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Journal articles on the topic 'Théories du vivant – Aspect social'

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1

Roger, Kerstin Stieber, Javier Mignone, and Susan Kirkland. "Social Aspects of HIV/AIDS and Aging: A Thematic Review." Canadian Journal on Aging / La Revue canadienne du vieillissement 32, no. 3 (August 13, 2013): 298–306. http://dx.doi.org/10.1017/s0714980813000330.

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Abstract:
RÉSUMÉIl manque de recherche spécifique qui décrit les aspects sociaux du vieillissement avec le virus de l’immunodéficience humaine/syndrome d’immunodéficience acquise (VIH/SIDA) au Canada, malgré une augmentation globale de la population viellissante et l’augmentation du nombre de ceux qui vieillissent avec le VIH/SIDA. Une revue systématique de la littérature été menée en se focalisant sélectivement sur les aspects sociaux aux personnes âgées vivant avec le VIH/SIDA. Les thèmes principaux qui se dégagent dans la littérature sont l’âgisme et la stigmatisation, le sexe, la santé mentale et les soutiens sociales. On présente des recommandations sur la recherche à l’avenir, les modèles théoriques, et le programmatisation.
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Männig, Maria. "The Tableau Vivant and Social Media Culture." Acta Universitatis Sapientiae, Film and Media Studies 19, no. 1 (March 1, 2021): 132–55. http://dx.doi.org/10.2478/ausfm-2021-0009.

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Abstract:
Abstract The article aims to analyse the tableau vivant in social media culture by emphasizing its intermedial relation to technical visual media, particularly digital photography and film. By focusing on the living picture’s specific mimetic qualities, the study traces back the tableau vivant’s history in a media archaeological perspective primarily regarding photography. It explores the current revival of the tableau vivant within social media. The article examines living pictures and the aspect of self-staging, relevant to contemporary digital culture. The tableau vivant develops between two polarities: a primarily analytical approach that allows a profound exploration of a particular artwork and the performative aspects of self-staging.
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3

Davidson, Kate. "Deborah Kestin van den Hoonaard. The Widowed Self: The Older Woman's Journey through Widowhood. Walterloo, ON: Wilfrid Laurier University Press, 2001." Canadian Journal on Aging / La Revue canadienne du vieillissement 22, no. 2 (2003): 236–38. http://dx.doi.org/10.1017/s0714980800004566.

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Abstract:
RÉSUMÉDans ce livre, van den Hoonaard fait état des résultats de sa recherche qualitative auprès d'un échantillon de femmes âgées canadienne vivant un veuvage. Pour le lecteur, l'occasion d'entendre la voix de ceux qui sont typiquement nonentendus (par exemple, les veuves, malgré leur prédominance au sein de la population âgée) démontre le caractère exceptionnel de ce livre. Le livre est bien structuré. L'introduction montre le décor de la recherche et justifie avec compétence, le choix de la méthodologie qualitative de van den Hoonaard. L'introduction est suivie de trois sections qui examinent le trajet des retombées de la perte d'un conjoint, de la relation et aspects émotifs du veuvage et des dimensions pratiques de vivre seul. Les enquêtes des relations entre une veuve et ses beaux-fils/belles-filles adultes sont surtout touchantes. À travers le livre, les aperçus théoriques et conceptuels sont liés aux données empiriques. Cette approche non-conventionnelle permet à l'auteur de communiquer une compréhension de la complexité de la transition de l'épouse à la veuve comme processus plutôt qu'un événement immuable et démographique. Par conséquent, l'auteur réussi à joindre la théorie sociologique aux récits autobiographiques afin de présenter un aperçu accessible et sans jargon dans la vie de celles sous enquête. Je recommande fortement ce livre aux étudiants de la gérontologie sociale; il est un exemple exemplaire du croisement réussi de la théorie et de la méthodologie (c.-à.-d. l'interaction symbolique et la recherche qualitative). Le livre est aussi important pour ceux qui oeuvrent avec les personnes affligées. Étant donné que le récit est pertinent pour les veuves âgées, la force de ce livre repose dans sa capacité d'adresser ces dernières et leurs familles dans un langage accessible et significatif. Nous accueillions un livre à la fois attirant pour le lecteur profane, l'universitaire et le praticien.
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4

Von Moos, Peter I. "Le dialogue latin au Moyen Âge : l'exemple d'Evrard d'Ypres." Annales. Histoire, Sciences Sociales 44, no. 4 (August 1989): 993–1028. http://dx.doi.org/10.3406/ahess.1989.283635.

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Abstract:
Les justes griefs des humanistes du xve siècle envers certains aspects de la mentalité scolastique se sont figés par la suite, on le sait, en un dénigrement global du Moyen Age et c'est pourquoi, dès leur origine, les études médiévales ont été tout particulièrement appliquées à la réfutation des poncifs posthumanistes. Parmi ces stéréotypes figure en bonne place l'idée que la Renaissance serait « l'âge d'or du dialogue » qui nous aurait délivrés de la rigidité médiévale dans les rapports humains et surtout du hideux formalisme des disputes scolastiques. Lors d'un récent congrès sur la théorie du dialogue, les participants semblaient approuver la vieille thèse de Mikhail Bakhtine, revalorisée par l'éminent romaniste Karlheinz Stierle selon laquelle, au XVe siècle, « les structures autoritaires du discours monologique », la manie de commenter les dogmes et les textes sacrés, auraient cédé la place au libre échange des idées, à une communication vivante et ouverte.
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Chollet, Antoine. "Claude Lefort et Cornelius Castoriadis : regards croisés sur Mai 68." Articles 34, no. 1 (April 23, 2015): 37–60. http://dx.doi.org/10.7202/1030100ar.

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Abstract:
Comme tous les moments révolutionnaires, Mai 68 n’est jamais complètement passé : il reste vivant pour la pensée politique contemporaine. En 1968, Cornelius Castoriadis et Claude Lefort, deux des principaux penseurs politiques de la France de l’après-guerre, proposaient leurs lectures des événements de Mai en France dans un livre important :Mai 68 : la Brèche. Pour le vingtième anniversaire des événements, ils écrivaient à nouveau sur ceux-ci, en cherchant à examiner leur postérité à la fois sociale et intellectuelle. Ces interprétations de Mai 68 font apparaître des convergences aussi bien que des oppositions théoriques entre les deux auteurs, qui concernent aussi bien le rôle de l’intellectuel que les définitions de la révolution, du pouvoir et de la démocratie. Mai 68 sert ainsi de révélateur, qui éclaire des aspects importants du dissensus politique et théorique qui a opposé Castoriadis à Lefort dès les années 1950.
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Cong, Zhen, and Merril Silverstein. "End-of-Life Co-residence of Older Parents and Their Sons in Rural China." Canadian Journal on Aging / La Revue canadienne du vieillissement 34, no. 3 (July 28, 2015): 331–41. http://dx.doi.org/10.1017/s0714980815000227.

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Abstract:
RÉSUMÉCette étude a examiné comment les échanges intergénérationnels avec des fils et des filles prédit la probabilité des parents âgés vivant ensemble avec un fils avant de mourir, dans une zone rurale de la province de l'Anhui de la Chine. Notre enquête puise des théories de la co-résidence dépendante, la modernisation et l'échange social; il a conceptualisé la co-résidence comme ayant une importance pratique et symbolique dans la culture chinoise rurale. L'échantillon comprenait 470 parents âgés qui ont été rapportés défunts au cours de la période 2001-2009, et leurs informateurs posthumes. Nous avons utilisé la régression logistique pour évaluer le soutien et la cohésion intergénérationnel entre les générations comme facteurs prédictifs de la co-résidence avec un fils juste avant la mort. Les parents âgés qui ont fourni soutien matériel à, et ont reçu soutien matériel de leur fils, et avait de meilleures relations affectives avec leurs fils, étaient plus susceptibles que leurs homologues de vivre avec un fils à la fin de la vie. Vivre avec les fils démontre la piété filiale pour les parents âgés à la fin de la vie, mais sa réalisation est sensible aux échanges entre les générations.
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Brunet, Marie-Hélène. "Doctrine catholique, ambivalences et pragmatisme." Revue d’histoire de l’Amérique française 65, no. 1 (August 21, 2013): 29–58. http://dx.doi.org/10.7202/1018056ar.

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Abstract:
Cet article s’intéresse à un aspect négligé de l’historiographie de la maternité hors mariage au Québec, celui de l’impact des débuts du travail social. À l’aide de mémoires de fin d’études déposés à l’École de service social de l’Université de Montréal entre 1945 et 1970, l’étude cherche à démontrer que les Soeurs de Miséricorde, malgré la persistance d’un certain moralisme, ont participé, tant par leur volonté de développement professionnel (plusieurs d’entre elles ayant complété leur diplôme en travail social) que par leur ouverture à de nouvelles théories et techniques, à l’évolution des services offerts aux mères célibataires. L’analyse des mémoires permet de constater qu’en l’espace de quelques décennies, le discours moralisateur a été remplacé par un discours psychologique puis par un discours plus social, ouvrant la voie à la création de nouveaux services dans les maternités.
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8

O'Connor, Brian P. "Michael W. Pratt and Joan E. Norris. The Social Psychology of Aging. Cambridge, MA: Blackwell, 1994, pp. 268." Canadian Journal on Aging / La Revue canadienne du vieillissement 15, no. 3 (1996): 463–65. http://dx.doi.org/10.1017/s0714980800005882.

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Abstract:
RÉSUMÉLe courant principal de la psychologie s'est jusqu'ici très peu intéressé aux populations âgées et le domaine a surtout été développé par les gérontologues sociaux et présente donc une forte connotation sociologique. Le texte de Pratt et Norris constitue ainsi un pas important en direction d'une véritable «psychologie» de la psychologie sociale du vieillissement. Les auteurs s'intéressent à la façon dont les aînés construisent, expérimentent et réagissent dans leur environnement social; ils se fondent sur un cadre théorique et un examen de la recherche connue des psychologues en développement social et humain. Dans un premier temps, les auteurs décrivent les thèmes en fonction de leur texte et des perpectives théoriques pertinentes. Les différents chapitres traitent notamment de la pensée de soi, des autres, des relations, de la société, du processus décisionnel, de la sagesse, du jugement moral et del'aspect cognitif social de la communication. Le titre de l'ouvrage est quelque peu trompeur puisqu'en réalité, les auteurs ne se sont arrêtées que sur un aspect de la psychologie sociale, soit la cognition sociale. Deplus, ils expliquent les phénomènes sociaux en référence aux cycles d'évolution et au développement cognitif et non en contexte social. Ils ne présentent pas de nouvelles théories ni de résultats de recherches. Ils tendent surtout à relier les grandes lignes de la recherche en cognition sociale et à résumer les aspects connus de la pensée sociale et de son rôle dans l'expérience sociale quotidienne au fur et à mesure de l'avancement en âge (pp. xiv–xv). Le résultat est heureux et le document devrait être très utile aux chercheurs, aux professeurs et aux étudiants.
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9

Alvarenga, André Lima de. "LUGAR E MEMÓRIA: CENÁRIOS." GEOgraphia 19, no. 41 (January 25, 2018): 110. http://dx.doi.org/10.22409/geographia.v19i41.1004.

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Abstract:
Resumo: O presente artigo objetiva problematizar a memória à luz da geografia. A memória, tomada em seu caráter especular – que duplica a percepção e as informações recebidas pelo fenômeno comunicacional num mnemotopos interior aos indivíduos – é tomada como elemento central numa revisão sobre o conceito de lugar. Vista como fenômeno simultaneamente individual e social a memória complexifica o lugar permitindo-o ser percebido e concebido em diversas escalas, além de compreendido como elemento que afeta os indivíduos e coletividades afetivamente e também politicamente. Por fim, o conceito de cenários é destacado como sendo capaz de ressaltar no lugar seu aspecto de teatralidade que, por sua vez, encontra na memória sua base de referência. Palavras-chave: Memória. Lugar. Corpo vivido. Cenários. Fenomenologia. PLACE AND MEMORY: SCENARIOS Abstract: The present paper is intended to problematize memory in the light of Geography. Memory, seen in its specular character – that doubles the perception and the informations that individuals receive through the communicational phenomenon in an interior mnemotopos – is taken as a central element in a review of the concept of place. Seen as both a personal and a social phenomenon simultaneously, memory turns ‘place’ into a more complex instance, allowing it to be perceived and conceived in many scales, besides being comprehended as an element that has affective and political effects on individuals and/or groups. Last, the concept of scenarios is highlighted for adding to place its theatrical aspect that meets in memory its baseline. Keywords: Memory. Place. Lived body. Scenarios. Phenomenology. LIEU ET MÉMOIRE : SCÉNARIOS Resumen: Le présent article est destiné à problématiser la mémoire à la lumière de la géographie. La mémoire, vue dans son caractère spéculaire - qui double la perception et les informations que les individus reçoivent à travers le phénomène communicationnel dans un mnemotopos intérieur - est considérée comme un élément central dans une analyse du concept de lieu. Vu simultanément à la fois comme un phénomène personnel et un phénomène social, la mémoire transformer lieu en plus complexe instance, ce qui lui permet d’être perçu et conçu dans de nombreuses échelles, en plus d’être compris comme un élément qui a des effets affectifs et politiques sur les individus et / ou groupes. Enfin, la notion de scénarios est mise en évidence pour ajouter au lieu son aspect théâtral qui réunit en mémoire sa base de référence. Palabras-clave: Mémoire. Lieu. Corps vivant. Scénarios. Phénoménologie.
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Alvarenga, André Lima de. "LUGAR E MEMÓRIA: CENÁRIOS." GEOgraphia 19, no. 41 (January 25, 2018): 110. http://dx.doi.org/10.22409/geographia2017.1941.a13822.

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Abstract:
Resumo: O presente artigo objetiva problematizar a memória à luz da geografia. A memória, tomada em seu caráter especular – que duplica a percepção e as informações recebidas pelo fenômeno comunicacional num mnemotopos interior aos indivíduos – é tomada como elemento central numa revisão sobre o conceito de lugar. Vista como fenômeno simultaneamente individual e social a memória complexifica o lugar permitindo-o ser percebido e concebido em diversas escalas, além de compreendido como elemento que afeta os indivíduos e coletividades afetivamente e também politicamente. Por fim, o conceito de cenários é destacado como sendo capaz de ressaltar no lugar seu aspecto de teatralidade que, por sua vez, encontra na memória sua base de referência. Palavras-chave: Memória. Lugar. Corpo vivido. Cenários. Fenomenologia. PLACE AND MEMORY: SCENARIOS Abstract: The present paper is intended to problematize memory in the light of Geography. Memory, seen in its specular character – that doubles the perception and the informations that individuals receive through the communicational phenomenon in an interior mnemotopos – is taken as a central element in a review of the concept of place. Seen as both a personal and a social phenomenon simultaneously, memory turns ‘place’ into a more complex instance, allowing it to be perceived and conceived in many scales, besides being comprehended as an element that has affective and political effects on individuals and/or groups. Last, the concept of scenarios is highlighted for adding to place its theatrical aspect that meets in memory its baseline. Keywords: Memory. Place. Lived body. Scenarios. Phenomenology. LIEU ET MÉMOIRE : SCÉNARIOS Resumen: Le présent article est destiné à problématiser la mémoire à la lumière de la géographie. La mémoire, vue dans son caractère spéculaire - qui double la perception et les informations que les individus reçoivent à travers le phénomène communicationnel dans un mnemotopos intérieur - est considérée comme un élément central dans une analyse du concept de lieu. Vu simultanément à la fois comme un phénomène personnel et un phénomène social, la mémoire transformer lieu en plus complexe instance, ce qui lui permet d’être perçu et conçu dans de nombreuses échelles, en plus d’être compris comme un élément qui a des effets affectifs et politiques sur les individus et / ou groupes. Enfin, la notion de scénarios est mise en évidence pour ajouter au lieu son aspect théâtral qui réunit en mémoire sa base de référence. Palabras-clave: Mémoire. Lieu. Corps vivant. Scénarios. Phénoménologie.
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Alvarenga, André Lima de. "LUGAR E MEMÓRIA: CENÁRIOS." GEOgraphia 19, no. 41 (January 25, 2018): 110. http://dx.doi.org/10.22409/geographia2017.v19i41.a13822.

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Abstract:
Resumo: O presente artigo objetiva problematizar a memória à luz da geografia. A memória, tomada em seu caráter especular – que duplica a percepção e as informações recebidas pelo fenômeno comunicacional num mnemotopos interior aos indivíduos – é tomada como elemento central numa revisão sobre o conceito de lugar. Vista como fenômeno simultaneamente individual e social a memória complexifica o lugar permitindo-o ser percebido e concebido em diversas escalas, além de compreendido como elemento que afeta os indivíduos e coletividades afetivamente e também politicamente. Por fim, o conceito de cenários é destacado como sendo capaz de ressaltar no lugar seu aspecto de teatralidade que, por sua vez, encontra na memória sua base de referência. Palavras-chave: Memória. Lugar. Corpo vivido. Cenários. Fenomenologia. PLACE AND MEMORY: SCENARIOS Abstract: The present paper is intended to problematize memory in the light of Geography. Memory, seen in its specular character – that doubles the perception and the informations that individuals receive through the communicational phenomenon in an interior mnemotopos – is taken as a central element in a review of the concept of place. Seen as both a personal and a social phenomenon simultaneously, memory turns ‘place’ into a more complex instance, allowing it to be perceived and conceived in many scales, besides being comprehended as an element that has affective and political effects on individuals and/or groups. Last, the concept of scenarios is highlighted for adding to place its theatrical aspect that meets in memory its baseline. Keywords: Memory. Place. Lived body. Scenarios. Phenomenology. LIEU ET MÉMOIRE : SCÉNARIOS Resumen: Le présent article est destiné à problématiser la mémoire à la lumière de la géographie. La mémoire, vue dans son caractère spéculaire - qui double la perception et les informations que les individus reçoivent à travers le phénomène communicationnel dans un mnemotopos intérieur - est considérée comme un élément central dans une analyse du concept de lieu. Vu simultanément à la fois comme un phénomène personnel et un phénomène social, la mémoire transformer lieu en plus complexe instance, ce qui lui permet d’être perçu et conçu dans de nombreuses échelles, en plus d’être compris comme un élément qui a des effets affectifs et politiques sur les individus et / ou groupes. Enfin, la notion de scénarios est mise en évidence pour ajouter au lieu son aspect théâtral qui réunit en mémoire sa base de référence. Palabras-clave: Mémoire. Lieu. Corps vivant. Scénarios. Phénoménologie.
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Gagnon, Éric. "Care." Anthropen, 2016. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.031.

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Abstract:
Les années 1980 ont vu l'émergence, en philosophie, d’une éthique du care, qui n’a cessé de se développer et de gagner en importance. En rupture avec les conceptions kantiennes et rationalistes de la vie morale, cette éthique féministe met au centre de l’expérience morale la dépendance et le souci de l’autre, plutôt que la liberté et le détachement. Loin d’être des entités séparées, les individus dépendent des autres pour la satisfaction de besoins vitaux, et ce tout au long de leur vie, même s’ils le sont davantage à certains moments (naissance, maladie). Par delà leurs différences, les théoriciennes du care mettent au centre des discussions sur la justice et l’éthique la responsabilité à l’égard des personnes dépendantes et vulnérables, ainsi que le fait de prendre soin des autres (Paperman et Laugier, 2011). Le care désigne l’ensemble des gestes et des paroles essentielles visant le maintien de la vie et de la dignité des personnes, bien au-delà des seuls soins de santé. Il renvoie autant à la disposition des individus – la sollicitude, l’attention à autrui – qu’aux activités de soin – laver, panser, réconforter, etc. –, en prenant en compte à la fois la personne qui aide et celle qui reçoit cette aide, ainsi que le contexte social et économique dans lequel se noue cette relation. L’émergence de ce courant philosophique coïncide avec trois grands phénomènes sociaux et intellectuels. D’abord, l’accès grandissant des femmes au marché du travail, et la remise en cause de la division sexuelle du travail, qui conduisent les historiens et les anthropologues à s’intéresser aux tâches et aux métiers traditionnellement féminins (Loux, 1983), dont le travail domestique de soin ou les professions soignantes (infirmières, auxiliaires de soin). L’essor des recherches et des théories du care est ensuite lié au vieillissement de la population dans les sociétés occidentales, et aux préoccupations grandissantes touchant l’aide et les soins aux personnes âgées et dépendantes, plus nombreuses et vivant plus longtemps (Buch, 2015). Enfin, ces recherches et théories sont nourries par les débats sur l’assistance publique, la capacité de l’État-providence à prendre en charge les personnes vulnérables et à en décharger les familles (France, Canada), la situation de dépendance, négativement perçue, dans laquelle se trouvent ceux qui donnent et ceux qui reçoivent l’assistance (États-Unis). Les travaux sur le care mettent en évidence le fait que la responsabilité du soin aux autres revient davantage à certaines catégories sociales (les femmes, les groupes les plus démunis ou subordonnés comme les immigrants ou les pauvres). Un souci traverse et anime l’éthique du care : revaloriser les activités de soins, dont l’importance est ignorée et les savoirs déniés, du fait de leur association à des groupes d’un bas statut social ; dénoncer du même coup la manière dont les plus riches s’en déchargent sur les plus pauvres et les plus vulnérables, tout en ignorant ou oubliant leur dépendance à leur égard (Kittey et Feder, 2003). L’éthique du care ne peut manquer d’intéresser les anthropologues, qui peuvent y retrouver plusieurs de leurs interrogations et préoccupations. Premièrement, cette éthique remet en question un certain idéal du sujet, dominant en Occident, conçu comme un individu indépendant, délié de toute attache lorsqu’il fait ses choix. Les théories du care mettent en évidence sa profonde et naturelle dépendance aux autres pour la satisfaction de ses besoins primordiaux. Dans ces théories, comme en anthropologie, le sujet est le produit des rapports sociaux, il n’est compréhensible que replacé dans ces rapports généralement asymétriques. L’incomplétude de l’individu est posée dès le départ : se croire indépendant, c’est ne pas voir ses dépendances. S’il est possible de réduire sa dépendance, ce n’est qu’au bout d’un apprentissage, à l’intérieur de certains rapports sociaux et, paradoxalement, avec le soutien des autres. Deuxièmement, dans l’éthique du care, le jugement moral n’exige pas de s’abstraire de sa situation, de se libérer de toute passion et sentiment, mais plutôt, à partir de son expérience, de sa propre histoire et de la relation que l’on entretient avec l’autre, de chercher à comprendre son point de vue et sa situation. On se trouve là très proche de la démarche et de la compréhension ethnographique, fondée sur la relation que l’ethnologue entretient avec ceux qu’il étudie et dont il cherche à saisir le point de vue. Troisièmement, l’éthique du care attire l’attention sur des réalités négligées, oubliées ou dévalorisées ; elle conduit à une réévaluation de ce qui est précieux (Tronto, 1993). Comme l’anthropologie très souvent, elle s’intéresse à ce qui passe inaperçu ou demeure méconnu, mais aussi aux activités quotidiennes, en apparence banales, à ce qui s’exprime moins par des mots que par des gestes, dans les corps et les interactions, dont elle dévoile la richesse, la complexité, la signification et l’importance. Comme l’anthropologie, elle fait entendre des voix différentes, elle permet d’élargir le point de vue, de dépasser une vision dominante ou coutumière des choses. Quatrièmement, les recherches et les théories du care supportent une critique des inégalités et des rapports de domination, jusque dans la sphère privée. Elles s’interrogent sur le pouvoir qui s’exerce au sein de la relation d’aide et du lien affectif. Elles dénoncent les conditions de vie et la situation d’indignité dans laquelle se trouvent certaines personnes dépendantes (handicapées, âgées, seules, démunies), mais également les conditions de travail de celles et ceux qui apportent l’aide et les soins, et l’exploitation dont elles sont l’objet (travailleuses immigrantes, domestiques et femmes de ménage). Elles replacent ces rapports de domination au sein des rapports sociaux de sexe et des relations raciales, mais aussi dans les rapports entre les pays riches et les pays pauvres, comme le font les anthropologues. Enfin, cinquièmement, l’éthique du care conduit à une critique de la naturalisation de certaines dispositions et attitudes attribuées aux femmes : compassion, souci de l’autre, dévouement, oubli de soi. Ces dispositions et attitudes ne sont pas propres aux femmes, mais socialement et culturellement distribuées. Elles ne doivent pas être valorisées en les extrayant du contexte matériel et politique dans lequel elles s’expriment, au risque de renforcer les hiérarchies sociales et les injustices. Pareille critique est également menée par l’anthropologie, en montrant la relativité culturelle des dispositions et attitudes. Si l’anthropologie peut apprendre beaucoup de l’éthique du care, elle peut aussi apporter sa contribution aux débats sur le prendre soin, à partir de sa propre perspective et de ses méthodes : en décrivant et analysant les pratiques, les savoir-faire, l’organisation domestique, les institutions qui fournissent des services ; en prêtant attention aux gestes et aux rituels, aux expérience sensorielles, où la raison et les émotions, le sensible et l’intelligible ne se séparent pas (Buch, 2013); en comparant les pratiques et les situations entre différents pays et différentes époques, différents milieux socioéconomiques et différentes cultures, afin de montrer les constantes et les différences (Kaufman et Morgan, 2005); en sortant du monde occidental et en élargissant la perspective (l’éthique du care demeurant encore très marquée par la culture et les valeurs nord-américaines) ; en inscrivant le care et les pratiques de soins, non seulement dans les rapports sociaux et économiques, mais dans l’ensemble des systèmes symboliques, qui relient les individus entre eux, et qui tissent des correspondances entre les différentes dimensions de leur expérience, entre les âges de la vie, le passé et le présent, les gestes et les croyances, le corps et l’imaginaire (Verdier, 1979). L’anthropologie sera attentive au travail de la culture, au processus par lequel des expériences sont inscrites dans la culture par le biais de symboles, à la poétique des gestes et des paroles, à ce qui cherche à se dire et à s’exprimer, ainsi qu’aux résistances et à la distance que le soignant ou le soigné prend avec le groupe, ses valeurs et ses normes, à sa capacité de faire entendre autre chose, de faire voir d’autres dimensions de l’expérience (Saillant, 2000). Le care et le prendre soin ne forment pas un domaine spécifique de recherche, une anthropologie spécialisée à côté de l’anthropologie de la maladie, l’anthropologie de la famille et l’anthropologie du genre. Ce sont moins des «objets» d’étude, qu’une manière d’examiner des réalités multiples et variées. Faire de l’anthropologie du care et du prendre soin, c’est opérer un déplacement d’attention de la médecine vers les activités domestiques et quotidiennes, des savoirs scientifiques et techniques vers les arts de faire plus discrets, mais nécessitant tout autant un apprentissage, de l’intelligence et de la créativité, et reposant sur des savoirs. C’est également un moyen d’ouvrir l’anthropologie à des débats sociaux contemporains. Mais c’est aussi revenir par un autre chemin à la question anthropologique de l’articulation du biologique et du culturel, la manière dont le corps est culturellement investi, traversé de significations, façonné et transformé par les sociétés, la manière dont les faits naturels de la naissance, de la maladie et de la mort sont transformés en expériences humaines, inscrits dans un monde social spécifique et une conjoncture historique particulière (Saillant et Gagnon, 1999). Faire de l’anthropologie des soins, c’est ainsi reprendre à de nouveaux frais la question générale de l’articulation entre reproduction biologique et reproduction sociale.
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Moussaoui, Abderrahmane. "Violence." Anthropen, 2019. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.123.

Full text
Abstract:
Le terme violence qualifie un certain nombre de manifestations allant de l’altercation verbale jusqu’aux destructions de masse, en passant par l’agression physique, le viol, le meurtre, la torture, les mutilations, etc. Infligées ou subies, discontinues ou constantes, localisées ou endémiques, accidentelles ou motivées, ces expressions de la violence se compliquent encore par leur caractère tantôt privé, tantôt public, assumé et revendiqué ou dissimulé et renié. La violence est si protéiforme qu’elle ne cesse de voir les discriminants de sa catégorisation et les grilles de classification se démultiplier. Le critère est tantôt spatial (violence urbaine), tantôt social (violence conjugale, ouvrière), tantôt politique (répression, coercition, guerre, assassinat politique, terrorisme), économique (exploitation, injustice), sexuel (viol, maltraitance), ou encore psychologique (automutilations et autres actes pervers). Englober toutes ces manifestations dans une même perspective relève de la gageure (Michaud 2004 ; Crettiez 2008). Comment approcher pareils phénomènes aux formes et motivations aussi diversifiées selon les mêmes grilles théorico-méthodologiques? D’autant plus qu’à ces expressions physiques de la violence s’ajoutent toutes celles qui relèvent de la « violence symbolique ». Consentie (plus que subie), cette violence impose un certain ordre dans les manières d'être. Elle englobe tous les dispositifs dont usent les dominants pour que les dominés intériorisent et acceptent leur statut et leur état de dominés (Bourdieu & Wacquant 1992). Elle participe de cette violence structurelle inhérente à tout pouvoir, qu’il soit celui du pater familias ou du chef élu ou imposé. Elle peut être liée à la forme même de l'organisation sociale à laquelle on adhère et qu’elle tend à malmener. Le politiste norvégien Johan Galtung (1969) est sans doute le premier à l’évoquer, faisant remarquer que dans cette forme de violence il n’y a pas de lien évident et apparent entre les sujets. Inscrite dans des structures sociales, cette violence est plus insidieuse mais non moins destructrice. Outre ces violences dévastatrices du lien, l’anthropologie a mis en évidence un autre genre de violences, celles destinées précisément à instaurer le lien, à le suturer ou à le raffermir. Ces violences fondatrices qui ponctuent les rites de passage (tatouages, circoncisions, excisions, scarifications et autres marquages corporels), souvent violentes et non exemptes de douleur, ont pour finalité d’agréger les individus à des communautés. Initiatique, cette violence qui laisse une marque distinctive (du rang, du sexe, etc.), n’est jamais perçue comme telle par ceux qui l’adoptent (Bodiou et Briand 2015). Malgré la variété de ses expressions et de ses modes d’effectuation, l’acte de violence demeure aisément identifiable. En revanche, il en est tout autrement quand il s’agit de définir ce qu’est la violence. Tous les dictionnaires la mettent en rapport avec l’exercice d’une force brutale ou excessive en vue de soumettre, contraindre ou obtenir quelque chose. Pour la majorité des approches, la violence a été longtemps conçue comme un « usage délibéré de la force pour blesser ou détruire physiquement » (Gurr, 1970). Au milieu des années 1990, la définition de l’OMS en élargit l’acception. Se voulant exhaustive, elle intègre à la fois les actes individuels et communautaires, commis contre autrui ou auto-infligés; qu’ils soient interpersonnels ou collectifs. Elle couvre tout aussi bien les actes de violence que les menaces et intimidations de tous ordres, induisant des atteintes physiques, psychologiques, ou affectives. Toutefois, cette définition demeure encore fortement associée aux violences physiques et n'évoque pas clairement et suffisamment les violences psychologiques et morales découlant d’actes verbaux, d'attitudes et autres conduites symboliques. Plus largement, F. Héritier (1996 : 17) appelle « violence toute contrainte de nature physique ou psychique susceptible d'entraîner la terreur, le déplacement, le malheur, la souffrance ou la mort d'un être animé; tout acte d'intrusion qui a pour effet volontaire ou involontaire la dépossession d'autrui, le dommage ou la destruction d'objets inanimés (…) ». Complète et exhaustive, cette définition souligne, une fois encore, la difficulté à parler de la violence de manière générale. La violence est une force dont l’exercice s’inscrit immanquablement dans le cadre de normes partagées. Ce sont de telles normes qui caractérisent, in fine, ce qui relève ou non de la violence. Celle-ci est justement le plus souvent un dépassement de la règle ou de la norme admise, une démesure. Elle est ce qui remet en cause l’existence de ce qu’Hanna Arendt (1989 : 283) appelle « un monde commun ». Yves Michaud (1978 : 101) le dit avec ses mots : la violence « tient plus à la dissolution des règles qui unifient le regard social qu’à la réalité qu’elle peut avoir ». À ce titre, la manifestation de la violence est l’indice d’une rupture de consensus, dont la finalité est de contraindre et de faire mal, de manière volontaire et apparemment gratuite. Elle est tantôt une infraction, tantôt un outrage. Chaque société désigne ce qu’elle considère comme violent en tentant de le réduire par l’éthique, la culture, le droit, la contrainte et en lui opposant… de la violence. Ce sont les logiques qui président à ces choix que l’anthropologue ne cesse de pointer dans leur singularité pour tenter de comprendre le phénomène dans son universalité. Même si le catalogue des actes de violence semble infini, et l’imagination des bourreaux individuels et collectifs incommensurablement fertiles, il n’en demeure pas moins que cette violence s’exerce toujours ou du moins le plus souvent selon des logiques inscrites dans un contexte historico-culturel. La « violence » est enchâssée dans une matrice éthique et obéit à une échelle de valeurs qui rend sa perception et, partant, sa signification variables selon les normes de référence en usage. Polymorphe, elle est également et nécessairement polysémique; et sa perception culturellement et sociohistoriquement déterminée. Des châtiments tolérés naguère (sectionner la langue des blasphémateurs, noyer des femmes adultères), sont décriés par des sociétés contemporaines pratiquant d’autres formes de violence (chaise électrique ou injection létale), estimées moins cruelles à leurs yeux. Ce sont en général les actes et conduites jugés illégitimes qui sont qualifiés de violents; tous ceux, tout aussi violents, mais exercés au nom d’une règle partagée ou par un pouvoir considéré comme légitime, ne sont pas tenus pour de la violence; ils sont perçus comme une coercition, une contrainte. Que ce soit pour Hobbes (2000) ou Weber (1959), l’usage légitime de la violence prévient la violence. Dès lors, il n’est plus de la violence. Loin d’être un phénomène débridé, la violence est souvent un outil savamment orchestré destiné à faire obéir ou à punir. Qu’elle soit privée ou publique, la violence est toujours inscrite dans une matrice symbolique qui structure ses modes d’effectuation et lui donne sens aux yeux de ses protagonistes. Ainsi devient-elle légitime pour son auteur; et parfois même pour celui qui la subit, la vivant comme une fatalité ou se considérant comme victime expiatoire. Ainsi, est-elle une « configuration » (Elias, 1989) où les adversaires sont aussi des partenaires agissant selon des règles partagées. Une propension devenue routinière consiste à toujours considérer la violence comme une réactivité instinctive, motivée par une pure répétition pavlovienne et paresseuse. Les études des violences urbaines ont pu montrer que celles-ci peuvent être un indicateur d’inégalité ou de défiance vis-à-vis des institutions; et, partant, l’expression d’une volonté de négociation. La manifestation de la violence est un « signal de danger » nous dit Lewis Coser (1982). Autrement dit, la violence fait à la fois signe et sens. Elle n’est pas que l’expression du chaos et du désordre. L’exercice de la violence (notamment politique) a le souci à la fois de l’efficacité et de la légitimité. Le plus souvent, la violence n’est ainsi qualifiée qu’en rapport aux seuls faits concrets, quantifiables et mesurables. Or, d’un point de vue anthropologique, la violence intègre à la fois l’éthique, les valeurs partagées, les sentiments, etc. La rumeur, l’ironie ou la satire peuvent être ressenties comme plus violentes que des coups. Physique, psychologique ou symbolique, la violence est toujours un fait « construit » à partir d’une culture partagée; dont la perception et l’intensité sont étroitement en rapport avec les normes communément admises. Quelle que soit la forme de son expression, la violence demeure un « fait social total »; car elle est toujours enchâssée dans d’autres faits sociaux qui démultiplient ses logiques et ses univers de sens (politique, religieux, économique, social etc.) (Clastres, 1977 ; Kilani, 2006). Instinct naturel, moyen d’imposer l’ordre social ou vecteur du changement social? La violence est une des catégories les plus discutées dans les sciences humaines et sociales; mobilisant terrains et théories pour saisir un phénomène en passe de figurer parmi les universaux et ne cessant de réinventer ses formes d’expression. Pour Thomas Hobbes (2000), l’une des références inévitables dans ces débats, l’homme est un être « duplice », naturellement violent mais socialement dans l’obligation de rechercher la répression de son agression en acceptant de se conformer aux règles d’une instance qui lui permettrait de vivre en société. Pour Hobbes, c’est l’égalité primordiale entre les hommes qui serait à l’origine des affrontements. Jean-Jacques Rousseau (1971) reproche au philosophe britannique d’avoir attribué à l’homme vivant dans l’état de nature les attributs et les passions propres à l’homme vivant dans la société. Ces deux postures spéculatives vont constituer dans une large mesure le cadre de pensée dans lequel seront débattues thèse et contre-thèse sur la nature violente ou non de l’homme. La première défend le caractère inné de la violence, tandis que la seconde la considère comme un acquis culturel. En anthropologie, l’intérêt pour la violence comme phénomène, est présent dès les premiers travaux qui ont pu montrer que toutes les sociétés contiennent de la violence, la produisent, l’utilisent et la gèrent. Mise en avant par Max Weber (1959) dans sa théorie de l’État comme monopole de la violence légitime, elle est popularisée par les travaux de René Girard (1972, 1978). Pour ce philosophe et anthropologue, les désirs de l’homme sont mimétiques et engendrent une violence fondée sur la « rivalité ». L’homme désire les mêmes objets que son prochain, et son désir augmente en fonction de celui de l’autre. Ce désir mimétique débouche sur la violence qui, de proche en proche, devient générale et concerne toute la société. Pour y remédier, Girard s’écarte des thèses wébériennes qui préconisent l’instauration d’une violence légitime confiée à l’État. Il postule que les hommes déplacent leur hostilité sur une victime émissaire (Girard, 1972). C’est le sens du sacrifice présent dans toutes les sociétés humaines. C’est le « désir mimétique » à l’origine de la violence qui caractérise l’être humain en société. Pour empêcher le saccage de cette violence réciproque, présente dans l’essentiel des rapports humains et dans toutes les sociétés dès le début de leur formation, la communauté sacrifie une victime arbitraire consensuelle. La haine de chacun est transférée sur cette victime émissaire dont la mise à mort est expiatoire. Elle sauve la communauté et lui permet de survivre. En évitant la violence destructrice de la communauté, cette violence sacrificielle et pacificatrice se transforme en une violence fondatrice. Les anthropologues se sont également intéressés à la forme institutionnelle de la violence. Ainsi, la guerre mobilisera l’essentiel des théories. Une approche naturaliste développée notamment par André Leroi-Gourhan (1965), postule que la guerre (comme violence institutionnelle) est la conséquence de l'évolution naturelle de l'Homme, qui de chasseur devient guerrier. Pour cet ethnologue et penseur des techniques et de la culture, la violence humaine relèverait du biologique. Postulant que la guerre est une extension de la chasse, il considère que l’homme, à l’instar de l’animal, est un être prédateur et donc violent par nécessité. Le social et l'institutionnel sont ainsi naturalisés. La violence permet de se procurer les rares ressources disponibles. Une telle approche rejoint celle qui met en rapport la guerre et les pénuries de nourriture dans les sociétés primitives. D’autres thèses, plus répandues, estiment certains modèles culturels, comme la virilité, l'autoritarisme culturel et la religion, à l'origine immédiate et exclusive de cette violence. Ce courant culturaliste considère la violence comme un phénomène culturel. Une de ses premières figures, Ruth Benedict (1950), a tenté d’opposer la culture apollinienne des Indiens Pueblos, qu’elle considère comme communautaire et pacifique, à celle des Indiens des plaines, qu’elle définit comme passionnés et agressifs et dont elle qualifie la culture de dionysiaque. Une autre approche culturaliste, celle de Claude Lévi-Strauss, voit dans la violence un mode d’échange, un « échange malheureux ». Pour le théoricien du structuralisme, la guerre est l’expression d’un échec dans l'échange entre communautés, lequel échange est à ses yeux fondateur des sociétés. L’anthropologie Pierre Clastres (1977) réfutera toutes ces théories pour soutenir que la guerre est constitutive de la société primitive. Elle n’est, selon lui, ni un instinct animal, ni la conséquence d’un manque, ni l’expression d’un ethos culturel, ni un échange raté. Elle est au fondement même de l’être ensemble. Étant sans hiérarchie, la société primitive use de la guerre contre l’Autre comme moyen de raffermir son unité. Depuis Thomas Hobbes, la violence hors d'un cadre prescrit par l'État est considérée comme une pathologie sociale. Contre cette vision, Pierre Clastres soutient que les violences (apparemment déviantes ou criminelles) s'inscrivent dans un univers social, culturel et symbolique pour faire sens. Poussée à ses limites, cette approche compréhensive risque de conduire à soutenir des légitimations au nom du relativisme culturel. Dans un monde où génocides, guerres, terrorismes et autres destructions de masse sont devenus une réalité quotidienne, plusieurs auteurs soutiennent la thèse de Norbert Elias (1989) sur le recul de la violence et la domestication de l’animal humain. Contre-intuitive, cette thèse est défendue par plusieurs historiens sur la base de travaux sur des archives judiciaires, dont l'historien Jean-Claude Chesnais (1981 : 14) qui estime qu' « il y a au cours des derniers siècles une régression considérable de la violence criminelle ». Si aujourd’hui on parle de son omniprésence, c’est parce que le seuil de tolérance aurait baissé. Nous serions devenus plus sensibles à la violence, subjectivement. Ceux qui rejettent une telle thèse préfèrent souligner le nombre et la diversification des formes des violences : génocides, attentas, terrorismes, etc. (Wieviorka, 2004). En effet, la violence a pris des formes inédites en rapport avec la complexification de notre organisation sociale. La technologie a contribué à une certaine sophistication de la violence et à sa mise à distance. Sa « domestication » s’opère par sa taylorisation. L’acte de tuer ou de perpétrer un génocide est noyé dans les échelons de la décision (du général qui décide au soldat qui exécute) et dans une « chaîne opératoire » plus ou moins longue. Grâce à cette « taylorisation », la violence se trouve aujourd’hui « domestiquée ». L’euphémisation par la technologie (écrans) la rend supportable par celui qui l’exécute; tout comme le sacré l’avait déjà rendue acceptable et supportable aux yeux, à la fois, de celui qui la donne et de celui qui la subit (Matthew, 2017 ; Blaya, 2011). Quoi qu’il en soit, le développement vertigineux de la technologie, et de l’organisation bureaucratique, contribue à cette « banalisation du mal » (Arendt 1991) en rendant moins perceptibles et plus insidieuses ces violences. Les armes biologiques sont moins spectaculaires dans leur usage mais plus dévastatrices dans leurs effets, tout comme les drones tuent de façon aussi chirurgicale que silencieuse (Chamayou 2013). Il suffit également de penser à toutes les formes de cyberviolence qui se développent dans le monde virtuel des réseaux sociaux, à l’instar du « revenge porn » ou « cyber-rape » (Blaya, 2011). Ce type de violence s’effectue en général sans échange verbal direct. Le registre du langage et l’émotion qu’il produit sont ainsi annulés, privant la victime de repères et d’alertes. Le « bourreau » est également protégé puisqu’il ne voit pas et il n’entend pas la réaction que produit son acte sur la victime. Dans cette nouvelle configuration que produit la cyberviolence, l‘agresseur n’est pas nécessairement plus fort, mais dispose de plus de latitude pour nuire. La thèse du recul de la violence ne tient pas suffisamment compte de sa sophistication, qui arrive à l’occulter. En revanche, la montée de la violence, souvent signalée, peut n’être que le signe d’un abaissement du seuil de tolérance face à des conduites plus ou moins agressives. En réalité, la notion de violence renvoie à deux dimensions, l’une factuelle et l’autre normative. Elle qualifie les effets de la force physique au regard de la transgression des normes socialement établies (Robert & al. 2008 ; Mucchielli, 2008).
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Giordano, Christian. "Nation." Anthropen, 2017. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.048.

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Abstract:
La meilleure définition de la nation est sans doute celle que propose Benedict Anderson lorsqu’il parle de communauté politique imaginée (Anderson, 1983). Ce faisant Anderson met en doute la validité de certaines caractéristiques mystificatrices, quoique considérées comme objectives, attachées au concept de nation. Cette critique s’adresse à Ernest Gellner et à Eric J. Hobsbawn qui eux mettent en évidence l’invention et donc le caractère mystificateur attaché à l’idée de nation (Gellner, 1983, Hobsbawm and Ranger, 1983). La posture théorique spécifique qu’adoptent Gellner et Hobsbawn ne saurait surprendre, car le premier est issu d’un terreau philosophique et méthodologique de type néopositiviste, tandis que Hobsbawm est notoirement associé à un marxisme modéré. Anderson, avec son idée de nation comme communauté politique imaginée, se trouve être très proche des positions de type interprétatif. Il évoque de ce fait indirectement Max Weber selon lequel il est fondamental de reconstruire le sens que les acteurs eux-mêmes, en tant que membres d’une société, donnent à leur comportement. Lorsque Anderson définit la nation comme une communauté politique imaginée, il insiste sur le fait que les membres individuels de ces groupes sociaux, bien que ne se connaissant pas personnellement et que n’ayant fort probablement pas l’occasion de se rencontrer durant leur vie, partagent le même sentiment d’appartenance (Anderson, 1983: 15). La nation est imaginée comme une entité circonscrite et par conséquent démographiquement définie, même si ses frontières peuvent varier en fonction de circonstances historiques particulières. En fait une nation peut s’étendre ou se rétrécir du point de vue de son territoire comme c’est le cas de certaines nations d’Europe centrale et orientale (Hongrie, Roumanie, Bulgarie etc.). L’essentiel de ce caractère limité du point de vue structurel et démographique réside cependant dans le fait qu’aucune nation ne souhaite inclure l’humanité entière. En reprenant une réflexion de Max Weber, on peut remarquer que la nation est imaginée comme une communauté partiellement ouverte vers l’extérieur parce qu’il est inacceptable que n’importe quel membre du genre humain en fasse partie. La nation est en outre imaginée comme une communauté d’égaux, liés entre eux par d’étroites relations de fraternité et de parenté réelle, rituelle ou symbolique, même si cela ne correspond pas à la réalité socio-structurelle et à la dimension de la société. Car dans toute société nationale il existe d’évidentes inégalités sociales et des divisions entre couches, classes, castes ou milieux. Enfin la nation est imaginée comme étant souveraine, à savoir comme une communauté politiquement indépendante, même si ce n’est pas toujours le cas. De fait il existe encore aujourd’hui des nations sans État mais qui aspirent à l’indépendance et donc à se constituer en société souveraine pourvue d’un État propre. Le débat au sujet du rapport entre nation et nationalisme est encore vif. Anthony D. Smith pense que la nation précède le nationalisme et que ce dernier est la conséquence logique de l’émergence des nations même dans des époques fort lointaines (Smith, 1998). A cause de son point de vue, Smith s’est vu reprocher d’être primordialiste dans la mesure où il voit l’origine de la nation dans des temps archaïques. Gellner pour sa part a pris le contrepied de cette perspective, en mettant en évidence le fait que la nation est un phénomène social issu de la modernité occidentale, grâce aux inventions industrielles et en premier lieu grâce à l’imprimerie, mais également à son nouveau système économique capitaliste allant de pair avec l’émergence de classes entrepreneuriales à la recherche de nouvelles ressources primaires et de nouveaux marchés (Gellner 1983) Les nouveaux États-nations issus de ces mutations ont obtenu leur légitimité grâce à la rhétorique nationaliste. C’est donc le nationalisme qui génère l’idée de nation et non l’inverse, ainsi que le prétendent la majorité des auteurs de tendance primordialiste. Le nationalisme est l’instrument idéologique essentiel pour les nations sur lesquelles viennent se fonder les nouveaux États, en tant qu’institutions politiques de la modernité. Selon la thèse de Gellner, le nationalisme représente la formule politique nécessaire pour justifier l’exercice du pouvoir de la part des classes politiques dans les États-nations (Mosca 1966). L’organisation politique spécifique de la nation en tant que communauté imaginée est l’État-nation qui trouve sa source dans l’Europe de la fin du 18e siècle. Toutefois il serait faux de parler d’un modèle d’État-nation universel. On peut en effet distinguer deux types idéaux d’État-nation, à savoir le modèle français et le modèle allemand (Brubaker 1992). On a souvent observé que le modèle français de l’État-nation est fondé sur l’idée de nation politique. Selon cette vue l’État-nation serait le résultat d’un pacte politique, voire d’un contrat entre les citoyens de cet État-nation. C’est dans ce sens que Jules Renan a défini la nation et son organisation politique comme le résultat d’un plébiscite de tous les jours. Il s’agit de souligner par cette formule que la nation française et son État consistent en théorie en une communauté élective. Ce type d’État-nation est donc une patrie ouverte au sein de laquelle les différences religieuses et ethniques n’ont, du moins en théorie, aucune importance (Dumont 1991: 25). On sait bien que cette conception non ethnique de la nation, postulée par la Révolution française a été modifiée plusieurs fois jusqu’à présent. En fait les Constitutions de 1791 et 1793 garantissaient la citoyenneté à toute personne étrangère habitant la France et par conséquent il n’était pas nécessaire d’avoir acquis l’identité française. Autrement dit il était possible d’obtenir la citoyenneté sans avoir acquis auparavant la nationalité, à savoir avant d’adopter certains traits culturels particuliers et certains comportements passant pour typiquement français (Weil, 2002). La séquence citoyenneté-nationalité sera pourtant inversée déjà au 19e siècle avec l’introduction de certains prérequis culturels comme la connaissance de la langue nationale, sans compter l’adoption d’un style de vie considéré comme français. Bien qu’affaiblie par les diverses modifications du code de la nationalité dans les années quatre-vingt-dix (Loi Pasqua de 1993 et Loi Guigou de 1998), l’idée originale de citoyenneté n’a jamais vraiment été abandonnée jusqu’à maintenant. L’État français se fonde sur une conception subjective, voire individualiste de la nation en fonction de laquelle tout étranger habitant l’hexagone peut encore aujourd’hui devenir citoyen français grâce au processus d’assimilation. Les différences, les identités et les frontières ethnoculturelles ne sont jamais définitivement insurmontables. Du moins en théorie, tout être humain est intrinsèquement capable de devenir membre de la nation. Le revers de la médaille est que, en fait, l’État-nation français a toujours eu de grandes difficultés à reconnaître les minorités ethnoculturelles. Ces dernières furent systématiquement assimilées de force durant tout le 19e siècle et sont aujourd’hui encore ignorées. La conception allemande de la nation a été définie comme ethnique. Il en est issu un modèle d’État-nation fondé sur la généalogie et sur l’origine commune de ses citoyens. L’idée de nation et partant d’État-nation, a souvent été mise en relation avec le concept de Volk, en tant que peuple synonyme de nation. Toutefois durant le 18e siècle la notion de Volk ne possédait pas encore cette connotation ethnique qui, selon certains auteurs, devient « l’explosif le plus dangereux des temps modernes » (Finkielkraut, 1987: 56 ss.). L’ethnicisation du Volk a lieu au milieu du 19e siècle grâce à un important groupe d’intellectuels parmi lesquels il faut compter des politiciens, des artistes, des juristes, des philosophes, des historiens, des folkloristes etc. Cependant, la véritable transformation politico-légale intervient avec l’introduction d’un concept restrictif du jus sanguinis (Pierre-Caps 1995: 112). Le nationalisme radical de l’après Première Guerre mondiale a favorisé l’ethnicisation graduelle du modèle allemand qui a connu son apogée durant le national-socialisme avec les lois de Nürenberg dans lesquelles la racialisation du Volk et de l’État-nation allemand est légalisée. Cependant, après le Deuxième Guerre mondiale, dans l’Allemagne divisée, la République fédérale allemande (RFA) aussi bien que la République démocratique allemande (RDA) ont conservé les marques de la conception unitaire et ethnique du Volk et du jus sanguinis bien visibles, même après la réunification de 1990. Il est symptomatique à cet égard que les descendants d’Allemands « rentrés » de l’Europe orientale et de l’ex-URSS aient obtenu la nationalité, grâce à l’idée de Volk et de jus sanguinis, en un rien de temps, au contraire des millions d’immigrés, notamment d’origine turque, qui étaient confrontés aux plus grandes difficultés sur le chemin de l’acquisition de la nationalité allemande. On n’observe un léger assouplissement de l’ethnicisation qu’après 1999, principalement durant le gouvernement du chancelier social-démocrate Gehrard Schröder. Ce n’est cependant qu’aux enfants d’immigrés nés en Allemagne que les lois adoptées par ce gouvernement ont accordé certaines facilités pour obtenir la nationalité allemande Les deux prototypes cités ont inspiré de nombreux États-nations, européens ou non, ce qui en a fait des modèles de référence au niveau mondial. Le modèle français comme le modèle allemand poursuivent tous les deux le projet d’une nation cherchant à se procurer une organisation politique - l’État-nation - capable de garantir une homogénéité culturelle qui, à son tour, garantit la stabilité politique. La différence se trouve dans les deux manières de procéder pour y parvenir. Le modèle français, étant fondé sur le caractère subjectif et individualiste de la nation, rend accessible à l’étranger, du moins en principe, la voie de l’acculturation et par conséquent de sa pleine intégration et inclusion dans la communauté nationale grâce notamment à l’institution du jus soli. Le modèle allemand en revanche, est fondé sur le caractère objectif et collectif de la nation, selon une vision essentialiste et très rigide de l’appartenance ethnique, soumise au jus sanguinis. L’appartenance à la nation allemande comporte, du fait qu’elle est extrêmement restrictive, une forte tendance à l’exclusion de qui ne possède pas les requis ethniques. Les deux modèles ont tous deux connu depuis toujours de grandes difficultés à reconnaître la diversité culturelle, et ils présentent par conséquent une certaine incompatibilité avec la pluriethnicité et la multiculturalité. Cela n’est pas surprenant puisque les deux modèles se proposent de réaliser le projet d’une nation, d’un État souverain, d’un territoire monoethnique. Pour un tel projet la diversité ethnico-culturelle est forcément dysfonctionnelle. Dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix du siècle passé, dans le cadre d’une globalisation galopante, plus apparente d’ailleurs que réelle, et avec l’ouverture des frontières qui suivit la chute de l’Union soviétique, de nombreux auteurs bien connus, en sciences sociales comme en anthropologie, pensaient que l’idée de nation appartenait davantage au passé qu’au présent ou au futur. On croyait que les sociétés étaient devenues transnationales, à savoir qu’elles deviendraient plus fluides, ou comme le remarquait le philosophe Zygmunt Bauman, qu’elles allaient proprement se liquéfier (Bauman 2000) C’est la notion de transnationalisme qui apparaît le plus souvent pour indiquer la capacité personnelle ou collective de dépasser les barrières culturelles et les frontières nationales et de passer d’une appartenance et d’une identité à l’autre avec la plus grande facilité. Ceux qui adoptent l’approche du transnationalisme considèrent ainsi la société comme un œcoumène global dans lequel les individus aux identités devenues désormais nomades, vivent et interagissent dans des milieux cosmopolites (ceux que l’on appelle les ethnoscapes) marqués par l’hybridation et la créolisation culturelle (Appadurai 1996). Cependant, cette vision suggestive et optimiste, inhérente à l’utilisation du préfixe trans, ne semble adéquate que pour l’analyse de certains groupes minoritaires au statut social élevé, comme par exemple certaines élites migrantes dîtes aussi expats (managers allemands à Tokyo, opérateurs financiers américains à Hong Kong, correspondants de presse au Moyen-Orient, spécialistes en informatique indiens à la Silicon Valley, etc.). Vouloir étendre à la société globale cet aspect spécifique de la complexité culturelle, voire même lui donner une orientation normative, serait entreprendre une nouvelle et dangereuse réification de la vision utopique du métissage universel. En fait, la réalité est bien différente de ce scénario global si optimiste. Les guerres en ex-Yougoslavie ont mis en évidence déjà dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier que l’idée de nation était encore importante et que la fin de l’histoire évoquée par Francis Fukuyama (Fukuyama 1992), comme réalisation d’une unique société globale sans différences nationales, était bien loin de la réalité. A vrai dire les deux premières décennies du vingt-et-unième siècle ont vu, surtout en Europe, le retour inattendu de la nation avec la montée des mouvements régionalistes d’une part et du populisme nationaliste d’autre part, ce que l’on peut interpréter comme deux expressions et stratégies de la résistance contre certaines conséquences des processus de globalisation. Les premiers ont réinterprété le concept de nation pour des revendications régionales à l’intérieur d’entités pluriculturelles de vieille date (Catalogne et Ecosse s’opposant respectivement à l’Espagne et à la Grande Bretagne). Les seconds utilisent en revanche le concept de nation pour mobiliser la population contre les immigrants et les réfugiés, ces derniers étant considérés par les mouvements populistes comme une menace contre l’intégrité nationale.
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Fougeyrollas, Patrick. "Handicap." Anthropen, 2016. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.013.

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Abstract:
Handicap : nom commun d’origine anglo-saxonne dont l’étymologie proviendrait de Hand in Cap, une pratique populaire pour fixer la valeur d'échange d’un bien. Dans le domaine des courses de chevaux, le handicap vise à ajouter du poids aux concurrents les plus puissants pour égaliser les chances de gagner la course pour tous les participants. Il apparait dans le dictionnaire de l’Académie française dans les années 1920 dans le sens de mettre en état d’infériorité. Son utilisation pour désigner les infirmes et invalides est tardive, après les années 1950 et se généralise au début des années 1970. Par un glissement de sens, le terme devient un substantif qualifiant l’infériorité intrinsèque des corps différentiés par leurs atteintes anatomiques, fonctionnelles, comportementales et leur inaptitude au travail. Les handicapés constituent une catégorisation sociale administrative aux frontières floues créée pour désigner la population-cible de traitements socio-politiques visant l’égalisation des chances non plus en intervenant sur les plus forts mais bien sur les plus faibles, par des mesures de réadaptation, de compensation, de normalisation visant l’intégration sociale des handicapés physiques et mentaux. Ceci rejoint les infirmes moteurs, les amputés, les sourds, les aveugles, les malades mentaux, les déficients mentaux, les invalides de guerre, les accidentés du travail, de la route, domestiques et par extension tous ceux que le destin a doté d’un corps différent de la normalité instituée socio-culturellement dans un contexte donné, ce que les francophones européens nomment les valides. Dans une perspective anthropologique, l’existence de corps différents est une composante de toute société humaine (Stiker 2005; Fougeyrollas 2010; Gardou 2010). Toutefois l’identification de ce qu’est une différence signifiante pour le groupe culturel est extrêmement variée et analogue aux modèles d’interprétation proposés par François Laplantine (1993) dans son anthropologie de la maladie. Ainsi le handicap peut être conçu comme altération, lésion ou comme relationnel, fonctionnel, en déséquilibre. Le plus souvent le corps différent est un corps mauvais, marqueur symbolique culturel du malheur lié à la transgression d’interdits visant à maintenir l’équilibre vital de la collectivité. La responsabilité de la transgression peut être endogène, héréditaire, intrinsèque aux actes de la personne, de ses parents, de ses ancêtres, ou exogène, due aux attaques de microbes, de virus, de puissances malveillantes, génies, sorts, divinités, destin. Plus rarement, le handicap peut être un marqueur symbolique de l’élection, comme porteur d’un pouvoir bénéfique singulier ou d’un truchement avec des entités ambiantes. Toutefois être handicapé, au-delà du corps porteur de différences signifiantes, n’implique pas que l’on soit malade. Avec la médicalisation des sociétés développées, une fragmentation extrême du handicap est liée au pouvoir biomédical d’attribuer des diagnostics attestant du handicap, comme garde-barrière de l’accès aux traitements médicaux, aux technologies, à la réadaptation, aux programmes sociaux, de compensation ou d’indemnisation, à l’éducation et au travail protégé ou spécial. Les avancées thérapeutiques et de santé publique diminuent la mortalité et entrainent une croissance continue de la morbidité depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les populations vivant avec des conséquences chroniques de maladies, de traumatismes ou d’atteintes à l’intégrité du développement humain augmentent sans cesse. Ceci amène l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à s’intéresser non plus aux diagnostics du langage international médical, la Classification internationale des maladies, mais au développement d’une nosologie de la chronicité : la Classification internationale des déficiences, des incapacités et des handicaps qui officialise une perspective tridimensionnelle du handicap (WHO 1980). Cette conceptualisation biomédicale positiviste situe le handicap comme une caractéristique intrinsèque, endogène à l’individu, soit une déficience anatomique ou physiologique entrainant des incapacités dans les activités humaines normales et en conséquence des désavantages sociaux par rapport aux individus ne présentant pas de déficiences. Le modèle biomédical ou individuel définit le handicap comme un manque, un dysfonctionnement appelant à intervenir sur la personne pour l’éduquer, la réparer, l’appareiller par des orthèses, des prothèses, la rétablir par des médicaments, lui enseigner des techniques, des savoirs pratiques pour compenser ses limitations et éventuellement lui donner accès à des subsides ou services visant à minimiser les désavantages sociaux, principalement la désaffiliation sociale et économique inhérente au statut de citoyen non performant ( Castel 1991; Foucault 1972). À la fin des années 1970 se produit une transformation radicale de la conception du handicap. Elle est étroitement associée à la prise de parole des personnes concernées elles-mêmes, dénonçant l’oppression et l’exclusion sociale dues aux institutions spéciales caritatives, privées ou publiques, aux administrateurs et professionnels qui gèrent leur vie. C’est l’émergence du modèle social du handicap. Dans sa tendance sociopolitique néomarxiste radicale, il fait rupture avec le modèle individuel en situant la production structurelle du handicap dans l’environnement socio-économique, idéologique et matériel (Oliver 1990). La société est désignée responsable des déficiences de son organisation conçue sur la performance, la norme et la productivité entrainant un traitement social discriminatoire des personnes ayant des déficiences et l’impossibilité d’exercer leurs droits humains. Handicaper signifie opprimer, minoriser, infantiliser, discriminer, dévaloriser, exclure sur la base de la différence corporelle, fonctionnelle ou comportementale au même titre que d’autres différences comme le genre, l’orientation sexuelle, l’appartenance raciale, ethnique ou religieuse. Selon le modèle social, ce sont les acteurs sociaux détenant le pouvoir dans l’environnement social, économique, culturel, technologique qui sont responsables des handicaps vécus par les corps différents. Les années 1990 et 2000 ont été marquées par un mouvement de rééquilibrage dans la construction du sens du handicap. Réintroduisant le corps sur la base de la valorisation de ses différences sur les plans expérientiels, identitaires et de la créativité, revendiquant des modes singuliers d’être humain parmi la diversité des êtres humains (Shakespeare et Watson 2002; French et Swain 2004), les modèles interactionnistes : personne, environnement, agir, invalident les relations de cause à effet unidirectionnelles propres aux modèles individuels et sociaux. Épousant la mouvance de la temporalité, la conception du handicap est une variation historiquement et spatialement située du développement humain comme phénomène de construction culturelle. Une construction bio-socio-culturelle ouverte des possibilités de participation sociale ou d’exercice effectif des droits humains sur la base de la Déclaration des droits de l’Homme, des Conventions internationales de l’Organisation des Nations-Unies (femmes, enfants, torture et maltraitance) et en l’occurrence de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) (ONU 2006; Quinn et Degener 2002; Saillant 2007). Par personnes handicapées, on entend des personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres. (CDPH, Art 1, P.4). Fruit de plusieurs décennies de luttes et de transformations de la conception du handicap, cette définition représente une avancée historique remarquable autant au sein du dernier des mouvements sociaux des droits civiques, le mouvement international de défense des droits des personnes handicapées, que de la part des États qui l’ont ratifiée. Malgré le fait que l’on utilise encore le terme personne handicapée, le handicap ne peut plus être considéré comme une caractéristique de la personne ni comme un statut figé dans le temps ni comme un contexte oppressif. Il est le résultat d’une relation dont il est nécessaire de décrire les trois composantes anthropologiques de l’être incarné : soi, les autres et l’action ou l’habitus pour en comprendre le processus de construction singulier. Le handicap est situationnel et relatif , sujet à changement, puisqu’il s’inscrit dans une dynamique interactive temporelle entre les facteurs organiques, fonctionnels, identitaires d’une part et les facteurs contextuels sociaux, technologiques et physiques d’autre part, déterminant ce que les personnes ont la possibilité de réaliser dans les habitudes de vie de leurs choix ou culturellement attendues dans leurs collectivités. Les situations de handicap ne peuvent être prédites à l’avance sur la base d’une évaluation organique, fonctionnelle, comportementale, identitaire ou de la connaissance de paramètres environnementaux pris séparément sans réintroduire leurs relations complexes avec l’action d’un sujet définissant le sens ou mieux incarnant la conscience vécue de cette situation de vie. Suite au succès de l’expression personne en situation du handicap en francophonie, on remarque une tendance à voir cette nouvelle appellation remplacer celle de personne handicapée. Ceci est généralement interprété comme une pénétration de la compréhension du modèle interactionniste et socio constructiviste. Toutefois il est inquiétant de voir poindre des dénominations comme personnes en situation de handicap physique, mental, visuel, auditif, intellectuel, moteur. Cette dérive démontre un profond enracinement ontologique du modèle individuel. Il est également le signe d’une tendance à recréer un statut de personne en situation de handicap pour remplacer celui de personne handicapée. Ceci nécessite une explication de la notion de situation de handicap en lien avec le concept de participation sociale. Une personne peut vivre à la fois des situations de handicap et des situations de participation sociale selon les activités qu’elle désire réaliser, ses habitudes de vie. Par exemple une personne ayant des limitations intellectuelles peut vivre une situation de handicap en classe régulière et avoir besoin du soutien d’un éducateur spécialisé mais elle ne sera pas en situation de handicap pour prendre l’autobus scolaire pour se rendre à ses cours. L’expression personne vivant des situations de handicap semble moins propice à la dérive essentialiste que personne en situation de handicap. Le phénomène du handicap est un domaine encore largement négligé mais en visibilité croissante en anthropologie. Au-delà des transformations de sens donné au terme de handicap comme catégorie sociale, utile à la définition de cibles d’intervention, de traitements sociaux, de problématiques sociales pour l’élaboration de politiques et de programmes, les définitions et les modèles présentés permettent de décrire le phénomène, de mieux le comprendre mais plus rarement de formuler des explications éclairantes sur le statut du handicap d’un point de vue anthropologique. Henri-Jacques Stiker identifie, en synthèse, cinq théories du handicap co-existantes dans le champ contemporain des sciences sociales (2005). La théorie du stigmate (Goffman 1975). Le fait du marquage sur le corps pour indiquer une défaveur, une disgrâce, un discrédit profond, constitue une manière de voir comment une infirmité donne lieu à l’attribution d’une identité sociale virtuelle, en décalage complet avec l’identité sociale réelle. Le handicap ne peut être pensé en dehors de la sphère psychique, car il renvoie toujours à l’image de soi, chez celui qui en souffre comme celui qui le regarde. Le regard d’autrui construit le regard que l’on porte sur soi mais en résulte également (Stiker 2005 :200). La théorie culturaliste qui met en exergue la spécificité des personnes handicapées, tout en récusant radicalement la notion même de handicap, est enracinée dans le multiculturalisme américain. Les personnes handicapées se constituent en groupes culturels avec leurs traits singuliers, à partir de conditions de vie, d’une histoire (Stiker 2005). Par exemple au sein des Disability Studies ou Études sur le handicap, il est fréquent de penser que seuls les corps différents concernés peuvent véritablement les pratiquer et en comprendre les fondements identitaires et expérientiels. L’exemple le plus probant est celui de la culture sourde qui se définit comme minorité ethno-linguistique autour de la langue des signes et de la figure identitaire du Sourd. On fera référence ici au Deaf Studies (Gaucher 2009). La théorie de l’oppression (Oliver 1990). Elle affirme que le handicap est produit par les barrières sociales en termes de déterminants sociologiques et politiques inhérents au système capitaliste ou productiviste. Les personnes sont handicapées non par leurs déficiences mais par l’oppression de l’idéologie biomédicale, essentialiste, individualiste construite pour empêcher l’intégration et l’égalité. Ce courant des Disability Studies s’inscrit dans une mouvance de luttes émancipatoires des personnes opprimées elles-mêmes (Stiker 2005 : 210; Boucher 2003) La théorie de la liminalité (Murphy 1990). Par cette différence dont ils sont les porteurs, les corps s’écartent de la normalité attendue par la collectivité et sont placés dans une situation liminale, un entre-deux qu’aucun rite de passage ne semble en mesure d’effacer, de métamorphoser pour accéder au monde des corps normaux. Cette théorie attribue un statut anthropologique spécifique au corps handicapé sans faire référence obligatoire à l’oppression, à l’exclusion, à la faute, ou au pouvoir. Marqués de façon indélébile, ils demeurent sur le seuil de la validité, de l’égalité, des droits, de l’humanité. La théorie de l’infirmité comme double, la liminalité récurrente de Stiker (2005). L’infirmité ne déclenche pas seulement la liminalité mais en référant à la psychanalyse, elle est un véritable double. La déficience est là, nous rappelant ce que nous n’aimons pas et ne voulons pas être, mais elle est notre ombre. Nous avons besoin de l’infirmité, comme de ceux qui la portent pour nous consoler d’être vulnérable et mortel tout autant que nous ne devons pas être confondus avec elle et eux pour continuer à nous estimer. Ils sont, devant nous, notre normalité, mais aussi notre espoir d’immortalité (Stiker 2005 : 223)
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Leclerc, Véronique, Alexandre Tremblay, and Chani Bonventre. "Anthropologie médicale." Anthropen, 2020. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.125.

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Abstract:
L’anthropologie médicale est un sous-champ de l’anthropologie socioculturelle qui s’intéresse à la pluralité des systèmes médicaux ainsi qu’à l’étude des facteurs économiques, politiques et socioculturels ayant un impact sur la santé des individus et des populations. Plus spécifiquement, elle s’intéresse aux relations sociales, aux expériences vécues, aux pratiques impliquées dans la gestion et le traitement des maladies par rapport aux normes culturelles et aux institutions sociales. Plusieurs généalogies de l’anthropologie médicale peuvent être retracées. Toutefois, les monographies de W.H.R. Rivers et d’Edward Evans-Pritchard (1937), dans lesquelles les représentations, les connaissances et les pratiques en lien avec la santé et la maladie étaient considérées comme faisant intégralement partie des systèmes socioculturels, sont généralement considérées comme des travaux fondateurs de l’anthropologie médicale. Les années 1950 ont marqué la professionnalisation de l’anthropologie médicale. Des financements publics ont été alloués à la discipline pour contribuer aux objectifs de santé publique et d’amélioration de la santé dans les communautés économiquement pauvres (Good 1994). Dans les décennies qui suivent, les bases de l’anthropologie médicale sont posées avec l’apparition de nombreuses revues professionnelles (Social Science & Medicine, Medical Anthropology, Medical Anthropology Quarterly), de manuels spécialisés (e.g. MacElroy et Townsend 1979) et la formation du sous-groupe de la Society for Medical Anthropology au sein de l’American Anthropological Association (AAA) en 1971, qui sont encore des points de références centraux pour le champ. À cette époque, sous l’influence des théories des normes et du pouvoir proposées par Michel Foucault et Pierre Bourdieu, la biomédecine est vue comme un système structurel de rapports de pouvoir et devient ainsi un objet d’étude devant être traité symétriquement aux autres systèmes médicaux (Gaines 1992). L’attention portée aux théories du biopouvoir et de la gouvernementalité a permis à l’anthropologie médicale de formuler une critique de l’hégémonie du regard médical qui réduit la santé à ses dimensions biologiques et physiologiques (Saillant et Genest 2007 : xxii). Ces considérations ont permis d’enrichir, de redonner une visibilité et de l’influence aux études des rationalités des systèmes médicaux entrepris par Evans-Pritchard, et ainsi permettre la prise en compte des possibilités qu’ont les individus de naviguer entre différents systèmes médicaux (Leslie 1980; Lock et Nguyen 2010 : 62). L’aspect réducteur du discours biomédical avait déjà été soulevé dans les modèles explicatifs de la maladie développés par Arthur Kleinman, Leon Eisenberg et Byron Good (1978) qui ont introduit une distinction importante entre « disease » (éléments médicalement observables de la maladie), « illness » (expériences vécues de la maladie) et « sickness » (aspects sociaux holistes entourant la maladie). Cette distinction entre disease, illness et sickness a joué un rôle clé dans le développement rapide des perspectives analytiques de l’anthropologie médicale de l’époque, mais certaines critiques ont également été formulées à son égard. En premier lieu, Allan Young (1981) formule une critique des modèles explicatifs de la maladie en réfutant l'idée que la rationalité soit un model auquel les individus adhèrent spontanément. Selon Young, ce modèle suggère qu’il y aurait un équivalant de structures cognitives qui guiderait le développement des modèles de causalité et des systèmes de classification adoptées par les personnes. Au contraire, il propose que les connaissances soient basées sur des actions, des relations sociales, des ressources matérielles, avec plusieurs sources influençant le raisonnement des individus qui peuvent, de plusieurs manières, diverger de ce qui est généralement entendu comme « rationnel ». Ces critiques, ainsi que les études centrées sur l’expérience des patients et des pluralismes médicaux, ont permis de constater que les stratégies adoptées pour obtenir des soins sont multiples, font appel à plusieurs types de pratiques, et que les raisons de ces choix doivent être compris à la lumière des contextes historiques, locaux et matériaux (Lock et Nguyen 2010 : 63). Deuxièmement, les approches de Kleinman, Eisenberger et Good ont été critiquées pour leur séparation artificielle du corps et de l’esprit qui représentait un postulat fondamental dans les études de la rationalité. Les anthropologues Nancy Scheper-Hughes et Margeret Lock (1987) ont proposé que le corps doit plutôt être abordé selon trois niveaux analytiques distincts, soit le corps politique, social et individuel. Le corps politique est présenté comme étant un lieu où s’exerce la régulation, la surveillance et le contrôle de la différence humaine (Scheper-Hughes et Lock 1987 : 78). Cela a permis aux approches féministes d’aborder le corps comme étant un espace de pouvoir, en examinant comment les discours sur le genre rendent possible l’exercice d’un contrôle sur le corps des femmes (Manderson, Cartwright et Hardon 2016). Les premiers travaux dans cette perspective ont proposé des analyses socioculturelles de différents contextes entourant la reproduction pour contrecarrer le modèle dominant de prise en charge médicale de la santé reproductive des femmes (Martin 1987). Pour sa part, le corps social renvoie à l’idée selon laquelle le corps ne peut pas être abordé simplement comme une entité naturelle, mais qu’il doit être compris en le contextualisant historiquement et socialement (Lupton 2000 : 50). Finalement, considérer le corps individuel a permis de privilégier l’étude de l’expérience subjective de la maladie à travers ses variations autant au niveau individuel que culturel. Les études de l’expérience de la santé et la maladie axées sur l’étude des « phénomènes tels qu’ils apparaissent à la conscience des individus et des groupes d’individus » (Desjarlais et Throop 2011 : 88) se sont avérées pertinentes pour mieux saisir la multitude des expériences vécues des états altérés du corps (Hofmann et Svenaeus 2018). En somme, les propositions de ces auteurs s’inscrivent dans une anthropologie médicale critique qui s’efforce d’étudier les inégalités socio-économiques (Scheper-Hughes 1992), l’accès aux institutions et aux savoirs qu’elles produisent, ainsi qu’à la répartition des ressources matérielles à une échelle mondiale (Manderson, Cartwright et Hardon 2016). Depuis ses débuts, l’anthropologie médicale a abordé la santé globale et épidémiologique dans le but de faciliter les interventions sur les populations désignées comme « à risque ». Certains anthropologues ont développé une perspective appliquée en épidémiologie sociale pour contribuer à l’identification de déterminants sociaux de la santé (Kawachi et Subramanian 2018). Plusieurs de ces travaux ont été critiqués pour la culturalisation des pathologies touchant certaines populations désignées comme étant à risque à partir de critères basés sur la stigmatisation et la marginalisation de ces populations (Trostle et Sommerfeld 1996 : 261). Au-delà des débats dans ce champ de recherche, ces études ont contribué à la compréhension des dynamiques de santé et de maladie autant à l’échelle globale, dans la gestion des pandémies par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qu’aux échelles locales avec la mise en place de campagnes de santé publique pour faciliter l’implantation de mesures sanitaires, telles que la vaccination (Dubé, Vivion et Macdonald 2015). L’anthropologie a contribué à ces discussions en se penchant sur les contextes locaux des zoonoses qui sont des maladies transmissibles des animaux vertébrés aux humains (Porter 2013), sur la résistance aux antibiotiques (Landecker 2016), comme dans le cas de la rage et de l’influenza (Wolf 2012), sur les dispositifs de prévention mis en place à une échelle mondiale pour éviter l’apparition et la prolifération d’épidémies (Lakoff 2010), mais aussi sur les styles de raisonnement qui sous-tendent la gestion des pandémies (Caduff 2014). Par ailleurs, certains auteur.e.s ont utilisé le concept de violence structurelle pour analyser les inégalités socio-économiques dans le contexte des pandémies de maladies infectieuses comme le sida, la tuberculose ou, plus récemment, l’Ébola (Fassin 2015). Au-delà de cet aspect socio-économique, Aditya Bharadwaj (2013) parle d’une inégalité épistémique pour caractériser des rapports inégaux dans la production et la circulation globale des savoirs et des individus dans le domaine de la santé. Il décrit certaines situations comme des « biologies subalternes », c’est à dire des états de santé qui ne sont pas reconnus par le système biomédical hégémonique et qui sont donc invisibles et vulnérables. Ces « biologies subalternes » sont le revers de citoyennetés biologiques, ces dernières étant des citoyennetés qui donnes accès à une forme de sécurité sociale basée sur des critères médicaux, scientifiques et légaux qui reconnaissent les dommages biologiques et cherche à les indemniser (Petryna 2002 : 6). La citoyenneté biologique étant une forme d’organisation qui gravite autour de conditions de santé et d’enjeux liés à des maladies génétiques rares ou orphelines (Heath, Rapp et Taussig 2008), ces revendications mobilisent des acteurs incluant les institutions médicales, l’État, les experts ou encore les pharmaceutiques. Ces études partagent une attention à la circulation globale des savoirs, des pratiques et des soins dans la translation — ou la résistance à la translation — d’un contexte à un autre, dans lesquels les patients sont souvent positionnés entre des facteurs sociaux, économiques et politiques complexes et parfois conflictuels. L’industrie pharmaceutique et le développement des technologies biomédicales se sont présentés comme terrain important et propice pour l’analyse anthropologique des dynamiques sociales et économiques entourant la production des appareils, des méthodes thérapeutiques et des produits biologiques de la biomédecine depuis les années 1980 (Greenhalgh 1987). La perspective biographique des pharmaceutiques (Whyte, Geest et Hardon 2002) a consolidé les intérêts et les approches dans les premières études sur les produits pharmaceutiques. Ces recherches ont proposé de suivre la trajectoire sociale des médicaments pour étudier les contextes d’échanges et les déplacements dans la nature symbolique qu’ont les médicaments pour les consommateurs : « En tant que choses, les médicaments peuvent être échangés entre les acteurs sociaux, ils objectivent les significations, ils se déplacent d’un cadre de signification à un autre. Ce sont des marchandises dotées d’une importance économique et de ressources recelant une valeur politique » (traduit de Whyte, Geest et Hardon 2002). D’autres ont davantage tourné leur regard vers les rapports institutionnels, les impacts et le fonctionnement de « Big Pharma ». Ils se sont intéressés aux processus de recherche et de distribution employés par les grandes pharmaceutiques à travers les études de marché et les pratiques de vente (Oldani 2014), l’accès aux médicaments (Ecks 2008), la consommation des produits pharmaceutiques (Dumit 2012) et la production de sujets d’essais cliniques globalisés (Petryna, Lakoff et Kleinman 2006), ainsi qu’aux enjeux entourant les réglementations des brevets et du respect des droits politiques et sociaux (Ecks 2008). L’accent est mis ici sur le pouvoir des produits pharmaceutiques de modifier et de changer les subjectivités contemporaines, les relations familiales (Collin 2016), de même que la compréhensions du genre et de la notion de bien-être (Sanabria 2014). Les nouvelles technologies biomédicales — entre autres génétiques — ont permis de repenser la notion de normes du corps en santé, d'en redéfinir les frontières et d’intervenir sur le corps de manière « incorporée » (embodied) (Haraway 1991). Les avancées technologiques en génomique qui se sont développées au cours des trois dernières décennies ont soulevé des enjeux tels que la généticisation, la désignation de populations/personnes « à risque », l’identification de biomarqueurs actionnables et de l’identité génétique (TallBear 2013 ; Lloyd et Raikhel 2018). Au départ, le modèle dominant en génétique cherchait à identifier les gènes spécifiques déterminant chacun des traits biologiques des organismes (Lock et Nguyen 2010 : 332). Cependant, face au constat que la plupart des gènes ne codaient par les protéines responsables de l’expression phénotypique, les modèles génétiques se sont depuis complexifiés. L’attention s’est tournée vers l’analyse de la régulation des gènes et de l’interaction entre gènes et maladies en termes de probabilités (Saukko 2017). Cela a permis l’émergence de la médecine personnalisée, dont les interventions se basent sur l’identification de biomarqueurs personnels (génétiques, sanguins, etc.) avec l’objectif de prévenir l’avènement de pathologies ou ralentir la progression de maladies chroniques (Billaud et Guchet 2015). Les anthropologues de la médecine ont investi ces enjeux en soulevant les conséquences de cette forme de médecine, comme la responsabilisation croissante des individus face à leur santé (Saukko 2017), l’utilisation de ces données dans l’accès aux assurances (Hoyweghen 2006), le déterminisme génétique (Landecker 2011) ou encore l’affaiblissement entre les frontières de la bonne santé et de la maladie (Timmermans et Buchbinder 2010). Ces enjeux ont été étudiés sous un angle féministe avec un intérêt particulier pour les effets du dépistage prénatal sur la responsabilité parentale (Rapp 1999), l’expérience de la grossesse (Rezende 2011) et les gestions de l’infertilité (Inhorn et Van Balen 2002). Les changements dans la compréhension du modèle génomique invitent à prendre en considération plusieurs variables en interaction, impliquant l’environnement proche ou lointain, qui interagissent avec l’expression du génome (Keller 2014). Dans ce contexte, l’anthropologie médicale a développé un intérêt envers de nouveaux champs d’études tels que l’épigénétique (Landecker 2011), la neuroscience (Choudhury et Slaby 2016), le microbiome (Benezra, DeStefano et Gordon 2012) et les données massives (Leonelli 2016). Dans le cas du champ de l’épigénétique, qui consiste à comprendre le rôle de l’environnement social, économique et politique comme un facteur pouvant modifier l’expression des gènes et mener au développement de certaines maladies, les anthropologues se sont intéressés aux manières dont les violences structurelles ancrées historiquement se matérialisent dans les corps et ont des impacts sur les disparités de santé entre les populations (Pickersgill, Niewöhner, Müller, Martin et Cunningham-Burley 2013). Ainsi, la notion du traumatisme historique (Kirmayer, Gone et Moses 2014) a permis d’examiner comment des événements historiques, tels que l’expérience des pensionnats autochtones, ont eu des effets psychosociaux collectifs, cumulatifs et intergénérationnels qui se sont maintenus jusqu’à aujourd’hui. L’étude de ces articulations entre conditions biologiques et sociales dans l’ère « post-génomique » prolonge les travaux sur le concept de biosocialité, qui est défini comme « [...] un réseau en circulation de termes d'identié et de points de restriction autour et à travers desquels un véritable nouveau type d'autoproduction va émerger » (Traduit de Rabinow 1996:186). La catégorie du « biologique » se voit alors problématisée à travers l’historicisation de la « nature », une nature non plus conçue comme une entité immuable, mais comme une entité en état de transformation perpétuelle imbriquée dans des processus humains et/ou non-humains (Ingold et Pálsson 2013). Ce raisonnement a également été appliqué à l’examen des catégories médicales, conçues comme étant abstraites, fixes et standardisées. Néanmoins, ces catégories permettent d'identifier différents états de la santé et de la maladie, qui doivent être compris à la lumière des contextes historiques et individuels (Lock et Nguyen 2010). Ainsi, la prise en compte simultanée du biologique et du social mène à une synthèse qui, selon Peter Guarnaccia, implique une « compréhension du corps comme étant à la fois un système biologique et le produit de processus sociaux et culturels, c’est-à-dire, en acceptant que le corps soit en même temps totalement biologique et totalement culturel » (traduit de Guarnaccia 2001 : 424). Le concept de « biologies locales » a d’abord été proposé par Margaret Lock, dans son analyse des variations de la ménopause au Japon (Lock 1993), pour rendre compte de ces articulations entre le matériel et le social dans des contextes particuliers. Plus récemment, Niewöhner et Lock (2018) ont proposé le concept de biologies situées pour davantage contextualiser les conditions d’interaction entre les biologies locales et la production de savoirs et de discours sur celles-ci. Tout au long de l’histoire de la discipline, les anthropologues s’intéressant à la médecine et aux approches de la santé ont profité des avantages de s’inscrire dans l’interdisciplinarité : « En anthropologie médical, nous trouvons qu'écrire pour des audiences interdisciplinaires sert un objectif important : élaborer une analyse minutieuse de la culture et de la santé (Dressler 2012; Singer, Dressler, George et Panel 2016), s'engager sérieusement avec la diversité globale (Manderson, Catwright et Hardon 2016), et mener les combats nécessaires contre le raccourcies des explications culturelles qui sont souvent déployées dans la littérature sur la santé (Viruell-Fuentes, Miranda et Abdulrahim 2012) » (traduit de Panter-Brick et Eggerman 2018 : 236). L’anthropologie médicale s’est constituée à la fois comme un sous champ de l’anthropologie socioculturelle et comme un champ interdisciplinaire dont les thèmes de recherche sont grandement variés, et excèdent les exemples qui ont été exposés dans cette courte présentation.
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Vella Bonavita, Helen. "“In Everything Illegitimate”: Bastards and the National Family." M/C Journal 17, no. 5 (October 25, 2014). http://dx.doi.org/10.5204/mcj.897.

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Abstract:
This paper argues that illegitimacy is a concept that relates to almost all of the fundamental ways in which Western society has traditionally organised itself. Sex, family and marriage, and the power of the church and state, are all implicated in the various ways in which society reproduces itself from generation to generation. All employ the concepts of legitimacy and illegitimacy to define what is and what is not permissible. Further, the creation of the illegitimate can occur in more or less legitimate ways; for example, through acts of consent, on the one hand; and force, on the other. This paper uses the study of an English Renaissance text, Shakespeare’s Henry V, to argue that these concepts remain potent ones, regularly invoked as a means of identifying and denouncing perceived threats to the good ordering of the social fabric. In western societies, many of which may be constructed as post-marriage, illegitimate is often applied as a descriptor to unlicensed migrants, refugees and asylum seekers. In countries subject to war and conflict, rape as a war crime is increasingly used by armies to create fractures within the subject community and to undermine the paternity of a cohort of children. In societies where extramarital sex is prohibited, or where rape has been used as a weapon of war, the bastard acts as physical evidence that an unsanctioned act has been committed and the laws of society broken, a “failure in social control” (Laslett, Oosterveen and Smith, 5). This paper explores these themes, using past conceptions of the illegitimate and bastardy as an explanatory concept for problematic aspects of legitimacy in contemporary culture.Bastardy was a particularly important issue in sixteenth and seventeenth century Europe when an individual’s genealogy was a major determining factor of social status, property and identity (MacFarlane). Further, illegitimacy was not necessarily an aspect of a person’s birth. It could become a status into which they were thrust through the use of divorce, for example, as when Henry VIII illegitimised his daughter Mary after annulling his marriage to Mary’s mother, Catherine of Aragon. Alison Findlay’s study of illegitimacy in Renaissance literature lists over 70 portrayals of illegitimacy, or characters threatened with illegitimacy, between 1588 and 1652 (253–257). In addition to illegitimacy at an individual level however, discussions around what constitutes the “illegitimate” figure in terms of its relationship with the family and the wider community, are also applicable to broader concerns over national identity. In work such as Stages of History, Phyllis Rackin dissected images of masculine community present in Shakespeare’s history plays to expose underlying tensions over gender, power and identity. As the study of Henry V indicates in the following discussion, illegitimacy was also a metaphor brought to bear on issues of national as well as personal identity in the early modern era. The image of the nation as a “family” to denote unity and security, both then and now, is rendered complex and problematic by introducing the “illegitimate” into that nation-family image. The rhetoric used in the recent debate over the Scottish independence referendum, and in Australia’s ongoing controversy over “illegitimate” migration, both indicate that the concept of a “national bastard”, an amorphous figure that resists precise definition, remains a potent rhetorical force. Before turning to the detail of Henry V, it is useful to review the use of “illegitimate” in the early modern context. Lacking an established position within a family, a bastard was in danger of being marginalised and deprived of any but the most basic social identity. If acknowledged by a family, the bastard might become a drain on that family’s economic resources, drawing money away from legitimate children and resented accordingly. Such resentment may be reciprocated. In his essay “On Envy” the scientist, author, lawyer and eventually Lord Chancellor of England Francis Bacon explained the destructive impulse of bastardy as follows: “Deformed persons, and eunuchs, and old men, and bastards, are envious. For he that cannot possibly mend his own case will do what he can to impair another’s.” Thus, bastardy becomes a plot device which can be used to explain and to rationalise evil. In early modern English literature, as today, bastardy as a defect of birth is only one meaning for the word. What does “in everything illegitimate” (quoting Shakespeare’s character Thersites in Troilus and Cressida [V.viii.8]) mean for our understanding of both our own society and that of the late sixteenth century? Bastardy is an important ideologeme, in that it is a “unit of meaning through which the ‘social space’ constructs the ideological values of its signs” (Schleiner, 195). In other words, bastardy has an ideological significance that stretches far beyond a question of parental marital status, extending to become a metaphor for national as well as personal loss of identity. Anti-Catholic polemicists of the early sixteenth century accused priests of begetting a generation of bastards that would overthrow English society (Fish, 7). The historian Polydore Vergil was accused of suborning and bastardising English history by plagiarism and book destruction: “making himself father to other men’s works” (Hay, 159). Why is illegitimacy so important and so universal a metaphor? The term “bastard” in its sense of mixture or mongrel has been applied to language, to weaponry, to almost anything that is a distorted but recognisable version of something else. As such, the concept of bastardy lends itself readily to the rhetorical figure of metaphor which, as the sixteenth century writer George Puttenham puts it, is “a kind of wresting of a single word from his owne right signification, to another not so natural, but yet of some affinitie or coueniencie with it” (Puttenham, 178). Later on in The Art of English Poesie, Puttenham uses the word “bastard” to describe something that can best be recognised as being an imperfect version of something else: “This figure [oval] taketh his name of an egge […] and is as it were a bastard or imperfect rounde declining toward a longitude.” (101). “Bastard” as a descriptive term in this context has meaning because it connects the subject of discussion with its original. Michael Neill takes an anthropological approach to the question of why the bastard in early modern drama is almost invariably depicted as monstrous or evil. In “In everything illegitimate: Imagining the Bastard in Renaissance Drama,” Neill argues that bastards are “filthy”, using the term as it is construed by Mary Douglas in her work Purity and Danger. Douglas argues that dirt is defined by being where it should not be, it is “matter in the wrong place, belonging to ‘a residual category, rejected from our normal scheme of classifications,’ a source of fundamental pollution” (134). In this argument the figure of the bastard aligns strongly with the concept of the Other (Said). Arguably, however, the anthropologist Edmund Leach provides a more useful model to understand the associations of hybridity, monstrosity and bastardy. In “Animal Categories and Verbal Abuse”, Leach asserts that our perceptions of the world around us are largely based on binary distinctions; that an object is one thing, and is not another. If an object combines attributes of itself with those of another, the interlapping area will be suppressed so that there may be no hesitation in discerning between them. This repressed area, the area which is neither one thing nor another but “liminal” (40), becomes the object of fear and of fascination: – taboo. It is this liminality that creates anxiety surrounding bastards, as they occupy the repressed, “taboo” area between family and outsiders. In that it is born out of wedlock, the bastard child has no place within the family structure; yet as the child of a family member it cannot be completely relegated to the external world. Michael Neill rightly points out the extent to which the topos of illegitimacy is associated with the disintegration of boundaries and a consequent loss of coherence and identity, arguing that the bastard is “a by-product of the attempt to define and preserve a certain kind of social order” (147). The concept of the liminal figure, however, recognises that while a by-product can be identified and eliminated, a bastard can neither be contained nor excluded. Consequently, the bastard challenges the established order; to be illegitimate, it must retain its connection with the legitimate figure from which it diverges. Thus the illegitimate stands as a permanent threat to the legitimate, a reminder of what the legitimate can become. Bastardy is used by Shakespeare to indicate the fear of loss of national as well as personal identity. Although noted for its triumphalist construction of a hero-king, Henry V is also shot through with uncertainties and fears, fears which are frequently expressed using illegitimacy as a metaphor. Notwithstanding its battle scenes and militarism, it is the lawyers, genealogists and historians who initiate and drive forward the narrative in Henry V (McAlindon, 435). The reward of the battle for Henry is not so much the crown of France as the assurance of his own legitimacy as monarch. The lengthy and legalistic recital of genealogies with which the Archbishop of Canterbury proves to general English satisfaction that their English king Henry holds a better lineal right to the French throne than its current occupant may not be quite as “clear as is the summer sun” (Henry V 1.2.83), but Henry’s question about whether he may “with right and conscience” make his claim to the French throne elicits a succinct response. The churchmen tell Henry that, in order to demonstrate that he is truly the descendant of his royal forefathers, Henry will need to validate that claim. In other words, the legitimacy of Henry’s identity, based on his connection with the past, is predicated on his current behaviour:Gracious lord,Stand for your own; unwind your bloody flag;Look back into your mighty ancestors:Go, my dread lord, to your great-grandsire’s tomb,From whom you claim; invoke his warlike spirit…Awake remembrance of these valiant dead,And with your puissant arm renew their feats:You are their heir, you sit upon their throne,The blood and courage that renowned themRuns in your veins….Your brother kings and monarchs of the earthDo all expect that you should rouse yourselfAs did the former lions of your blood. (Henry V 1.2.122 – 124)These exhortations to Henry are one instance of the importance of genealogy and its immediate connection to personal and national identity. The subject recurs throughout the play as French and English characters both invoke a discourse of legitimacy and illegitimacy to articulate fears of invasion, defeat, and loss of personal and national identity. One particular example of this is the brief scene in which the French royalty allow themselves to contemplate the prospect of defeat at the hands of the English:Fr. King. ‘Tis certain, he hath pass’d the river Somme.Constable. And if he be not fought withal, my lord,Let us not live in France; let us quit all,And give our vineyards to a barbarous people.Dauphin. O Dieu vivant! shall a few sprays of us,The emptying of our fathers’ luxury,Our scions, put in wild and savage stock,Spirt up so suddenly into the clouds,And overlook their grafters?Bourbon. Normans, but bastard Normans, Norman bastards!...Dauphin. By faith and honour,Our madams mock at us, and plainly sayOur mettle is bred out; and they will giveTheir bodies to the lust of English youthTo new-store France with bastard warriors. (Henry V 3.5.1 – 31).Rape and sexual violence pervade the language of Henry V. France itself is constructed as a sexually vulnerable female with “womby vaultages” and a “mistress-court” (2.4.131, 140). In one of his most famous speeches Henry graphically describes the rape and slaughter that accompanies military defeat (3.3). Reading Henry V solely in terms of its association of military conquest with sexual violence, however, runs the risk of overlooking the image of bastards themselves as both the threat and the outcome of national defeat. The lines quoted above exemplify the extent to which illegitimacy was a vital metaphor within early modern discourses of national as well as personal identity. Although the lines are divided between various speakers – the French King, Constable (representing the law), Dauphin (the Crown Prince) and Bourbon (representing the aristocracy) – the images develop smoothly and consistently to express English dominance and French subordination, articulated through images of illegitimacy.The dialogue begins with the most immediate consequence of invasion and of illegitimacy: the loss of property. Legitimacy, illegitimacy and property were so closely associated that a case of bastardy brought to the ecclesiastical court that did not include a civil law suit about land was referred to as a case of “bastardy speciall”, and the association between illegitimacy and property is present in this speech (Cowell, 14). The use of the word “vine” is simultaneously a metonym for France and a metaphor for the family, as in the “family tree”, conflating the themes of family identity and national identity that are both threatened by the virile English forces.As the dialogue develops, the rhetoric becomes more elaborate. The vines which for the Constable (from a legal perspective) represented both France and French families become instead an attempt to depict the English as being of a subordinate breed. The Dauphin’s brief narrative of the English origins refers to the illegitimate William the Conqueror, bastard son of the Duke of Normandy and by designating the English as being descendants of a bastard Frenchman the Dauphin attempts to depict the English nation as originating from a superabundance of French virility; wild offshoots from a true stock. Yet “grafting” one plant to another can create a stronger plant, which is what has happened here. The Dauphin’s metaphors, designed to construct the English as an unruly and illegitimate offshoot of French society, a product of the overflowing French virility, evolve instead into an emblem of a younger, stronger branch which has overtaken its enfeebled origins.In creating this scene, Shakespeare constructs the Frenchmen as being unable to contain the English figuratively, still less literally. The attempts to reduce the English threat by imagining them as “a few sprays”, a product of casual sexual excess, collapses into Bourbon’s incoherent ejaculation: “Normans, but bastard Normans, Norman bastards!” and the Norman bastard dominates the conclusion of the scene. Instead of containing and marginalising the bastard, the metaphoric language creates and acknowledges a threat which cannot be marginalised. The “emptying of luxury” has engendered an uncontrollable illegitimate who will destroy the French nation beyond any hope of recovery, overrunning France with bastards.The scene is fascinating for its use of illegitimacy as a means of articulating fears not only for the past and present but also for the future. The Dauphin’s vision is one of irreversible national and familial disintegration, irreversible because, unlike rape, the French women’s imagined rejection of their French families and embrace of the English conquerors implies a total abandonment of family origins and the willing creation of a new, illegitimate dynasty. Immediately prior to this scene the audience has seen the Dauphin’s fear in action: the French princess Katherine is shown learning to speak English as part of her preparation for giving her body to a “bastard Norman”, a prospect which she anticipates with a frisson of pleasure and humour, as well as fear. This scene, between Katherine and her women, evokes a range of powerful anxieties which appear repeatedly in the drama and texts of the sixteenth and early seventeenth centuries: anxieties over personal and national identity, over female chastity and masculine authority, and over continuity between generations. Peter Laslett in The World We Have Lost – Further Explored points out that “the engendering of children on a scale which might threaten the social structure was never, or almost never, a present possibility” (154) at this stage of European history. This being granted, the Dauphin’s depiction of such a “wave” of illegitimates, while it might have no roots in reality, functioned as a powerful image of disorder. Illegitimacy as a threat and as a strategy is not limited to the renaissance, although a study of renaissance texts offers a useful guidebook to the use of illegitimacy as a means of polarising and excluding. Although as previously discussed, for many Western countries, the marital status of one’s parents is probably the least meaningful definition associated with the word “illegitimate”, the concept of the nation as a family remains current in modern political discourse, and illegitimate continues to be a powerful metaphor. During the recent independence referendum in Scotland, David Cameron besought the Scottish people not to “break up the national family”; at the same time, the Scottish Nationalists have been constructed as “ungrateful bastards” for wishing to turn their backs on the national family. As Klocker and Dunne, and later O’Brien and Rowe, have demonstrated, the emotive use of words such as “illegitimate” and “illegal” in Australian political rhetoric concerning migration is of long standing. Given current tensions, it might be timely to call for a further and more detailed study of the way in which the term “illegitimate” continues to be used by politicians and the media to define, demonise and exclude certain types of would-be Australian immigrants from the collective Australian “national family”. Suggestions that persons suspected of engaging with terrorist organisations overseas should be stripped of their Australian passports imply the creation of national bastards in an attempt to distance the Australian community from such threats. But the strategy can never be completely successful. Constructing figures as bastard or the illegitimate remains a method by which the legitimate seeks to define itself, but it also means that the bastard or illegitimate can never be wholly separated or cast out. In one form or another, the bastard is here to stay.ReferencesBeardon, Elizabeth. “Sidney's ‘Mongrell Tragicomedy’ and Anglo-Spanish Exchange in the New Arcadia.” Journal for Early Modern Cultural Studies 10 (2010): 29 - 51.Davis, Kingsley. “Illegitimacy and the Social Structure.” American Journal of Sociology 45 (1939).John Cowell. The Interpreter. Cambridge: John Legate, 1607.Greenblatt, Stephen. Renaissance Self-Fashioning: From More to Shakespeare. 1980. Chicago: University of Chicago Press, 2005.Findlay, Alison. Illegitimate Power: Bastards in Renaissance Drama. Manchester: Manchester University Press, 2009.Hay, Denys. Polydore Vergil: Renaissance Historian and Man of Letters. Oxford: Clarendon Press, 1952.Laslett, Peter. The World We Have Lost - Further Explored. London: Methuen, 1983.Laslett, P., K. Oosterveen, and R. M. Smith, eds. Bastardy and Its Comparative History. 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