l’identité : le rôle des rapports de comités d’enquête dans la définition de l’art minoritaire." Nouvelles perspectives en sciences sociales 8, no. 2 (June 18, 2013): 101–17. http://dx.doi.org/10.7202/1016472ar.

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Abstract:
Cet article porte sur les attentes des élites franco-canadiennes, et plus particulièrement franco-ontariennes, à l’égard des artistes et de leurs oeuvres dans le contexte des transformations sociétales qui ont cours durant les années 1960 et 1970. Il analyse plus précisément les trois rapports d’enquêtes commandés par le gouvernement ontarien entre 1969 et 1991, soit ceux du Comité franco-ontarien d’enquête culturelle (communément appelé le Rapport Saint-Denis, déposé en 1969), du Groupe d’étude sur les arts dans la vie franco-ontarienne, intitulé Cultiver sa différence. Rapport sur les arts dans la vie franco-ontarienne (ou le Rapport Savard, déposé en 1977) et du Groupe de travail pour une politique culturelle des francophones de l’Ontario, dont le titre est RSVP. Clefs en main (ou le Rapport Grisé, déposé en 1991). L’analyse permet de cerner les divers rôles, le plus souvent de cohésion sociale et de construction identitaire, que les élites souhaitent faire jouer aux artistes et aux oeuvres et de dégager les principaux enjeux et défis que les conceptions de l’art proposées, voire imposées, posent aux artistes.
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d’Adesky, Jacques. "L’anthropologie brésilienne face aux politiques d’action affirmative1 (note de recherche)." Anthropologie et Sociétés 32, no. 1-2 (September 25, 2008): 265–72. http://dx.doi.org/10.7202/018893ar.

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Abstract:
Résumé Dans la première moitié du XXe siècle, les anthropologues, nommément Gilberto Freyre, ont forgé des outils interprétatifs cohérents du Brésil. Depuis les années 1970, les revendications concernant les identités culturelles, l’histoire et aussi la politique ont changé les rapports sociaux. Et face à la demande croissante d’inclusion, provenant de groupes subalternes comme les afro-descendants et les indigènes, le modèle interprétatif dominant, basé sur la fusion des trois races et l’homogénéité culturelle, a perdu une grande part de validité. En porte à faux par rapport à la notion de justice sociale et contraire aux politiques d’action affirmative, le courant dominant de l’anthropologie brésilienne témoigne une pensée conservatrice qui réclame un effort pour remodeler sa vision théorique relative à la dynamique identitaire et aux relations raciales.
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Hauser, Claude. "La Suisse et le Québec au temps de la Révolution tranquille. Échos et effets de la francophonie en périphérie culturelle." Globe 13, no. 1 (October 6, 2010): 73–98. http://dx.doi.org/10.7202/044640ar.

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Abstract:
Dirigée au sortir de la décolonisation par une France qui peut s’appuyer sur une vocation messianique souvent proclamée et une longue tradition en matière de politique culturelle, la mise en place de l’ensemble politico-linguistique de la francophonie est également stimulée par divers élans culturels qui se produisent de façon simultanée dans les périphéries francophones. Il s’agit dans cet article d’évaluer quels ont été les moteurs de ces renouveaux identitaires qui s’expriment de diverses manières au cours des années 1960 et 1970. Au Québec, par une « Révolution tranquille » qu’accompagne une autonomisation du champ culturel, dont les vecteurs les plus connus (chansonniers, poètes) s’exportent avec succès sur le terrain francophone. En Suisse romande, par l’émergence d’une nouvelle génération prompte à s’engager pour briser les cadres établis d’une culture suisse qu’elle juge rigidifiée, et qui exprime ses nouvelles forces créatrices en dynamisant divers secteurs culturels (cinéma, chanson, théâtre, littérature) dont la réputation dépasse rapidement les frontières du pays. Dans quelle mesure l’émergence et le développement de ces élans culturels francophones, qu’ils proviennent de nouveaux centres institutionnels ou de champs culturels périphériques (même s’ils ne sont pas directement affiliés aux actions menées par les mouvements indépendantistes alors très engagés, au Québec comme dans le Jura suisse, dans un combat identitaire fondé sur la défense de la langue française) ont-ils été considérés comme un danger politique par les autorités fédérales helvétiques ou canadiennes ? L’analyse des relations culturelles bilatérales Québec-Suisse durant la période charnière de la Révolution tranquille permet d’évaluer pour chaque partenaire le degré d’autonomie du champ culturel vis-à-vis de la sphère politique.
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Leblon, Anaïs. "Les paradoxes du patrimoine." Hors-thème 37, no. 1 (June 6, 2013): 177–93. http://dx.doi.org/10.7202/1016153ar.

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Abstract:
L’auteure interroge les relations conflictuelles et la dialectique entre des définitions institutionnelles et des usages locaux du patrimoine à partir de l’étude ethnographique de l’« espace culturel du yaaral et du degal », festivités de transhumance peules du delta intérieur du Niger au Mali déclarées « chefs-d’oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’Humanité par l’UNESCO » en novembre 2005, et inscrites sur à la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2008. C’est par une variation des jeux d’échelles, une étude des paradoxes, et des enjeux de pouvoir que ces fêtes sont étudiées. L’article présente d’abord la construction patrimoniale de l’« espace culturel du yaaral et du degal » par la Direction Nationale du Patrimoine Culturel (DNPC) au regard des définitions internationales du patrimoine culturel immatériel promues par l’UNESCO et de la politique culturelle malienne. Il propose ensuite une définition endogène de la patrimonialisation et de ses présentations publiques à la lumière d’un exemple sur les compétitions pastorales. Ces dernières illustrent la manière dont des éléments culturels peuvent se trouver pris dans un double processus de création patrimoniale et de transmission d’un idéal pastoral recréé. Pour finir, l’étude d’un conflit pour le poste de chef des éleveurs pose la question de la gestion patrimoniale des enjeux pastoraux locaux. La lecture patrimoniale de ces fêtes renvoie alors à une analyse du champ politique.
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Simon, Sherry. "Malcolm Reid et la traversée de la ville." Anthropologie et Sociétés 28, no. 3 (September 12, 2005): 91–103. http://dx.doi.org/10.7202/011284ar.

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Abstract:
Résumé Montréal, séparée entre l’ouest anglophone et l’est anglophone, était encore dans les années 1960 une ville divisée. Malcolm Reid entreprend un voyage initiatique qui prendra la forme d’une exploration ethnologique, et dont le résultat sera un document riche d’enseignements à la fois sur la culture politique du Canada français et sur la curiosité et des anglophones francophiles. The Shouting Signpainters traduit les paroles et les écrits du groupe littéraire Parti pris. Quel genre d’équivalence est proposé? Comme plusieurs autres traducteurs du joual à l’époque, Malcolm Reid proposera une équivalence qui ne peut être que partielle entre le français et l’anglais, faisant valoir la spécificité absolue de la culture québécoise dans son rapport à la culture anglophone. Dans la ville polarisée de la Révolution tranquille, la culture émergente – où s’imbriquent langue, littérature et revendication politique – n’a pas d’équivalent ailleurs. C’est en fait le caractère intensément local et donc intraduisible de cette culture qui attire notre voyageur. Livre-culte, qui a eu un grand impact sur une certaine jeunesse anglophone pro-nationaliste au cours des années 1970, The Shouting Signpainters acquiert une nouvelle importance aujourd’hui alors que la donne culturelle est en train de se transformer à Montréal.
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Joinnault, Brigitte. "« Élitaire pour tous » : oxymore ou pléonasme ?" L’Annuaire théâtral, no. 49 (June 7, 2012): 77–92. http://dx.doi.org/10.7202/1009303ar.

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Abstract:
Cette étude porte sur le rapport d’Antoine Vitez avec les notions de théâtre populaire et de théâtre service public. Elle met d’abord en évidence la difficulté historique qu’il y aurait à vouloir distinguer, dans la confluence des grands mouvements qui ont influencé le metteur en scène (théâtre populaire, théâtre politique, théâtre d’art), une filiation qui relèverait spécifiquement du lignage populaire. Puis elle propose une analyse du cheminement de la pensée d’Antoine Vitez sur la politique culturelle et le rôle social de l’artiste au cours des années déterminantes qui ont précédé la naissance du Théâtre de Quartier d’Ivry. Cet examen fait apparaître que son évolution des années 1970 procède moins d’une rupture idéologique profonde que d’une adaptation, dans la durée, aux contextes traversés et aux transformations du milieu du théâtre public. Elle s’intéresse ensuite à l’expression « élitaire pour tous » et montre que tenir compte du facteur temps permet de comprendre que cette invention langagière, plutôt que d’avoir valeur d’oxymore provocateur, et bien qu’elle en joue, traduit avec justesse le désir constant d’Antoine Vitez de concilier l’expérimental et le populaire. Elle souligne pour finir l’inscription de sa démarche dans une continuité historique qui fait notamment écho aux considérations hugoliennes sur l’existence d’une popularité qui ne s’acquiert et ne se mesure qu’au fil des siècles.
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Poitras, Daniel. "Les métèques grondent dans la cité." Recherche 58, no. 3 (February 26, 2018): 629–58. http://dx.doi.org/10.7202/1043468ar.

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Abstract:
Dans cet article, j’étudie l’impact des étudiants étrangers à l’Université de Montréal sur les pratiques syndicales, institutionnelles et d’inclusion des étudiants québécois les plus engagés – c’est-à-dire ceux qui s’impliquent dans l’Association générale des étudiants de l’Université de Montréal ou dans le journal étudiant le Quartier latin. Je démontre que face aux étudiants étrangers, l’AGEUM a d’abord été déstabilisée et portée à recourir à une approche paternaliste pour écarter ceux qui contestaient son statut de porte-parole des étudiants et de la jeunesse. J’explore ensuite les stratégies des étudiants étrangers pour faire valoir leurs points de vue et, au sein de leur propre association (Cosmopolis), s’approprier la formation discursive de l’AGEUM et participer à la politique étudiante. Bricolé avec les moyens du bord et tiraillé par les nombreuses nationalités qui la composent, Cosmopolis s’érigera, en quelques années à peine, en interlocuteur de l’AGEUM et en caisse de résonnance, à Montréal, pour des enjeux qui marqueront les années 1960-1970 comme l’antiracisme, la décolonisation, l’immigration, l’intégration culturelle et la place du Québec dans la francophonie.
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Lorcerie, Françoise. "Education interculturelle et éducation à la citoyenneté: Un détour par la sociologie de la nation." Swiss Journal of Educational Research 24, no. 3 (December 1, 2002): 435–50. http://dx.doi.org/10.24452/sjer.24.3.4638.

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Abstract:
La question du rapport entre éducation interculturelle et éducation à la citoyenneté gagne à être replacée dans le contexte socio-politique où elle se pose aujourd’hui dans les pays occidentaux. Ce contexte se caractérise par une crise, voire plus rarement une récusation de l’Etat-nation «classique», qui reposait sur une opposition ethnique naturalisée entre established et outsiders combinée avec un principe démocratique. On observe une saillance sociale nouvelle de la pluralité culturelle comme problème appelant un traitement public et du pluralisme comme valeur. L’éducation publique est un des sites de cette crise, en même temps qu’un des espaces où son traitement est envisageable. Ainsi, au Québec, l’emblème de l’interculturel fut expérimenté dans la cadre de la réélaboration symbolique de la nation québécoise (depuis la fin des années 1970), avant d’être quelque peu mis en retrait par les pouvoirs publics au bénéfice d’autres emblèmes plus explicitement inclusionnaires. En France, la revitalisation récente de l’éducation à la citoyenneté et la reconnaissance (timide) des différences culturelles s’expliquent également dans le contexte de ce qu’on peut appeler la crise de l’intégration assimilationniste et l’inflexion qui se fait jour du «régime de tolérance» des différences.
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Harvey, Fernand. "Le ministère des Affaires culturelles et le Livre blanc de Pierre Laporte (1964-1966)." Les Cahiers des dix, no. 69 (March 14, 2016): 49–103. http://dx.doi.org/10.7202/1035597ar.

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Abstract:
Cet article se veut une contribution à l’histoire des politiques culturelles au Québec. On y analyse le rôle du ministre Pierre Laporte au cours de son bref passage au ministère des Affaires culturelles, de 1964 à 1966. Sa longue carrière à titre de journaliste au quotidien Le Devoir révèle un analyste à tendance néo- nationaliste, soucieux de renforcer l’autonomie du gouvernement du Québec au sein de la Confédération canadienne. Élu député libéral en 1961 et nommé ministre des Affaires municipales dans le gouvernement Lesage l’année suivante, il cumule aussi le portefeuille des Affaires culturelles en septembre 1964. Son passage au ministère des Affaires culturelles lui permet d’en compléter l’organisation et le développement amorcés par son prédécesseur, Georges-Émile Lapalme. Par ailleurs, dans le but de définir une politique culturelle à long terme pour le Québec, Laporte s’entoure de divers collaborateurs pour produire un Livre blanc à cet effet. Contenant une série de postulats, un état de situation dans différents secteurs culturels et une soixantaine de recommandations - dont celle de faire du français la langue prioritaire au Québec - ce Livre blanc ne sera jamais publié. Il inspirera néanmoins plusieurs acteurs impliqués dans l’élaboration des politiques culturelles du Québec au cours des années 1970.
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Lamoureux, Ève. "Évolution de l’art engagé au Québec. Structuration et spécificités." Globe 14, no. 1 (September 27, 2011): 77–97. http://dx.doi.org/10.7202/1005987ar.

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Abstract:
Dans cet article, Ève Lamoureux explore l’évolution de l’art engagé des artistes québécois de gauche des années 1970 à aujourd’hui. Elle décrit les pratiques, s’interroge sur leurs spécificités en comparaison avec celles du milieu international de l’art contemporain et réfléchit sur les conditions spécifiques influençant leur trajectoire. Elle montre ainsi que les caractéristiques générales de l’art engagé sont très similaires dans l’ensemble des pays occidentaux. On passe d’un art avant-gardiste militant à un art micropolitique misant sur l’investissement du spectateur dans le « faire sens » de l’oeuvre ou la participation. Cela dit, la conjoncture culturelle, sociale et politique particulière au Québec influence les pratiques, de même que la structuration du milieu des arts visuels et son évolution. Il en découle quelques spécificités : (1) une créativité foisonnante, (2) une expérimentation constante des artistes sur le plan des pratiques, mais aussi dans l’organisation de la production et de la diffusion, (3) une expertise théorique très riche, (4) une association beaucoup plus étroite des artistes engagés avec les thématiques portées aussi bien par les groupes communautaires, syndicaux et militants que par les partis politiques et, enfin, (5) une relation partenariale conflictuelle entre ces artistes et les institutions étatiques et artistiques qui, en définitive, a plutôt favorisé l’évolution de l’engagement dans et par l’art, malgré ses difficultés.
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Van Velthoven, Harry. "'Amis ennemis'? 2 Communautaire spanningen in de socialistische partij 1919-1940. Verdeeldheid. Compromis. Crisis. Tweede deel: 1935-1940." WT. Tijdschrift over de geschiedenis van de Vlaamse beweging 77, no. 2 (December 11, 2019): 101–48. http://dx.doi.org/10.21825/wt.v77i2.15682.

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Abstract:
Rond 1910 werd in de BWP de Vlaamse kwestie een vrije kwestie. De ‘versmelting’ van twee volken in een ‘âme belge’, via tweetaligheid, werd afgewezen. Onder impuls van Huysmans beriep het Vlaamse socialisme zich op de idee van culturele autonomie: het recht op onderwijs in de moedertaal van de lagere school tot de universiteit en dus de vernederlandsing van de Gentse Rijksuniversiteit. Daarmee behoorde het Vlaamse socialisme tot de voorhoede van de Vlaamse beweging. Het Waalse socialisme daarentegen verdedigde nog de superioriteit van het Frans en de mythe van een tweetalig Vlaanderen, en kantte zich tegen die Vlaamse hoofdeis.Tijdens de tweede fase (1919-1935) was de Vlaamse beweging verzwakt en het Vlaamse socialisme verdeeld. Huysmans slaagde er slechts met moeite in om een ongunstig partijstandpunt ter zake te verhinderen en de Vlaamse kwestie als een vrije kwestie te behouden. Het ‘Compromis des socialistes belges’ van november 1929 was gebaseerd op regionale eentaligheid en een minimale tweetaligheid in het leger en de centrale besturen. Het legde mee de fundamenten van de evolutie naar het beginsel van de territorialiteit inzake bestuur en onderwijs (1930 en 1932).Tijdens de derde fase (1935-1940) hield die pacificatie geen stand. Conflicten versterkten elkaar. De partijleiding kwam in handen van de Brusselaar Spaak en de Vlaming De Man, die met zijn Plan van de Arbeid in 1933 de BWP even uit de impasse had gehaald. Het ging om een nieuwe generatie die het socialisme een andere inhoud wilde geven: streven naar een volkspartij in plaats van klassenstrijd, een ‘socialisme national’, een autoritaire democratie als antwoord op een aanhoudende politieke crisis. Vooral aan Waalse kant werd daartegen gereageerd. Tevens werd de evolutie in het buitenlandse beleid, de zelfstandigheid los van Frankrijk, bekritiseerd. De Spaanse burgeroorlog en de eventuele erkenning van generaal Franco dreef de tegenstellingen op de spits. Voor het eerst had de partij met Spaak een socia-listische eerste minister (mei 1938-januari 1939). Hoewel alle socialisten tegen Franco waren, verschilden de Waalse socialisten van mening met de meeste Vlaamse socialisten over de vraag of de regering daarover moest vallen. Er was ook de tegenstelling over een al dan niet toenadering tot de christelijke arbeidersbeweging vanwege een dan noodzakelijke schoolvrede en een subsidiëring van de katholieke ‘strijdscholen’. Daarop entte zich de taalkwestie. In de Kamer viel de fractiecohesie terug tot 53%.De Vlaamse socialisten waren niet alleen veel sterker vertegenwoordigd in de fractie (40% in 1936), hun zelfbewustzijn nam ook sterk toe. Ze ergerden zich steeds meer aan het bijna exclusieve gebruik van het Frans in de fractie, in het partijbestuur en vooral tijdens congressen. Wie geen of weinig Frans kende, wilde niet langer als minderwaardig worden behandeld. Zeker als dat samenviel met een andere visie. Het eerste aparte Vlaams Socialistisch Congres ging door in maart 1937. Het wilde de culturele autonomie zo veel mogelijk doortrekken, maar keerde zich tegen elke vorm van federalisme, waardoor de Vlaamse socialisten in een klerikaal Vlaanderen een machteloze minderheid zouden worden. Bij de Waalse socialisten groeide de frustratie. Ze organiseerden aparte Waalse Congressen in 1938 en 1939. Ze benadrukten drie vormen van Vlaams imperialisme. De ongunstige demografische evolutie maakte een Vlaamse meerderheid in het parlement en politieke minorisering mogelijk. De financieel-economische transfers van Wallonië naar Vlaanderen verarmden Wallonië. Het verlies aan jobs voor ééntalige Walen in Wallonië en in Brussel was discriminerend. Dat laatste zorgde voor een francofone toenadering en een gezamenlijke framing. Het flamingantisme had zich al meester gemaakt van Vlaanderen, bedreigde via tweetaligheid nu de Brusselse agglomeratie, waarna Wallonië aan de beurt zou komen. Op 2 februari 1939 stonden Vlaamse en Waalse socialisten tegenover elkaar. De unitaire partij dreigde, naar katholiek voorbeeld, in twee taalgroepen uiteen te vallen. Zover kwam het niet. De wallinganten, die een politiek federalisme nastreefden, hadden terrein gewonnen, maar de meeste Waalse socialisten bleven voorstander van een nationale solidariteit. Mits een nieuw ‘Compromis’ dat met de Waalse grieven rekening hield. De mythe van het Vlaamse socialisme als Vlaams vijandig of onverschillig is moeilijk vol te houden. Wel ontstond na de Tweede Wereldoorlog een andere situatie. Tijdens de jaren 1960 behoorde de Vlaamse kwestie tot de ‘trein der gemiste kansen’ . Na de Eerste Wereldoorlog en de invoering van het enkelvoudig stemrecht voor mannen werd de socialistische partij bijna even groot als de katholieke. De verkiezingen verscherpten de regionale en ideologische asymmetrie. De katholieke partij behield de absolute meerderheid in Vlaanderen, de socialistische verwierf een gelijkaardige positie in Wallonië. Nationaal werden coalitieregeringen noodzakelijk. In de Kamer veroverden zowel de socialisten als de christendemocratische vleugel een machtsbasis, maar tot de regering doordringen bleek veel moeilijker. Die bleven gedomineerd door de conservatieve katholieke vleugel en de liberale partij, met steun van de koning en van de haute finance. Eenmaal het socialistische minimumprogramma uit angst voor een sociale revolutie aanvaard (1918-1921), werden de socialisten nog slechts getolereerd tijdens crisissituaties of als het niet anders kon (1925-1927, 1935-1940). Het verklaart een toenemende frustratie bij Waalse socialisten. Tevens bemoeilijkte hun antiklerikalisme de samenwerking van Vlaamse socialisten met christendemocraten en Vlaamsgezinden, zoals in Antwerpen, en dat gold ook voor de vorming van regeringen. In de BWP waren de verhoudingen veranderd. De macht lag nu gespreid over vier actoren: de federaties, het partijbestuur, de parlementsfractie en eventueel de ministers. De eenheid was bij momenten ver zoek. In 1919 was het Vlaamse socialisme veel sterker geworden. In Vlaanderen behaalde het 24 zetels (18 meer dan in 1914) en werd het met 25,5% de tweede grootste partij. Bovendien was de dominantie van Gent verschoven naar Antwerpen, dat met zes zetels de vierde grootste federatie van de BWP werd. Het aantrekken van Camille Huysmans als boegbeeld versterkte haar Vlaamsgezind profiel. In een eerste fase moest Huysmans nog de Vlaamse kwestie als een vrije kwestie verdedigen. Zelfs tegen de Gentse en de Kortrijkse federatie in, die de vooroorlogse Vlaamsgezinde hoofdeis – de vernederland-sing van de Gentse universiteit – hadden losgelaten. Naar 1930 toe, de viering van honderd jaar België, was de Vlaamse beweging opnieuw sterker geworden en werd gevreesd voor de electorale doorbraak van een Vlaams-nationalistische partij. Een globale oplossing voor het Vlaamse probleem begon zich op te dringen. Dat gold ook voor de BWP. Interne tegenstellingen moesten overbrugd worden zodat, gezien de financiële crisis, de sociaaleconomische thema’s alle aandacht konden krijgen. Daarbij stonden de eenheid van België en van de partij voorop. In maart 1929 leidde dit tot het ‘Compromis des Belges’ en een paar maanden later tot het minder bekende en radicalere partijstandpunt, het ‘Compromis des socialistes belges’. Voortbouwend op de vooroorlogse visie van het bestaan van twee volken binnen België, werd dit doorgetrokken tot het recht op culturele autonomie van elk volk, gebaseerd op het principe van regionale eentaligheid, ten koste van de taalminderheden. Voor de Vlaamse socialisten kwam dit neer op een volledige vernederlandsing van Vlaanderen, te beginnen met het onderwijs en de Gentse universiteit. Niet zonder enige tegenzin ging een meerderheid van Waalse socialisten daarmee akkoord. In ruil eisten zij dat in België werd afgezien van elke vorm van verplichte tweetaligheid, gezien als een vorm van Vlaams kolonialisme. Eentalige Walen hadden in Wallonië en in nationale instellingen (leger, centrale besturen) recht op aanwerving en carrière zonder kennis van het Nederlands, zoals ook de kennis ervan als tweede landstaal in Wallonië niet mocht worden opgelegd. De betekenis van dit interne compromis kreeg in de historiografie onvoldoende aandacht. Dat geldt ook voor de vaststelling dat beide nationale arbeidersbewegingen, de BWP vanuit de oppositie, in 1930-1932 mee de invoering van het territorialiteitsbeginsel hebben geforceerd. Een tussentijdse fase C uit het model van Miroslav Hroch.___________ ‘Frenemies’? 2Communitarian tensions in the Socialist Party 1919-1940. Division, Compromise. Crisis. Part Two: 1935-1940 Around 1910, the Flemish question became a free question in the BWP. The ‘merging’ of two peoples in a Belgian soul (âme belge) through bilingualism was rejected. According to Huysmans, Flemish socialism appealed to the idea of cultural autonomy: the right to education in one’s native language from primary school to university, and therefore, the transformation of the state University of Ghent into a Dutch-speaking institution. Hence, Flemish socialism became part of the vanguard of the Flemish Movement. Walloon socialism, on the contrary, continued to support the superiority of French in Belgium and the myth of a bilingual Flanders. It turned against this key Flemish demand.The next stages were dominated by the introduction of simple universal male suffrage in 1919. The Catholic Party maintained an absolute majority in Flanders, the Socialist Party acquired a similar position in Wallonia. During the second phase (1919-1935) initially the Flemish Movement was weakened and Flemish socialism divided. Huysmans hardly managed to keep the Flemish question a free question. The ‘Compromise of the Belgian Socialists’ (Compromis des socialistes belges) of November 1929 was based on regional monolingualism and a minimal bilingualism in the army and the central administration. The territorial principle in administration and education (1930 and 1932) was accepted. Dutch became the official language in Flanders.During the third phase (1935-1940) pacification did not hold. Conflicts strengthened one another. The party leadership fell into the hands of the Brussels politician Spaak and the Fleming De Man. The latter had just offered the BWP an answer to the socio-economic depression with his ‘Labour Plan’ (Plan van de Arbeid). This new generation wanted a different socialism: rather a people’s party than stressing class conflict, a ‘national socialism’, an authoritarian democracy as a response to a persistent political crisis. In particular Walloons reacted against these developments. At the same time, they critisized the foreign policy of diplomatic independence from France (‘los van Frankrijk’). The Spanish Civil War and the possible recognition of General Franco stressed the divisions. With Spaak, the party had a Socialist Prime Minister for the first time (May 1938-January 1939). While all socialists were opposed to Franco, Walloon socialists had a conflicting view with most Flemish socialists on whether the govern-ment should be brought down on this subject. There was also a conflict over the question of rapprochement with the Christian labour movement concerning a truce over the school question and subsidies for the Catholic ‘propaganda’ schools. The language question worsened the situation. In the Chamber, party cohesion dropped down to 53%.Not only were the Flemish socialists much more strongly represented in the socialist parliamentary group (40% in 1936), their assertiveness also increased. They became more and more annoyed with the quasi-exclusive use of French in their parliamentary group, in the party administration, and mostly during party congresses. Those who knew little or no French no longer wanted to be treated as inferior. Especially, when they had different opinions. The first separate Flemish Socialist Congress was held in March 1937. The Congress wanted to pursue cultural autonomy as far as possible, but opposed any form of federalism, as Flemish socialists would become a powerless minority in a clerical Flanders.Frustration grew among Walloon socialists. They organised separate Walloon Congresses in 1938 and 1939. They emphasized three forms of Flemish imperialism. Unfavourable demographic developments made a Flemish majority in Parliament and political minoritisation likely. Financial-economic transfers impoverished Wallonia to the benefit of Flanders. The loss of jobs for monolingual Walloons in Wallonia and Brussels was discriminatory. This contributed to common framing among Francophones: “Flemish radicalism” was accepted in Flanders, presently threatening the Brussels agglomeration via bilingualism, and Wallonia would be next.On 2 February 1939 Flemish and Walloon socialists opposed one another. The unitary party was in danger of splitting into two language groups, following the Catholic example. It did not come to that. The Walloon radicals, who pursued political federalism, had won some ground, but most Walloon socialists remained supporters of national solidarity, provided the adoption of a new ‘Compromise’ that took account of Walloon grievances.The myth of Flemish socialism as hostile or indifferent to Flemish issues is hard to maintain. After the Second World War, however, the situation became different.
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Savage, Larry. "Quebec Labour and the Referendums." Canadian Journal of Political Science 41, no. 4 (December 2008): 861–87. http://dx.doi.org/10.1017/s0008423908081067.

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Abstract.The Quebec labour movement's decision to withdraw its support for Canada's federal system in the 1970s and instead embrace the sovereignist option was unquestionably linked to the intersection of class and nation in Quebec. In this period, unions saw the sovereignist project as part of a larger socialist or social democratic societal project. Because the economic inequalities related to ethnic class, which fuelled the labour movement's support for sovereignty in the 1970s, were no longer as prevalent by the time of Quebec's 1995 referendum, organized labour's continued support for the sovereignist option in the post-referendum period cannot adequately be explained using the traditional lens of class and nation. This paper employs an institutional comparative analysis of Quebec's three largest trade union centrals with a view to demonstrating that organized labour's primary basis for supporting sovereignty has changed considerably over time. While unions have not completely abandoned a class-based approach to the national question, they have tended to downplay class division in favour of an emphasis on Quebec's uniqueness and the importance of preserving the collective francophone identity of the nation. Party–union relations, the changing cultural, political and economic basis of the sovereignist project and the emergence of neoliberalism in Quebec are offered as key explanatory factors for the labour movement's shift in focus.Résumé.La décision du mouvement syndical québécois de retirer son soutien du système fédéral, dans les années 1970, et d'embrasser l'option souverainiste, a été liée incontestablement à l'intersection de classe et nation au Québec. Dans cette période, les syndicats ont vu le projet souverainiste en tant qu'élément d'un plus grand projet de société à caractère social démocratique ou socialiste. Toutefois, puisque les inégalités économiques associées à la classe ethnique qui avaient poussé le mouvement syndical dans le camp de la souveraineté n'étaient plus aussi prononcées lors du référendum de 1995, l'analyse traditionnelle de classe et nation ne peut plus expliquer le maintien de sa position souverainiste durant la période postréférendaire. Cet article se fonde sur une analyse comparative et institutionnelle des trois plus grandes centrales syndicales québécoises en vue de démontrer que les motifs premiers de l'appui syndical au projet souverainiste ont changé considérablement avec le temps. Même si les syndicats n'ont pas complètement abandonné l'approche militante surla question nationale, ils ont relégué les divisions de classes au second plan et plutôt mis l'accent sur le caractère distinct du Québec et sur l'importance de préserver l'identité francophone collective de la nation. Les relations entre les syndicats et les partis politiques, la base culturelle, politique et économique du projet souverainiste, et l'introduction du néolibéralisme au Québec sont présentées en tant que facteurs principaux expliquant l'évolution de la position syndicale à l'égard de la question nationale.
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Naré, Yannick. "Les réseautages politico-diplomatiques de la Francophonie au sein de l’Organisation des Nations unies (ONU)." Réseaux et réseautage en F/francophonie. Dimensions formelles et informelles, no. 4 (December 3, 2018). http://dx.doi.org/10.35562/rif.720.

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Abstract:
Dès sa création en 1970, la Francophonie s’est conférée une assise culturelle par la volonté politique de ses fondateurs. Progressivement, elle a pris des contours politique et diplomatique. Sa diplomatie se déploie entre autres dans les instances internationales comme l’Organisation des Nations unies (ONU) et se met essentiellement au service de la culture dont la promotion de la langue française. Cette diplomatie culturelle et d’influence francophone est articulée par les Représentations permanentes et les réseaux des Groupes des ambassadeurs francophones.
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Durez, Aymeric. "La diplomatie française et la Francophonie : entre intérêts du pré carré africain et politique québécoise (1964-1970)." Revue Internationale des Francophonies, no. 6 (December 12, 2019). http://dx.doi.org/10.35562/rif.985.

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Inventé par le géographe français Onésime Reclus en 1880 pour définir l'espace de diffusion de la langue française au niveau mondial, le mot francophonie refait surface en novembre 1962 à l’occasion d’un numéro spécial de la Revue Esprit consacré au « Français langue vivante ». À partir de 1964, le président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, propose même la création d’une organisation intergouvernementale de la Francophonie. Malgré le soutien de ses homologues africains, Senghor se heurte à l'opposition de la France. Tout en reconnaissant l'existence d'une « réalité francophone », de Gaulle refuse de remettre en cause la politique franco-africaine fondée sur le bilatéralisme au profit de l'édification d'un projet de Francophonie multilatérale. Au cours des années suivantes, la position de la France va toutefois s’infléchir et permettre la création en 1970 d’une première organisation intergouvernementale : l'Agence de Coopération culturelle et technique (ACCT) qui voit le jour à l'issue de deux conférences à Niamey en 1969 et 1970. Si cette évolution n’aurait pas eu lieu sans l’insistance de Léopold Sédar Senghor et le soutien de ses homologues de l’Organisation commune africaine et malgache (OCAM), cet article a pour objet de démontrer que c’est avant tout les enjeux liés à la relation avec le Québec qui ont conduit la diplomatie française à endosser le projet de création d'une Francophonie intergouvernementale. Dans la première partie, nous verrons que la volonté du gouvernement du Québec de fonder sa personnalité extérieure sur une union linguistique a conduit le gouvernement français à adopter une attitude plus positive face aux initiatives sur la Francophonie. Dans la deuxième partie, nous verrons que tout en s'appuyant sur l'existence d'un « lobby du Québec » et sur le Secrétariat général aux Affaires africaines et malgaches (SGAAM), le général de Gaulle a souhaité conserver la haute main sur la politique française de la Francophonie en veillant à la fois au maintien de la priorité québécoise et à la préservation des intérêts de sa politique africaine.
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Piccoli, Emmanuelle. "Justice paysanne." Anthropen, 2016. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.016.

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Abstract:
En anthropologie juridique, le terme « justice paysanne » renvoie à l’une des expressions du pluralisme juridique, entendu comme l’existence d’une pluralité d’ordres normatifs, de conceptions du/des « Droit/s » et de pratiques de résolution des problèmes au sein d’un collectif, dans ce cas-ci un État (Eberhard, Motard, Piccoli 2016 ; Garcia, Truffin 2009). Plus spécifiquement, la justice paysanne constitue une branche de la justice indigène, qui, à côté de la justice ordinaire, est légalement reconnue, dans la plupart des pays d’Amérique latine. Cette reconnaissance dérive de l’application de la Convention n°169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les peuples indigènes et tribaux (art.9, I). Dans l’expression « justice paysanne », le terme « paysan » réfère à une identification qui n’est pas strictement socioprofessionnelle, mais renvoie également à une origine culturelle précolombienne. L’utilisation de ce terme dans un sens qui recoupe partiellement celui d’indigène est spécifique à la Bolivie et au Pérou. En Équateur et en Colombie, par exemple, il est question de justice « indigène », mais sans renvoi à la notion de paysannerie (Huber 2009). La justice paysanne réfère donc à une forme de justice « indigène » uniquement dans les pays où le terme « paysan », a, pour des raisons historiques, recouvert une partie de la signification des mots « indien », « autochtone » ou « indigène ». Les problématiques soulevées par la justice paysanne sont donc largement semblables à celles des autres formes justices indigènes. Au Pérou, l’identification des populations andines comme populations paysannes est imposée par la Réforme agraire dans les années 1960 pour remplacer le terme injurieux d’« indio ». La justice paysanne se rapporte alors à la justice administrée par les Rondes paysannes et les Communautés paysannes et reconnue par la Constitution politique de 1993 (art. 149). Les Rondes paysannes sont des institutions endogènes récentes, apparues dans les années 1970 dans les campagnes andines, pour faire face aux vols de bétails par des pratiques de vigilance et de justice (Piccoli 2011 ; Starn 1999). Les Communautés paysannes (Andes) et natives (Amazonie) constituent, pour leur part, des régimes fonciers semi-collectifs. Au sein des Rondes et des Communautés paysannes, l’administration de la justice se base sur des décisions prises en assemblée et mêlant des pratiques issues des traditions andines et de l’État. En Bolivie, la justice paysanne est incluse dans les pratiques « indigènes originaires paysannes » reconnues par la Constitution politique de l’État plurinational de 2009 comme de rang égal aux pratiques de justice ordinaire, même si la loi (Ley de deslinde jurisdiccional) pose des limites assez strictes à leur mise en œuvre (Oliden Zuñiga 2013). L’expression « indigène originaire paysanne » tente de tenir compte de la pluralité des appartenances indigènes de Bolivie. La Constitution spécifie qu’« Est une nation ou un peuple indigène originaire paysan toute collectivité humaine qui partage une identité culturelle, une langue, une tradition historique, des institutions, un territoire et une cosmovision, dont l’existence est antérieure à l’invasion coloniale espagnole » (art. 30, I). Tout comme aux autres populations, l’État leur reconnaît le droit « à l’exercice de leurs systèmes politiques, juridiques et économiques en accord avec leur cosmovision » (art 30, II, 14). En dépit de la reconnaissance légale, en Bolivie, comme au Pérou, la question de la limite entre une pratique de justice et l’exercice de lynchages est sujet à de nombreux débats tant en raison d’amalgames langagiers que de stratégies juridiques (Robin Azevedo 2012). Ce qui est en jeu est à la fois la question de la pluralité de l’État mais aussi des limites de celles-ci : populations métisses, urbanisées etc. questionnent les limites posées par les lois de reconnaissance. L’anthropologie juridique – et l’étude de la justice paysanne – se confronte d’emblée à la question normative, tant son objet est lié à la question de l’État, de l’utilisation de forces coercitives et de constructions de législations. L’anthropologie permet, par le décentrement et sa non normativité, d’approcher des réalités complexes, dans un angle différent de celui du juriste. Elle donne donc une lecture distancée des pratiques de justice paysanne, en ne se souciant pas prioritairement de leur légalité, mais en les décrivant pour ce qu’elles sont et en les reliant à l’ensemble des pratiques sociales d’un groupe et des représentations culturelles, conceptuelles, symboliques dans lesquelles elle sont ancrées. De là émerge un apport professionnel spécifique de l’anthropologie juridique, dans les pays d’Amérique du Sud, à savoir l’utilisation de l’expertise anthropologique pour trancher les débats quant à la valeur « culturelles » des pratiques paysannes mises en question lors de jugements. Dans ces cas, la question de l’authenticité indigène des pratiques paysannes est souvent cruciale, mettant en lumière les liens entre ces deux concepts et replaçant inévitablement l’anthropologie au cœur de processus normatifs et politiques (Sanchez Botero 2010)
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Levy, Joseph. "érotisme." Anthropen, 2019. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.094.

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Abstract:
En anthropologie, les concepts de sexe (renvoyant aux dimensions biologiques), de sexualité (renvoyant aux conduites entourant la relation sexuelle et à la reproduction) et de genre (renvoyant aux constructions socioculturelles associées à la masculinité et à la féminité) dominent comme référents, alors que celui d’érotisme est peu employé. Pourtant, dès les débuts de l’anthropologie moderne, Malinowski (1930) avait souligné, dans son étude sur la sexualité des Trobriandais, l’intérêt de la notion d’érotisme, qu’il reprend pour définir certains aspects de la culture locale associés à la sensualité, aux sentiments et au plaisir. Ce concept d’érotisme se retrouve en filigrane dans l’un des premiers ouvrages collectifs en anthropologie sexuelle en le situant dans une perspective comparative (Marshalls et Suggs 1971). La définition reste cependant trop axée sur les dimensions biologiques et comportementales et ne tient pas compte des constructions historiques, culturelles et des variations dans les significations qui sont associées à ces conduites et leur expérience. Reiss (1986) souligne l’intérêt de l’étude des scénarios culturels, qui incluent la prise en compte et la signification des comportements, privilégiant, une approche proposée par Simon et Gagnon (1984), et du contexte qui oriente l’expression érotique. Sa notion de réponse érotique ne se situe cependant pas dans une perspective constructiviste, tout comme d’autres dimensions postulées comme universelles, que ce soit l’autorévélation de soi (self-disclosure) ou les états de conscience altérés qui accompagneraient l’activité érotique, mais dont les caractéristiques et les variations ne sont pas explicitées. Dans le cadre des études sur la sexualité brésilienne, la notion d’érotisme est reprise et définie comme « un système culturellement constitué à part entière [...], un système de formes symboliques intersubjectives qui acquiert une signification subjective seulement à travers des médiations sociales et culturelles successives », associé à une « esthétique ou [...] une économie des plaisirs corporels ». En insistant sur les « plaisirs corporels » et les « significations érotiques », une perspective constructiviste et interprétative est ainsi établie (Parker 1989, p.58 et 60). La notion d’érotisme n’est pas reprise au moment où « l’anthropologie redécouvre la sexualité » (Vance 1991), suite à la critique des modèles théoriques essentialistes et culturalistes, et aux répercussions de l’épidémie du VIH/sida sur la discipline anthropologique. La dimension construite de la sexualité et des expériences affectives qui dépendent des contextes culturels est néanmoins affirmée (Tuzin 1991; Leavitt 1991), avec une remise en question de l’adéquation trop étroite entre les scénarios culturellement définis et les comportements sexuels, comme le suggère la pratique des saignées péniennes répétées des Ilahita Arapesh de Nouvelle-Guinée et la place de l’expérience de plaisir dans la construction du processus érotique. L’approche constructiviste dans l’étude de l’érotisme est aussi affirmée par Elliston (1995) dans sa critique des travaux sur les rituels homoérotiques en Nouvelle-Guinée, en particulier ceux de Herdt (1981,1982, 1984) sur les Sambia. Notant que la notion de pratiques sexuelles n’a pas fait l’objet d’une théorisation approfondie et que l’articulation assumée entre l’homosexualité ritualisée et la dimension érotique semble constituer une projection des conceptions occidentales sur des conduites dont la signification serait tout autre, elle propose des modalités de mise en place d’une anthropologie de l’érotisme qui se baserait plutôt sur la prise en compte des catégories émiques. Des travaux sur les contextes coloniaux et postcoloniaux s’interrogent aussi sur la construction du désir et du plaisir (Manderson et Jolly 1997) et Mankekar (2004) propose la notion d’« erotics » pour référer aux « désirs sexuels et aux plaisirs construits à l’intersection du psychique et du structurel [et] contester l’hypothèse que l’érotique pourrait être “purement” instinctif ou primordial ou se situer en dehors du domaine du socius » (p. 404). Elle établit aussi un lien entre le désir érotique et le désir de consommation des objets qu’elle définit comme « l’affect de consommation » (commodity affect) qui inclut tout un registre d’émotions (désir, plaisir, aspirations, etc.) liées à l’attraction esthétique que les objets provoquent, élargissant ainsi le champ de l’érotisme à des sphères non sexuelles. Cette extension au champ sociopolitique se retrouve dans le contexte cubain avec la notion proposée par Allen (2012) de « pratiques du désir » (practices of desire) qui « forment l’une des parties d’un processus complexe constitué par des expériences incorporées, qui incluent le genre, la race et la couleur, et la nationalité » (p. 326), à la fois sur le plan des itinéraires personnels des individus, de leurs expériences du désir et de leurs relations intersubjectives, pour montrer comment des « actions infrapolitiques individuelles » de résistance peuvent avoir des répercussions sur le plan macropolitique. L’élargissement du champ de l’érotisme, articulé aux dimensions émotives et corporelles, est proposé par Azam (2013). Selon elle, la notion de sexualité, en étant associée aux actes sexuels ou renvoyant à l’identité de genre, ne peut suffire à rendre compte de la complexité de ce champ et elle en propose la définition suivante : « Aux fins de cette recherche, j’identifie les composantes de l’érotisme, ou l’amour érotique, comme renvoyant au désir (incluant l’inclinaison et l’attraction), l’expression de ce désir ou attirance, soit par des moyens verbaux ou gestuels), et le plaisir (ce qui signifie toute satisfaction du désir, que ce soit par le regard, l’approche, la conversation, le toucher, etc.) » (p.56). Cette approche élargie est reprise par Newmahr (2014) qui propose le concept d’érotisme asexuel (asexual eroticism), mais cette extension risque, néanmoins, de réduire son potentiel heuristique. Soulignant que les dimensions théoriques dans l’étude de l’érotisme sont plutôt rares, elle constate que cette analyse reste arrimée à l’amour romantique ou à la sphère génitale, mais ignore la pléthore des expressions asexuelles et les formes d’excitation présentes dans différents contextes et types de relations. Les analyses empiriques ne tiennent pas compte de l’expérience érotique, ses significations et son statut dans le quotidien des individus et elle suggère d’étudier l’érotisme sur le plan phénoménologique comme une « expérience émotionnelle, en explorer la structure sous-jacente, les conditions et le contexte de l’érotisme comme émotion […] L’érotisme n’est pas le mieux compris comme un état d’excitation spécifiquement sexuelle ou génitale, mais comme un état émotionnel corporel plus large de “charge” » (p.211). Pour rendre compte de l’articulation entre le plaisir et les valeurs de modernité chez les jeunes de la classe moyenne du Kenya, Spronck propose la notion de « bon sexe » (good sex), qui inclut les dimensions de la « connaissance somato-sensorielle » (body-sensorial knowledge) pour étudier les « qualités sensuelles de la sexualité comme médiateurs et modeleurs de la connaissance sociale » (p. 3). Les pratiques érotiques renvoyant aux dimensions de « sentiments sexuels et de désir sexuel » (p.19) permettent de saisir comme l’expérience, les significations sociales et les sensations corporelles s’articulent entre elles et sont interprétées par les acteurs. Le concept de séduction pourrait aussi être associé au champ de l’érotisme. Forme particulière de communication, elle se fonderait sur des rituels à la fois verbaux et non verbaux faisant appel à de nombreux éléments culturels qui alimentent le paraître, conditionnent son esthétique et définissent les codes de conduite (Boëtsch et Guilhem 2005). Les rituels mis en œuvre relèveraient « à la fois de l’auto-séduction, de la théâtralisation et de la mimésis» (p.185), rejoignant par certains aspects la notion de charme qui se construit, comme le montre l’exemple des Peuls Djeneri du Mali, en faisant appel à des catégories corporelles, à des référents esthétiques, à des normes d’expression corporelle et à des représentations sociales des processus physiologiques, mettant ainsi en évidence l’imbrication étroite du biologique et du social (Guilhem 2008). Dans l’ensemble de ces réflexions théoriques, l’apport de Bataille (1957) à la conceptualisation de l’érotisme en anthropologie reste peu évident, alors qu’il propose un triple modèle de l’inscription érotique dans les représentations et l’expérience : le corps, le cœur et le sacré. Dans l’érotisme des corps, dominerait, lors de la rencontre, la violence sans laquelle « l’activité érotique atteint plus difficilement la plénitude » (p. 25). Dans ce modèle, c’est la révélation de soi et les états de conscience modifiés liés à la dissolution des limites et au trouble qui leurs sont associés qui dominent. Dans l’érotisme des cœurs, on retrouve la passion amoureuse, rattachée à la souffrance de ne pouvoir réussir totalement la fusion avec l’être aimé et cette précarité affective « appelle la mort, le désir de meurtre ou de suicide » (p. 28), liant ainsi étroitement Éros et Thanatos, alors que l’érotisme sacré renverrait à une expérience de type mystique. Le rapport à la violence, à la mort et à la finitude se prolonge, chez Bataille, par les liens qu’il établit entre l’érotisme, l’interdit, la transgression et l’excès. Ces thèmes rejoignent les réflexions philosophiques et anthropologiques sur la place du dionysiaque comme mode d’expression érotique, associée à l’orgiasme, à l’excès et au désordre (Maffesoli 1982), qui interviendraient lors de la transgression des interdits, comme le suggèrent les rituels d’« effervescence collective », Durkheim (2008 [1912]). La conjonction entre le danger et le plaisir érotique n’est pas non plus très problématisée, alors qu’elle semble se manifester dans des conduites extrêmes, des formes de sadomasochisme ou dans la prise de risques liés à la transmission du VIH/sida (Lévy 1996). Ce survol de la notion d’érotisme suggère, en définitive, une nouvelle orientation des recherches anthropologiques qui, après avoir déconstruit la notion de sexe pour la distinguer de celles de sexualité et de genre, s’interrogent à présent sur les différentes dimensions de l’érotisme et ses arrimages aux constructions socioculturelles, aux champs du politique et de l’économie, à la fois sur les plans macrosociologique et microsociologique. L’attention portée sur la subjectivité, les sensations, les sentiments et les affects, mais aussi le désir et le plaisir (Arnfred 2014), n’est cependant pas sans poser des problèmes théoriques importants. En effet, cet accent oriente l’anthropologie vers des aspects psychologiques et idiosyncrasiques, une orientation qui nécessite de préciser l’articulation entre culture, individualité et érotisme.
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Goodale, Mark. "Droits humains." Anthropen, 2019. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.093.

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Abstract:
En tant que sous-domaine émergeant de l'anthropologie sociale et culturelle, l'anthropologie des droits humains a contribué à la théorie et à la méthodologie de diverses manières. Il a également apporté des contributions en dehors de la discipline puisque les juristes internationaux, les responsables politiques et les représentants du gouvernement se réfèrent à l'anthropologie des droits humains comme source d'informations et d'idées au sujet des droits humains dans les documents politiques, les rapports aux agences gouvernementales et dans les principaux discours publics (voir par ex. Higgins 2012, 2013). Culture En tant que catégorie d'organisation de la différence, la culture était dès le départ problématique pour les droits humains. Dans sa Déclaration sur les droits de l'homme de 1947, Melville Herskovits craignait que la diversité et la richesse culturelles ne soient incompatibles avec les droits humains, en affirmant des modèles transculturels de croyances et de pratiques normatives contredisant les preuves anthropologiques et en menaçant d'ignorer la culture au sein de l'économie politique de l'ordre de l’après-guerre. En dépit de ces préoccupations, la diversité culturelle n'a pas été affectée par la promulgation de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948. Ceci, en grande partie, est dû à l'influence plus large des droits humains, sans parler de la transformation globale imaginée par Herskovits, qui a immédiatement été bloquée par la Guerre froide. Même Eleanor Roosevelt a reconnu que le projet des droits humains prendrait des années, voire des décennies, et que les modèles culturels ne commenceraient à changer que lorsque ce qu'elle appelait une «vigne curieuse» prendra racine puis se répandra dans des lieux où « les gouvernements ne l’attendent pas » (cité dans Korey 1998). Au moment où ce genre de changement à grande échelle a commencé, les anthropologues des droits humains ont observé que l'impact sur la culture défiait la dichotomie entre particularisme et universalisme et que la culture elle-même facilitait la transnationalisation des normes des droits humains. Dans le volume novateur Culture and Rights (« Culture et Droits ») (2001), les anthropologues qui se sont penchés sur une décennie de recherche ethnographique après la fin de la Guerre froide ont remarqué deux phénomènes clés à l'œuvre. Dans la première, les pratiques culturelles et les modes de compréhension normatifs existants ont servi de mécanismes à ce que Sally Engle Merry (2006a) décrira plus tard comme la «vernacularisation», à savoir l’application de normes internationales des droits humains de plus en plus hégémoniques dans des formes de pratique éthique et politique ancrées dans le particulier. Et dans la seconde, les spécialistes de Culture et Droits ont décrit et théorisé l'émergence d'une culture transnationale des droits humains. Ici, un compte rendu anthropologique de la culture s'est avéré utile pour comprendre la formation de nouvelles catégories d'action collective au sein des agences internationales, des ONG transnationales et des mouvements politiques et sociaux façonnés par les logiques des droits humains. Dans les deux cas, l'utilisation par les anthropologues du concept de culture pour comprendre la pratique des droits humains a évolué à contre-courant de la théorie anthropologique et sociale, sceptique sur l'utilité analytique de la culture face à l'hybridation supposée de la mondialisation. Pouvoir Les droits humains, comme Burke aurait pu le dire, agissant à travers les gens, c'est du pouvoir; et «les gens prévenants, avant qu'ils ne se déclarent, observeront l'usage qui est fait du pouvoir; et surtout d'éprouver quelque chose comme l’exercice d’un nouveau pouvoir sur des personnes nouvelles, dont les principes, les colères et les dispositions ont peu ou pas d'expérience »(Burke 1919 [1790]: 7, souligné par l’auteur). Les anthropologues des droits humains ont été très attentifs à un autre problème initialement identifié par Herskovits: la manière dont un projet global de droits humains crée des tensions accrues au sein des conflits d’intérêts existants en éliminant toutes formes alternatives de changement social et de résolution des conflits. Bien sûr, du point de vue des défenseurs des droits humains, c'est un pouvoir exercé pour le bien; en effet, comme l'expriment avec force les traités internationaux comme la CEDAW, le projet des droits humains d'après-guerre exige le changement, le remplacement, voire la suppression des modes de pratique culturelle qui restent inexplicables et donc illégitimes. Comme le stipule l'article 5 souvent cité par le CEDAW, les États parties à la charte internationale des droits des femmes doivent «modifier les comportements sociaux et culturels des hommes et des femmes en vue d'éliminer les préjugés et autres pratiques coutumières» qui sont basées sur les théories locales de l'inégalité de genre. Mais, comme l'ont montré les anthropologues, les droits humains tendent souvent à mettre entre guillemets et à marginaliser les autres logiques culturelles de justice sociale, de développement, de transformation des conflits et d'éthique publique. Et cette extension du pouvoir peut avoir des conséquences inattendues. L'un des exemples les plus complets de la façon dont les anthropologues ont exploré les implications du pouvoir imprévisible des droits humains est l'ethnographie du développement de Harri Englund (2006) au Malawi. Comme il l'explique, le concept des droits humains a été officiellement traduit dans la langue locale avec une phrase qui signifiait «la liberté avec laquelle on est né» (2006: 51). Au fil du temps, les gens ont mis l'accent sur la liberté de contester les normes culturelles existantes en matière de mode, d'obéissance dans les écoles publiques et de comportement sexuel, plutôt que sur les conditions structurelles économiques et politiques qui renforçaient un héritage d'inégalité et de corruption publique. Le résultat, selon Englund, fut que les Malawiens finissaient par être «privés de la traduction». Le discours sur les droits humains a saturé tous les aspects de la vie publique au Malawi, comme le voulaient les fonctionnaires et les travailleurs humanitaires transnationaux. Mais puisque les droits humains étaient mal traduits dans une langue vernaculaire locale, ils ont été transformés au point d'être méconnaissables, ce qui a empêché leur utilisation comme langage d'un changement social pourtant nécessaire. Épistémologie Quand Herskovits affirmait que l'anthropologie n'était pas capable de faire des affirmations définitives sur les droits humains universels parce qu'elle était une «science de l'humanité» et ne s'intéressait donc qu'aux questions empiriques du comportement humain exprimées par des «modèles de culture», il ne pouvait prévoir les innovations épistémologiques dans la discipline qui élargiraient ses objets de connaissance et transformeraient ses domaines d'investigation. Cela ne veut toutefois pas dire que, dans les décennies qui ont suivi, les anthropologues ont écarté les premiers arguments de Herskovits pour confronter les problèmes ontologiques et philosophiques fondamentaux qui restaient essentiels aux droits humains. Une grande partie du travail intellectuel consacré aux droits humains restait dans des sphères telles que les études juridiques critiques, la théorie politique et la philosophie morale. Au contraire, les anthropologues ont utilisé la recherche ethnographique pour étayer de manière subversive l'élargissement des bases sur lesquelles les questions fondamentales morales et théoriques des droits humains pouvaient être posées et résolues. Ceci, à son tour, a eu des implications importantes pour l'épistémologie des droits humains, en particulier dans l'après-Guerre froide, lorsque le discours sur les droits humains s'est de plus en plus intégré dans les pratiques juridiques, politiques et sociales. Les anthropologues ont très tôt observé que les idées sur les droits humains étaient fondamentales dans leur mise en pratique. Les acteurs sociaux, souvent pris dans des moments de crise ou de dislocation, n'ont jamais été capables d'exploiter simplement les droits humains ou de corrompre leurs imaginaires de justice comme s'il s'agissait d'une boîte à outils normative attendant d'être ouverte. Au lieu de cela, les logiques de défense des droits humains exigeaient autant de considération de soi que de changement social; les gens étaient invités, encouragés, obligés de se repenser en tant que citoyens d'un univers moral différent. La théorisation éthique en termes de cet univers moral souvent radicalement différent est devenue une forme distincte de pratique sociale et l'anthropologue est devenu à la fois témoin et participant de cette transformation dans le cadre de la rencontre ethnographique (voir Goodale 2006). Ce qui en résulta fut un enregistrement ethnographique de modèles de droits humains innovants et potentiellement transformateurs, profondément ancrés dans les circonstances de leur création. Le meilleur exemple que nous ayons d'un compte rendu local des droits humains parfaitement articulé est l'ethnographie de Shannon Speed ??sur les conséquences de la rébellion zapatiste au Chiapas (2007). Pendant et après la violence, des organisations internationales et transnationales de défense des droits humains ont envahi la région du Chiapas. Ceux qui défendent les droits des peuples autochtones en tant que droits humains ont été particulièrement influents dans la façon dont la résistance zapatiste s’est exprimée. Les leaders politiques indigènes ont formé des «conseils de bonne gouvernance» dans lesquels les idées sur les droits humains ont été longuement débattues, remaniées et ensuite utilisées pour représenter les valeurs morales zapatistes en tant qu'action politique zapatiste enracinée. Plaidoyer transnational Les réseaux transnationaux des droits humains qui ont émergé après la fin de la Guerre froide ont fait ce qu'Eleanor Roosevelt attendait d'eux: ils ont défié la souveraineté de l'Etat et ont permis de créer de nouvelles sphères publiques à la fois translocales et ancrées dans les sites de contestation intime. Des chercheurs comme Annelise Riles (2000) ont étudié ces réseaux de l'intérieur et ont contribué à la compréhension plus large des assemblages mondiaux qui modifiaient l'ontologie des relations sociales à une époque de transformation économique géopolitique et mondiale. Mais les anthropologues ont également montré à quel point les réseaux de défense des droits humains sont façonnés par les économies politiques des conflits locaux de manière à changer leur valence normative et à les rendre incapables de remplir leur mandat plus large de changement social et de transformation morale. Par exemple, l'ethnographie de longue durée de Winifred Tate (2007) du conflit historique entre l'État colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) montre comment les défenseurs des droits humains luttent pour traduire la langue et les logiques morales des droits humains universels en une catégorie instrumentale de l'action pouvant répondre aux défis du traumatisme historique, des récits multiples et ambigus de la culpabilité pour les atrocités commises, de l'héritage de la violence structurelle, et des modèles durables d'inégalité économique ayant des racines dans la période coloniale. Et l'étude de Sally Engle Merry (2006b) sur les institutions qui surveillent la conformité nationale à la CEDAW illustre en détail la façon dont les défenseurs des droits humains doivent eux-mêmes naviguer entre des cultures multiples de défense et de résistance. Les représentants des ministères nationaux des droits humains se trouvent souvent obligés de défendre à la fois le respect d'un traité international des droits humains et l'intégrité et la légitimité des pratiques culturelles qui semblent violer ce même traité. Néanmoins, ces dichotomies n'annulent pas la portée du droit international des droits humains dans les conflits nationaux et locaux. Au contraire, comme le souligne Merry, elles reflètent la façon dont la pratique des droits humains crée ses propres catégories d'identités et de pouvoirs contestés avec des implications incertaines pour la défense transnationale des droits humains et la promotion du patrimoine national(-iste). Critique et engagement Enfin, l'anthropologie des droits humains, peut-être plus que d'autres orientations académiques s’intéressant aux droits humains, se heurte avec difficultés au dilemme de développer un compte rendu rigoureux et ethnographique des droits humains qui soit à la fois critique et éthiquement conforme aux conditions de vulnérabilité qui mènent aux abus et à l’exploitation. Cette tension s'est exprimée de différentes manières pour chaque anthropologue. Certains (comme Winifred Tate et Shannon Speed, par exemple) ont commencé leur carrière en tant qu'activistes des droits humains avant de faire de la recherche et de mener une réflexion ethnographique sur les processus sociaux et politiques pour lesquels ils s’étaient engagés. Mais la tension entre la critique et l'engagement, le scepticisme et le plaidoyer, et la résistance et l'engagement, n'est pas seulement un défi pour les anthropologues des droits humains. Comme l'a démontré la recherche ethnographique, c'est un fait social et moral fondamental pour la pratique des droits humains elle-même. Ceci en partie parce que la théorie de la pratique sociale et du changement politique que propose les droits humains exige une forme d'autoréflexion et d'auto-constitution destinée à semer le doute sur les pratiques culturelles existantes, sur les théories populaires de l’individu, et sur les hiérarchies du pouvoir. Pourtant, la transition de l'ancien à l’actuel devenu tout à coup illégitime au nouveau et maintenant soudainement authentique est lourde de dérapage moral et de conséquences imprévues. Un exemple récent d'ethnographie de la pratique des droits humains est l'étude de Lori Allen (2013), portant sur le rôle du discours sur les droits humains dans la politique de résistance palestinienne à l'occupation israélienne de la Cisjordanie. Bien que le langage des droits humains ait été utilisé dès la fin des années 1970 en Palestine comme stratégie rhétorique populaire pour défendre les victimes de l'occupation auprès d'une audience internationale, un cercle professionnel d'activistes et d'ONG finit par restreindre l'utilisation des droits humains dans des espaces sociaux et politiques étroitement contrôlés. Dans le même temps, l'ensemble des griefs palestiniens sont restés sans réponse pendant des décennies, comme la violation des droits humains continuelle, l'incapacité à obtenir l'indépendance politique et à influencer favorablement l'opinion politique en Israël. Le résultat fut que les Palestiniens en vinrent à considérer les droits humains avec cynisme et même suspicion. Mais plutôt que de rejeter entièrement les droits humains, ils ont formulé une critique organique des droits humains dans un discours critique et émancipateur plus large promouvant l'autonomie palestinienne, l'anti-impérialisme et l’activisme associatif (par opposition à l'interventionnisme). Après des décennies d'engagement pour les droits humains dans l'histoire de la lutte palestinienne contre l'occupation, les militants ont pu s'approprier ou rejeter les logiques et les attentes des droits humains avec un haut degré de conscience contextuelle et de réalisme politique. Orientations futures L'anthropologie des droits humains est maintenant bien établie en tant que domaine de recherche distinct et source de théorie anthropologique. Sur le plan institutionnel, les universitaires et les étudiants diplômés qui travaillent dans le domaine de l'anthropologie des droits humains viennent généralement, mais pas exclusivement, des rangs de l'anthropologie juridique et politique. Parce que les droits humains sont devenus un mode de plus en plus omniprésent du monde contemporain, les anthropologues rencontrent des traces de cette influence à travers un large éventail de pratiques culturelles, de mouvements politiques et de projets moraux. Cela ne veut cependant pas dire que le statut des droits humains n'est pas contesté, bien au contraire. Alors que la période liminaire de l'après-Guerre froide cède la place à la redifférenciation culturelle, à l'établissement de nouvelles hiérarchies et au rétrécissement des espaces d'expérimentation politique et sociale, les droits humains continueront à bousculer les formes alternatives de pratiques morales et de constitution personnelle et collective. Alors que le projet des droits humains d'après-guerre mûrit en se transformant en processus presque banal de réforme constitutionnelle, de bonne gouvernance et de restructuration économique néo-libérale, son potentiel de catalyseur de transformation radicale et de bouleversement moral diminuera probablement. L'anthropologie des droits humains deviendra moins l'étude d'un discours politique et moral à une époque de transition souvent vertigineuse et de possibilités apparemment illimitées, que celle d'un universalisme séculaire contemporain établi parmi une foule de perspectives concurrentes.
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Roy, Bernard. "Santé." Anthropen, 2018. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.079.

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Abstract:
De nombreux anthropologues appréhendent la santé comme une « construction sociale » qui varie considérablement d’une société à une autre, d’une époque à une autre. Dans toutes les sociétés, les anthropologues constatent que le concept santé s’exprime en des termes et des mots variés généralement associés à la notion de « bien-être ». Chez les Tzeltal et Tzotzil Maya des hautes terres du Chiapas, le concept de santé s’exprime par les mots « vital warmth » (chaleur vitale) (Groark 2005). Chez les vieux Innus (Montagnais), la santé réfère à la qualité de vie tandis que chez les Inuits, la santé serait conçue comme un ordre harmonieux dans lequel la personne est intégrée dans un environnement social, temporel, spirituel et non empirique (Therrien et Laugrand 2001). Et si cette notion de qualité de vie/santé varie d’un peuple à l’autre, elle fluctue également d’une classe ou d’un groupe social à un autre. Les anthropologues du début du XXe siècle ne parlaient pas d’ethnomédecine et encore moins d’anthropologie médicale, d’anthropologie de la santé ou d’anthropologie de la maladie, mais plutôt, de médecine primitive, archaïque ou traditionnelle. Presque toutes les monographies ethnologiques anciennes proposent des sections portant sur la maladie, les médecines indigènes ou les pratiques et croyances médicales. Dès le XVIIIe siècle, le missionnaire jésuite, Joseph-François Lafitau, qualifié par William N. Fenton et Elizabeth L. Moore de « premier éclat de lumière sur la route de l'anthropologie scientifique » (Fenton et Moore 1969) documenta, dans son œuvre Mœurs des sauvages américains comparées aux mœurs des premiers temps (Lafitau 1983), les pratiques médicales, les maladies ainsi que la santé des Iroquois. Au début du XXe siècle, les anthropologues décrivirent et analysèrent les us et coutumes de peuples vivants à l’écart de la modernité (Massé 1995). Les nombreuses monographies publiées à la suite de longs terrains contribuèrent aux développements de connaissances concernant les représentations sociales de la santé et de la maladie chez les praticiens et les peuples éloignés et isolés d’une modernité qui s’imposait tout autour de la planète. Constatant l’accroissement du nombre d’anthropologues travaillant au sein des structures médicales et sur des questions de santé et de maladie, Normand Scotch crée, au début des années 1960, le terme Medical anthropology (Scotch 1963 cité par Walter 1981). Peu à peu, cette nouvelle discipline se distingue à la fois aux niveaux théoriques et de l’application. Cherchant à comprendre les phénomènes de la santé/maladie dans différents contextes culturels, l’anthropologie médicale prend comme objet d’analyse les façons dont les acteurs sociaux reconnaissent et définissent leur santé, nomment les maladies, traitent leurs malades (Massé 1995). Les premiers travaux des anthropologues médicaux répondent surtout aux demandes d’une médecine qui cherche à comprendre comment la culture intervient dans l’avènement des maladies et comment contrer les résistances des populations aux entreprises déployées pour améliorer la santé depuis une perspective biomédicale. « Quand on fait appel à l’anthropologue dans une étude épidémiologique, c’est souvent afin qu’il trouve les bonnes formulations pour cerner les “facteurs culturels” qui influencent les pratiques sanitaires... » (Fassin 2001 :183). Rapidement, ce nouveau champ de l’anthropologie fait l’objet de critiques. Qualifiée de discipline bioculturelle, l’anthropologie médicale est critiquée en raison de ses thèmes de recherche dictés par la santé publique et de la domination des professionnels de la santé dans le dialogue avec les anthropologues impliqués dans les milieux de la santé. Byron Good (1994) estimait pour sa part que les travaux des anthropologues médicaux, dans les années 1950-1960, contribuèrent au développement d’une critique de la naïveté culturelle soutenant le regard porté par les instances de santé publique internationales sur le complexe santé/maladie. Toutefois, quelques chercheurs s’intéressent spécifiquement à la notion de santé en dehors de l’axe santé/maladie et proposent celui de santé/vie. Au début des années 1970, Alexander Alland formule une théorie anthropologique médico-écologique qui se base sur le principe de l’adaptation culturelle à l’environnement. Cette théorie postule que la santé résulte de l’adaptation biologique et culturelle d’un groupe d’individus dans un environnement donné. Un peu moins de dix années plus tard, McElroy et Towsend (1979) élaborent un cadre écologique qui affine cette première proposition. Pour McElroy et Towsend, la santé des individus et des collectivités résulte de l’équilibre établi entre les éléments biotiques, abiotiques et culturels d’un écosystème. Cette conception de la santé proposée par le courant écologique fera l’objet de nombreuses critiques du fait, entre autres, du nivèlement de la culture sur la nature qu’elle soutenait. Parallèlement aux courants écologique et bioculturaliste se développe une tendance phénoménologique (Laplante 2004). Délaissant les catégories objectives de la médecine, Kleinman (1980) et Good (1994) proposent d’appréhender la santé et la maladie sur les bases de l’expérience humaine. Tandis que Kleinman s’intéresse à la manière dont les gens expriment leur notion de la maladie à partir de leur expérience (Illness) qu’il articule autour de modèles explicatifs indissociables des systèmes culturels, Good s’intéresse aux réseaux sémantiques qui permettent à la personne de réorganiser en permanence son expérience en fonction du contexte et des circonstances. La maladie, et par extension la santé, ne correspondent plus à une chose en soi ou à sa représentation. L’une et l’autre résulteraient, plutôt, d’interactions qui permettent de synthétiser des significations multiples. D’autres anthropologues estimeront que la santé et la maladie sont des résultantes de l’histoire propre aux communautés humaines. Ces anthropologues proposent un recadrage radical de toute démarche visant à identifier les problèmes de santé et leurs dynamiques d’émergence dans une communauté humaine. Cette anthropologie considère d’emblée la communauté comme unité centrale d’analyse et s’intéresse « à la manière dont un contexte social et culturel informe les perceptions, valeurs et comportements des personnes » dans les dynamiques productrices de santé et de maladies. (Corin, Bibeau, Martin,et Laplante 1990 : 43). Dans ces contextes il reviendra aux anthropologues de participer à l’élaboration de politiques de santé adaptées aux diversités culturelles. Dès les années 1960, des anthropologues développent une critique de la médecine et de la santé internationale. Ils proposent de porter davantage attention aux conditions macrosociétales de production de la santé et de la maladie. En 1983, lors de la réunion annuelle de l’American Anthroplogical Association des anthropologues soulèvent l’importance pour l’anthropologie médicale de porter son attention sur les conditions sociales, économiques et politiques de production de la santé et de la maladie (Baer, Singer et Johnsen 1986). Pour ces anthropologues, la santé constitue un produit social et politique qui révèle l’incorporation de l’ordre social et des inégalités dans les corps (Fainzang 2005). Leurs recherches s’orienteront, du coup, autour de l’idée selon laquelle les inégalités sociales, les rouages du pouvoir et de l’exploitation, constituent les tout premiers facteurs de détermination de la santé et, par conséquent, de la maladie. La santé n’est plus ici considérée comme une réalité dérivée de définitions biologiques, médicales. Elle apparait comme une notion et un espace définis par les rapports entre le corps physique et le corps social. La santé ne correspond plus à la reconnaissance d’une norme physiologique, moyenne ou idéale. Elle est une construction culturelle qui ne peut être appréhendée que de manière relationnelle, comme un produit du monde social (Fassin 1996). Si les travaux des anthropologues ont davantage porté sur les phénomènes entourant la maladie et non sur ceux concernant la santé, ils ont toutefois largement contribué à la distinction analytique de la maladie dans ses dimensions médicales (disease), personnelles/expérientielles (illness), sociale(sickness) et, plus tard, en évoquant le concept de la souffrance sociale. Mais un constat s’impose. Les réflexions et recherches menées à l’endroit du concept de la santé par les sciences de la santé et les sciences sociales sont généralement moins développées que celles portant sur la notion de maladie. La perspective anthropologique impose d’appréhender le concept de santé comme un objet socialement et culturellement construit dans un espace-temps indissociable du global. Loin de se référer à une simple absence de pathologie, la santé se développe, se révèle dans le rapport entretenu par le sujet à lui-même et aux autres. Pour l’anthropologie, il y a d’abord l’intérêt à situer la santé dans l’expérience vécue d’un sujet en lien avec les autres. Acteur et créateur, il est également assujetti aux forces du contexte socioéconomique, politique et historique (Fainzang 2005). La santé se révèle ainsi comme une notion polysémique et un objet complexe qui se situe dans une trame d’interactions collectivement partagée du vivant avec son milieu s’incarnant dans les expériences singulières de l’être-au-monde (Massé 2010). Toutefois les propos de l’anthropologue Gilles Bibeau demeurent pertinents. « La santé continue d’être sous-conceptualisée et appréhendée de manière encore trop souvent inadéquate. […] Se pourrait-il que le surplus d’interventions de santé nous expédie hors du champ de la santé? » (Bibeau 2006 : 82, 84).
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34

Laurent, Jérôme. "Patrimoines autochtones." Anthropen, 2019. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.104.

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Abstract:
De nombreux groupes autochtones au Brésil, au Canada, aux États-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande et ailleurs dans le monde sont particulièrement préoccupés par la protection, la transmission et la reconnaissance de leurs patrimoines culturels. Trois dimensions sont indissociables de la compréhension des patrimoines autochtones soit 1) les liens entre matérialité et immatérialité du patrimoine 2) l’institutionnalisation des processus de patrimonialisation et 3) les médiateurs du patrimoine. Par patrimonialisation, il faut donc comprendre à la fois ce qui compose le patrimoine (chants, rituels, danses, objets, relation au territoire, arts visuels, jeux traditionnels, plantes médicinales…), les processus par lesquels ce patrimoine est documenté, préservé, transmis et mis en valeur (Kreps 2003), mais également les différents acteurs qui œuvrent au sein de ces processus. Souvent relégués à leurs dimensions matérielles, les patrimoines autochtones ne peuvent se comprendre sans considérer leur immatérialité (Leblic 2013 ; Lemonnier 2013). Par immatérialité, nous faisons référence ici aux débats anthropologiques sur les relations qu’entretiennent les humains avec leur environnement et les entités qui le composent (Descola 2005; Ingold 2000, 2011, 2012 ; Viveiros de Castro 2009). Si ces auteurs se sont surtout intéressés aux relations entre les humains et les animaux, les esprits ou les ancêtres, il est nécessaire de prendre en compte également la place des objets, du patrimoine bâti, des lieux et des sites sacrés, de la musique ou encore de la nourriture dans ces processus relationnels. Les objets, qu’ils soient d’art ou d’ethnographie, renvoient par exemple à des codes et des règles de comportement qui guident les humains, s’inscrivent dans des conceptions particulières de la personne, informent sur la création du monde ou se posent comme des révélateurs des identités autochtones du territoire. Les matériaux, les techniques de fabrication autant que le pouvoir attribué aux objets sont liés aux cosmologies et aux ontologies autochtones; ils sont porteurs de visions du monde et de modes d’être au monde spécifiques qui participent des processus actuels d’affirmations identitaires et politique. Dans ce contexte, il devient crucial de s’intéresser à la vie sociale des objets (Bonnot 2002, 2014 ; Koppytoff, 1986), des arbres (Rival 1998), de la forêt (Kohn 2013) ou encore des récits (Cruikshank 1998 ; Savard 1971, 2004 ; Vincent 2013). L’expérience corporelle (Goulet 1994, 1998 ; Laugrand 2013) et sensorielle (Classen 1993 ; Howes 2003, 2014 ; Mauzé et Rostkowski 2007) fait partie intrinsèque de ces patrimoines et de ces savoirs. Ceux-ci incluent à la fois des savoirs écologiques, des savoirs liés aux activités de chasse, de pêche et de cueillette, des savoirs rituels, des savoirs gastronomiques, des savoirs artisanaux et artistiques, des récits sous toutes leurs formes (création du monde, rêves, anecdotes, événements historiques, etc.), des savoirs liés aux réseaux d’alliance interfamiliale et d’affiliation territoriale, mais aussi des savoirs sur les objets ou sur les jeux traditionnels. Ces différents types de savoirs se transmettent et se transforment de manière créative, en étroite relation les uns aux autres. Les politiques historiques et contemporaines d’assimilation, de dépossession et d’usurpation de ces savoirs et de ces patrimoines conduisent à interroger les modalités institutionnelles de préservation et de mise en valeur de ces patrimoines autochtones. Souvent intégrés aux patrimoines nationaux et mis en valeur dans les musées d’État, les biens culturels autochtones ont longtemps échappé à leurs destinataires légitimes, les peuples autochtones eux-mêmes, les reléguant au statut de spectateurs de leurs propres cultures (Price 2007 ; Philips 2003, 2011). Depuis les années 1960-1970, les peuples autochtones ont largement contribué à la transformation, certes inachevée, des Musées de l’Autre en Musées de Soi et, dans certains cas, en Musées du Nous (De l’Étoisle, 2007). Présentés par le sociologue de l’art wendat (Québec) Guy Sioui Durand comme des musées mouroirs (Sioui Durand 2014), les institutions muséales et patrimoniales occidentales tentent aujourd’hui de (re)considérer leurs politiques et d’intégrer les savoirs autochtones dans leurs pratiques (Dubuc 2002, 2006 ; Kreps 2003). Certains cadres institutionnels ont favorisé ces changements. Pensons par exemple aux deux conventions de l’UNESCO pour la protection du patrimoine et des biens culturels immatériels (1972, 2003), au rapport sur les Musées et les peuples autochtones (Erasmus et al. 1994) au Canada, au Native American Graves Protection and Repatriation Act (NAGPRA, 1990) aux États-Unis ou à la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones (AGNU 2007, article 31). Si les institutions muséales occidentales ont progressivement opéré un changement de paradigme (Fienup-Riordan 1999 ; Simpson 2001), les peuples autochtones se dotent aujourd’hui de moyens qui leurs sont propres afin de favoriser la protection, la mise en valeur, la transmission, et souvent la restitution de ces patrimoines et de ces savoirs, et par extension de leur histoire et de leur identité politique (Ames 1992 ; Peers 2000). Le développement de musées, de centres culturels, d’écoles de transmission des savoirs ou de programmes éducatifs culturellement ancrés s’inscrit dans des projets de sociétés qui visent le renforcement des structures de gouvernance et de la souveraineté des peuples autochtones. Il est dès lors impossible de parler des patrimoines autochtones sans parler de mise en valeur et de protection des savoirs, de restitution des données ethnographiques (Zonabend 1994 ; Glowczewski 2009 ; De Largy Healy 2011), de gestion collaborative des collections muséales, et évidemment de participation des peuples autochtones dans ces processus (Tuhiwai Smith 1999). La littérature, le cinéma, la musique, la bande dessinée, les romans graphiques, l’art contemporain, le design, le tourisme ou les réseaux socionumériques s’affirment aujourd’hui comme des éléments incontournables du patrimoine autochtone, mais également comme des stratégies de reconnaissance politique (Coulthard 2014) et d’autoreprésentation identitaire. Ces processus complexes de patrimonialisation institutionnelle nous amènent à considérer enfin les acteurs du patrimoine. Guides spirituels, artistes, chefs familiaux, conservateurs, muséologues, technolinguistes, chercheurs autodidactes, enseignants, aînés-gardiens du savoir ou jeunes activistes, ces experts culturels sont régulièrement sollicités afin de transmettre, de valoriser ou de protéger des savoirs et des pratiques qui se construisent aussi en dehors de l'institution, dans le cadre d'actions citoyennes, de projets communautaires ou de dynamiques familiales. Le territoire devient alors l'espace privilégié de patrimonialisation des pratiques et des savoirs autochtones dans lequel les femmes jouent un rôle central (Basile 2017). Ces médiateurs du patrimoine doivent également faire face à divers enjeux concernant les formes et les stratégies de patrimonialisation actuelles, comme par exemple l’appropriation culturelle et la propriété intellectuelle (Bell et Napoléon 2008 ; Bell 1992, 2014) et les processus de rapatriement des biens culturels. Les processus de rapatriement sont indissociables des mouvements d’affirmations identitaire et politique autochtones qui se développent et se renforcent depuis les années 1960-70 (Clifford 1997, 2007, 2013 ; Gagné 2012 ; Matthews 2014, 2016 ; Mauzé 2008, 2010). Les biens culturels acquis de manières illicites, les restes humains ou les objets culturels sacrés nécessaires à la transmission d’une tradition sont généralement considérés par les institutions comme admissibles aux processus de rapatriement. Même si le mouvement international d’affirmation politique autochtone a conduit au rapatriement de nombreux objets dans leurs milieux d’origine, les processus restent souvent dans l’impasse, et ce pour au moins trois raisons : les experts locaux doivent réunir une documentation importante sur l’objet ; les groupes autochtones ne possèdent pas les infrastructures nécessaires pour conserver l’objet ; les Musées d’État ne sont pas prêts à se départir de ‘leurs’ collections.
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White, Bob. "Interculturalité." Anthropen, 2018. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.082.

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Abstract:
L’interculturalité —le contact entre acteurs sociaux de diverses provenances — a toujours existé. Selon le contexte, l’interculturalité peut être plus ou moins problématique (par exemple dans les situations de crise humanitaire liées à l’arrivée massive de réfugiés) et plus ou moins problématisée (par exemple dans les États qui reconnaissent l’existence de multiples communautés religieuses ou linguistiques). D’abord il est important de distinguer entre l’interculturalité et l’interculturalisme, l’idéologie pluraliste qui vise à renforcer l’harmonisation des relations en contexte pluriethnique (White 2018). Selon plusieurs observateurs, l’interculturalisme serait une réponse aux paradigmes dominants du multiculturalisme et de l’assimilationnisme (Wood et Landry 2008). Cependant, il est important de rappeler que l’interculturalisme n’est pas monolithique. Effectivement, les critiques de l’interculturalisme au Québec démontrent que cette idéologie n’a jamais fait l’objet de consensus (Rocher et White 2014). Dans un deuxième temps il faut constater qu’il y a plusieurs courants théoriques et philosophiques qui s’inspirent de la pensée interculturelle (Emongo 2014). L’anthropologie a gardé ses distances de ce vaste champ de savoir, mais peu d’anthropologues savent que l’anthropologie a eu beaucoup d’influence aux de?buts de la recherche sur la communication interculturelle, notamment à travers la personne de Edward T. Hall. Dans les anneés 1960 et 1970, le champ de la sociolinguistique interactionniste (inspiré en grande partie par les travaux de John J. Gumperz, 1989) a développé des modèles pour expliquer comment les écarts dans la communication en contexte pluriethnique contribuent à la discrimination des personnes immigrantes et des minorités racisées. Dans les années 1980, l’anthropologie américaine dite « postmoderne » a produit un certain nombre d’ethnographies « dialogiques » (White 2018), mais ces travaux ont été limités dans leur influence à l’échelle disicipinaire. Le virage phénoménologique en anthropologie dans les année 1990 a, quant à lui, permis une certaine réflexion autour de la notion d’intersubjectivité, mais l’anthropologie n’a jamais développé une théorie globale de la communication interculturelle, ce qui est surprenant étant donné que les fondements du savoir anthropologique se construisent à partir d’une série de rencontres entre cultures (White et Strohm 2014). La pensée interculturelle n’a jamais eu de véritable foyer disciplinaire, même si plusieurs disciplines ont développé des expertises sur l’analyse des dynamiques de la communication interculturelle (notamment communications, psychologie, éducation, gestion). Au sein des champs de recherche qui revendiquent une approche interculturelle, il y a un grande diversité d’approches, de concepts et de finalités. Gimenez (2018) propose une distinction entre l’utilisation de la pensée culturelle comme projet politique, comme méthode et comme cadre d’analyse. Il y a plusieurs éléments que l’on pourrait identifier avec une « épistémologie de l’interculturel » (Emongo 2014) et plusieurs thèmes qui reviennent fréquemment dans la littérature sur les dynamiques interculturelles, dont trois qui méritent une attention spéciale: la bidirectionnalité, les préjugés, les compétences. Au préalable, précisons qu’on ne peut pas réduire l’étude des dynamiques interculturelles à l’étude des immigrants ou de l’immigration. Pour des raisons évidentes, les contextes de migration transnationale soulèvent régulièrement des problématiques et des préoccupations interculturelles, par exemple sur le vivre-ensemble en contexte pluriethnique (Saillant 2016). Du point de vue interculturel, néanmoins, ce n’est pas la « culture » des groupes minoritaires qui devrait nous intéresser (puisque les groupes majoritaires sont « porteurs de culture » aussi), mais le contact entre personnes de différentes origines. Autrement dit, pour la recherche interculturelle, ce n’est pas la diversité qui est intéressante mais plutôt ce qui arrive en contexte de diversité. La notion de bi-directionnalité—c’est-à-dire l’influence mutuelle entre les groupes d’ici et d’ailleurs—permet de comprendre que mettre l’accent sur les groupes minoritaires ou personnes issues de l’immigration peut renforcer des préjugés à leur égard et que trop souvent les groupes majoritaires sous-estiment l’impact de leurs propres traditions sur le contact avec les personnes issues de l’immigration. La notion des préjugés est centrale à toute tentative d’expliquer les dynamiques interculturelles. Généralement compris comme des fausses idées sur les personnes d’autres groupes, les préjugés en situation interculturelle se rapprochent de formulations souvent rencontrées dans la théorie herméneutique. Selon Gadamer (1996) les préjugés ne sont pas négatifs en soi, puisque, en tant que pré-savoir, ils seraient à la base de la compréhension humaine. La pensée herméneutique permet de comprendre le lien entre préjugés et traditions et du coup de faire la distinction entre les traditions qui agissent comme forme d’autorité et celles qui permettent la transmission du savoir du groupe (White 2017). La pensée herméneutique part du principe que tous les êtres humains ont des préjugés et que les préjugés sont aussi une forme de savoir (parfois valide, parfois fausse). De ce point de vue les préjugés ne sont pas problématiques en soi, mais dans la mesure où ils peuvent être à a source d’incompréhension ou de discrimination (puisque non pas validés). Puisque les préjugés restent souvent dans l’ordre de l’implicite, le développement des compétences interculturelles consiste à rendre les préjugés implicites afin de réduire leur impact dans les différents contextes de la communication. Il existe une vaste littérature sur la notion des compétences en contexte interculturel, notamment dans les domaines qui s’intéressent à l’utilisation des outils interculturels pour faire de la médiation ou de la résolution des conflits. Pour tenir compte de la complexité des compétences interculturelles, il est important de définir les différentes catégories de compétences : savoir (des connaissances sur un sujet), savoir-faire (des connaissances sur les méthodes ou les façons de faire), savoir-être (les habilités sociales ou interpersonnelles). Dans la littérature sur le sujet, il y a souvent une confusion entre les compétences culturelles (c’est-à-dire l’ouverture aux différences culturelles et le savoir sur les différents groupes ethnoculturels) et les compétences interculturelles. Ces dernières doivent être comprises non pas comme un savoir sur l’autre mais plutôt comme des habilités de communication dans les contextes pluriethniques. Les approches qui se basent sur les compétences culturelles ont été critiquées parce qu’elles se limitent aux compétences par la sensibilisation de la différence et ne considèrent pas l’apprentissage de compétences communicationnelles (Gratton 2009). Les critiques des approches interculturelles sont nombreuses. Certaines partent de l’idée que la pensée interculturelle est fondée sur une fausse prémisse, celle qui présume l’existence d’entités culturelles fixes (Dervin 2011). Se basant sur les théories constructivistes, ces critiques montrent que l’identité culturelle est socialement construite et ne peut donc être réduite à une essence ou à des catégories figées. Plusieurs courants de la pensée interculturelle utilisent la notion de culture dans le sens large du terme (par exemple « culture professionnelle » ou « culture organisationnelle ») afin d’éviter les pièges de l’essentialisme, sans pour autant négliger le fait que l’utilisation de l’interculturel peut facilement tomber dans les généralisations et renforcer les stéréotypes sur les catégories culturelles. D’autres critiques de la pensée interculturelle réagissent au recours à l’utilisation ce cette notion dans le but de servir les besoins d’intégration des groupes dominants. De ce point de vue, l’interculturalisme serait une version « soft » de l’assimilationisme puisqu’il vise l’intégration des groupes minoritaires au sein d’un groupe majoritaire. Les critiques les plus radicales s’inspirent des approches orientées vers la lutte contre la discrimination (anti-racisme, droits humains). Selon cette perspective, le fait de parler des différences entre les personnes ou les groupes ne serait admissibleque dans la mesure où il permettrait de mettrela lumière sur l’impact de la discrimination sur les groupes vulnérables. Le simple fait de parler des différences entre les groupes peut, en effet, renforcer les stéréotypes et contribuer à la stigmatisation des groupes minoritaires. Cette critique nécessite plus de recherche et de réflexion puisque d’un point de vue interculturel, le fait de ne pas nommer les différences peut aussi renforcer la discrimination à l’égard des populations vulnérables.
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Mekki-berrada, Abdelwahed. "Ethnopsychiatrie." Anthropen, 2017. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.045.

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Abstract:
Le terme « ethnopsychiatrie » a été proposé pour la première fois, autour des années 1940, par le psychiatre et diplomate haïtien Louis Mars (1945). « Ethno-psych-iatrie » vient de ethnos qui en grec ancien, et à la suite d’une série de glissements sémantiques signifie tour à tour famille, tribu, peuple, nation, race. Le terme psuche indique les idées d'âme et d'esprit et, enfin, celui de iatros réfère au médecin, au guérisseur, au soin et au médicament. La notion d’ethnopsychiatrie consiste donc en cette alliance complexe entre ethnos, psuche et iatros. Dans la présente rubrique, l’ethnopsychiatrie est sommairement abordée selon trois dimensions essentielles, à savoir : 1. l’ethnopsychiatrie comme ensemble de théories et de pratiques culturelles; 2. l’ethnopsychiatrie comme discipline anthropologique; et 3. l’ethnopsychiatrie comme pratique clinique. 1. En tant que théorie et pratique culturelle, l’ethnopsychiatrie se veut universelle. Pour Georges Devereux (1908-1985), considéré comme le fondateur de l’ethnopsychanalyse (variante fondatrice de l’ethnopsychiatrie) (Laplantine 2007), « il n’est pas de peuple sans ‘’ethnopsychiatrie’’, c’est-à-dire sans son propre repérage, sans ses modalités de prise en charge des désordres, de ce type de négativité que la science appelle ‘’psychopatologie’’ » (cité par Nathan 2011). L’alliance complexe entre ethnos, psuche et iatros (ethno-psych-iatrie), se décline cependant de multiples façons et par différents peuples pour construire des espaces d’expression du désordre, du mal, du malheur, du mal-être, de la maladie, de la souffrance sociale et de leur dimension cosmogonique. Ces espaces sont des ethnopsychiatries plurielles que chaque société humaine abrite comme dans les traditions ayurvédique, humorale, homéopathique, exorcistique, chamanistique qui s’ajoutent à une liste interminable de théories et d’actions au sujet de la maladie et de l’univers. L’ethnopsychiatrie inclut aussi des rituels tels que, parmi tant d’autres, Mpombo, Mizuka et Zebola qui déploient un répertoire de gestes, de signes et d’êtres mythiques, et qui permettent aux femmes congolaises de (re)négocier leur rôle social et de (re)prendre une parole singulière pour exprimer leur mal-être dans une société où la parole dominante est généralement collective. Loin du Congo, nous retrouvons en Afrique de l’Est et dans la Péninsule arabique, le Zar, un rite impliquant essentiellement des femmes et favorisant lui aussi la résolution de conflits par l’expression collective de ceux-ci. Dans l’ensemble, l’ethnopsychiatrie contribue à la saisie des désordres intrapsychiques, interpersonnels ou sociaux, et cosmogoniques menaçants (Mekki-Berrada 2013). L’ethnopsychiatrie peut être considérée comme un « fait culturel total » qui se décline dans toutes les cultures et dans toutes les sociétés à travers les cinq continents. Au-delà de tous les particularismes, l’ethnopsychiatrie demeure à chaque fois culturellement située et consiste idéalement à transformer un monde chaotique en un monde qui fait sens pour la personne souffrante et son entourage. La psychiatrie contemporaine, elle-même, peut être considérée comme étant une ethnopsychiatrie parce qu'elle est comme les autres culturellement ancrée et dotée d’un ensemble de théories et de pratiques qui lui sont propres (Mekki-Berrada, 2013). Le « fou » dans l’Europe du XVIIIe siècle était un être de « déraison », dans le sens foucaldien du terme, au même titre que tous les autres exclus de la « raison » dominante de l’époque mêlant valeurs religieuses chrétiennes et valeurs sociales aristocratiques et monarchiques; le « fou », « l’insensé » se retrouvait alors avec les mendiants, les homosexuels, les libertins, les prostituées, tous entassés dans les hôpitaux généraux à des fin de contrôle social (Foucault 1972). La psychiatrie moderne est née dans l’Europe de l’Ouest du XIXe siècle quand le fou cessa d’être délinquant, pour être considéré comme malade. Même si, partiellement libéré du regard inquisiteur de l’Église et de la Monarchie, le « déraisonnable » devient aujourd’hui tantôt proie, tantôt sujet, au regard de la psychiatrie contemporaine. 2. En tant que discipline, l’ethnopsychiatrie se propose d’étudier les ethnopsychiatries comme espaces culturels où convergent les savoirs nosologiques, étiologiques et thérapeutiques au sujet du « désordre » mental, social et cosmogonique. L’ethnopsychiatrie-discipline ne constitue pas un bloc théorique monolithique. Sans nous arrêter sur les particularismes régionaux ou nationaux de l’anthropologie (« américaine », « britannique », « française »), la tendance historique générale de l’ethnopsychiatrie veut que cette discipline étudie, à ses débuts, la geste thérapeutique « exotique », non-occidentale, non-biomédicale. Avec le tournant interprétatif inauguré en anthropologie dans les années 1970 par Clifford Geertz et ce que l’on nommera dans les années 1980, avec Arthur Kleinman et Byron Good, l’anthropologie médicale interprétative, l’ethnopsychiatrie va cesser de se limiter aux espaces ethnomédicaux non-occidentaux pour se pencher aussi sur les «traditions ethnomédicales occidentales» incluant la biomédecine et la psychiatrie (Mekki-Berrada 2013), tout en plongeant dans le foisonnement des symboles et des interprétations de la maladie, du mal et du malheur. L’anthropologie médicale interprétative utilisera la culture comme moteur explicatif et principal cheval de bataille théorique. Elle sera cependant vite soumise aux vives critiques de Soheir Morsy (1979) et d'Allan Young (1982). Pour ces auteurs, l'approche interprétative « surculturaliserait » la maladie car elle en privilégierait les significations culturelles et en évacuerait les dimensions sociales et politiques. Cette critique sera poursuivie par Baer et Singer (2003) au sein d’un nouveau paradigme qu’ils nommeront « anthropologie médicale critique », paradigme dans lequel l’économie politique de la santé mentale est le moteur explicatif de la maladie et de la souffrance. De ce point de vue la culture serait un outil idéologique au service de la classe dominante, un « réseau de significations autant que de mystifications » (Keesing 1987 cité par Good 1994) qui camouflerait les inégalités sociales. Généralement considérée comme radicale sur le plan théorique, l’anthropologie médicale critique finira par trouver un équilibre des plus constructifs avec un autre courant nommé « anthropologie médicale interprétative-critique » (Lock et Scheper-Hughes 1996) qui offre l’avantage conceptuel et méthodologique de n’évacuer ni le culturel ni le politique, mais articule ces éléments pour mieux cerner l’enchevêtrement complexe des dimensions tant culturelles et microsociales de la maladie mentale et de la souffrance sociale que leurs enjeux macrosociaux. 3. En tant que pratique clinique, l’ethnopsychiatrie est relativement récente. Si Devereux apparaît comme le fondateur incontesté de l’ethnopsychiatrie-discipline, ce sont ses étudiants, Tobie Nathan et Marie-Rose Moro, qui fonderont l’ethnopsychiatrie-clinique à partir des années 1980, tous trois Français « venus d’ailleurs », porteurs et bricoleurs d’identités métissées. L’ethnopsychiatrie-clinique est une pratique psychiatrique, mais aussi psychologique, dépendamment de l’orientation centrale du « thérapeute principal » qui est soit psychiatre (ex. : Moro), soit psychologue (ex. : Nathan). En Amérique du Nord, ce sont essentiellement des psychiatres qui pratiquent l’ethnopsychiatrie-clinique, ou plutôt l’une de ses variantes, la « psychiatrie transculturelle » (Kirmayer, Guzder, Rousseau 2013) dont les principaux chefs de file sont basés à Harvard Medical School (ex. : Arthur Kleinman) ou à McGill University (ex. : Laurence Kirmayer, Cécile Rousseau). Il est à noter que l’ethnopsychiatrie clinique est très peu en vogue en dehors de l’Amérique du Nord et de l’Europe de l’Ouest. Il existe un certain nombre de variantes du dispositif clinique, mais une consultation ethnopsychiatrique nécessite au minimum : 1. un groupe de thérapeutes issus de cultures et de disciplines diverses, dont un-e seul est responsable et en charge de la circulation de la parole ; 2. la langue maternelle des patients et la présence d’interprètes culturels, ainsi que le passage d’une langue à l’autre, sont des éléments centraux du dispositif clinique afin d’aider à l’identification de nuances, subtilités, connotations et catégories culturelles; 3. le patient est fortement invité à se présenter en consultation avec des personnes qui lui sont significatives dans son propre réseau social ; 4. le dispositif groupal et le passage d’une langue à l’autre posent un cadre multi-théorique et l’ethnopsychiatre peut ainsi établir « un cadre métissé dans lequel chaque élément du matériel [biographique] peut-être interprété selon l’une ou l’autre logique » (Nathan 1986:126). Un tel dispositif facilite la mise en place d’un « espace intermédiaire » qui fait intervenir la culture comme « levier thérapeutique » et permet de révéler des conflits interpersonnels et intrapsychiques (Laplantine 2007 ; Streit, Leblanc, Mekki-Berrada 1998). Les ethnopsychiatres cliniciens procèdent souvent eux-mêmes à des « mini ethnographies » (« mini ethnography » ; Kleinman et Benson 2006) en se mettant « à l’école des gens qui consultent, pas l’inverse » (Nathan 2007). Ces mini ethnographies ont pour outil les « modèles explicatifs de la maladie » (« Illness Explanatory Models » ; Kleinman 1988) qui ont pour but d’être à l’écoute des perspectives des patients pour mieux explorer leur culture ainsi que les dimensions sociales et culturelles de la maladie mentale. En plus d’explorer la dimension culturelle du désordre, l’ethnopsychiatrie cherche à mieux comprendre la dimension psychiatrique des cultures tout en évitant de sur-psychiatriser la culture et de sur-culturaliser la psychiatrie (Laplantine 2007). Dans tous les cas, dès le début de la discipline qu’il a fondée, Devereux (1977) proposait une perspective « complémentariste » encore très utilisée aujourd’hui. Celle-ci exige le recours à la psychanalyse et à l’anthropologie de façon non simultanée, en ce sens que l’ethnopsychiatre est appelée à d’abord épuiser son recours à l’une des deux disciplines avant de se référer à l’autre, et ce, de façon constante. La méthode complémentariste s’accompagne nécessairement de la « décentration » qui est une attitude ou un mécanisme incontournable, qui force le thérapeute à identifier et à minimiser, dans la rencontre clinique, l’impact de sa subjectivité "égocentrée" ou "sociocentrée". En somme l’ethnopsychiatrie, telle que sommairement abordée ici, est un espace culturel où convergent les savoirs nosologiques, étiologiques et thérapeutiques, tous culturellement situés, et qui prend pour objet le « désordre » mental, social et cosmogonique; elle est aussi une discipline anthropologique qui se propose d’étudier ces espaces culturels ; elle est enfin une pratique clinique. Il s’agit de trois pans indissociables et constitutifs d’un même trièdre.
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Auger, Reginald, and Allison Bain. "Anthropologie et archéologie." Anthropen, 2016. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.030.

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Les parcours sinueux qu’ont suivis l’anthropologie et l’archéologie en Amérique du Nord depuis une cinquantaine d’années démontrent des intérêts convergents pour la connaissance et l’explication du comportement humain et cela avec des méthodes de recherche de plus en plus divergentes. L’anthropologie qui a émergé des milieux intellectuels aux États-Unis au XIXe siècle avait pour origine l’intérêt pour la compréhension des populations autochtones de l’Amérique; de cet intérêt pour l’humain, se sont développés des outils pour comprendre le comportement qui se cachait derrière le geste posé. Dès le début, l’anthropologue s’intéressait aux comportements et l’archéologue documentait les traces du geste posé. De cette proximité entre l’anthropologie et l’archéologie qui s’est concrétisée par la création du Bureau of American Ethnology à la fin du XIXe siècle, il était naturel de placer la formation en archéologie au sein de départements d’anthropologie dans les universités aux États-Unis et au Canada. Malgré l’apparence initiale d’un champ unifié et d’un terrain partagé entre l’anthropologie et l’archéologie, la pratique s’est transformée pour devenir tout autre au fil des ans. Au milieu du XXe siècle, l’archéologie commence à remettre en question sa relation avec les interprétations fonctionnalistes des anthropologues (Trigger 2006 : 363-372). La première figure à souligner le problème de l’inéquation entre les résultats de la recherche archéologique et la théorie en anthropologie fut Walter Taylor (1948) dans son livre A Study of Archaeology. Taylor, le relativiste, exposa son penchant pour le particularisme historique dans une approche qu’il identifie comme étant conjonctive; pour ce chercheur iconoclaste, l’historiographie comptait pour beaucoup. L’approche conjonctive consistait à établir des corrélations entre différents types de données dans des contextes historiques et culturels spécifiques afin de faire le pont entre des particularités historiques (les collections archéologiques) et des données anthropologiques. La méthodologie qu’il proposait impliquait la vérification d’hypothèses par l’analyse de la composition et de la structure des collections archéologiques. L’objectif central de cette approche visait à mettre de l’avant des études contextuelles détaillées qui permettraient d’adapter des hypothèses générales sur la culture à des données spécifiques. Dans sa formulation de l’approche conjonctive en archéologie et la vérification d’hypothèses, Taylor reconnaissait qu’une réflexion critique était nécessaire puisque l'archéologue travaillait dans le présent. En dépit de la richesse des collections archéologiques et constatant le danger qui planait sur l’archéologie si nous avions continué à publier des listes d’attributs de nos objets au lieu d’interpréter la culture matérielle comme étant la trace du comportement humain, dans un geste de médiation entre l’anthropologie et l’archéologie, Binford (1962) publiait son article portant le titre Archaeology as Anthropology. Comme il le signale dans son introduction son article qui faisait suite à un ouvrage venant d’être publié par Willey et Phillips (1958) où l’on mentionne clairement que l’archéologie américaine « c’est de l’anthropologie ou rien du tout ». Ce geste d’éclat dans une période charnière de l’enseignement de l’archéologie dans les universités nord-américaines allait donner naissance à un nouveau paradigme que l’on appela la New Archaeology aussi connue sous le nom d’archéologie processuelle. Un tel changement de paradigme venait en contradiction avec les pratiques européennes en matière d’archéologie préhistorique, notamment celles de l’École de Bordeaux et de François Bordes, son membre le plus influent, qui avait réussi à imposer sa vision sur le sens de la variabilité des outils en pierre du paléolithique moyen (Bordes 1961; 1984). Dans sa thèse de doctorat intitulée The Bordes-Binford Debate: Transatlantic Interpretive Traditions in Paleolithic Archaeology, Melissa C. Wargo (2009) présente une analyse en profondeur des modes de pensée qui diffèrent entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Essentiellement, le raisonnement traditionnel voulait que l’apparition d’une nouvelle culture archéologique (de nouveaux types) puisse signifier la manifestation d’un nouveau groupe de personnes, un groupe ethnique détectable avec les outils de l’archéologie. C’est ce que nous apprenions à la lecture des travaux de François Bordes sur les changements technologiques observés au paléolithique moyen. Lorsque Binford est parvenu à étudier les mêmes collections, il proposa des interprétations toutes autres. Ainsi, alors que pour Bordes, des outils différents représentent des groupes différents; si l’ensemble de l’assemblage ne peut être attribué à un groupe avoisinant, peut-être alors que certains éléments peuvent l’être. Et si de tels parallèles peuvent être établis, l’approche de Bordes a pour corollaire que c’est là le lieu d’origine de la population à l’étude et que nous serions en présence d’une diffusion de traits culturels à partir de la migration d’un groupe ethnique. Pour Binford, la différence dans la composition des assemblages devrait plutôt être interprétée comme étant le résultat d’adaptations; pour ce chercheur, les assemblages archéologiques sont des coffres d’outils adaptés pour une fonction particulière. Nonobstant la grande quantité de statistiques accumulées, Binford, de son propre aveu, admit qu’il fut incapable d’expliquer ce qu’elles signifiaient. En d’autres mots, il avait beaucoup d’information sur le présent mais ne pouvait l’expliquer par manque d’analogie avec le passé. En dépit de ces différences d’opinion, l’utilité de la typologie de Bordes réside dans le fait qu’elle fournissait un langage descriptif; cette typologie a cependant été par la suite rejetée par certains chercheurs qui considéraient que la définition des types de François Bordes était inadéquate parce que trop subjective. Pire encore, Bordes a été accusé d’incorporer dans ses interprétations des hypothèses non vérifiées sur les capacités cognitives des hominidés durant le paléolithique moyen. De nos jours, nos analyses de la technologie visent à remplacer cette approche typologique de Bordes par une méthode s’appuyant sur la combinaison d’attributs dont la description porte davantage sur le comportement. De toute évidence, le débat entre le promoteur de la New Archaeology et la figure de proue de l’archéologie française et son approche taxonomique en pierre a permis de mettre en évidence un malaise profond sur la façon dont le passé devrait être interprété. Ce débat est aussi emblématique de traditions scientifiques différentes entre l’Europe et l’Amérique du Nord. C’est dans ce contexte intellectuel que sont nés des départements d’anthropologie associant l’anthropologie culturelle, l’anthropologie biologique, la linguistique et l’archéologie. Ces quatre champs sont apparus à des moments bien précis de l’histoire des universités nord-américaines mais de nos jours, la réalité de l’anthropologie est devenue beaucoup plus complexe (Bruner 2010). Un étudiant en archéologie peut avoir des besoins de formation en géographie, en histoire, en géologie, en botanique, en biologie, en ethnohistoire, en systèmes d’information géographique, en informatique, etc. alors qu’un étudiant en anthropologie pour atteindre un niveau de compétence élevé pourrait avoir besoin de formation en histoire, en science politique, en sociologie, en art, en littérature, en théorie critique, etc. Malgré que les besoins aient grandement changé depuis la création des départements d’anthropologie, les structures académiques sont demeurées statiques. La protection des départements d’anthropologie dans leur configuration actuelle des quatre champs relève le plus souvent des politiques universitaires. Ainsi, même si les professeurs étaient d’accord qu’il serait intellectuellement plus profitable de scinder ces gros départements, la question de diviser les départements d’anthropologie en unités plus petites qui feraient la promotion de l’interdisciplinarité dans les sciences humaines et sociales n’est pas envisagée dans la plupart des universités nord-américaines (Smith 2011). Au milieu de cette tourmente, se sont développés un certain nombre de départements et de programmes d’archéologie en Amérique du Nord. De là est née une discipline émancipée du joug des structures trop rigides et se donnant un ensemble de méthodes de recherche qui lui étaient propres. La trajectoire conceptuelle empruntée par ceux-ci a permis de remonter au-delà du geste et de la parole en retenant une classe cohérente de concepts explicatifs développés, certes en anthropologie, mais raffinés et adaptés au contact de l’archéologie et d’autres disciplines en sciences humaine et sociales et sciences de la nature. Cette indépendance intellectuelle de l’anthropologie s’est notamment affirmée par des collaborations entre l’archéologie et la philosophie des sciences (Kelly et Hanen 1988; Salmon 1982; Wylie 2002; Wylie et Chapman 2015). La croissance de l’intérêt pour les explications processuelles des données archéologiques chez plusieurs archéologues nord-américains fut motivée par le fait que les néo-évolutionistes en anthropologie mettaient trop l'accent sur les régularités dans les cultures. Les concepts utilisés en archéologie processuelle exerçaient une influence significative sur notre discipline et l’adoption de cette approche théorique était d’autant plus attrayante car les variables proposées se présentaient comme des causes majeures de changements culturels et relativement accessibles à partir des vestiges archéologiques. Cette approche s'intensifia et donna de nouvelles directions aux tendances déjà présentes en archéologie préhistorique. Dans ce changement de paradigme qui donna naissance au courant de la Nouvelle Archéologie en Amérique du Nord et à un moindre degré au Royaume-Uni, l’accent était placé sur la vérification d’hypothèses sur les processus culturels comme outils d’explication du passé. De la position qu’elle occupait comme l’un des quatre sous-champs de l’anthropologie ou encore, de celle de servante de l’histoire, l’archéologie est devenue l’un des plus vastes champs du monde académique (Sabloff 2008 : 28). En plus d’avoir trouvé son ancrage théorique dans les sciences sociales et humaines, l’archéologie, attirée par les techniques et méthodes fraie régulièrement avec les sciences physiques et les sciences de la nature. En se donnant ses propres méthodes de collecte et d’analyse pour l’examen de cultures distinctes et en poursuivant avec des comparaisons interculturelles, la discipline cherchait à mieux comprendre les cultures qui se sont développées à travers le temps et l’espace. Puisque l’objet d’étude de l’archéologie porte sur les traces de groupes humains dans leur environnement naturel et leur univers social, les questions qu’elle se pose sont fondamentales à l’histoire de l’humanité et pour répondre à de telles questions elle s’est dotée de méthodologies d’enquête qui lui sont propres. L’utilisation d’équipements sophistiqués pour déterminer la composition chimique des résidus lipidiques incrustés sur un outil en pierre taillée ou encore, les recherches sur la composition physico-chimique de la pâte d’une céramique sont des techniques visant à répondre à des questions d’ordre anthropologique. Le quand et le comment du passé sont relativement faciles à identifier alors que pour découvrir le pourquoi l’archéologue fait souvent appel à l’analogie ethnographique, une méthodologie issue de l’insatisfaction des archéologues à l’endroit des travaux en anthropologie culturelle (David et Kramer 2001). Une autre méthodologie est celle de l’archéologie expérimentale qui s’intéresse à la fabrication et à l’usage des outils (Tringham 1978), méthode similaires à celle de l’ethnoarchéologie. L’expérimentation à partir d’outils fabriqués par le chercheur et les banques de données provenant d’expérimentations contrôlées servent alors d’éléments de comparaison pour interpréter la forme des assemblages archéologiques (Chabot et al. 2014) est au centre de la méthode préconissée. Le développement de l’ethnoarchéologie durant les années 1970 aurait inspiré Binford (1981) lorsqu’il mit de l’avant l’utilisation de théories de niveau intermédiaire pour établir un lien entre ses données archéologiques et les théories de niveau supérieur sur le comportement. Sa décision semble avoir reposé sur les développements de l’approche ethnoarchéologique et ses propres terrains ethnoarchéologiques chez les Nunamiut de l’Alaska (Binford 1978). D’autres orientations théoriques ont vu le jour au cours des années 1960–1970 et ont fait la distinction entre différentes approches matérialistes par rapport à des schémas évolutionnistes antérieurs. Par exemple, Leslie White (1975) adopta une forme de déterminisme technologique très étroit qui reflétait une croyance en la technologie comme source de progrès social. Julian Steward (1955) envisagea un déterminisme écologique moins restrictif alors que Marvin Harris (1968) y voyait un déterminisme économique encore plus large. Pour ces quelques positivistes le rôle que l’archéologie se devait de jouer était d’expliquer la culture matérielle du passé. Quant à l’archéologue Lewis Binford (1987), il soutenait que l’étude des relations entre le comportement humain et la culture matérielle ne devrait pas être le rôle central de l’archéologie puisque selon lui, les données ne contiendraient aucune information directe sur les relations entre le comportement humain et la culture matérielle. Dorénavant, les données archéologiques se devaient d’être comprises par elles-mêmes, sans avoir recours à des analogies ethnographiques. Cette dernière approche voulait clairement établir de la distance entre l’archéologie, l’anthropologie culturelle, l’ethnologie et peut-être les sciences sociales en général ; son mérite était peut-être, justement, d’éviter les réductionnismes et les analogies rapides entre explications anthropologiques et assemblages archéologiques. Dans la même veine, d’autres remises en question sont apparues durant les années 1980 avec les travaux d’Ian Hodder (1982; 1985) sur la validité des certitudes positivistes qui avaient été le fonds théorique et empirique des adeptes de la New Archaeology. Depuis cette réflexion sur l’essence même de l’archéologie, Hodder a reconnu qu’une position critique est fondamentale face à l’objet d’étude; naquit alors le courant théorique post-processuel en archéologie. Dans son cheminement pour découvrir la signification des vestiges qu’elle étudie, l’archéologie post-processuelle s’appuie sur des études détaillées permettant d’adapter des hypothèses générales sur la culture à des données spécifiques en exploitant la diversité des sources; cette direction du courant post-processuel en archéologie porte le nom d’archéologie contextuelle. Comme tout changement de paradigme apporte avec lui son lot de détracteurs, l’archéologie post-processuelle a été immédiatement accusée d’une trop grande subjectivité interprétative voire, de déconstructionisme. Les autres orientations placées sous le label archéologie post-processuelle incluent : le structuralisme, le néo-marxisme, l’archéologie cognitive, la phénoménologie, et d’autres encore Ainsi l’individu, l’agent ou l’acteur et son intentionnalité devrait être au centre des interprétations dans la théorie post-processuelle. Nous pouvons conclure que l’examen de la relation entre l’anthropologie et l’archéologie en Amérique du Nord a permis de constater que, depuis ses débuts, l’archéologie dans cette région du monde a vécu une liaison relativement tumultueuse avec l’anthropologie. Cette condition, souvent problématique, a vu naître, au Canada d’abord, des groupuscules d’archéologues avec des intérêts divergents qui se sont distanciés des paradigmes qui dominaient les départements d’anthropologie pour former des départements d’archéologie ou des programmes d’archéologie autonomes des programmes d’anthropologie. Sur les chemins empruntés ces nouveaux départements sont entrés en relation avec les départements de sciences naturelles, notamment, la géographie, avec laquelle les archéologues ont partagé un ensemble de concepts et de méthodes. Il en a résulté un enseignement de l’archéologie nettement interdisciplinaire et faisant appel à des méthodes quantitatives pour comprendre la culture matérielle dans son environnement naturel et expliquer son milieu culturel à partir de concepts empruntés aussi bien aux sciences humaines qu’aux sciences naturelles.
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Chamberland, Line. "Hétérosexisme." Anthropen, 2019. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.107.

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Abstract:
L’hétérosexisme réfère à l’ensemble des croyances qui valorisent et promeuvent l’hétérosexualité tout en infériorisant les sexualités non hétérosexuelles. Ainsi, l’hétérosexualité apparaît comme la sexualité universelle, allant de soi, naturelle, normale, morale, bref elle est dotée d’une valeur supérieure en référence à des systèmes normatifs religieux, scientifiques, juridiques ou autres, alors que l’homosexualité (ou toute sexualité s’écartant de la norme hétérosexuelle) se voit dépréciée en tant que crime, péché, acte sexuel non naturel, pathologie, déviance sexuelle, etc. Le concept d’hétérosexisme apparaît aux États-Unis au début des années 1970, en même temps que celui d’homophobie (Herek, 2004). Tout en contestant les savoirs institutionnels de l’époque, ces deux termes proposent néanmoins des voies distinctes de conceptualisation de l’oppression des personnes homosexuelles. L’homophobie inverse le paradigme psychomédical dominant en pathologisant non plus l’homosexualité, mais la peur irrationnelle qu’en ont certains individus. L’hétérosexisme enracine cette oppression dans le social, par analogie avec d’autres systèmes de croyances qui différencient et hiérarchisent des catégories de personnes, comme le racisme et le sexisme (Herek, 2000). Le premier terme emprunte à la psychanalyse alors que le second provient d’une pensée d’inspiration féministe, antiraciste et anticapitaliste. Les deux concepts se diffuseront largement au sein des mouvements de libération des gays et des lesbiennes, puis dans l’univers académique, d’abord dans le monde anglo-saxon et plus tardivement en France (Tin, 2003). À l’origine, le concept d’hétérosexisme s’inscrivait dans des perspectives lesbiennes-féministes. Il s’articulait avec diverses analyses critiques de la place de l’hétérosexualité institutionnalisée dans les processus de subordination des femmes par les hommes (Dugan, 2000). Dans un tel paradigme, l’hétérosexisme fait partie du système patriarcal qui assujettit les femmes, notamment en justifiant leur infériorisation au nom de la différence soi-disant naturelle entre les sexes/genres et de la complémentarité qui en découlerait nécessairement. Sur le plan politique, la notion appelle à une remise en question des constructions socioculturelles de la masculinité et de la féminité et des institutions qui maintiennent des rôles rigides de genre (Herek, 2004). En somme, la régulation des sexualités y est indissociable du maintien des rapports de domination des hommes sur les femmes. Dans cette optique, l’hétérosexisme est envisagé comme un système d’oppression étroitement relié à d’autres inégalités systémiques, comme le sexisme, le racisme ou le classisme (Wilton, 1995). Cependant, dans les usages récents du concept, les références aux théories issues du lesbianisme-féministe ou à l’intersectionnalité des luttes sociales sont le plus souvent absentes. Au fil des décennies, les définitions de l’hétérosexisme se sont multipliées tout en reprenant l’idée essentielle d’un processus systémique de différenciation et de hiérarchisation des sexualités hétérosexuelle et homosexuelle. Selon une recension de Smith, Oades et McCarthy (2012), certaines mettent l’insistance sur la normalisation de l’hétérosexualité et la promotion d’un style de vie hétérosexuel, d’autres sur la disqualification et l’occultation des autres sexualités. Dans cette dernière lignée, l’une des plus courantes est celle du psychologue Gregory Herek (2004) : « une idéologie culturelle qui perpétue la stigmatisation sexuelle en déniant et en dénigrant toute forme non hétérosexuelle de comportement, d’identité, de relation et de communauté non hétérosexuelle » (p. 16, traduction libre). Dans son opérationnalisation, le concept d’hétérosexisme se déploie tantôt vers le social, tantôt vers l’individuel, ce qui n’est pas sans générer des tensions théoriques. Dans le premier cas, la description des manifestations de l’hétérosexisme illustre son ancrage social et culturel, qu’il s’agisse de la présomption d’une hétérosexualité universelle dans les politiques et les pratiques des diverses institutions (écoles, services publics, entreprises, etc.), de l’idéalisation de l’amour hétérosexuel dans les représentations (films, romans, etc.), de l’injonction au silence ou à la discrétion adressée aux gays et aux lesbiennes sous prétexte que la sexualité relève de la vie privée, ou encore de l’assimilation de leurs expériences diverses au modèle dominant de conjugalité hétérosexuelle (Fish, 2006). Sans qu’il n’y ait de consensus sur une perspective théorique commune, les explications de l’hétérosexisme attirent l’attention sur les mécanismes structurels qui en assurent la reproduction, comme le langage et le droit. Dans cette veine, Neisen (1990) définit l’hétérosexisme en associant les notions de préjugés et de pouvoir, ce dernier s’exerçant notamment dans les sphères étatique (criminalisation des relations homosexuelles) et scientifique (discours pathologisants). Dans le second cas, l’accent sera mis sur les effets individuels de l’hétérosexisme en matière de statut et d’inégalités sociales. Ainsi l’hétérosexisme est souvent vu comme la source ou le fondement des attitudes et des comportements homophobes envers les personnes non hétérosexuelles ou perçues comme telles. Par exemple, Pharr (1997) voit dans l’hétérosexisme le pendant institutionnel de l’homophobie : le déploiement systématique de l’idéologie hétérosexiste sur le plan culturel et les gestes homophobes dans les interactions sociales se renforcent mutuellement pour maintenir le pouvoir et les privilèges associés à l’hétérosexualité. Sous cet angle, et malgré leurs racines distinctes sur les plans épistémologique et politique, les concepts d’hétérosexisme et d’homophobie ont souvent été jumelés et présentés comme des notions complémentaires l’une à l’autre, l’un agissant au niveau social, comme une idéologie inégalitaire des sexualités, et l’autre au niveau individuel ou psychologique. Pour sa part, Borrillo (2000) relève l’impossibilité de déconnecter les deux termes puisque l’homophobie ne peut se comprendre indépendamment de la reproduction de l’ordre social des sexes (sexisme) et des sexualités (hétérosexisme). Phénomène à la fois cognitif et normatif, l’hétérosexisme renvoie à « l’ensemble des discours, des pratiques, des procédures et des institutions qui en problématisant ainsi la “spécificité homosexuelle”, ne cessent de renforcer un dispositif destiné à organiser les individus en tant qu’être sexués. » (p. 24). Cependant, les deux notions sont parfois vues comme plus ou moins interchangeables et positionnées comme des concurrentes parmi lesquelles il faut choisir. Une première dissension surgit alors à propos des manifestations d’ostracisme que les deux termes permettent de capter. Au concept d’homophobie, il est reproché d’être androcentrique (centré sur les agressions subies par les hommes gays) et de se focaliser sur les gestes extrêmes d’un continuum de rejet de l’homosexualité, ce qui ne permet pas de rendre compte de leur vaste éventail, ni de leurs formes institutionnelles (Herek, 2004). L’hétérosexisme est considéré comme une notion plus adéquate pour couvrir l’ensemble des manifestations qui reconduisent les inégalités entre les sexualités, y compris les plus subtiles et celles qui s’insinuent dans la banalité du quotidien et que l’on pourrait assimiler au sexisme ordinaire. De même, comparativement aux mesures d’attitudes homophobes, axées sur le rejet, les mesures d’attitudes hétérosexistes, comme l’échelle d’hétérosexisme moderne (Walls, 2008), seraient plus aptes à saisir la persistance des stéréotypes (négatifs mais aussi positifs) envers les personnes gays, lesbiennes ou bisexuelles, même chez les individus exprimant des dispositions favorables à leur égard. Autrement dit, la référence à l’hétérosexisme permet d’enregistrer les changements sociétaux positifs tout en révélant la persistance de la hiérarchie des orientations sexuelles. Toutefois, ce concept sera critiqué en retour comme opérant une dilution ou une euphémisation de l’hostilité généralisée envers les personnes et les sexualités non hétérosexuelles qui en occulterait les démonstrations les plus brutales. Le second axe de tension renvoie aux explications, tantôt psychologiques, tantôt sociologiques, de la stigmatisation des personnes non hétérosexuelles. Le concept d’homophobie a maintes fois été critiqué pour son réductionnisme psychologique (Chamberland et Lebreton, 2012 ; Herek 2004). De même, lorsque le seul usage de l’hétérosexisme est l’application à une mesure d’attitude individuelle, il lui sera reproché d’escamoter toute analyse structurelle et de réduire ainsi la portée analytique du concept. Les implications du choix de l’un ou l’autre concept sont à la fois théoriques et politiques. Plusieurs auteur·e·s optent pour le concept d’hétérosexisme, car il engage à se pencher sur les rapports sociaux et les structures qui reproduisent les inégalités sexuelles. Il s’agit de s’éloigner des schèmes d’explication psychologique ayant la cote dans les sociétés libérales et des solutions uniquement centrées sur l’intervention auprès des individus (sensibilisation, formation, etc.) pour envisager des transformations sociales globales ou à tout le moins des mesures s’attaquant à la hiérarchie des sexualités dans l’organisation des diverses sphères de vie (famille, école, travail, etc.) (Herek, 2004 ; Wilton, 1995). Dans un récent effort de synthèse, Rumens (2016) propose de distinguer l’hétérosexisme culturel, qui réfère à la dimension institutionnelle, et l’hétérosexisme individuel. Avec la montée du post-structuralisme, le concept d’hétérosexisme connaît un certain désaveu, au même titre que d’autres notions faisant référence à toute structure sociale. Son emploi décline au profit du concept d’hétéronormativité créé par Michael Warner (1993), qui met en lumière la normativité langagière et discursive opérant à travers la construction des catégories binaires (des corps, des sexes, des genres, des désirs, etc.) qui composent la matrice de l’hétérosexualité (Herek, 2004). Dans le champ interdisciplinaire des études sur la sexualité, l’hétérosexisme demeure un concept central pour analyser la stratification sexuelle et les inégalités sociales qui en découlent. Bien que le concept se prête à plusieurs définitions, son potentiel heuristique est maximisé lorsqu’il se conjugue à des cadres théoriques et analytiques susceptibles de rendre compte de l’inscription d’une idéologie qui privilégie systématiquement l’hétérosexualité dans les institutions, dans les pratiques sociales et culturelles et dans les interactions quotidiennes, exerçant ainsi une contrainte à l’hétérosexualité (Fish, 2006).
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Bromberger, Christian. "Méditerranée." Anthropen, 2019. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.106.

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Alors que l’américanisme, l’africanisme, l’européanisme, l’indianisme… sont reconnus, certifiés par des musées ou des sections de musée, des départements universitaires, des chapitres de manuels depuis les origines, l’anthropologie de la Méditerranée est une spécialité récente, prenant corps, sous l’égide des universités britanniques, dans les années 1950. Ce retard est dû, au moins en partie, à l’hétérogénéité du monde méditerranéen partagé entre les façades méridionale et orientale de la mer, qui relèvent, à première vue, de l’étude du monde arabo-musulman, et la façade septentrionale ressortissant de prime abord de l’ethnologie européenne. Le scepticisme, récusant la pertinence d’une anthropologie de la Méditerranée, peut encore trouver des arguments dans l’histoire des civilisations ou dans l’actualité. Contrairement à d’autres régions du monde, l’aire iranienne voisine par exemple, le monde méditerranéen ne forme une unité ni par ses langues ni par ses traditions religieuses. Faut-il rappeler que seul l’Empire romain l’a unifié pendant plusieurs siècles autour du « mare nostrum » en favorisant l’épanouissement d’une culture gréco-latine à vocation universelle et en développant tout autour de la mer des institutions politiques sur le modèle de Rome ? Puis l’histoire de la Méditerranée fut faite de partages, de schismes, de croisades, de guerres entre empires, de conquêtes coloniales qui aboutirent, au terme de péripéties violentes, à la situation contemporaine où coexistent trois ensembles eux-mêmes fractionnés : une Méditerranée latine, catholique, largement laïcisée , partie intégrante de l’Europe occidentale, une Méditerranée balkanique orthodoxe avec ses poches islamiques, une Méditerranée arabo-musulmane. En dépit de ces fractures, des hommes de lettres campèrent, dans les années 1930, une Méditerranée des échanges et de la convivenza, à laquelle donnent crédit des lieux et des épisodes remarquables de l’histoire (l’Andalousie au temps du califat omeyade, la Sicile de Frédéric II, des villes cosmopolites de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle : Istanbul, Smyrne, Salonique, Beyrouth, Alexandrie, Alger, Tanger, Trieste, Marseille, etc.). Des revues (à Marseille, les Cahiers du sud de Jean Ballard, à Tunis Les Cahiers de la Barbarie d’Armand Guibert et Jean Amrouche , à Alger Rivages d’Edmond Charlot et Albert Camus, à Rabat Aguedal d’Henri Bosco) exaltèrent cette « fraternité méditerranéenne » tout autant imaginaire que réelle. Gabriel Audisio fut le chantre le plus exalté de cette commune « patrie méditerranéenne »: « Non, écrit-il, la Méditerranée n’a jamais séparé ses riverains. Même les grandes divisions de la Foi, et ce conflit spirituel de l’Orient et de l’Occident, la mer ne les a pas exaltés, au contraire adoucis en les réunissant au sommet sensible d’un flot de sagesse, au point suprême de l’équilibre ». Et à l’image d’une Méditerranée romaine (il veut « remettre Rome ‘à sa place’ ») il oppose celle d’une « synthèse méditerranéenne » : « À cette latinité racornie, j’oppose tout ce qui a fait la civilisation méditerranéenne : la Grèce, l’Égypte, Judas, Carthage, le Christ, l’Islam ». Cette Méditerranée qui « vous mélange tout ça sans aucune espèce de pudeur », dit-il encore, « se veut universelle ». Avant qu’un projet collectif d’anthropologie n’émerge, des ancêtres de la discipline, des géographes, des historiens, avaient apporté une contribution importante à la connaissance du monde méditerranéen. Maine, Robertson Smith, Frazer, etc. étaient classicistes ou historiens du droit et se référaient souvent aux sociétés antiques de la Méditerranée pour analyser coutumes et croyances ou encore les différentes formes d’organisation sociale (la tribu, la cité, etc.) et leur évolution. Plus tard, dans les premières décennies du XXème siècle, de remarquables études monographiques ou thématiques furent réalisées sur les différentes rives de la Méditerranée , telles celles de Maunier (1927) sur les échanges rituels en Afrique du nord, de Montagne (1930) sur les Berbères du sud Marocain, de Boucheman (1937) sur une petite cité caravanière de Syrie…Géographes et historiens, plus préoccupés par l’ancrage matériel des sociétés que par leur structure ou leurs valeurs, publièrent aussi des travaux importants, synthétiques ceux-ci, sur le monde méditerranéen ; ainsi Charles Parain, dans La Méditerranée, les hommes et les travaux (1936), campe une Méditerranée des infrastructures, celle qui prévaudra jusques et y compris dans les 320 premières pages de la thèse de Fernand Braudel (1949), celle des « ressources naturelles, des champs et des villages, de la variété des régimes de propriété, de la vie maritime, de la vie pastorale et de la vie agricole, des métiers et des techniques ». L’acte fondateur de l’anthropologie de la Méditerranée fut un colloque organisé en 1959 par Julian Pitt-Rivers, Jean Peristiany et Julio Caro Baroja, qui réunit, entre autres, Ernest Gellner, qui avait mené des travaux sur le Haut-Atlas, Pierre Bourdieu, alors spécialiste de la Kabylie, John K. Campbell, auteur de recherches sur les Saracatsans du nord de la Grèce. Cette rencontre, et celle qui suivit, en 1961, à Athènes donnèrent lieu à la publication de deux recueils fondamentaux (Pitt-Rivers, 1963, Peristiany, 1965), campant les principaux registres thématiques d’une anthropologie comparée des sociétés méditerranéennes (l’honneur, la honte, le clientélisme, le familialisme, la parenté spirituelle, etc.) et véritables coups d’envoi à des recherches monographiques s’inscrivant désormais dans des cadres conceptuels fortement charpentés. Les décennies 1960, 1970 et 1980 furent celles d’une croissance rapide et d’un épanouissement de l’anthropologie de la Méditerranée. Le monde méditerranéen est alors saisi à travers des valeurs communes : outre l’honneur et la honte, attachés au sang et au nom (Pitt-Rivers, 1977, Gilmore, 1987), la virilité qui combine puissance sexuelle, capacité à défendre les siens et une parole politique ferme qui ne transige pas et ne supporte pas les petits arrangements, l’hospitalité ostentatoire. C’est aussi un univers où domine une vision endogamique du monde, où l’on prise le mariage dans un degré rapproché, mieux la « république des cousins », où se marient préférentiellement le fils et la fille de deux frères, une formule surtout ancrée sur la rive sud et dans l’Antiquité pré-chrétienne, ; Jocaste ne dit-elle pas à Polynice : « Un conjoint pris au-dehors porte malheur » ? Ce à quoi Ibn Khaldoun fait écho : « La noblesse, l’honneur ne peuvent résulter que de l’absence de mélange », écrivait-il. Aux « républiques des beaux-frères », caractéristiques des sociétés primitives exogames étudiées par Claude Lévi-Strauss s’opposent ainsi les « républiques méditerranéennes des cousins », prohibant l'échange et ancrées dans l'endogamie patrilinéaire. Alors que dans les premières, « une solidarité usuelle unit le garçon avec les frères et les cousins de sa femme et avec les maris de ses sœurs », dans les secondes « les hommes (...) considèrent leurs devoirs de solidarité avec tous leurs parents en ligne paternelle comme plus importants que leurs autres obligations, - y compris, bien souvent, leurs obligations civiques et patriotiques ». Règne ainsi, dans le monde méditerranéen traditionnel, la prédilection pour le « vivre entre soi » auquel s’ajoute une ségrégation marquée entre les sexes, « un certain idéal de brutalité virile, dont le complément est une dramatisation de la vertu féminine », poursuit Germaine Tillion (1966). La Méditerranée, c’est aussi un monde de structures clientélaires, avec ses patrons et ses obligés, dans de vieilles sociétés étatiques où des relais s’imposent, à tous les sens du terme, entre le peuple et les pouvoirs; parallèlement, dans l’univers sacré, les intermédiaires, les saints, ne manquent pas entre les fidèles et la divinité ; ils sont nombreux, y compris en islam où leur culte est controversé. La violence avec ses pratiques vindicatoires (vendetta corse, disamistade sarde, gjak albanais, rekba kabyle…) fait aussi partie du hit-parade anthropologique des caractéristiques méditerranéennes et les auteurs analysent les moyens mis en œuvre pour sortir de ces conflits (Black-Michaud, 1975). Enfin, comment ne pas évoquer une communauté de comportements religieux, en particulier les lamentations funèbres, les dévotions dolorisantes autour des martyrs ? L’« inflation apologétique du martyre » est ainsi un trait commun au christianisme et à l’islam chiite pratiqué au Liban. La commémoration des martyrs fondateurs, dans le christianisme comme en islam chiite, donne lieu à des rituels d’affliction de part et d’autre de la Méditerranée. C’est en terre chrétienne la semaine sainte, avec ses spectaculaires processions de pénitents en Andalousie, ou, en Calabre, ces cérémonies où les hommes se flagellent les mollets et les cuisses jusqu’au sang. Au Liban les fidèles pratiquent, lors des processions et des prônes qui évoquent les tragiques événements fondateurs, des rituels dolorisants : ils se flagellent avec des chaînes, se frappent la poitrine avec les paumes des mains, voire se lacèrent le cuir chevelu avec un sabre. Dans le monde chrétien comme en islam chiite, des pièces de théâtre (mystères du Moyen Âge, ta’zie) ont été composées pour représenter le martyre du sauveur. Rituels chiites et chrétiens présentent donc un air de famille (Bromberger, 1979). Cette sensibilité au martyre dans les traditions religieuses méditerranéennes est à l’arrière-plan des manifestations laïques qui célèbrent les héros locaux ou nationaux tombés pour la juste cause. C’est le cas en Algérie. Toutes ces remarques peuvent paraître bien réductrices et caricaturales, éloignées des formes de la vie moderne et de la mondialisation qui l’enserre. Ne s’agit-il pas d’une Méditerranée perdue ? Les auteurs cependant nuancent leurs analyses et les insèrent dans le contexte spécifique où elles prennent sens. Dans leur généralité, elles offrent, malgré tout, une base de départ, un cadre comparatif et évolutif. Après une période faste, couronnée par un ouvrage de synthèse récapitulant les acquis (Davis, 1977), vint le temps des remises en cause. Plusieurs anthropologues (dont Michael Herzfeld, 1980, Josep Llobera,1986, Joao de Pina-Cabral,1989…) critiquèrent de façon radicale l'érection de la Méditerranée en « regional category » en fustigeant le caractère artificiel de l'objet, créé, selon eux, pour objectiver la distance nécessaire à l'exercice légitime de la discipline et qui s'abriterait derrière quelques thèmes fédérateurs fortement stéréotypés. À ces critiques virulentes venues des centres européens ou américains de l’anthropologie, se sont jointes celles d'ethnologues originaires des régions méditerranéennes, pour qui la référence à la Méditerranée est imaginaire et suspecte, et dont les travaux sont ignorés ou regardés de haut par les chercheurs formés à l’école britannique. Ce sentiment négatif a été d’autant plus accusé sur les rives méridionale et orientale de la Méditerranée que la mer qui, à différentes périodes, reliait est devenue un fossé aussi bien sur le plan économique que politique. Diverses initiatives et prises de position scientifiques ont donné un nouvel élan, dans les années 1990-2000, à l’anthropologie de la Méditerranée. Colloques et ouvrages (par exemple Albera, Blok, Bromberger, 2001) rendent compte de cette nouvelle conjoncture. On se garde désormais plus qu’avant de considérer le monde méditerranéen comme une aire culturelle qui présenterait, à travers le temps et l’espace, des caractéristiques communes stables. Au plus parlera-t-on d’un « air de famille » entre les sociétés riveraines de la mer en raison de contextes écologiques similaires, d’une histoire partagée, de la reconnaissance d’un seul et même Dieu. Cette perspective mesurée rejoint le point de vue de Horden et Purcell (2000), auteurs d’un ouvrage important tirant un bilan critique de l’histoire du monde méditerranéen. Pour eux, qui combinent points de vue interactionniste et écologique, la Méditerranée se définit par la mise en relation par la mer de territoires extrêmement fragmentés, par une « connectivity » facilitée par les Empires. Le titre énigmatique de leur livre, The Corruptive Sea, « La Mer corruptrice », prend dès lors tout son sens. Parce qu’elle met en relation, cette mer serait une menace pour le bon ordre social et pour la paix dans les familles. Cette proximité entre sociétés différentes qui se connaissent fait que le monde méditerranéen s’offre comme un terrain idéal au comparatisme « à bonne distance ». C’est sous le sceau de ce comparatisme raisonné que s’inscrivent désormais les travaux les plus convaincants, qu’ils se réclament explicitement ou non de l’anthropologie de la Méditerranée (voir sur la nourriture Fabre-Vassas, 1994, sur la parenté Bonte éd., 1994 , sur la sainteté Kerrou éd., 1998 et les traditions religieuses, sur les migrations et les réseaux Cesari, éd., 2002, sur le cosmopolitisme Driessen, 2005) Tantôt les recherches soulignent les proximités (Albera, 2005, 2009, Dakhlia, 2008, Dakhlia et Kaiser, 2011), tantôt elles les relativisent (Fernandez Morera, 2016, Bromberger, 2018), tantôt elles insistent sur les aspects conflictuels (Chaslin, 1997). Une autre voie est de considérer le monde méditerranéen, non pas comme un ensemble fait de similarités et de proximités mais comme un espace fait de différences qui forment système. Et ce sont ces différences complémentaires, s’inscrivant dans un champ réciproque, qui permettent de parler d’un système méditerranéen. Chacun se définit, ici peut-être plus qu’ailleurs, dans un jeu de miroirs (de coutumes, de comportements, d’affiliations) avec son voisin. Les comportements alimentaires, les normes régissant l’apparence vestimentaire et pileuse, le statut des images… opposent ainsi des populations revendiquant un même Dieu (Bromberger, 2018).
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